L’Arche d’alliance, la grotte d’amour et les gorges du Destel


IMG_0310r.jpgIMG_0332r.jpgIMG_0317r.jpg1929h_retour.JPGIMG_0291r.jpg

(photos Ti’Mars… Bob_13 didrip)

img_0795r.jpgLa journée débute par un imprévu qui m’est annoncé par téléphone un quart d’heure avant le début de la randonnée : « baragatti nous emmène tous à l’arche d’alliance ». Un parcours techniquement difficile, vécu dans la convivialité que j’apprécie particulièrement entre geocacheurs. Le guide de la matinée, baragaatti, exceptionnel de calme et de professionnalisme, a réussi à me faire escalader la grotte et plusieurs passages difficiles, moi qui ne fais que de la rando, depuis deux ans seulement. Cependant, personne n’osera accéder à la grotte en passant au dessus de l’arche de pierre (ci-contre, photo Ti’Mars…).

Télécharger le descriptif du circuit, par baragatti (sans le détour par les grottes)

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Rejoindre la grotte d’amour n’a pas été facile : passage dans un couloir étroit le long d’une corde puis escalade dans une grotte en séton1 dont la sortie est particulièrement difficile, à nouveau encordée sur une montée sans prise et heureusement retenue dans ma glissade par notre guide. Le petit déjeuner – croissants et café chaud – sera bien mérité.

La cache de vnc « le Croupatier » (posée en 2005, proche du sentier et toujours là !) situé le GR51 se trouve sur notre circuit : elle nous semblera bien facile après l’arche d’alliance !

cadastre1.jpgSeconde étape : une des bornes qui délimitent les communes d’Ollioules et Evenos, gros mur de pierre sèche en angle obtus, de 4 à 5 mètres de longueur, de 1,50 mètre de hauteur, reconstitué dans le cadre des chemins du patrimoine ; « elles sont de formes régulières et dénommées clapiers2 limites« . Les clapiers2 en forêt privée, étaient autrefois sur d’anciens champs cultivés.  Au moyen-âge, c’est dans le terrier3 que se trouvait l’inventaire foncier de l’Ancien Régime. Les tenanciers décrivaient fréquemment leur tenure parcelle par parcelle ; au XVIème siècle apparaissent les premiers schémas parcellaires qui préfigurent les plans terriers de la période moderne et, par-delà, les cadastres contemporains. Voici un court extrait du terrier général de l’abbaye de Flines (1341-1349) avec deux personnes qui pourraient bien faire partie de mes ancêtres…

Jaquemes de Cotignies li peres, pour I cent de tierre. (Auj. Decottignies)
Jehane Rousee fille Mahiu, pour demi bonnier de tere gisans entre Baruel et le Plicerie

Même si de terriers et clapiers il s’agit dans le cadastre, vous n’y verrez pas de lapins…

img_7035r.JPGCette borne nous rappelle la création du cadastre napoléonien. Pour la première fois un plan de toutes les communes est dressé, toutes les parcelles de terre sont numérotées. Les propriétaires sont classés par quartier ou lieu-dit. Que de bagarres entre propriétaires avant cette époque ! De 1808-1811, est élaboré un véritable code cadastral par une commission présidée par le mathématicien Delambre. En 1850, c’est la fin des travaux en France continentale.
Eléments de droit public et administratif, E.V. Foucart, Paris 1855.

Les lieux-dits y sont en effet délimités, et quand ces derniers sont reconnus pour des périodes antérieures, […] les données historiques révèleront la nature des cultures ou de la couverture végétale : au fil des siècles, on pourra voir l’évolution paysagère d’un site.

Quelques conseils pour retrouver ses limites de parcelles boisées

Seconde étape, le télégraphe de Chappe (Ou « comment communiquer visuellement et à distance »), tour ruinée en haut de la colline du Croupatier, dont il ne reste que les murs et un dessin représentatif. Elle a été construite à mi-pente, et non sur la crête où la fenêtre de visée vers l’ouest était trop étroite : elle pouvait ainsi communiquer avec la station de la Cadière. Une association de bénévoles est en train de la restaurer.

  • IMG_7028r.JPGle mât – support ou mât – montant d’environ 7,50 m de haut; il est muni d’une échelle pour permettre d’accéder aux éléments mobiles ;
  • le régulateur de 4,60m de long et de 0,35m de large, fixé au mat, qui pivote et qui peut tourner sur lui même ; il est utilisé dans quatre positions : horizontale, verticale et deux obliques ;
  • deux indicateurs (ou ailes) de 2m de long et de 0,30m de large également mobiles autour d’un axe ; ils pivotent par portions de 45°;
  • deux contrepoids métalliques appelés « fourchettes » dans le prolongement de chaque aile, qui assurent l’équilibre et facilitent la manœuvre.
    A l’exception des fourchettes métalliques, les pièces sont toujours en bois, peintes en noir pour bien se détacher sur le fond du ciel et d’un remplissage en lames de persiennes afin d’offrir le moins de prise possible au vent.

Périodique Le télégraphe Chappe dans le Var (1821-1853), Le Pestipon, Alain, Nancy : FNARH, avril-mai-juin 2002, N° 84. – P. 19-29 ISBN/ISSN 1293-0717 Ce document est téléchargeable sur le site des Geocacheurs de Provence Téléchargement / en savoir + sur certaines caches, avec l’aimable autorisation de la Fédération Nationale des Associations de personnel de La Poste et de France Télécom pour la Recherche Historique FNARH.

Télégraphe de Chappe

Télécharger l’essentiel  sur le télégraphe : document pour les collèges Continuer la lecture de L’Arche d’alliance, la grotte d’amour et les gorges du Destel

Une île de Lérins : Saint-Honorat


img_6715r.JPGDe la tranquillité, une nature généreuse, quelques vestiges de l’ histoire des moines de Lérins, pas de voiture ni base de loisirs, voilà l’île Saint-Honorat, 1,500km de long sur 400m de large ; le quart de la surface est occupé par la vigne et les oliviers. Nous n’étions pas beaucoup à débarquer sur l’île en ce 14 février. Les visiteurs se montrent respectueux du calme de la vie monacale et de la nature que l’on n’a pas voulu domestiquer. 70000 visiteurs par an, seulement.

 

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Le site officiel de l’abbaye de Lérins

IMG_6815r.JPGimg_6817r.JPGSurprise en visitant la nouvelle église (1875) : celle de trouver des croix de Malte rouges sur img_6785r.JPGles piliers de la nouvelle église, à chacune des 14 stations du chemin de croix. Je cherche alors les liens qui peuvent encore unir cette île à Malte  mais je ne trouve que la célèbre pierre de Malte irisée par la lumière avec laquelle est construite l’abbatiale. C’est l’hypothèse de frère Gilles. Peut-être est-elle le signe des Templiers qui  portaient un manteau blanc avec la croix de Malte rouge et défendirent Cannes et les îles au moyen-âge ?

Que de déboires depuis l’arrivée sur l’île, vers 410, d’Honorat, Caprais et leurs compagnons qui forment une communauté de moines rayonnant dans toute la Provence !

  • Après avoir été battus par Charles Martel, les Maures se replient en Provence où ils brûlent Cimiez et Lérins en 734 ; 500 moines et l’abbé saint Porcaire II sont tués.
  • La menace insidieuse des corsaires musulmans catalans ou andalous se poursuit par des raids surprises sur les côtes des Alpes Maritimes. En 1047, l’île de Lérins est de nouveau dévastée et les jeunes moines sont emmenés en Espagne musulmane. Vers 1073, l’abbé Adalbert II débute la construction du monastère fortifié mais à la Pentecôte de 1180, des pirates massacrent plusieurs moines.
  • Les abbés de Lérins construisent au sommet de Cannes (fin XIème), une tour, un château et une enceinte destinés à protéger les pêcheurs des Sarrasins. Ce sont des ordres religieux qui assument la direction de cette défense : les templiers d’abord, les chevaliers de Malte ensuite. En 1327, un système de signalisations par des feux est installé entre la tour du monastère fortifié et celle du Suquet à Cannes.
  • 1400 : l’île est pillée par des corsaires gênois. Dès lors le bâtiment sera défendu depuis  le monastère fortifié où résideront les moines.
  • En 1464, le roi désigne parmi ses courtisans un abbé à la tête du monastère afin de mieux le contrôler. C’est le début du déclin.
  • 1635 : Richelieu déclare la guerre à l’Espagne. La flotte espagnole débarque sur les îles de Lérins. Avec les 59 vaisseaux équipés à Toulon, l’escadre d’Escoubleau de Sourdis, archevêque de Bordeaux, enlèvent les îles de Lérins aux Espagnols, aidés de 300 biotois (Biot appartenait alors aux chevaliers de l’Ordre de Malte).
  • 1637 : à leur départ, les religieux réfugiés à Vallauris sont rappelés.

img_6736r.JPGSelon la tradition, les premiers moines vivaient dans les 7 chapelles dispersées tout autour de l’île : nous irons toutes les découvrir ; celle dédiée à Saint-Michel est totalement ruinée. Le nom de celle de la Trinité est reflété par son architecture : elle possède une abside flanquée de deux absidioles. Certaines portent des traces d’occupation militaire lorsque les espagnols se sont installés sur l’ile : par exemple, la chapelle Saint-Sauveur a été transformée en poudrière.

chateau-st-honnorat.jpg
IMG_6757r.JPGLa forteresse qu’on aperçoit de loin au bord de l’eau, est de taille impressionnante. Nous en visitons chaque étage avec des cris d’admiration devant le travail de sculpture dans la pierre. Au XVIème siècle, elle comptait 90 pièces pour 15 à 30 moines (ci-dessus un plan de 1775) Continuer la lecture de Une île de Lérins : Saint-Honorat

De la forêt de Janas au cap Sicié en passant par Notre-Dame du Mai


Voici une longue randonnée que j’ai parcourue sans ennui, jalonnée de curiosités diverses, tantôt sur route, tantôt sur chemins, en forêt ou en terrain découvert. plandejanas2.jpgReboisée en 1971 avec des pins et des eucalyptus, la forêt de Janas se situe sur un domaine protégé à cheval sur Six-Fours et la Seyne, à quelques kilomètres de Toulon.

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img_6122r.JPGD’abord le chemin des oratoires emprunté autrefois par les pèlerins : 12 oratoires autrefois, plus que 8 aujourd’hui dont Sainte-Madeleine, Saint-Michel,… et bien d’autres saints qui mènent jusqu’à la chapelle du Mai (ou Notre-Dame de la Garde) ; ils sont fleuris ; pour lire le nom des saints, je suis obligée d’ôter délicatement les bouquets de fleurs qui les couvrent, signe qu’ils ne sont pas oubliés. Le premier, dédié à Marie-Madeleine, est un classique dans notre région. Celle qui habita dans la grotte à la Sainte-Baume, se retrouve souvent au détour des chemins. Le tronc blanc des eucalyptus leur donne un air malade ; après le sentier des crêtes de Roumagnan qui monte constamment (bravo les VTTistes !), j’arrive à la chapelle qui ne se visite que certains jours et surtout au mois de Mai.

img_6156r.JPGimg_6135r.JPGimg_6140r.JPGLa chapelle Notre-Dame du Mai est perchée tout en haut de la colline, près d’une gigantesque antenne. Un bien drôle de nom pour une chapelle ! De là, je peux voir la mer, le vieux sémaphore, les Embiez, le fort Peyras. On y trouve les vestiges d’une tour de garde, autrefois abri sommaire de pierres sèches avec mauvaise toiture en planches (1530).

Voir le site de Marius Autran

Les autorités de Six-Fours décidèrent d’édifier en juillet 1589 un ouvrage en maçonnerie.
« Le 20 juillet 1589, étant consuls de la Communauté, Hugues Denans, Cyprien Fabre et Peiron Vidal, avaient proposé au Conseil que les gardiens du Cap Sicié étaient souvent empêchés par les corsaires de faire de la fumée sur le dit cap, ce qui était un signal aux bâtiments de mer de ne point passer à cause qu’il y avait des corsaires. Sur quoi pour la sûreté des personnes des dits gardiens et pour qu’on pût continuer à faire des signaux, le dit conseil délibéra de faire bâtir la tour qui est sur le dit cap, ce qui fut exécuté et depuis lors, au lieu de faire de la fumée, le gardien lorsqu’il découvre quelque bâtiment de mer suspect d’être corsaire, élève le jour sur une bigue au plus haut de la dite tour un grand rameau de bois de pin et sur l’entrée de la nuit après avoir fait le feu d’assurance, il allume consécutivement l’un après l’autre autant de feux comme il a découvert de vaisseaux ou autres bâtiments de mer qu’il croit être corsaires. »

img_6147r.JPGLa tour ruinée a perdu quelques mètres de hauteur, mais des travaux de consolidation ont permis la sauvegarde des pierres originales et leur classement en monument historique, par décret du 30 juin 1939. Cette tour de garde […] sera le théâtre d’un événement extraordinaire.

img_6139r.JPGLe Chanoine Fougeiret, l’Abbé Florens comme MM. Baudoin, Fraysse et Jouglas sont cependant d’accord sur la version suivante : Au mois de mai de l’an 1625, une belle journée ensoleillée fut soudain troublée par l’accumulation de nuées épaisses suivie d’un orage d’une violence exceptionnelle. Le refuge s’enflamma immédiatement, mais les guetteurs s’en sortirent indemnes. La population fut rassemblée par le prieur pour l’informer que la Vierge Marie, seule capable de réaliser un tel miracle, devait être remerciée. Il fut alors décidé de se rendre sur les lieux mêmes et d’y planter une croix que les Pénitents Gris se proposèrent de porter sur leur dos, pieds nus par les chemins rocailleux.
Un pénitent fut désigné pour chercher l’eau dans les environs immédiats du futur chantier. Et là, se produisit un second miracle. Ce pénitent, après avoir cherché une source sur ce massif aride, découvrit à l’aplomb du promontoire, vers le Brusc, la fontaine appelée Roumagnan. La légende dit que c’est la Vierge Marie, apparue en songe, qui lui indiqua cette source. Mais le comble, c’est qu’en creusant pour aménager un bassin, le pénitent découvrit une terre blanche qui, oh ! surprise, s’avéra être de la chaux. Ainsi, le ciel avait voulu que se trouvassent là les matériaux nécessaires à l’édification du sanctuaire commémorant le miracle de mai 1625.

img_6145r.JPG1625 – Notre-Dame de Bonne-Garde. C’est donc un sanctuaire qui fut construit. Le chantier fut inauguré le 3 mai 1625 et achevé à l’automne. Mais en 1633, l’édifice allait être agrandi. À l’intérieur du sanctuaire, on plaça une statue de la Vierge et sur la porte d’entrée on pouvait lire « Posuerunt me custodem » (= ils m’ont placé gardienne). Les habitants du massif disent plus couramment La Bonne Mère.

Blog de Fouchepate

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