** En suivant le canal de Manosque de la Brillanne à Ganagobie


Une randonnée inédite, mélange d’une idée de Bob_13/estoublon et d’une idée personnelle. Comme il fait chaud, j’ai privilégié l’absence de dénivelée et une randonnée moins longue qu’habituellement :  le canal de Manosque, ce vieux canal d’irrigation de 57km qui relie Corbières à Chateau Arnoux ; il distribue de l’eau brute pour l’irrigation agricole, mais aussi l’arrosage des jardins, l’alimentation des fontaines et des bassins communaux, sur environ 2600 hectares (La Provence, 24 juillet 2009). Nous laissons un véhicule près du célèbre pont romain puis revenons à la Brillanne où commence la randonnée ; la seconde partie se fera donc en forêt, au moment le plus chaud.

IMG_0005.jpgIMG_0008.jpgDébut : le PR balisé de jaune qui fait le tour de la Brillanne ; il commence d’abord le long d’une route puis s’enfonce en forêt, longeant le Lauzon qui offre, après le siphon1, quelques jolis coins de baignade vraiment tranquilles dans une eau blanchâtre, sans doute due aux carrières de craie.

Le canal de Manosque :

  • La loi du 07 juillet 1881 a déclaré d’utilité publique la construction du canal de Manosque.
  • L’acquisition des terrains et les travaux ont été exécutés par l’Etat entre 1881 et 1926.
  • L’Association Syndicale du Canal de Manosque, chargée de l’administration, de l’exploitation, de l’entretien, des travaux et de la perception des taxes, a été créée par le décret du 08 décembre 1892. Le canal de Manosque lui a été remis définitivement en 1926.
  • En 1977, l’entretien et l’exploitation du canal de Manosque sont remis en affermage à la Société du Canal de Provence.
  • En 2004, lancement de l’élaboration d’un Contrat de Canal

IMG_0015.jpgIMG_0016.jpgPrès du canal, nous croisons un employé chargé de son entretien ; nous l’interrogeons sur la possibilité de le longer jusqu’au pont romain. Il nous assure que cela est possible, et même au delà. Les berges du canal sont fleuries et les papillons décorent les tapis d’herbes de minuscules motifs mobiles et colorés ; la présence de l’eau est rafraichissante. A partir de maintenant, nous essaierons de suivre le canal jusqu’au bout. Nous rencontrerons cependant un obstacle de taille…

IMG_0029.jpgLe canal zigzague maintenant le long des champs d’oliviers : nous veillons à bien suivre les berges pour ne pas empiéter sur les propriétés privées ; à l’approche de la route, le canal disparait dessous, nous le retrouvons de l’autre côté après une petite grimpette. Au milieu de la vieille route, nous apercevons d’anciens clous  de chaussée qui séparaient autrefois les deux voies. Nous sommes maintenant au pied du village de Lurs, dans le quartier de Giropey où le célèbre Gaston Dominici emmenait ses chèvres. C’est d’ailleurs en revenant de ce quartier qu’il apprit l’assassinat des Drummond par sa femme Marie et sa belle-fille Yvette. Extrait du site Gaston Dominici innocent.

IMG_0035.jpgIMG_0031.jpgLes berges sont maintenant faciles à suivre ; de temps à autre, il faut marcher sur un mur étroit avec à gauche de l’eau et à droite un petit ravin. Un peu plus loin, le canal reconstruit s’éloigne du pont à parapet unique – ancien canal désaffecté qui nous permettra de traverser le ravin. Le garde-corps pour le passage des aigadiers – gardes du canal – est souvent en assez bon état. Une ancienne roue à aube est encore fixée sur le canal, vestige des premières tentatives de pompage pour monter l’eau vers des terres au dessus du niveau du canal. Le courant entraînait les pales de la roue. IMG_0033.jpgDes godets déversaient l’eau dans un réservoir surélevé, sans doute posé près du canal. A l’époque du cadastre napoléonien, cette zone était partagée, de chaque côté du canal, en parcelles de largeur identique appelées les îles de Giropey ou les îles de Peyredul. Des ponts permettent encore d’accéder sur l’autre rive.  Qu’y avait-il au delà ? des cultures ? de l’élevage ?

En septembre 1942 le mur amont du pont de Giropey s’effondre sur toute sa longueur ; il doit être réparé en catastrophe en déviant les eaux dans une bâche en bois de 30m, réalisée en 4 jours seulement ! le canal de Manosque, de son invention à ses nouveaux enjeux, C Chapuis, A de Réparaz, C Martel, H Pignoly, Alpes de Lumière, 2012

IMG_4967.JPGIMG_4966.JPGNous continuons à suivre les berges qui sont maintenant en terre ; ce sont de grosses bosses qu’il nous faut maintenant franchir, parfois envahies par la végétation ; nous sommes de plus en plus souvent à l’ombre, ce qui la rend la balade fort agréable. Au niveau de la gare de Lurs, un wagonnet rouillé termine sa vie de l’autre côté du canal. J’ai cherché bien longtemps comment il avait pu arriver là et à quoi il servait. Mon hypothèse est que ce wagonnet faisait partie du chemin de fer aérien reliant la mine de Sigonce à la gare de Lurs.

Le 20 mars 1927, le conseil municipal donne un avis favorable pour le projet de création, par la société des mines, d’un chemin de fer aérien reliant la mine de Sigonce à la gare de Lurs afin de pouvoir déverser le charbon directement dans les wagons SNCF.  Suite à la guerre de 1914-1918, l’Allemagne avait une dette de guerre à honorer. C’est ainsi que les allemands construisent les 26 pylônes qui seront nécessaires à cette installation, et les mettent en place entre Sigonce et Lurs, aidés de techniciens français. La ligne a une double longueur de 5726 mètres. Au départ, 110 wagonnets contenant 180 kg de charbon seront pincés à un monocâble. Finalement, après usage, ce seront 94 wagonnets qui feront la navette Sigonce-Lurs en 42 minutes. Extrait du site Sigonce, la mine de lignite

Continuer la lecture de ** En suivant le canal de Manosque de la Brillanne à Ganagobie

La boucle des Mariaudis : mieux avec quelques variantes


Une boucle qui figure dans la liste des randonnées proposées par l’office du tourisme de Forcalquier. Je vous la propose avec quelques variantes.

IMG_0318-225x300.jpgNous empruntons le boulevard Latourette pour rejoindre le chemin des Ybourgues et le GR6 (rouge/blanc). Sur l’arête rocheuse, un grand cabanon pointu est construit dans le jardin d’une propriété, ce qui est curieux, cette construction se trouvant habituellement dans la nature. Nous descendons dans le vallon du Viou (balisage jaune), passons le pont, dans un sous-bois, sur une route forestière.

IMG_0328.jpgAu carrefour avec le GR6, je propose à mes acolytes une première variante : descendre jusqu’à la rivière puis rejoindre les Ybourgues, hameau dépendant de Limans (balisage rouge / blanc). La descente caillouteuse est parfois raide : presque 200m de dénivelée ; nous passons devant quelques champs de lavande, quelques bosquets d’arbres avant d’atteindre la Laye et la retenue de la Laye (plus de 2 millions m3, barrage mis en eau 1965) qui a envahi même les champs : les arbres sont au milieu de l’eau.

La météo à cet endroit aujourd’hui et à 3 jours
avec le vent

IMG_0333.jpgIMG_0338.jpgLes Ybourgues, petit hameau à grosses maisons qui devient au XIIè siècle un véritable village avec église, château, et même couvent des Bénédictins. Face à la fontaine, le chateau remanié au cours des siècles qui a appartenu aux comtes de Provence puis aux Forbin-Janson seigneurs de Mane. La tour faisant office de colombier avait des archères étroites. A l’opposé, une tourelle rectangulaire. Le logis a plutôt un style post-renaissance mais ne choque pas à côté du style médiéval. Les pierres d’angle porte l’année de leur restauration. Le second niveau sert d’habitation ; côté cour les trois fenêtres à meneau étaient pourvues de coussièges1 latéraux. La forme d’ensemble fait penser à un corps de ferme mais certains indices font penser à des fortifications. Peut-être une ferme fortifiée ? la boucle des pigeonniers de Limans dans ce blog vous permet également d’y passer.

IMG_0343.jpgIMG_0345.jpg

Après avoir dégusté quelques mûres prises sur les branches basses du mûrier au dessus de la route, nous cherchons un endroit pour le pique-nique. Moment convivial de partage de nos provisions. La remontée jusqu’au carrefour sera un peu difficile…

IMG_0360.jpgAu carrefour avec le sentier de Mariaudis, nous continuons sur le GR6 le long d’un vieux mur de pierres sèches. A peine 200m plus loin, estoublon nous propose une seconde variante vers un cabanon pointu. Au carrefour suivant en allant vers Mane, il nous emmène à la recherche d’un grand cabanon pointu (troisième variante) qu’il a aperçu dans le quartier des Eyroussiers, là où nous avions parcouru le sentier des cabanons. Nous y allons à travers bois et garrigues. IMG_0376.jpgIl est particulièrement grand, bien équipé : une banquette, une cheminée et renforcé sur son pourtour extérieur. Devant, c’est une véritable esplanade avec banc de pierre pour les soirées d’été. Cela valait la peine de le chercher.

IMG_0398.jpgNous rejoignons le GR6. Au loin, la colline où trône fièrement la citadelle de Forcalquier : un paysage de carte postale. Lorsqu’il tourne vers la gauche, il devient étroit et pénible.  estoublon propose une quatrième variante : rentrer par le quartier de la Louette et le célèbre viaduc du Viou.

IMG_0384.jpgDans ce quartier, coulait la fontaine de la Louette réputée pour son aptitude à faire cuire des légumes secs.  C’est en passant sous le viaduc du Viou que l’on mesure sa hauteur, sa grandeur même : sous une arcade, une plaque commémore sa construction (de 1882 à 1887).

Continuer la lecture de La boucle des Mariaudis : mieux avec quelques variantes

*** Le tour du Dromon par la crypte, visite à la sentinelle et la mystérieuse Pierre Ecrite


2018 : les nouveaux horaires de visite.
19 avril 2016 : la mairie de Saint-Geniez informe que la chapelle de Dromont est définitivement fermée à cause de l’état dégradé des escaliers.

IMG_0443.jpgVenant de 3 départements différents, nous nous sommes donné rendez-vous sur la place du village de Saint-Geniez, village situé à 1110m d’altitude. Posées par estoublon depuis peu, s’y trouvent 5 caches qui, je l’espère, contribueront à faire connaitre les lieux. GC2DMBR Saint-Geniez la cité de Dieu. Beaucoup de vent froid. C’est moi qui ai préparé la randonnée grâce au guide de la FFR Les Alpes de haute Provence… à pied – de l’Ubaye au Verdon et au Lubéron, Association Départementale des Relais et Itinéraires, FFRandonnée, FFR, 2002. Première étape : essayer d’obtenir la clé de la chapelle de Dromon et visiter la crypte qui fait couler beaucoup d’encre.

La météo à cet endroit aujourd’hui et à 3 jours
avec le vent

Site de Saint-Geniez

IMG_0543.jpgLe chemin herbeux bordé de saules et de peupliers, balisé ‘chapelle de Dromon, monte doucement jusqu’au hameau de Chabert en traversant les terres agricoles ; la clef est détenue par Mr et Mme PALOMBA qui accompagneront impérativement les visiteurs. Nous nous présentons, pas vraiment attendus mais M. Palomba est disponible et nous accompagne jusqu’à la chapelle Notre Dame, implantée à l’ubac du rocher. IMG_0499.jpgEdifiée au XVIIe siècle, s’inscrivant dans un carré parfait [selon Guy Barruol], elle garde des vestiges de l’art roman primitif ; elle a perdu son clocheton au XXe. Il l’aime cette chapelle ! il a constitué un dossier historique réunissant tous les documents sérieux qu’il présente sur un chevalet. Il nous fait remarquer l’entrée qui a été bouchée, les fossiles dans la pierre des marches, le retable qu’il faudrait repeindre, et la crypte.

Lors du décès du curé de la paroisse – l’Abbé Jourdan Sébastien -, la statue ‘la vierge à l’enfant‘ n’était plus dans la cure. Après recherches, le conseil municipal délègue son Premier Magistrat en la personne de Donnadieu pour se rendre dans la vallée du Jabron afin de « récupérer » celle-ci chez l’un des héritiers. Le retour de ce bien précieux se fera en moto, moyen moderne de l’époque, mais risqué pour la statuette ; c’est sans encombre qu’elle rejoint Saint-Geniez où maintenant elle est conservée en lieu sûr pour n’être visible qu’une fois l’an lors de la messe solennelle qui a lieu à la Chapelle de Dromon  le 2è dimanche de juillet de chaque année.
Deux cloches ont été volées dans les années 1965/1966. Effectivement je les cherche toujours […]. Toujours est-il que même les « cloches » apportent leur lot d’interrogations  en ce lieu si paisible ordinairement mais tellement chargé en histoire(s). M. Palomba

IMG_0519.jpgIMG_0522.jpgNous descendons dans la crypte par un étroit escalier en colimaçon. Elle aurait été édifiée autour de l’an mille. La chapelle latérale de la crypte a presque disparu, il ne reste que l’abside. De chaque côté deux absidioles formant des niches. Raymond Collier, dans la Haute Provence monumentale et artistique, Digne, 1986

Les IMG_0516.jpgarcs sont soutenus par des impostes en grès qui reposent sur des chapiteaux d’albâtre sculptés. Le premier représente un paon et un bélier, le second des gerbes de blé ; la pierre de la fécondité au fond de la crypte complète peut-être ces deux symboles : le bélier (symbole de la fécondité des troupeaux) et le blé (symbole de la fécondité des moissons). Là où F. Benoit voit des motifs de l’art carolingien ou mérovingien tel que des lobes en forme de grains de café, certains y voient des testicules1 de bélier ! Au XVIIè siècle, un pèlerinage avait lieu ici pour l’arrivée des troupeaux. Le plan en trois parties de cette crypte a laissé supposer qu’elle était conçue pour conserver des reliques. On a alors pensé à celles de saint-Geniez, dont une partie des ossements auraient été transférés depuis Arles jusqu’ici au XIè siècle, par les bénédictins de l’abbaye de Saint-Victor.

Pour joindre M. Palomba écrire à Marcel Palomba. Ne pas modifier l’objet du mail proposé par défaut : PATRIMOINE.

Réouverture du Café-Restaurant le Dromon à Saint-Geniez depuis le 19/06/2010. Le restaurant le Dromon est fermé pour la saison hivernale et rouvrira ses portes au printemps. Pensez-y si vous passez par là !

GC2DMBE La chapelle Notre-Dame de Dromon

Après une heure de visite au cours de laquelle nous avons discuté des citoyens acteurs de la préservation du patrimoine et ceux qui font des fouilles sauvages, nous partons pour le tour du Dromon, entourant le trapu Rocher de Dromon (1285m), le Sabot (1306m) pointu, tous deux pointant fièrement vers le ciel. Direction la Grange Neuve par le sentier jaune. Soudain Ti’Mars…IMG_0456.jpg s’immobilise, surpris et fier de sa trouvaille : là, parfaitement immobile et redressé, l’œil fixe, aussi vert que le feuillage qui l’entoure, un lézard, un gros lézard vert si rare dans notre région. Tellement confondu avec son milieu que je mettrai 2 minutes à le voir.

Il est limité en France au sud de la Seine mais pas en Corse. [Il] est dépendant d’un couvert végétal assez épais. On le trouve en lisière des bois et forêts, dans les clairières ainsi que dans les prairies, bords des chemins et talus.
IMG_0460.jpg[…] Cet animal mord fortement quand on le manipule. C’est un animal très sensible à la température […] 15° C avec un optimum autour de 32-33°C. Il hiverne2 d’octobre à avril dans un terrier de rongeur sous une roche ou un amas de végétaux. Sa nourriture se compose principalement d’arthropodes et d’insectes, notamment de coléoptères. Il boit chaque jour en lêchant les gouttes de rosée une à une. Extrait du portail de l’ONF reptiles : lézard vert

Continuer la lecture de *** Le tour du Dromon par la crypte, visite à la sentinelle et la mystérieuse Pierre Ecrite