La forêt de Meyrargues, pour le plaisir de marcher


Meyrargues est un village bâti en amphithéâtre au pied de la butte de son château, dans un défilé, avec des ruelles étroites et tortueuses. Ce que peu de personnes savent c’est qu’une des voies du fameux train des Pignes se prolongeait voici un peu plus d’un demi-siècle jusqu’à Meyrargues. Les deux autres gares de notre département desservies étaient Jouques et Peyrolles ; malheureusement les Allemands ont fait sauter les viaducs lors de la débâcle (émission Inter Provence du 14 octobre 2001).

* La météo de ce jour à cet endroit :
Direction du vent et température ressentie

C’est une randonnée proche d’Aix-en-Provence dont le seul intérêt est le plaisir d’une longue marche dans une forêt qui doit être très agréable l’été. De nombreux croisements de chemins augmentent le risque de se perdre. Il n’y a pas de balisage partout mais parfois quelques panneaux indicateurs. A part le début et la fin du parcours, tout se ressemble : les vallons, les champs, les sous-bois qui ne permettent que rarement une échappée intéressante sur la vigie du Concors ou sur le chateau de Meyrargues. En plus le temps gris ajoute à la morosité. Si, comme moi, vous recherchez de l’intérêt ailleurs que dans la marche, vous pouvez raccourcir la randonnée (voir indications sur la carte).

* Je vous propose un itinéraire de 2h45 env. sur carte IGN réalisé à partir de CartoExplorer
medium_img_0208.jpgJ’ai eu la chance de pouvoir me garer à côté du chateau mais l’été, le parking est dans le bas du village : il faut donc remonter la route en pente raide qui contourne le chateau, jusqu’au départ de la randonnée ; elle commence par les vestiges de l’aqueduc romain qui alimentait Aix en eau à partir de la Traconnade, dont il ne reste que 3 arcades mais classées monument historique depuis 1922 !

En savoir plus sur les aqueducs romains d’Aix-en-Provence

medium_img_0215.jpgLes étroites gorges de l’Etroit résonnent des aboiements de multiples chiens ; pourtant, dans cette villa, la pancarte annonce « attention au chien », chien au singulier. Je me demande s’il n’y aurait pas là un traffic d’animaux. Un peu plus loin, quand j’arrive à l’entrée de la forêt, je comprends ma méprise : le jeudi, c’est jour de battue au sanglier, c’est donc une meute de chiens de chasse que j’ai entendue !

Après avoir délaissé le Collet Redon, point culminant de cette forêt (450m), je marche dans le lit du torrent de l’Etroit qui longe le chemin. Humide, caillouteux, il me réserve une mauvaise surprise : des arbustes épineux barrent le passage et je dois rejoindre le tracé normal. Je longe ensuite quelques champs cultivés en pleine forêt, particularité que je n’ai jamais vue dans les forêts de l’est de la France. medium_img_0222.jpgAprès l’épingle à cheveu qui débute le trajet retour, une courte échappée sur d’autres vallons précède un long parcours dans les bois au cours duquel mon GPS ne capte plus rien, puis tombe en panne de piles. De toutes façons j’emporte toujours la carte papier avec moi.

Après le vallon du Pin, au point 801347, une fenêtre m’offre une vue embrumée sur le chateau de Meyrargues et le village. Je dévale rapidement la piste caillouteuse et étroite de la dernière partie. A peine arrivée au parking, j’ai le temps de saisir au vol une démonstration d’acrobatie aérienne. Le chateau (hôtel aujourd’hui) étant fermé, je repars finalement un peu déçue, en songeant déjà à la prochaine randonnée.

La grotte naturelle de Marie-Madeleine


C’était au mois de mai 2004, deux ans après la réouverture au public de la Grotte de la Sainte-Baume1 et du pèlerinage, à l’occasion d’un regroupement professionnel pas comme les autres. La préparation avait été claire : « Vous êtes dans une forêt séculaire, où vécurent des druides2 ; vous emprunterez le chemin des rois comme Marie de Médicis ou le chemin du Canapé si vous vous êtes pressé ; vous visiterez la grotte de Marie-Madeleine, qui a débarqué sur nos côtes aux Saintes-Maries de la Mer. Croyant ou pas, vous marchez dans un lieu sacré. »
* Je vous propose l’itinéraire de 2h A/R par le chemin du Canapé (GR9) réalisé à partir de CartoExplorer
* Je vous propose un autre itinéraire dans ce massif, 3h30 A/R réalisé à partir de CartoExploreur (voir dans ce blog l’article sur la croix des Béguines)

La météo de ce jour à cet endroit :
(attention l’hiver, micro-climat, neige et givre possibles)
La direction du vent et le calcul de la température ressentie

medium_0006.jpgEté comme hiver, ce haut lieu de pélerinage est toujours très fréquenté. Un petit couvent de quatre frères dominicains est désormais chargé de l’accueil des pèlerins. Parmi les grands pèlerins de notre temps, comment ne pas évoquer Charles de Foucauld, les pélerins du lundi de Pentecôte, ceux de la fête de sainte Marie-Madeleine (22 juillet) qui se rendent en procession à la messe de minuit à la Grotte, les Compagnons ?

Cette forêt celtique de quelques milliers d’années, est unique en France, les chênes et les hêtres ont plusieurs siècles d’existence, de nombreuses associations végétales sont uniques en Provence ; medium_0004.jpgsi vous venez en juin-juillet, cherchez la racine d’or (lys martagon), si rare et si belle ! Ifs, hêtres, houx, essences peu méridionales, ont élu domicile ici. Parce qu’elle est exposée au nord, à l’abri d’une haute falaise, l’humidité, la fraicheur, les mousses et les champignons dominent. J’emprunte le chemin du Canapé, à droite, moins fréquenté que le chemin des Roys, mais plus abrupt. Des marches de pierre favorisent la marche dans un sous-bois sombre ; les arbres sont tellement hauts que la lumière du soleil ne parvient que rarement jusqu’au sol. Mais quand elle passe, c’est un ravissement de points lumineux ! Si je délaisse le chemin des Roys – emprunté par Saint-Louis, le pape Clément V, Philippe VI Valois, Charles IV de Luxembourg, le roi René, Catherine de Médicis, Charles IX, etc – c’est qu’il est trop fréquenté. A la croisée des chemins, un vieil oratoire : c’est Monseigneur Jean Ferrier, archevêque d’Arles qui a fait ériger les oratoires du Chemin des Roys vers 1516.

Le père Vayssière, gardien du sanctuaire au début de notre siècle, a fait construire les 150 marches en mémoire aux 150 Ave du Rosaire ; je les monte en comptant les stations jusqu’à la 13ème pour mesurer ma progression ! Cette Pietà, sur le parvis de la Grotte, impressionnante par sa taille, est une oeuvre de la juive convertie Marthe Spitzer (1932). D’abord exposée devant l’église Ste-Madeleine à Paris, elle arrive par train jusqu’à Saint-Zacharie où un attelage de chevaux l’amène jusqu’en bas de l’escalier. Là avec rouleaux, madriers et palans, elle est hissée jusqu’à la grotte.

0020.3.jpg* Le site officiel de la grotte Sainte Madeleine (histoire des trois Maries, pélerinage, les Dominicains)

Le compagnon Pierre Petit réalise les vitraux de la Grotte. Marie-Madeleine était la patronne du Compagnonnage ; dès que le Tour de France est ouvert au jeune Aspirant Compagnon du Devoir, il porte sa couleur, le blason de son métier et l’emblème de Marie-Madeleine reconnaissant le Christ ressuscité.
* Voir l’article sur les Compagnons du devoir (commune d’Aups)* L’Association les Compagnons du Devoir, ses buts
Rodolphe  Giuglardo présente le travail de la pierre à la Ste-Baume : l’obélisque des Compagnons placé en 2011

De là haut, le paysage s’étage sur 3 niveaux de montagnes : les monts Aurélien, la Sainte-Victoire, le mont Ventoux.

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Le compagnon réalise les vitraux de la Grotte. Marie-Madeleine était la patronne du Compagnonnage ; dès que le Tour de France est ouvert au jeune Aspirant Compagnon du Devoir, il porte sa couleur, le blason de son métier et l’emblème de Marie-Madeleine reconnaissant le Christ ressuscité.

De là haut, le paysage s’étage sur 3 niveaux de montagnes : les monts Aurélien, la Sainte-Victoire, le mont Ventoux.medium_0009.jpg

Après la descente, beaucoup plus rapide, le groupe s’arrête dans le café tout proche de l’hostellerie et nous dégustons une bière bien fraîche, juste récompense de nos efforts.
Dans ce lieu mythique, on peut aller aussi au « Paradis » en passant par le « sentier merveilleux », de quoi donner envie de revenir…

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1Baume : du provençal « baumo », surplomb rocheux, abri sous roche (grotte)
2Les druides étaient les chefs religieux des populations celtiques qui, avant la conquête romaine, occupaient la Gaule et la Grande-Bretagne. Ils représentaient une classe sacerdotale chargée de la célébration du culte, de l’éducation de la jeunesse et des décisions de justice. Leur doctrine se fondait sur la transmigration des âmes. La récolte du gui de chêne, plante sacrée, est l’une des coutumes druidiques les mieux connues

La calanque des eaux salées à partir d’Ensuès


La calanque des eaux salées à partir d’Ensuès par les Vallons de l’EscAyolle et de Graffiane.

* Itinéraire à partir de Carry, site balade en Provence
* Je vous propose l’itinéraire sur carte IGN réalisé à partir de CartoExplorer, 3h15 environ, 10km600

* Le temps qu’il fait aujourd’hui, à cet endroit :
Direction du vent et température ressentie

Autant vous prévenir tout de suite : la randonnée progresse entre nature et lotissements : les amateurs inconditionnels de solitude seront probablement déçus.
J’ai eu quelques difficultés à trouver le point de départ que j’avais fixé sur le parking de l’école juste après le cimitière d’Ensuès-la-Redonne. Puis mon GPS est devenu fou : il s’est positionné d’emblée sur la fin du parcours, sans doute parce que je l’avais allumé en voiture et que la vitesse atteinte dépassait ce qu’il était capable d’enregistrer. Enfin, pas de balisage au départ et les risques d’erreur sont donc possibles.
medium_img_0089.2.jpgNous sommes dans le parc régional marin de la Côte bleue. J’ai commencé par le vallon de Graffiane, sec, calcaire, avec sa garrigue si caractéristique des régions méditerranéennes. Le village d’Ensuès est abrité des vents de la mer par un plateau boisé. En bas du chemin de l’Escayolle, j’arrive dans le lotissement des Oliviers. Pendant 1km, je prends la petite route départementale 48d qui descend jusqu’à la mer. On n’accède à la Madrague de Gignac qu’à pied, près d’une aire de contournement. Ancien port de pêche au thon, elle est habitée aujourd’hui par trois dizaines de familles qui ont donc un accès privilégié à la mer.

Les pêcheurs tendaient autrefois des filets – ou madragues1 – pour attraper les thons lors de leur migration. Ces poissons venant de la pleine mer, entraient dans une sorte de corridor en maille. Une fois engagés dans la madrague, ils passaient de chambre en chambre pour aboutir dans un dernier carré « la chambre de la mort » (ou corpou). Quand on relevait le filet, les thons étaient assommés. Cette pêche était souvent très fructueuse. Le droit de madrague était un privilège nobiliaire. Par extension, la madrague désigne désormais le petit bout de mer qui entourait ces filets. (* origine de la madrague et de la madrague de Gignac par B. Chappe avec photos du début du siècle ; à lire un bel hommage à la Côte bleue De l’Estaque à Pounent, Gérard Chevé, Les Editions de la Nerthe, 2003)

Petit arrêt à la minuscule calanque du Puits : le bruit de l’eau qui clapote contre les rochers a déjà un son qui rappelle les vacances.

Le clapotis de la calanque du Puy

A cause de la source des Eaux Salées, à l’est de la plage du Rouet, dont la salinité provient d’infiltrations profondes d’eau de mer, la calanque a été surnommée calanque des eaux salées. A l’approche du viaduc des eaux salées, en service depuis 1914 (ligne l’Estaque – Miramas voir le * site de B. Chappe), je descends l’escalier taillé dans la roche. Spectacle surprenant que ce viaduc aussi près du littoral ! le seul de toute la côte avec une arche unique de 50m ; le seul endroit où les sources abondantes sont chargées de sulfates alcalins et magnésiens qui auraient pu ronger les fondations des piles. medium_img_0370.jpgPour sa construction, un système de transport aérien par câble a dû être installé au-dessus du viaduc. Côté Estaque, les fondations descendent à 22m au-dessous du niveau de la mer, jusqu’à ce que l’on rencontre du calcaire compact. D’un point de vue technique, c’est certainement la réalisation la plus spectaculaire de l’ingénieur Paul Séjourné.

Le chemin de fer de la Côte Bleue vers les plaines de la Crau, louis roubaud, éditions Campanile, 2004

La calanque des eaux salées est là , presque déserte. Après une marche chaotique sur la plage de gros galets, je goûte l’eau limpide : sa température est plutôt bonne pour un mois de février et pour une calanque. Accessible par un ancien sentier muletier désormais bien aménagé, elle n’est que relativement à l’abri de la foule. L’été venu, les quelques rochers à fleur d’eau permettent d’agréables plongeons. Ne soyez pas étonné cependant d’y trouver quelques naturistes discrets…

Après avoir mangé face à la mer, je monte le second escalier de pierre vers le Rouet ; la balustrade de bois, en mauvais état, s’incline dangereusement lorsque je m’en sers comme appui. Je dois donc monter à la seule force des mollets. Je longe le chemin de fer du littoral tout en gardant un oeil sur la mer. Après le tunnel Matheron, j’arrive à nouveau aux abords des villas, près du port du Rouet.
Nouvelle montée jusqu’au plateau où le cap Rouet et la rade de Marseille offrent des paysages dignes de cartes postales de la Côte Bleue.

MalméjeannePar le vallon de l’Escayolle, j’atteins la grande et vieille ferme de Malméjeanne2, au carrefour de trois chemins ; elle tombe en ruines mais elle est un excellent point de repère pour les randonneurs ; en face, une nouvelle maison se construit. Des coupes d’arbres sur des dizaines d’hectares font le bonheur des amateurs de petit bois pour la cheminée : une famille est venue avec de grands sacs plastique pour le ramasser. Certains véhicules 4×4 sont même garés non loin, là malgré l’interdiction aux véhicules. Le cheval, que j’avais vu dans le jardin d’une maison des Besquens, est toujours derrière la grille du jardin mais il ne me présente que son arrière-train : il n’aura pas le bout de pain que je tenais dans la main, na !

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Depuis le port du Rouet, en 1h30 aller-retour, un balisage blanc et rouge peut également vous mener au port de La Redonne en passant par la calanque des eaux salées.


1Madrague, de l’arabe signifiant enclore
2Préfixe mau signifiant mauvais comme dans Mauvallon (La Redonne), Maufatan (Ensuès), Malméjeanne, sans doute à cause de la réputation de côte inacessible et dangereuse