*** Le vieil Eyguians et le château des Arzeliers


IMG_4224.JPGDu beau temps enfin pour cette randonnée dans les Hautes-Alpes. Nous nous retrouvons au village du Vieil Eyguians après avoir malencontreusement suivi le GPS qui nous avait amené au point le plus proche à vol d’oiseau mais sur la mauvaise piste. Suivez donc les panneaux !

Pour chacun des trois villages abandonnés que GSA 05 propose de découvrir, la raison de l’abandon est différente : « à Vières [Sigoyer], c’est à cause de risques naturels ; à Arzeliers et au Vieil Eyguians, c’est plutôt l’exode rural qui a joué. Citation de GSA 05 [Gap Sciences Animations], Isabelle Potdevin Extrait de Villages abandonnés, pas forcément oubliés, Dauphiné Libéré du 23 mars 2010

La météo à cet endroit aujourd’hui et à 3 jours
avec le vent

IMG_0168.jpgestoublon et moi, nous aimons les villages abandonnés. Sous la verdure et dans le calme, l’âme du Vieil Eyguians est encore perceptible : les habitants s’y sont réfugiés au moment des invasions sarrazines et ne l’ont abandonné qu’en 1902 ; mes acolytes privilégient la cache de seblultra Le vieil Eyguians pendant que je flâne, et reconnais grâce aux panneaux d’information :

  • Chapelle Ste-MadeleineIMG_0163.jpgl’église Sainte-Madeleine restaurée en 1983, avec des poutres en cèdre de la forêt toute proche, dont les pierres sombres viennent sans doute des calcaires noirs d’Eyguians ; elle a toujours souffert d’humidité : d’ailleurs vous pouvez voir encore devant l’église un bassin alimenté par une source captée
  • le rempart derrière élevé par les seigneurs d’Arzeliers
  • la porte par laquelle on entre dans le vieux village
  • IMG_4246.JPGle cimetière à la croisée des chemins vers Arzeliers et celui menant à l’îlot : les croix de fer de certaines tombes ont été pillées ; sur l’une d’entre elles, on peut lire nettement le nom : « ici repose Joseph JULIEN décédé le 2 mars 1898 »
  • le chemin de ronde
  • le château
  • IMG_4237.JPGune cuve aux carreaux vernissés servant à la conservation du vin ou de l’eau

IMG_4255.JPGPuis c’est le sentier botanique Pierre Roux au cours duquel, de borne en borne, nous exerçons nos mémoires et nos connaissances. Le genévrier commun dont les baies servent à la fabrication de liqueurs : le genièvre est une spécialité de Belgique et du Nord de la France (je suis originaire de Lille…), il aromatise parfois la bière. Le prunellier, arbrisseau épineux dont les fruits trop mûrs sont utilisés également en alcool : là c’est notre Haut-Alpin qui connait. Le cèdre du Liban et son port majestueux ; le robinier faux acacia servant à faire des manches d’outils et des piquets. Certains vivent plusieurs centaines d’années. Grâce à l’attention que nous avons portée aux panneaux d’information, nous avons trouvé la cache Sentier botanique Pierre Roux, de seblultra.

IMG_0200.jpgIMG_0191.jpgPuis nous partons pour le château des Arzeliers ; le sentier est bien balisé, facile, quelquefois étroit. Les premières fleurs sont sorties pour notre plus grand plaisir. L’hépatique noble et ses fleurs violettes a de drôles de feuilles lobées comme le foie. Parfois au vu d’un ravin impressionnant, on devine l’instabilité de ces terres noires.

IMG_0215.jpgAu loin, les ruines du château des Arzeliers en position dominante. Perdu au milieu de nulle part et pourtant imposant par sa taille : nul doute qu’il a joué un rôle d’importance. IMG_0197.jpgUn panneau sans équivoque nous invite à ne pas pénétrer à l’intérieur des ruines. Mais notre curiosité est plus forte : je commence à grimper du côté de la plus forte pente jusqu’à être au pied du mur construit avec des pierres rondes ou carrées d’épaisseurs et couleurs différentes. Il a probablement été construit avec les matériaux trouvés sur place. A l’extrémité, une tour ronde en ruine. Nous le contournons par la droite, non sans mal. Nous croyons reconnaitre l’emplacement de la chapelle romane.

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*** La Roche Amère ou le vieux village de la Roque


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Vue aérienne des gradins de la carrière, de la chapelle et des ruines du château médiéval – extrait du site de l’IGN www.geoportail.fr –

IMG_0555.jpgIl fait froid ce matin à Villeneuve ; pour nous réchauffer, Ti’Mars… a préparé le café, j’ai préparé le Lusse bröd (pain de Sainte-Lucie), spécialité des pays nordiques finement parfumé au safran (saupoudré de sucre glace, ça c’est une idée à moi !) que l’on mange le jour de la Sainte-Lucie (13 décembre), début de la période des fêtes. J’ai adapté la recette à la machine à pain. Mais si j’en crois mes deux compagnons de route, il n’en est pas moins bon pour autant.

Pâte à pain à mettre dans l’ordre préconisé par la machine ou dans cet ordre :

  • 120ml lait porté à ébullition dans lequel on fait infuser environ 0,5 gramme de stigmates de safran (ou une dosette) hors du feu pendant 15mn
  • 120ml d’eau tiède
  • 50g beurre en pommade
  • lusse_brod_photo_menyse_com.jpg200g farine blanche
  • 2.5g sel
  • 1/2 tasse de raisins secs
  • 75g sucre de canne en poudre
  • 50g d’amandes en poudre
  • 200g farine blanche
  • 1 sachet de levure de boulanger

Garniture :
1 oeuf battu dans du lait

Mettre sur le programme ‘pâte’. Diviser la pâte en 12 parts égales et en faire des boudins. Leur donner différentes formes en S, en étoile (en coupant le boudin en 2), en U renversé. Facultatif : laisser fermenter au chaud pendant 30mn sous un film huilé.  Préchauffer le four à 200°. Badigeonner les gâteaux avec l’oeuf battu dans le lait. Faire cuire 10 à 15mn. Se mangent un peu chauds ou froids saupoudré de sucre glace.

IMG_0548.jpgIMG_0542.jpgNous traversons le village de Villeneuve ou Vilo Novo de la Roco. La tour de l’horloge nous intrigue parce qu’elle ne sert qu’à cela, donner l’heure. On s’attend toujours à ce qu’une tour sert à surveiller. Nous montons jusqu’au point de vue figurant sur la carte. Un peu déçus, nous reconnaissons au loin la montagne de Lure, les Monges, les alpes enneigées. Si la descente repérée par Ti’Mars… à travers bois est raide et caillouteuse, elle a l’avantage d’être rapide.

IMG_0580.jpgIMG_3134r.JPGLIMG_0570.jpge Luberon se termine à Villeneuve, au niveau de la carrière de la Roche-Amère qui exploite des calcaires urgoniens pour le granulat. Au loin la chapelle Notre Dame de la Roque (Notre Dame des Rochas au XVIIIème siècle) n’est qu’un petit point au milieu de la verdure. Quand nous arrivons près de l’accès à la carrière, de grands panneaux nous annoncent une propriété privée  mais c’est le seul accès au castrum, site occupé depuis la plus haute antiquité. Notre Dame de la Roche est perchée au sommet du piton rocheux dominant le confluent du Largue et de la Durance.  Elle fut donnée en 1150 à l’abbaye de Saint-Gilles par l’évêque de Sisteron Pierre de Sabran. L’abside est flanquée au nord des restes d’une absidiole romane curieusement intégrée, soudée dans le nouvel édifice. Au sud, au XVIIème siècle, il y avait un ermitage achevé d’être démoli  en 1972 : il figure sur la carte de Cassini de 1778. La chapelle a été restaurée il y a une trentaine d’années. Jauge Saugnac pour la fissure de la façadeSur la façade, un expert a posé une jauge sur une fissure à lèvres parallèles pour en mesurer l’écartement : les importantes vibrations du sol causées par le travail d’extraction dans la carrière déstabilisent l’édifice. Sur le vernier, je peux lire que l’écartement est de 10.2mm mais en combien de temps, un an, dix ans, trente ?

IMG_3162r.JPGIMG_3159r.JPGancienne archère ?

plan_castrum_villeneuve.jpgIMG_0597.jpgEn grimpant jusqu’au sommet, nous longeons l’ancienne enceinte avant d’atteindre les vestiges de la forteresse du Moyen-Age. Le donjon, construit sur le rocher, est de taille impressionnante : nous dominons la vallée et le village de Volx. Une archère a été dégagée. Aux alentours se trouvait l’ancien village de la communauté de la Roque de Volx, abandonné pour difficulté d’accès, en 1443, au profit du nouveau village. IMG_0604.jpgDe nombreux tas de pierre en témoignent. La translation s’est effectuée à la suite d’un accord entre la communauté et les seigneurs de Brancas de l’ancien village de La Roque. La Haute-Provence monumentale et artistique, R. Collier, Imprimerie Louis Jean, Digne, 1986
Translation de la communauté de la Roque de Volx au lieu actuel de Villeneuve, Loth, Léon de, Annales de Haute-Provence, tome XXII, société scientifique et littéraire des Alpes de Haute-Provence, 1928 – 1929
Le site a été fouillé en premier lieu par Pierre Martel, fondateur de Alpes de Lumière, à partir des années 1950 (plan du chateau extrait de cet article) La carrière de la Roche AmèreP. Martel, Associations et Environnement en Haute-Provence, Les Alpes de Lumière, n°74/75, 1981. ll incite ceux qui voulent sauver le site à se regrouper en association de défense Les Amis de Villeneuve en 1980. Celle-ci fait officiellement des fouilles sous l’égide de la DRAC en 1981, 1982 et 1983 et crée le musée archéologique en 1985. Un lieu riche d’histoire qui risque de disparaitre complètement.

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Le vieux village de Quinson par la Quille


IMG_0043.jpgSuite à notre visite à l’office du tourisme de Quinson, IMG_0045-150x112.jpgnous décidons de monter jusqu’au vieux Quinson par la Quille. La fontaine de la place de la paix à deux bassins en fonte est occupée par des tortues. Huit fontaines datent presque toutes de la fin du XIXè siècle, période de construction du canal du Verdon dont la prise d’eau se trouve au barrage de Quinson.

16 août 1868 : « une crue subite poussa les eaux du Verdon dans l’enceinte de la ville qui détruisit à Quinson les premiers ouvrages de la prise du canal d’Aix, et emporta les échafaudages, la voie ferrée, les wagonnets ainsi que tous les instruments du chantier. » Annales des Basses-Alpes. Bulletin de la Société scientifique et littéraire des Basses-AlpesSociété scientifique et littéraire des Alpes-de-Haute-Provence, T.VII, Labord-Corusart, Digne, 1880-1943

Association Quinson, histoire et devenir

IMG_0047.jpgLe linge s’égouttait, accroché aux barres suspendues de chaque côté de l’ancien lavoir. Le bâtiment a été construit près des champs où l’on étendait le linge. L’arrivée de l’eau se fait par une petite fontaine décorative à l’extrémité du lavoir, face à la rue.

« La principale bugade […] se faisait au lavoir quatre fois par an (mais jamais la semaine des morts ni la semaine sainte) et chaque bugadière apportait jusqu’à 30 draps. » Quinson sur Verdon – Découverte d’un village en Haute-Provence, François Warin, Les Alpes de Lumière, 2002

 

IMG_0050.jpgIMG_0049.jpgNous passons derrère la chapelle notre Dame qui est fermée. De là, la montée est continue ; je l’ai trouvée un peu difficile et risquée à cause de l’humidité emmagasinée sous les feuilles d’automne qui rendait les pierres et les rochers glissants ; certains passages nécessitent de s’aider des mains. Pendant longtemps, nous avons douté pouvoir passer cette barre rocheuse, haute et longue. Contrairement à ce qui est écrit dans Gorges, lacs et plateaux du Verdon… à pied – 20 promenades et randonnées, F.F.R., F.F.R., coll. Topoguides, 2007, ce circuit n’est pas à classer dans ‘très facile’.

IMG_0051.jpgIMG_0055.jpgAu pied de la Quille, monolithe dressé comme une quille, nous hésitons sur le chemin à adopter : il faut passer derrière, par un étroit goulet ; le sentier se resserre de plus en plus parfois au tracé incertain. Le balisage est si rare que plusieurs fois, nous avons eu des doutes sur le fait d’être sur le bon chemin.

IMG_0059.jpgQuand nous arrivons au sommet, inquiets de cette première partie que nous pensions facile, nous ne trouvons qu’une habitation en ruine, vestige de l’ancien village Castrum de Sancta Michaele de Quinsono. Je comprends maintenant pourquoi sur la carte qui nous a été remise figure un lieu dit Saint-Michel. Le toponyme Saint-Michel est souvent celui d’un lieu élevé. Est-ce tout ce qui reste du Vieux Quinson ? où était donc l’église où les habitants se rendaient en pélerinage ? Deux bastions quadrangulaires (12mx5m), l’un sur le versant oriental que l’on voit bien du village, l’autre dominant le Verdon, pourraient avoir été des salles de garde. Par un faisceau d’indices venus des villages les plus proches, F. Warin pense que le castrum de Quinson était probablement dédié à Mercure avant de l’être à Saint-Michel.

Une première autorisation de construire un nouveau village a été donnée aux habitants de Quinson oralement par Hugues de Plaisance. Sur la foi de ce seul engagement les habitants ont commencé à construire leur village vers 1277. Mais l’attestation écrite promise n’arriva jamais. La reine Yolande d’Aragon, veuve de Louis II d’Anjou, leur donna son accord le 4 octobre 1419 alors que le village était déjà reconstruit. Sur cet acte de la cour royale d’Aix, il est interdit aux fonctionnaires de Barjols de s’y opposer, comme ils l’avaient fait jusqu’à lors, faute d’autorisation écrite.

IMG_0054.jpgIMG_0062.jpgDe ce point culminant, nous avons une vue bien large sur la plaine et le barrage. Le retour se fait soit par une variante rapide mais raide et caillouteuse, soit plus tranquillement par un chemin qui ne sera pénible que sur les quelques centaines de mètres restant, probablement le lit d’un ruisseau. Nous rejoignons l’office du tourisme par le cimetière puis le parking derrière celui-ci.

IMG_0064.jpgAprès le dernier café au bar du centre ville, c’est le retour par la route de Riez. Le soleil couchant a embrasé les arbres : impossible de quitter les lieux sans une dernière photo.

Quinson par la quille 4km000, 1h25, 166m denivelée

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1quinson de l’occitan quinsoun signifiant pinson en provençal, rapprochement couramment fait, puisque le pinson figure sur les armes de la commune ; les toponymistes se basent sur la forme ancienne du nom du village (Poncius de Quincione, en 1042) : nom propre romain, Quinctius ou Quintio selon les auteurs.