*** Les sources de la Siagnole et l’aqueduc romain de la Roche Taillée


IMG_0005.jpgDépart du village de Mons (803m) par un sentier empierré mais qui descend doucement. Un balisage bien fait, donc pas de risque de se perdre. Un convoi de chenilles processionnaires traverse le sentier.

IMG_4003r.JPG« Au printemps, la colonie, conduite généralement par une femelle, quitte le nid, toujours en procession pour gagner au sol un endroit bien ensoleillé et s’enfouir dans un trou où chacune des chenilles va tisser son cocon pour démarrer son processus de transformation en chrysalide ».

Plus bas, nous passons à côté de belles lignées de restanques, travail d’un artiste, puis suivons la départementale 56 que nous avions parcourue sous la neige en janvier dernier. C’était le jour de la fameuse alerte orange dans le Var.

La météo à cet endroit aujourd’hui et à 3 jours
avec la vitesse du vent

IMG_3525r.JPGIMG_3514r.JPGPar le sentier juste après le pont, nous rejoignons les anciens moulins communaux de Mons, moulin à huile avec son immense roue à aubes, moulons à foulon1 et blé. En remontant la rive droite, nous pouvons voir les installations de l’autre côté. On entend désormais une turbine moderne. IMG_0072.jpgEt si l’on continue jusqu’au barrage des moulins, c’est un impressionnant tonnerre que l’on entend ! l’eau tombe en hautes cascades sur la largeur de la rivière, formant un nuage de gouttelettes en suspension dans l’air. Les abords sont glissants et dangereux mais le spectacle magique. Dans les sous-bois, un drôle de champignon gélatineux à volutes oranges accroche notre regard et s’accroche à un arbre mort dans un sous-bois. Une trémelle mésentérique ?

IMG_3516r.JPGIMG_3522r.JPG[…] les monsois restent très attachés à leurs moulins, pour preuve les véhémentes protestations du conseil municipal de Mons à propos du projet du canal Jourdan en 1847. Ils ont réussi à maintenir un droit d’eau d’un débit minimum de 100 litres par seconde au niveau des moulins communaux. « Les paysans, au début du XXe siècle, venaient « faire moudre » leur blé pour fabriquer eux-mêmes leur pain. L’hiver, ils apportaient leur récolte d’olives au moulin à huile. Cette huile servait à la cuisine, mais aussi à l’éclairage, l’électricité n’étant pas encore amenée dans les campagnes. Les routes n’étaient pas aménagées et c’est, à dos de mulet, par les chemins rocailleux, que les paysans se rendaient aux moulins ». La séparation des peaux et noyaux des olives est obtenue par décantation dans une succession de bassins :

  • les résidus sont revendus pour la fabrication du savon Palmolive … à l’huile d’olive,
  • les noyaux sont toujours recherchés pour l’industrie cosmétique ou la fabrication d’abrasifs, de pâte à polir les verres de lunettes (établissements Charles Bardon au Muy).

Les moulins de la Siagnole, site wikipedia

IMG_0033.jpgIMG_0041.jpgDemi-tour pour emprunter désormais le  GR qui surplombe légèrement la Siagnole. Après une marche le long du canal, nous arrivons à un premier captage moderne, celui de la source Jourdan. En poursuivant notre chemin, nous passons devant une guérite abandonnée avec barrière : elle devait autrefois contrôler l’accès à la source de Neissoun et aux installations de captage.  Après une petite escalade, nous accédons sans trop de difficulté à la grotte de Neissoun barrée d’une grille de métal : elle ne recrache pas d’eau aujourd’hui mais l’eau coule quand même de tous côtés, surgissant même parfois tel un petit geyser (photo de droite). Nul doute qu’après de fortes pluies, les sources vauclusiennes doivent sortir de toutes les grottes et fissures de manière spectaculaire.

Source romaine de la Sagniole (photos, schémas, explications)

 

IMG_0259.jpgIMG_0061.jpgLe captage romain a disparu sous les installations actuelles. Le canal, recouvert de dalles de calcaires (1m de large, 50cm de profondeur) remplacées aujourd’hui par des dalles en béton, court en sous-bois rive gauche interdite au public ; 160m plus loin, il traversait ensuite la rivière sur un pont aqueduc à une seule arche dont nous avons retrouvé quelques morceaux de maçonnerie sur la rive droite (mais l’imposante culée amont se trouve rive gauche), sans savoir à ce moment là qu’ils avaient appartenu à un pont romain ; les Romains utilisaient une technique de régulation de débit (déversoir) en cas de mise en charge exceptionnelle de la source vauclusienne. La surveillance se faisait par des regards tous les 270 pieds romains (80m env.) pour assurer nettoyage et réparations (beaucoup de dépôts calcaires dans un environnement karstique !).

Voir le tracé sur le site Pays du Var Est avec le tracé reconstitué par tronçons.

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L’Amarron


Cette boucle par le vallon de l’Amarron1 est courte mais épuisante physiquement pour qui n’est ni sportif ni tout jeune ; il faut continuellement faire attention où l’on pose les pieds car les sentiers sont peu ou pas balisés, à peine visibles, étroits, pierreux, rocheux ou en sous-bois glissants, avec un cumul de dénivelées de presque 1000m en positif et autant en négatif  mais que de variété dans les décors et que d’aventures en perspective ! A découvrir en chemin : un dolmen, plusieurs abris sous roche de belle taille, deux sources et  4 caches posées par jcoud team. Le circuit se situe au sud de l’abbaye de la Celle qui aurait compté au XVIe et XVIIe siècle, quelques nonnes libertines que l’on reconnaissait à leur ruban de soie noire. Mazarin l’ayant fait transférer à Aix, l’abbaye déclina.

Le temps qu’il fait à cet endroit aujourd’hui et à 3 jours
avec le vent

IMG_3351r.JPGLe parcours commence à la carrière de marbre rose dont les étages se détachent nettement sur fond de ciel bleu. La Provençale a l’exclusivité d’un marbre : le rosé de Brignoles. Le marbre rosé de Brignoles fut exporté jusqu’au Japon… [C’]est un marbre naturel réputé mûri dans les calcaires provençaux pendant des millions d’années. Les romains grands bâtisseurs avaient remarqué les qualités exceptionnelles du Rosé de Brignoles. Ils l’utilisaient largement dans leurs édifices et certains nous sont parvenus encore parés de marbre rose.
Provençale SA
IMG_3357r.JPGIMG_3355r.JPGSur la droite, l’entrée du vallon de Candelon est à peine visible : seule une barre rocheuse inclinée sur laquelle il faudra marcher, en signale le début. Le Candelon2 se dresse sur les hauteurs de la colline. Pour trouver le sentier rouge sur la gauche, nous devrons nous y reprendre en plusieurs fois. Il traverse un sous-bois dense où l’équilibre des constructions de pierre tient du miracle.

IMG_3359r.JPG IMG_3364r.JPGEn pénétrant plus avant, je découvre un abri sous roche dominé par un replat bien à l’abri d’un énorme rocher au-dessus de ma tête. Estoublon de son côté trouvera un autre abri le long du sentier, protégé derrière un mur de pierres. Mais aucun d’entre nous ne trouvera la cache de jcoud Cro-Mignon, GC208V3.
IMG_3371r.JPGLe sentier se devine, parfois je l’invente. Ce qui est sûr, c’est qu’il grimpe constamment. Enfin, au niveau d’un autre abri sous roche protégé par un mur de pierre, il devient plus net et grimpe  jusqu’à la source captée qui alimente  une réserve d’eau. Derrière de celle-ci, les pierres ont été gravées sans doute à l’époque où la source a été captée pour la première fois. Je n’ai pu lire que 1884 et Amarron. La source du Gaulois peut-être ?
IMG_3381r.JPGPuis direction le dolmen de l’Amarron. Après le passage en sous-bois, une prairie verdoyante s’offre à nous, sur terrain plat. Quel contraste ! avec ses quelques arbres, et ses quelques pierres au sol, ce lieu est idéal pour le pique-nique. Par contre le dolmen me décevra un peu : il est endommagé et nous avons du mal à identifier un monument religieux. Le dolmen de l’Amarron, GC208V6 par jcoud team

IMG_3380r.JPGLa couche archéologique, unique, de 30 cm, contenait les restes d’au moins 15 individus. Des caractères communs aux restes laissent penser qu’il s’agit de personnes ayant peut-être des liens de parenté. Un vase en céramique très altéré rempli d’argile pure […], 5 perles en tonnelet, […], 1 armature de flèche à retouches bifaciales et amorces d’ailerons complètent le mobilier. Comme dans la plupart des dolmens, les dépôts ont d’abord été placés contre les parois nord et est de la cella, pour gagner ensuite les parois adjacentes.
Le rejet à plus d’un mètre de la dalle de couverture et l’inclinaison des piliers […] semblent conforter la thèse d’une secousse sismique importante qui aurait frappé le région du moyen Var [..] mais cette hypothèse doit être confortée (Roudil, Berard, 1981) ». site archéoprovence

L’Amarron et le bois de Garéoult, randovar

Après un épisode d’égarement plutôt pénible, nous retrouvons la piste. Bientôt, nous devrons affronter une très grosse et interminable pente caillouteuse jusqu’au sommet de l’Amarron (770m). Là haut, la vue est superbe sur le massif de la Loube reconnaissable par ses antennes. La cache Roc’Bloc GC20BB1, jcoud team nous échappe aussi mais cela n’a que peu d’importance. Pour arriver sur la crête, il nous faudra faire un dernier effort au dessus de hauts passages rocheux inclinés et humides.
IMG_3390r.JPGLe retour par un sentier balisé par des sangliers (heureusement, tout compte fait !) passe devant une source qui s’écoule dans un goulet moussu (Le fil de l’eau GC20BB3). Au bruit de moteur, nous devinons que des motos cross sont en train de monter la piste. En vérité, ils la défoncent, retournant les pierres qui deviennent un véritable piège pour la marche.
En guise de récompense, nous allons à Brignoles, capitale du centre Var, pour y boire un coup avant de rejoindre notre domicile. Pas un seul bar d’ouvert le dimanche ! un arrêté municipal interdirait-il l’ouverture des bars le jour du seigneur ?

Amarron itinéraire 8km 3h35 déplacement seul (6 à 7h au total) 510m dénivelée

Petit conseil : partir avec une personne qui connait les lieux ou avec un GPS de randonnée contenant la route à suivre (vous pouvez me la demander).

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1amarron : camomille sauvage
2candelon : de chandelle, due à la forme verticale du rocher

*** Circuit de la pierre au départ du village troglodytique du Barry à Bollène


IMG_7993r.JPGPicnic_022.jpgUn circuit original (effectué le 20 janvier 2008), que vous ne trouverez pas sur les sites consacrés à la randonnée, concocté par Ti’Mars…un des circuits les plus intéressants que j’ai pu faire, bâti autour de 12 geocaches à ce jour : au départ du village troglodytique du Barry, entre Vaucluse et Drôme, entre histoire ancienne et moderne, entre patrimoine culturel et gastronomie. C’est grâce à un grand geocacheur buckfast que j’ai découvert ce village qui m’a tellement plu que j’ai organisé pour notre association Les geocacheurs de Provence, une seconde visite, guidée par M. Maupeu (17 mai 2008), sous une petite pluie, mais inoubliable : tout le monde se souviendra du déjeuner dans une grotte, à la bougie, autour de spécialités amenées par chacun. Ambiance confidentielle et mystérieuse genre ‘magie blanche’ plutôt que messe noire ! (voir photo de droite). Un compte-rendu de cette rencontre a été rédigé par Bobines84, le président de l’époque et un album photos du Barry et de la rencontre est à votre disposition.

La météo à cet endroit aujourd’hui et à 3 jours

IMG_7945r.JPGSelon Découverte et évocation de la vie d’un site, Robert Bouchon, ce fut un « …lieu habité sans interruption depuis la préhistoire. Sur cette hauteur ont tour à tour été érigés un oppidum gaulois, un village gallo-romain, une forteresse et un village médiévaux puis un village troglodytique lui-même abandonné à l’aube de ce siècle ».

Barry a pour origine le mot celtique – Barros – signifiant : éperon rocheux. La plupart des savants voient dans les ruines de Barry des restes de l’antique ville celtique d’Aeria dont ont parlé les grecs, entre autres, Strabon et Pline l’Ancien. […]

  • Le 3 mai 1075, eut lieu le partage de la succession de Giraud-Hugues Adhémar entre ses 5 fils : le deuxième frère reçoit la moitié de la ville de Montélimar, le palais de la cité d’Orange et le Barry
  • 1183 : Lucius III confirme à l’abbaye de l’île Barbe (Lyon) ses possessions dont l’église Saint-André de Barry
  • 1228 : l’abbé Guillaume de l’île Barbe acquiert le chateau de Barry de Giraud Adhémar de Monteil mais le lui laisse en fief à condition qu’il lui prête assistance si besoin, faute de quoi il reprendra le chateau. Le chateau sera démantelé lors de la guerre contre les albigeois
  • 1281 : partage des biens entre Bertrand et Raymond des Baux ; Raymond hérite du Barry et du chateau de Chabrières
  • 4 décembre 1 286, Raymond de Baux, seigneur de Suze-la-Rousse, vend au prieur de Bollène, pour le prix de 100 florins d’or, tous ses droits de juridiction sur le château de Barry et son territoire
  • 1306 : le pape demande à l’évêque d’Embrun de faire restituer par la cour du Comtat Venaissin le chateau de Barry à l’Ile-Barbe

L’île Barbe et ses colonies du Dauphiné, abbé FilletValence, J. Céas, 1895-1905

IMG_7967r.JPGAu-dessus du village troglodytique, nous trouvons sur l’éperon rocheux, défendu par le château fort (cache GCQ5WX Barry le château, par buckfast), l’emplacement de l’agglomération médiévale antérieure.

Au Nord, les restes d’un rempart maçonné barrent encore le passage du côté facilement accessible. Il ne reste plus que des traces de la chapelle médiévale (Saint-André ou Saint-Vincent ?). Le cimetière médiéval la jouxte au Nord-Ouest, et la nécropole post-médiévale au sud-est.
M. Maupeu ramasse une tuile tomaine qu’il m’autorise à conserver. Il nous fait remarquer les archères triples permettant à trois archers de viser en même temps par la même fente extérieure avec un angle de tir considérablement élargi. Ce système palliait probablement en grande partie l’absence de trous saillants pouvant battre toute la longueur des courtines. Mais elles étaient dirigées vers le chateau ! soit les seigneurs du chateau étaient hostiles à ceux du village, soit le chateau démantelé n’avait pour fonction d’assurer la sécurité des villageois.

GC1C9AD Les caves cathédrales : la balle de golf de buckfast

IMG_7971r.JPGA l’ouest dominant les usines du Tricastin, se trouvait une carrière de meules de moulin à huile. Des excavations au sol en témoignent. J’en avais vu une à Ganagobie : son mode de fabrication m’avait grandement impressionnée. Alain Belmont, chercheur spécialiste des carrières de meules écrit : « Dominant l’endroit où le Rhône quitte le Dauphiné pour entrer en Provence, la carrière de Barry apparaît ainsi dans les textes en 1143 ».

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Sur les rochers mouillés, actarus83, geocacheur et professeur de biologie, attire notre attention sur un drôle de champignon sensible à la pluie, probablement une astrée hygrométrique ou un géastre. Il s’ouvre en étoile et réagit tel un baromètre : par temps sec, il se referme en boule et se laisse rouler au gré des vents, par temps de pluie, il s’ouvre …

Bienvenue à Bollène

img_6497r.JPGimg_6499r.JPGimg_6502r.JPGIMG_7983r.JPGimg_6504r.JPG

Nous visitons les habitations creusées dans une molasse sableuse dite safre. Elle s’excave sans difficulté. J’ai rencontré le même type d’habitations à Lamanon sur le site troglodytique de Calès (c’est une association qui gère le site association Calès-Saint-Denis). Le village a été abandonné à la fin du XIXe siècle. Alarmée par la mort de quelques-uns de ses membres ensevelis dans leur demeure écroulée, la population s’est repliée dans le hameau de Saint-Pierre de Sénos.

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