Notre Dame de Consolation à partir du village de Jouques


Je connaissais le village de Jouques pour y avoir animé des ateliers d’informatique à l’école primaire. Le village m’avait alors séduite. Le charme a opéré de nouveau. C’était un dimanche : j’avais repéré trois parkings. Le premier près de l’église Saint-Pierre était plein pour la cérémonie religieuse. Le second, sur la place, l’était aussi par les nombreux jouquards venus faire leur marché ; l’animation était aussi impressionnante qu’au marché d’Aix-en-Provence ! Le troisième, à la sortie du village, ne l’était pas encore mais le sera en fin de randonnée. J’ai donc dû traverser le village pour atteindre le début de la randonnée, en passant par les petites rues, leurs vieilles pierres, leurs fontaines, qui font le charme de ce village.

* La météo de ce jour à cet endroit :
Direction du vent et température ressentie

Le départ se fait sur un chemin pierreux au pied de villas bien gardées. Plusieurs oratoires balisent le chemin jusqu’à la chapelle (qui fait l’objet depuis plusieurs siècles, d’un pélerinage annuel en septembre). J’en ai même vu un en plein champ avec une fontaine ! Les couleurs du balisage, affadies par les intempéries, sont parfois insuffisantes. Certaines flèches bleues, ajoutées sans doute par des propriétaires soucieux de ne pas être ennuyés par les randonneurs, peuvent même vous emmener dans la mauvaise direction. Avant de trouver la dernière montée vers la chapelle, j’ai fait quelques allers et retours inutiles dans une forêt qui devenait hostile à force de ne pas me proposer le bon chemin. Sans doute fallait-il tourner à droite dans une propriété où l’on devinait, sur un écriteau, ces mots contradictoires : « Propriété privée. Aucune interdiction excepté le feu ». Si vous entendez les bruits de voiture de la nationale 96, c’est que vous l’avez manquée.
medium_photo_308.jpgAu nord près de l’ancien camp gaulois de Méry, la dernière partie est en montée raide, parfois un peu difficile. Une brèche dans la verdure offre une vision sur la Durance en contre-bas. Au sommet, une citerne privée est posée sur des parpaings : une inscription invite à ne pas y toucher. La chapelle n’est pas loin mais je ne la trouve pas tout de suite : elle est cachée derrière les arbres sur la gauche. Magnifiquement restaurée par l’association « les Amis de Jouques« , elle a été construite sur le site d’un ancien oppidum gallo-romain (300 à 100 ans av.J.C.) et comprenait un ermitage.

La légende de Notre Dame de Consolation raconte qu’une jeune orpheline, nommée Marie, menait paître les moutons sur cette éminence. Pieuse et pure, elle passait son temps à prier. Or, deux jours de suite, elle vit ses moutons se ranger en cercle et demeurer immobiles. Le troisième jour, un agneau entra dans le cercle, gratta la terre et se mit à bêler longuement. Intriguée, la pastourelle…., se met à creuser. medium_photo_305.jpgSa houlette atteint une dalle pesante sous laquelle repose une gracieuse statue de la sainte Vierge. Lui élever un autel fut son premier souci. Chaque jour elle déposait à ses pieds un bouquet fraîchement cueilli… Elle qui avait jusque là pleuré ses parents cessa d’être triste : elle nomma la statue Notre Dame de Consolation. Un soir des lueurs éclairèrent le plateau. Le lendemain un pèlera leur raconta qu il avait vu la bergère agenouillée, les yeux… fixés sur la Madone en un dernier regard d’amour. … l’extase de Marie s’était achevée au paradis. Les gens de Jouques adoptèrent la sainte demeure et en firent une chapelle1.

Avec plus d’une dizaine de chapelles sur le territoire de la commune (* Voir la randonnée à la chapelle Sainte-Consorce, sur le Concors), l’ancienne résidence des archevêques d’Aix, les églises, Jouques garde des témoignages nombreux d’architecture sacrée.
* Photos de Jouques et de la randonnée du site Provence balades
Le nombre de fontaines, dans le village, dépasse la douzaine. La plupart sont alimentées par la source de la Traconnade. Les romains, au premier siècle, l’avaient captée pour l’acheminer, par un acqueduc, jusqu’à la ville d’Aix-en-Provence. On peut en voir quelques vestiges à Meyrargues.
* Voir randonnée dans la forêt de Meyrargues

On ne peut parler de Jouques sans évoquer la famille noble d’Arbaud, qui a rendu d’importants services à l’Etat, aux armées ou dans la magistrature.
* Je vous propose un itinéraire de 3h environ, 8,5km, sur carte IGN réalisé à partir de CartoExplorer
* Office du tourisme de Jouques
* Site personnel de Pascal Cescon
medium_attention_herissons.jpgLe retour par le vallon de Saunaresse est plus compliqué, non balisé, entre propriétés entourées de murets de pierres et forêts. Je m’égare par deux fois, puis retrouve le chemin. Au hameau de Bèdes, je fais très attention de ne pas écraser un hérisson (!) ; curieusement, le chemin passe au milieu du jardinet d’une propriété puis descend entre les villas. medium_photo_314.jpgPour éviter de revenir à Jouques par la route, je descends vers le chemin sous le rocher de notre dame de la Roque ; à gauche, quelques grottes bien fraîches qui, parait-il, servaient autrefois de cave à vin. medium_photo_316.jpgIl s’agit de l’ancien tracé du GR que je trouve personnellement plus intéressant que le nouveau. En bas, la tour de l’horloge et l’église Saint-Pierre près du cimetière terminent la boucle de ma randonnée. Si vous avez du temps, ce village mérite une petite visite.

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1Les paroisses du diocèse d’Aix, leurs souvenirs, leurs monuments, abbé M. Constantin, A. Makaire, imprimeur de l’archevêché, 1890

La grotte naturelle de Marie-Madeleine


C’était au mois de mai 2004, deux ans après la réouverture au public de la Grotte de la Sainte-Baume1 et du pèlerinage, à l’occasion d’un regroupement professionnel pas comme les autres. La préparation avait été claire : « Vous êtes dans une forêt séculaire, où vécurent des druides2 ; vous emprunterez le chemin des rois comme Marie de Médicis ou le chemin du Canapé si vous vous êtes pressé ; vous visiterez la grotte de Marie-Madeleine, qui a débarqué sur nos côtes aux Saintes-Maries de la Mer. Croyant ou pas, vous marchez dans un lieu sacré. »
* Je vous propose l’itinéraire de 2h A/R par le chemin du Canapé (GR9) réalisé à partir de CartoExplorer
* Je vous propose un autre itinéraire dans ce massif, 3h30 A/R réalisé à partir de CartoExploreur (voir dans ce blog l’article sur la croix des Béguines)

La météo de ce jour à cet endroit :
(attention l’hiver, micro-climat, neige et givre possibles)
La direction du vent et le calcul de la température ressentie

medium_0006.jpgEté comme hiver, ce haut lieu de pélerinage est toujours très fréquenté. Un petit couvent de quatre frères dominicains est désormais chargé de l’accueil des pèlerins. Parmi les grands pèlerins de notre temps, comment ne pas évoquer Charles de Foucauld, les pélerins du lundi de Pentecôte, ceux de la fête de sainte Marie-Madeleine (22 juillet) qui se rendent en procession à la messe de minuit à la Grotte, les Compagnons ?

Cette forêt celtique de quelques milliers d’années, est unique en France, les chênes et les hêtres ont plusieurs siècles d’existence, de nombreuses associations végétales sont uniques en Provence ; medium_0004.jpgsi vous venez en juin-juillet, cherchez la racine d’or (lys martagon), si rare et si belle ! Ifs, hêtres, houx, essences peu méridionales, ont élu domicile ici. Parce qu’elle est exposée au nord, à l’abri d’une haute falaise, l’humidité, la fraicheur, les mousses et les champignons dominent. J’emprunte le chemin du Canapé, à droite, moins fréquenté que le chemin des Roys, mais plus abrupt. Des marches de pierre favorisent la marche dans un sous-bois sombre ; les arbres sont tellement hauts que la lumière du soleil ne parvient que rarement jusqu’au sol. Mais quand elle passe, c’est un ravissement de points lumineux ! Si je délaisse le chemin des Roys – emprunté par Saint-Louis, le pape Clément V, Philippe VI Valois, Charles IV de Luxembourg, le roi René, Catherine de Médicis, Charles IX, etc – c’est qu’il est trop fréquenté. A la croisée des chemins, un vieil oratoire : c’est Monseigneur Jean Ferrier, archevêque d’Arles qui a fait ériger les oratoires du Chemin des Roys vers 1516.

Le père Vayssière, gardien du sanctuaire au début de notre siècle, a fait construire les 150 marches en mémoire aux 150 Ave du Rosaire ; je les monte en comptant les stations jusqu’à la 13ème pour mesurer ma progression ! Cette Pietà, sur le parvis de la Grotte, impressionnante par sa taille, est une oeuvre de la juive convertie Marthe Spitzer (1932). D’abord exposée devant l’église Ste-Madeleine à Paris, elle arrive par train jusqu’à Saint-Zacharie où un attelage de chevaux l’amène jusqu’en bas de l’escalier. Là avec rouleaux, madriers et palans, elle est hissée jusqu’à la grotte.

0020.3.jpg* Le site officiel de la grotte Sainte Madeleine (histoire des trois Maries, pélerinage, les Dominicains)

Le compagnon Pierre Petit réalise les vitraux de la Grotte. Marie-Madeleine était la patronne du Compagnonnage ; dès que le Tour de France est ouvert au jeune Aspirant Compagnon du Devoir, il porte sa couleur, le blason de son métier et l’emblème de Marie-Madeleine reconnaissant le Christ ressuscité.
* Voir l’article sur les Compagnons du devoir (commune d’Aups)* L’Association les Compagnons du Devoir, ses buts
Rodolphe  Giuglardo présente le travail de la pierre à la Ste-Baume : l’obélisque des Compagnons placé en 2011

De là haut, le paysage s’étage sur 3 niveaux de montagnes : les monts Aurélien, la Sainte-Victoire, le mont Ventoux.

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Le compagnon réalise les vitraux de la Grotte. Marie-Madeleine était la patronne du Compagnonnage ; dès que le Tour de France est ouvert au jeune Aspirant Compagnon du Devoir, il porte sa couleur, le blason de son métier et l’emblème de Marie-Madeleine reconnaissant le Christ ressuscité.

De là haut, le paysage s’étage sur 3 niveaux de montagnes : les monts Aurélien, la Sainte-Victoire, le mont Ventoux.medium_0009.jpg

Après la descente, beaucoup plus rapide, le groupe s’arrête dans le café tout proche de l’hostellerie et nous dégustons une bière bien fraîche, juste récompense de nos efforts.
Dans ce lieu mythique, on peut aller aussi au « Paradis » en passant par le « sentier merveilleux », de quoi donner envie de revenir…

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1Baume : du provençal « baumo », surplomb rocheux, abri sous roche (grotte)
2Les druides étaient les chefs religieux des populations celtiques qui, avant la conquête romaine, occupaient la Gaule et la Grande-Bretagne. Ils représentaient une classe sacerdotale chargée de la célébration du culte, de l’éducation de la jeunesse et des décisions de justice. Leur doctrine se fondait sur la transmigration des âmes. La récolte du gui de chêne, plante sacrée, est l’une des coutumes druidiques les mieux connues

De la neige à la croix des Béguines


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Ce matin, 22 janvier, je suis bien surprise de voir de la neige sur le massif de la Sainte Baume : la météo n’annonçait rien de tel ; quelques kilomètres avant Plan d’Aups, aucune trace de neige. J’apprendrai un peu plus tard, par un habitant du village voisin, que la neige recouvre souvent les sommets à cette époque de l’année et que jamais aucune météo nationale ne l’annonce.

* La météo de ce jour à cet endroit :
La direction du vent et le calcul de la température ressentie

Depuis le parking, j’aperçois la chapelle du Saint Pilon, à 1000m d’altitude, juste au-dessus de la grotte de Sainte Marie Madeleine : c’est là que j’irai par le GR9 qui, sur une petite partie, s’appelle le chemin des Pèlerins. Aux quatre chemins, un oratoire (1516) restauré par les Amis des Oratoires, représente « Madeleine avec deux anges qui se montrent à elle ». Je monte vers le col du Saint-Pilon par un chemin de plus en plus enneigé. Je passe devant la chapelle des Parisiens, humide, au toit de planches de bois moussues (construite vers 1630 par le conseiller de Louis XIII) et deux oratoires. Les pierres glissantes ne freinent pas les randonneurs du dimanche qui sont étonnamment nombreux, surtout en ce début d’après-midi. medium_img_0019.jpgDe là haut, la vue est saisissante sur la falaise verticale. Croix des Beguines par JeffPour me rendre à la croix des Béguines, point culminant de la Sainte-Baume, je dois suivre la crête depuis laquelle, malgré le temps couvert, je peux voir les Alpes, la Sainte-Victoire, la montagne de Lure, la mer… Le sentier n’est pas évident à trouver : heureusement, quelques cairns bien placés m’indiquent le changement brusque de direction du GR9. Du côté sud d’abord, ensoleillé, après le bau des oiseaux (beaucoup d’oiseaux nichés dans les creux de rochers se sont envolés à mon approche), je passe au côté nord, où le vent froid soufflant en rafales, n’a pas fait fondre la neige. Le chemin est étroit et glissant. Je pense alors à l’époque où, institutrice, j’essayais d’expliquer à mes élèves, la différence entre les deux versants d’une montagne. En quelques minutes, ici la démonstration aurait été faite ! * Je vous propose l’itinéraire de 3h30 A/R sur carte IGN réalisé à partir de CartoExplorer
* Voir aussi dans ce blog la randonnée à la grotte par le chemin du Canapé
* Description de la randonnée de Fontfrège au St Pilon (6h), photos, topologiemedium_img_0025.3.jpgmedium_img_0026.jpg
A 1118m d’altitude, sur un rocher consacré également à l’escalade, la croix des Béguines se détache sur le fond bleu.

* Site Info climat, photos extraites du forum
* Description de l’itinéraire par Alain
* Photos du site Provence Balades

Au retour, par le GR98 bien mal balisé, je m’arrête à la chapelle du Saint-Pilon d’où je devine ma voiture garée au parking de l’hostellerie, désormais bien remplie. C’est là que les anges, sept fois par jour, élevaient Marie-Madeleine de la grotte au sommet de la montagne, pour qu’elle y prie. On y construisit d’abord un pilon pour marquer cet emplacement, puis une chapelle. * La chapelle du Saint Pilon du site Chapelles et églises rurales en Provence. Depuis le début du culte de Madeleine, au moyen âge, on dit que le pèlerinage rend les femmes fécondes et assure le mariage aux jeunes filles. Ce lieu de pélerinage attire beaucoup de monde, été comme hiver. Je m’y asseois le temps de manger un petit quelque chose avant la descente. De ce côté de la crête, il y a du soleil et quelques oiseaux sautillent sur les rochers à quelques pas de moi. Le temps de saisir l’appareil photo, et l’un deux accepte de poser 5 secondes pour la vidéo. La descente est plus difficile parce que les pierres sont glissantes ; je croise quelques enfants enthousiastes, loin devant leurs parents, pressés d’arriver au sommet. En traversant la forêt aux multiples couleurs d’automne, je m’arrête, j’écoute le concert pianissimo que m’offrent les oiseaux. Avec uniquement la bande son, je pourrais vous faire croire que nous sommes au début du printemps. C’est parce que je suis capable de m’étonner devant de petites choses que la nature m’apaise et me réjouit à chaque randonnée.« Celui qui sait regarder une pierre est heureux sur tous les chemins »

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