* Le dolmen de Gaoutabry


img_0224.jpgAprès la grande rando du matin aux menhirs du plateau Lambert, je n’avais pas trop le courage de rejoindre le dolmen de Gaoutabry1 par la piste la plus longue. C’est là que le GPS voiture a eu la bonne idée de nous mener au début de la piste notre dame des Maures à Ginouviers, en bordure de la D88. 1h30 aller et retour. On peut même l’emprunter en voiture hors saison. Nous longeons les vignes dont les rangées sont parcourues de nombreuses touffes de marguerites. Un joli spectacle de couleurs printanières qui semble orchestré tant les alignements sont réguliers.

La météo aujourd’hui à cet endroit
Avec la température ressentie

img_0226.jpgimg_0554.jpgNous arrivons face au dolmen allongé de Gaoutabry, haut perché sur la colline, comme souvent dans le Var. La tombe est collective de 6m de long et 1.5m de large. On reconnait bien la chambre, l’anti-chambre et le couloir d’accès. Le tumulus d’une quinzaine de mètres de circonférence a été emporté par l’érosion. Les parois du dolmen ont été taillées dans des dalles de schiste trouvées à img_0231.jpgproximité du site. Un peu plus loin d’ailleurs, on trouve encore de grosses plaques rocheuses qui ressemblent à celles utilisées pour le dolmen. Il était probablement recouvert d’une armature en bois. Si l’entrée est exactement située au sud ouest, ce n’est pas un hasard ; vers l’ouest, c’est le soleil couchant ou la mort. « Les populations du néolithique, grands agriculteurs, éleveurs et pacifiques avaient des rites propres et des connaissances poussées pour leur époque ». Extrait du site Coeur du Var

Durant les fouilles 1876 et 1975, on a retrouvé les ossements de 34 individus brûlés avant inhumation img_0235.jpg(même mode funéraire qu’à la tholos de la Lauve à Salernes et au dolmen de la Gastée à Cabasse), poignard en silex, pointes de flèches, perles, tessons de vases, fragment de hache polie. Ce qui le date du néolthique, soit 2500 avant JC. Informations extraites du Guide des sites préhistoriques PACA, Frédéric Boyer, mémoires millénaires, 2006
Comment nos ancêtres transportaient-ils des pierres aussi lourdes avec pour matériel des cordes, du bois et la force des hommes ? Réponse dans le document du conseil général du Var sur les mégalithes du Var.

[ndlr] Selon Catherine qui y est allée en 2017 le site a été aménagé, protégé et des panneaux explicatifs installés.

Tout à fait d’accord avec le geocacheur actarus83 qui écrit dans la fiche de sa cache GC19W35 qu’il faut prendre le temps de lire le panneau explicatif ; j’ajouterai même qu’il faut aussi décoder ce monument historique à l’attention des enfants. Cela pourrait éviter qu’ils y jouent et le détériorent.

Itinéraire Gaoutabry 4km700, 1h30 A/R, 162m dénivelée

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1gaoutabry : selon l’office du tourisme de La Londe des Maures, du provençal caud (= chaud) ou bien gaouto (= la joue [ndlr] partie du visage), et abri (lieu où on est à couvert), le toponyme peut se traduire par abri se trouvant dans un endroit chaud ou sur une colline. L’abri funéraire se trouve en effet au sommet d’une petite colline bien ensoleillée.

La calanque de Marseilleveyre


contre jour sur les îlesbatterie Estéou de Bouqueimg_0064r-300x224.jpg

img_0065r-224x300.jpgimg_0045r-224x300.jpgimg_0051r-224x300.jpgimg_0069r-224x300.jpgimg_0072r-224x300.jpg

Facile d’accès, point de ralliement de nombreux marseillais, même l’hiver par grand vent comme aujourd’hui 27 décembre, la calanque de Marseilleveyre est accessible par le sentier de la douane depuis la calanque de Callelongue. C’est aussi la fin de la route. Au large, l’île Maîre est suivie de ses deux enfants : les deux pharillons. Avec un peu d’attention, vous devriez pouvoir retrouver à Callelongue ou au cap Croisette quelques vestiges du téléscaphe de Callelongue (large roue).

Cabine du télescapheUne curieuse invention (1967) : le téléphérique sous-marin entre Callelongue et le cap Croisette

Images d’archives télévisées sur le télescaphe, ORTF, Les coulisses de l’exploit, août 1969

(Image empruntée au site du Vieux-Marseille)

En quelques petites descentes et montées sur les pierres patinées, nous contournons le rocher des Goudes ; après quelques coups d’oeil sur les îles aux formes si caractéristiques, nous découvrons l’ancienne batterie de l’Estéou1 de Bocque (quel drôle de nom pour cette batterie napoléonnienne !) déclassée depuis 1871 avec son vaste mur en forme d’arc de cercle ; sans doute est ce là l’origine du surnom moderne de ‘Théâtre’ que l’on voit sur la carte des calanques.

En consultant le cadastre napoléonien de la ville de Marseille de 1820 (25ème section, Z7), je m’aperçois que les noms donnés aux lieux n’ont rien à voir avec ceux d’aujourd’hui ; les calanques n’étaient probabalement fréquentés que par ceux en charge de la protection de nos côtes : le sentier de la douane s’appelait le chemin de la batterie de Marseille Veire ; la calanque de Marseilleveyre s’appelait la calanque de la batterie de Marseille Veire ; selon moi, la batterie s’appelait plutôt Estéou de Bouque2 (et non de Bocque) ce qui signifierait Ecueil de l’embouchure vu que son but était d’empêcher les corsaires de débarquer à l’embouchure de la Calanque Longue. Les majuscules n’auraient d’autre justification que de désigner un nom de lieu.

Cadastre napoléonien 1820 - section 25 - Z7

Batterie Est de Marseilleveyre du site Index de la Fortification française 1874-1914

Le 4 janvier 1794, Bonaparte écrit au ministre de la guerre sur les fortins de Marseille : « Toutes les batteries circonvoisines qui défendent la rade sont dans un état ridicule. L’ignorance absolue de tous les principes a présidé à leur traçé. Elles ne sont pas en état de soutenir une bordée » et « Le 7 janvier 1794, Napoléon Buonaparte, général de brigade d’artillerie, se vit confier par le Comité de Salut public le commandement en chef de l’artillerie de l’armée d’Italie, ainsi que de l’armement des côtes de la Méditerranée […] Au cours des mois de janvier et de février 1794, […] il fit avec sa famille plusieurs déplacements pour déterminer la position des diverses batteries à établir pour la défense du littoral méditerranéen ». La Batterie de Cap Croisette, en 1811, est en mauvais état, une nouvelle batterie des Croisettes est décrétée par Napoléon […] elle croise le feu […] à l’Est avec la batterie de la Mounine pour empêcher le refuge ordinaire des corsaires ennemis à l’anse de Callelongue à 800 mètres à l’est. Extrait de Marseille-forum

Après l’étroite calanque de la Mounine, un mouchoir de poche qu’il faut conquérir l’été en arrivant tôt, c’est celle de Marseilleveyre dominée par quelques cabanons vides en cette saison. L’horizon est barré par l’ïle de Jarre, celle où avaient lieu les quarantaines, et Riou au large de laquelle le Lightning F-5B de Saint-Exupéry a été retrouvé en 2003 par des plongeurs audacieux et tenaces (Saint-Exupéry, suite et fin, article de L’express du 21 juin 2004). Après la cache de rabatau Balade dans Marseille – la calanque du Belge, prétexte à cette promenade, nous rejoignons la guinguette du belge (son léger accent en témoigne) dans la calanque de Marseilleveyre ouverte tous les jours de l’année ; une dizaine de chats abandonnés par les vacanciers et adoptés par le propriétaire, s’installent au chaud sur et sous les tables ; la terrasse est prête à accueillir les nombreux clients que nous croiserons sur le chemin de notre retour : ce midi, ce sera pâtes et côtes de porc !

img_0080r.jpgAu retour, nous empruntons la variante à points noirs vers le col du sémaphore. Dominant à la fois Riou et le Frioul, les farots de Marseille sont les ancêtres des sémaphores construits pour avertir Marseille de l’arrivée de navires ennemis. Celui qui domine Callelongue daterait de 1791 ; c’était un poste de guet chargé de surveiller les approches maritimes ; le Génie de Napoléon III revoit le système défensif à partir de 1864 qui se composera, entre autres, des sémaphores de la Ciotat et de Callelongue (source Stokofish : forum-Marseille) : il signalera par signaux optiques toute activité ennemie ; de par sa position stratégique, il a été occupé par les allemands pendant la seconde guerre mondiale. Il est aujourd’hui désaffecté. Après une longue descente dans les graviers, nous atteignons la calanque de Callelongue dont les parkings sont maintenant pleins.

Itinéraire Callelongue – Marseilleveyre – 5.100km – 2h10 de déplacement – dénivelée 88m

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1Estèou : selon Marius Autran Récif, écueil, roche voisine des côtes ; selon le dictionnaire de la Provence et du Comtat Venaissin de Claude François Achard, 1785, rocher contre lequel les vaisseaux vont échouer.

2bouque : selon le même dictionnaire, de l’ancien provençal boùque qui voudrait dire bouche, ouverture, embouchure

La calanque de l’Oeil de Verre et celle de Sugiton vue d’en haut


img_9777r.jpgimg_9778r.jpgOn y accède facilement par un sentier partant de Luminy par le col de Sugiton et qui descend régulièrement jusqu’à la calanque. Facile au début, c’est le point de départ familial pour le belvédère Saint-Michel et la calanque de Sugiton. Aussi fréquenté qu’une avenue en ville. De nombreux panneaux Calanque de Sugiton vers 1900 (emprunté au site du Vieux-Marseille)d’information ponctuent cet itinéraire de découverte. La première trace d’élevage de moutons et de chèvres dans les calanques remonte à 1364 et se perpétue jusqu’en 1960 ; le jas du col de Sugiton, bergerie déjà ruinée en 1830, en est le témoin. Au dessus de lui, les ruines d’une ancienne carrière d’où l’on devait extraire de la pierre de taille.
img_9790r.jpgJe reconnais le cap Morgiou, où je me suis rendue le mois dernier, et la calanque de Morgiou qui le borde. Là où nous voyons aujourd’hui un torpilleur, nos grands-parents voyaient un cygne… Quelques pins d’Alep isolés parviennent encore à vivre, parfois enracinés dans la falaise. La descente jusqu’à la calanque de l’Oeil de Verre devient plus escarpée et nous devons avancer avec prudence. La température est printanière. Au fond de la calanque des Pierres Tombées – dont le nom vient du fait justement que de nombreuses pierres instables sont tombées au fond de l’eau – malgré l’accident de 2006 et l’interdiction d’y accéder, de nombreux nudistes profitent des derniers rayons du soleil. La première cache Hommage à Gaston 1 au-dessus de la calanque de l’Oeil de Verre1 (ou Saint-Jean de Dieu2) est rapidement trouvée grâce à la photo communiquée par Baba13.

Gaston Rébuffat, né le 7 mars 1921 à Marseille, découvre l’escalade dans les Calanques, puis à 16 ans il découvre la haute montagne, les Alpes et le massif du Mont-Blanc. En 1942, Gaston Rébuffat réussit son brevet de guide de haute montagne malgré son jeune âge. En 1944, il devient instructeur à l’École Nationale d’Alpinisme, ainsi qu’à l’École militaire de haute montagne. En juin 1945, Gaston Rébuffat intègre avec une dispense d’âge, la prestigieuse Compagnie des guides de Chamonix. Il devient alors le troisième « étranger » de la Compagnie, après Roger Frison-Roche et Édouard Frendo. Ecrivain, scénariste, photographe, il reste une icône pour de nombreux passionnés de la montagne. Un an avant sa mort, en 1984, il est décoré Officier de la Légion d’honneur. Trois exemples d’exploits sportifs : Première ascension de l’arête Sud-Ouest intégrale de l’aiguille des Pélerins (1943), Expédition française à l’Annapurna (1950), Première ascension de la face Sud de l’Aiguille du Midi (1956). Source wikipédia, signes de piste, Les calanques… à pied, collection Topo guide, 2007, FFRandonnée / Comité Départemental du Tourisme

L'oeil de verre dans la paroi rocheusepas_oeil_verre_equipe.JPGLa remontée jusque sur le plateau du Devenson est classée *** sentier difficile pour randonneurs alpinistes. Je n’ai rien d’une alpiniste mais j’ai déjà utilisé chaînes et crochets (photo du pas de l’Oeil de verre équipé extraite du livre Sentiers du littoral méditerranéen, Pierre Garcin, Nicolas Lacroix, Glénat, 2008). La montée est raide. Le pas de l’Oeil de Verre a été rééquipé en chaînes et crochets après qu’ils aient été supprimés en 2006 par l’O.N.F. à cause de la dangerosité du lieu ; le préfet finalement a ordonné que soit rétabli cet accès historique. Premier passage sans aide sur une grande plaque rocheuse inclinée où il vaut mieux se coucher le long de la roche ; deuxième passage avec une longue chaîne métallique : je n’ai même pas pensé à regarder cet oeil de verre collé dans la roche (photo de l’oeil à droite Ti’Mars…) ! A la descente ce pas de 10m de haut à la verticale est vertigineux.

oei verre photo TiMars.jpgSans que l’on sache vraiment pourquoi cette calanque fut appelée l’Oeil de Verre, quelques membres appartenant aux Excursionnistes marseillais résolurent de lui donner une raison d’être. A partir de la lentille d’une ancienne lanterne, camouflée habilement par de la peinture, ils en firent un oeil énorme qu’ils fixèrent, avec de l’eau et du ciment, sur le passage le plus visible, le 13 novembre 1904. Descriptif randonnée de l’oeil de verre, d’après le site Eskapad.info

img_9800r.jpgNous enchainons sur des crochets permettant de rejoindre à l’horizontale le point d’appui suivant : là, sur 15m, il ne faut surtout pas lâcher les crochets car ça ne pardonnerait pas. Nous continuons la remontée pénible dans le pierrier ; le sentier a été débalisé de gris et il est parfois difficile de savoir par où passer. Sur la gauche, la grande Candelle et son Candelon, qui autrefois ne faisaient qu’un : nous sommes enfermés entre deux hautes parois rocheuses. Après le Val Vierge, couleur karstique effondré en plusieurs gradins, nous arrivons dans la cheminée du diable, étroite et presque verticale où il faut obligatoirement s’aider des mains. Quand nous arrivons presque en haut, déjà bien fatigués, face au dernier pas, nous hésitons. Les prises sont grosses, éloignées et glissantes. Comment faire quand on n’a pas d’équipement ?

Informations sur les tracés au départ de l’Oeil de Verre (juin 2008)

Après deux tentatives différentes, nous décidons de rebrousser chemin. Nous songeons un moment à emprunter l’autre cheminée du C.A.F. (club alpin français) mais la chaîne a été enlevée et ne sera pas remplacée : elle s’apparente donc maintenant à une voie d’escalade et bénéficiera d’un marquage spécifique en 2008. Nous ne sommes pas les seuls à avoir trouvé difficile cette remontée, si on en juge par ce message lu sur un forum : « Surtout en haut, dans la cheminée du diable, j’ai dû faire de l’escalade pour la première fois de ma vie, en m’agrippant des deux mains et en prenant garde de ne pas perdre la moitié de mon équipement ». Nous renonçons donc à Hommage à Gaston 2 de Baba13.

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