De Joucas à Murs


Le joli village de Joucas1, naturellement défendue par des reliefs abrupts, nous souhaite la bienvenue avec les sculptures de Mieke Heybroek et Ulysse Plaud ; sur le parking artistique en bas du village, nous regardons dans les yeux la Furie du Mistral et les deux personnages discutant sur la terrasse devant la maison aux volets bleus.

Dans ce cadre se dressent leurs sculptures monumentales d’hommes en bois et pierres sculptées à quatre mains, car ces artistes ont renoncé au « Moi ». […] Ici à Joucas elles sont dans les calades qui mènent vers le jardin ombragé de leur atelier, elles vous attendent pour vous communiquer l’étincelle de vie que ces artistes souhaitent transmettre. Site de la commune de Joucas

Nous montons la calade, bordée de maisons de pierre, en passant devant la contemplation noire, le classique mais moderne lavoir, sous un curieux ponceau (pountis en provençal) au-dessus de la ruelle. Voilà le premier panneau directionnel la Basse Auvières, avec un s à auvière… un spécialiste de la toponymie (Pégorier, IGN) évoque des prés marécageux ou, en Provence, des graviers (auve). Si les deux propositions me laissent dubitative, André en précise une troisième : les lais pierreux d’une rivière, partie faite de graviers que la rivière a laissé à découvert.

La série de 10 caches se déroulent à l’inverse du placement des caches mais cela n’a pas d’importance. Nous avons particulièrement apprécié la #3 et la #6.

Joucas #10, la cache finaleJoel2684

Joucas #9, sur le chemin du retour, Joel2684

A partir de maintenant, le sentier du GR de pays Tour des Monts de Vaucluse, ne sera que cailloux et garrigue, avec de temps en temps des îlots de feuillus ; pas de difficulté particulière même s’il n’est pas toujours agréable de marcher sur ce sol sec. Une première borne limite les communes de Gordes et Joucas, il y en aura d’autres.

Joucas #8, les deux bornesJoel2684

Joucas #7Joel2684

Tiens une croix de Lorraine dessinée sur un petit panneau planté sur un arbre : le sentier du maquis de Gordes. L’itinéraire est signalé aux principaux carrefours par des flèches avec une croix de Lorraine de couleur marron. Afin de transmettre la mémoire de ce que fut la Résistance à Gordes lors de la deuxième guerre mondiale, l’association cantonale des « Cadets de la Résistance » a balisé et enrichi de panneaux d’information deux « sentiers de mémoire » autour de Gordes.

Joucas #6, au gré du vent, Joel2684

Un peu plus loin, une modeste borne n°30 remplace sans doute la borne des 3 évêchés d’autrefois, qui marquait le point de jonction de trois communes, et de trois diocèses aujourd’hui disparus : Cavaillon (Gordes), Carpentras (Murs) et Apt (Joucas).

Du milieu du VIe siècle jusqu’au XIIe siècle. l’évêque de Carpentras résida à Vénasque ; […] Dans les limites de l’actuel archidiocèse d’Avignon sont compris en totalité les anciens diocèses de Carpentras, de Cavaillon et d’Orange, la plus grande partie de ceux d’Apt, de Vaison et de Saint-Paul-les-Trois-Châteaux, et quelques paroisses de ceux de Sisteron et de Gap. Archives historiques diocèse Avignon

Nous continuons sur la piste du bois d’Audibert que nous quittons pour un petit sentier qui descend en se rapprochant de la rivière près de laquelle le moulin des étangs nous apparait partiellement restauré. Non loin d’ici, une randonnée classique mais sportive dans les gorges de la Véroncle parcourt le patrimoine industriel des moulins à farine dès le XVIè.

Un cheval se laisse approcher par certains et pas par d’autres… La station de pompage nous reçoit le temps du pique-nique, avec la traditionnelle convivialité autour de notre guide Yves Provence.

Nous reprenons le PR14 vers Murs [prononcer le « s » final] ; c’est un arbre remarquable, majestueux, qui en marque l’entrée ; avec ses longues branches penchées au-dessus de la route, ce chêne vénérable plusieurs fois centenaires, attire instinctivement les promeneurs ; un cercle de volontaires, bras tendus, enlacent son tronc de 6.80 m de circonférence : c’est devenu un rituel.

L’arbre peut agir sur votre état de santé, sur votre état de bien être, il vous aide à retrouver le calme, un état de joie ou de sérénité.

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* Le circuit des puits de mine à Gréasque


Le premier circuit des puits de mine, sans difficulté, se trouve sur le site de Michel (c’est celui que je vous propose, je le remercie) et un autre, plus long, sur le site ecobalade. Nous allons remonter le temps et parcourir l’histoire du charbon au XIXè ; sans doute faudra-t-il compléter cette visite par celle du musée de la mine car certains vestiges demeureront hermétiques aux yeux des novices.

Nous partons d’un petit parking le long de la D46A, après avoir traversé Gréasque ; quelques coureurs empruntent le sentier. De l’autre côté de la route, à peine caché par les arbres, un long tuyau de couleur verte longe l’ancienne voie de Valdonne, la voie ferrée du bassin minier. Il transporte jusqu’à Cassis les déchets d’alumine de l’usine Alteo de Gardanne.

Les argeiras en fleur nous ravissent : c’est le printemps. Le sentier sinue, se rapprochant du Vallat qui parfois abandonne de grosses cuvettes remplies d’eau.

Nous traversons à gué la rivière jusqu’à la descenderie1 qui permettait d’atteindre les couches de charbon peu profondes, système amélioré ultérieurement par un escalier à 45° et des cordes ou chaînes accrochées aux parois. Les quelques 500 descenderies identifiées sont désormais obstruées par un bouchon de béton appuyé sur un coffrage perdu installé entre 10 et 30 m de profondeur. Selon Musée de la mine, Coll., Pôle historique minier PHO, année ?? Les enfants, de par leur souplesse et leur petite taille, s’insinuaient dans les veines étroites de la houille.

Nous retraversons le Vallat sur un pont, à l’endroit du lieu-dit Tombereau, une vasque étonnante qui me réconcilie avec le lieu que j’avais vu à sec et malodorant il y a quelques années. Le grand ravin n’est pas long mais les traces de l’eau y sont nombreuses : rochers polis, petits prés humides, berges ombragées. Je me suis longtemps demandé pourquoi ce nom de Tombereau ; en lisant le livre de Bagnis, j’ai établi un lien avec la mine puisqu’un tombereau est un wagon PLM pour le transport du charbon mais c’est André qui m’a fourni la meilleure explication : toumbarèu, qui tombe, comme les cascades du vallat.

Le Tombereau, une douce et grande anse de pierres que l’on dirait agencées d’une main experte. Et puis un et deux escaliers monumentaux sur lesquels enfants et grands se rangeaient pour le bain salvateur par temps de grandes chaleurs. Et dessous une vasque, fraîche, large, immense […]. Et là, il y a encore de l’eau, par le miracle d’un bel aménagement qui la pompe d’en-dessous, bien loin, de ces tréfonds d’où elle ne sourd plus. […] Le Tombereau demeure, avec son pré tout proche que l’on a maquillé en aire de jeux. Gréasque : ici coulait une rivière (CG13)

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Les chemins de la pierre sèche de la Roque sur Pernes à Saint-Gens


Saint-Gens, j’y suis déjà allée au départ du Beaucet, circuit décrit dans la note ***Le Beaucet, Venasque, sur les chemins de la pierre sèche et dans le livre 25 balades sur les chemins de la pierre sèche, Florence Dominiquele bec en l’air, 2009. Une partie du parcours à Barbarenque et Saint-Gens est commune aux deux randonnées.

Mes photos

Aujourd’hui, ce sera un PR au départ du village haut perché de la Roque sur Pernes, balisé jaune sur la presque totalité. Majo et moi montons par la rue du Barri, une calade avec pavement central qui mène au château dont on ne connaît pas le premier propriétaire. Daté du XIe, annexé aux états pontificaux au XIIIè, il est reconstruit au XVIè, racheté par la famille de Centenier en 1741, finalement vendu aux habitants au XXè. Le clocher de l’église saint-Pierre saint-Paul joue à cache-cache avec nous. Nous sortons du village par le nord, quittons bientôt la route de Saumane pour un agréable chemin communal dallé de façon naturelle le chemin Jean de Rebous.

Le nom de la Roque apparut pour la première fois dans les écrits en 1113 ; lorsqu’en 1274 tout le Comtat fut cédé à la papauté, le territoire de la Roque fut inféodé à divers seigneurs, la plupart italiens : Spifame, (Boniface II) de Peruzzi, originaire de Florence, des Séguinsde Serres, des Galléan de Gadagne, des Centenier en 1741, issus d’une famille palatine, des Blanc-de-Brantes en 1772.

La commune a adopté les armoiries des Seguins ; Sébastien de Seguin qui surnomme La Roque sur Pernes, la Roque des Seguins, est un comte Palatin (1574), vice-recteur du Comtat (1590), qui reçoit du Pape la terre de La Roque pour laquelle il rend hommage devant François de Castellane, Charles de Pernes et François de Lopes, Seigneur de Montmirail, le 16/3/1576. Contesté pour cette donation, il est enfin pourvu de cet Office après la mort de Raimond Meillores, en 1590. D’après des Seguins, Jean Gallian

La légende raconte qu’une Dame Seguin, pour venger l’assassinat de son époux, attendit que ses 7 enfants soient devenus grands, les poussa à tuer toute la famille des assassins, puis se réfugia en Provence. Cette dame est représentée par la huppe et les 7 étoiles sont ses 7 enfants. Rapporté par Jean Gallian

Le chemin de la Roque à Saint-Gens passe sous les rochers de Fraischamps, appelés autrefois Barrièro. Le petit vallon de Frais Champ, circule au pied d’une colline dont les pentes raides sont abondamment couvertes de banquettes de pierres ou murs de soutènement encore en bon état, traces d’une lutte constante contre la pente. Nous sommes émerveillés par le travail laborieux que cela a dû représenter. Probablement dûs aux travaux de défrichement du XIXè bien avant que ne s’installent les banatais.
« Une main d’oeuvre inégalable, au service d’une volonté de fer » écrit Edouard Delebecque, ancien maire de la Roque sur Pernes, qui réussit à les [les banatais] faire venir dans son village menacé de désertification. Entre 1950 et 1999, 420000 déplacés ont quitté la Roumanie dont une communauté de lorrains partis coloniser le Banat au XVIIIè et rapatriés dans les années 1950 à la Roque sur Pernes.
Leur histoire est résumée par le collègue Alphonse Silve à Monteux.

Au XVIIIè siècle, des Alsaciens Lorrains partirent coloniser les terres fertiles du Banat empêchant ainsi les Turcs de prendre le contrôle de cette région. Au congrès de Versailles, le Banat fut divisé entre la Roumanie, la Hongrie et la Serbie. En 1939 la guerre éclata et le Banat fut envahi par les allemands. Les Alsaciens Lorrains, qui parlaient un dialecte germanique, furent considérés comme allemands et enrôlés dans la Wermacht (armée de terre allemande). A la fin de la guerre, les russes envahirent le Banat. Tito devint président de la Yougoslavie en tant que dictateur communiste et enferma les Alsaciens Lorrains, qu’il croyait allemands dans des camps d’extermination en Autriche […] Il y eut dès lors beaucoup d’exodes aux Etats-Unis mais aussi en France […]. Un groupe de Banatais reconstruisit le village en ruine de la Roque sur Pernes […]

Visibles mais peu nombreux… Les circulations migratoires roumaines, Coll., Les Editions de la Maison des Sciences de l’Homme, 2003

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