La campagne aixoise à deux pas du centre ville


Une bonne idée d’Anne qui emmène Domi, Majo et moi sur une de ses boucles quotidiennes ; elle convient aux marcheurs, coureurs, promeneurs qui veulent maintenir une activité physique, à deux pas de la ville, sans prendre leur voiture ; on peut donc se rendre en bus au départ du rond-point d’Eguilles (AixPress terminus) ; à nous les routes tranquilles ou les petits sentiers. Trouver une boucle en campagne aixoise est un exercice très difficile.

arbre tentaculaire

Au rond-point d’Eguilles, nous prenons le chemin du Pont Rout (pont Rout = rompu, est-ce le pont sur le ruisseau de Bougerelle ?) puis celui de Fontfiguières (de Font = source, et Figuière = lieu couvert de figues) qui longe la voie ferrée en montant. Dans son prolongement, le chemin de la Pierre de Feu nous offre un beau spécimen d’arbre tentaculaire peu avant le chemin aurélien où passait la voie romaine, qui suit grossièrement la route d’Aix à Salon.

La Via Aurelia fut plusieurs fois prolongée. Ainsi, en 109 avant J-C, le consul Æmilius la prolongea jusqu’en Ligurie, la voie passant par Genua (Gênes).
Après sa victoire sur les peuples des Alpes du sud, l’empereur Auguste continua cette route, à partir de 6 avant J.-C. jusqu’à Arelate / Arles : c’est la via Julia Augusta. Grâce à la totalité de la voie, Jules César a pu se rendre de Rome à Arles avec son escorte en 8 jours.

halte ferroviaire Pey Blanc
pylône camouflé

Nous circulons le long des vignes jusqu’à l’ancienne halte de chemin de fer où se trouve un passage à niveau non gardé avec un pylône joliment camouflé. Mais le train Lyon-Marseille par les Alpes peut encore passer.

Traversée de la route et descente par le chemin de Granet brusquement interrompu par un panneau d’accès interdit aux véhicules et piétons ; simple limite de parcelles, il dessert quelques maisons : nous l’empruntons cependant pour rejoindre le chemin des Plaideurs.

Le long chemin des Plaideurs, autrefois, permettait aux justiciables d’Eguilles d’aller à pied jusque chez le juge de paix à Aix ; la Constitution de 1790 veut qu’il y ait un juge de paix dans chaque arrondissement. D’après le cadastre, il est toujours ininterrompu entre les Granettes et Aix-Saint-Mitre ; et pourtant, sur le terrain, il est barré de chaque côté du golf pour qu’on ne se prenne pas une balle dans la tête. Quel dommage de n’avoir su préserver ce charmant sentier de promenade…
Pour les habitants de Puyloubier, le juge de paix siégeait à Vauvenargues et le chemin des plaideurs traversait la montagne Sainte-Victoire : pas étonnant que les plaideurs trouvaient parfois un arrangement avant l’arrivée au col ou qu’ils renonçaient à la justice des hommes…

bastide et colombier
vignes

De nombreuses bastides ont été construites dans ce quartier par des bourgeois d’Aix au XVIII ou XIXe : les bastides Ravanas, Parron, Vitally et son colombier, Cazelle, Bougerelle,… entre champs et vignes (cadastre napoléonien sections K6 à K8). Par un sentier d’exploitation assez fréquenté, nous rejoignons la route de Berre. Par l’allée de Ravanas, que nous coupons par un sentier zigzagant dans un futur chantier de construction, nous finissons entre les résidences pour retrouver notre parking.

Boucle courte, sans doute susceptible de surprises au fur et à mesure des nouvelles constructions ou changement de propriétaires, elle reste un bon choix aussi près de la ville. Je la referai volontiers.

image itinéraire St-Mitre Plaideurs

image de l’itinéraire 6km200, 51m dénivelée (+81,-81), 2h
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Le rocher des druides à Rocsalière et Saignon


Quel curieux de patrimoine n’aurait pas eu envie d’aller voir ce mystérieux Rocher des Druides à Rocsalière, hameau d’Apt (sud-est d’Apt) ? Les druides1 que l’on croit connaitre grâce aux albums d’Astérix et Obélix mais que l’on connait bien mal en vérité car ils n’ont pas laissé de trace écrite.

Les quelques romains (Cicéron, César) qui ont pu les observer, disent qu’ils pratiquent la divination, qu’ils connaissent les phénomènes naturels (lire Jean-Louis Brunaux, Les Druides. Des philosophes chez les Barbares, 2009) et organisent les sacrifices. Le chêne rouvre et le gui tiennent une grande place dans la magie des druides de Gaule.

Ce qui est sûr, c’est que le vallon de Rocsalière fut le lieu d’inhumation des premiers chrétiens d‘Apt (attestée dès le début du IVe siècle, premier évêque Castor), le long de la via antiqua massiliensis et qu’ils ont pu côtoyer les derniers druides.

Partis du parking du Pré-des-Masques (masco = magicienne, sorcière), nous avons suivi le GRP Autour du Luberon et des Monts de Vaucluse dans un sous-bois particulièrement humide couvert de feuilles mortes. Un long et bas mur de pierre sèche matérialise la limite de communes de cet ancien chemin de Saignon à Bonnieux. Le sentier traverse la route D114 puis suit toujours la limite de communes ; un ancien réservoir recueille encore l’eau de la source de la combe Reybaude (carte IGN 1950).

Nous traversons la route une seconde fois ; un vieux pont traverse le ruisseau de Rocsalière ; le balisage officiel rejoint la route jusqu’au hameau ; nous, nous avons trouvé, non sans difficulté, un sentier qui n’est plus pratiqué, passe devant une cabane, longe deux parcelles (privé) à l’abandon et rejoint le GRP.

Déjà un peu avant, nous avions une vision représentative des habitations troglodytiques de Rocsalière, bâties sous la falaise, avec un grand mur de soutèment ; au-dessus du rocher, sous une voûte, ce qui pourrait être un aiguier récupérant les eaux de pluie (peut-on y accéder ?). Le mont Ventoux se signale côté nord.

Incontestablement nous avons rejoint une voie dallée, sans doute un embranchement antique vers Saignon ou Apt.

[…] le principal [embranchement] se détachait près de l’ancienne église de Buoux, passait au Pré-des-Masques et descendait vers Apt par Rocsalière, défendue partout où existait un passage difficile ou une éminence. 

Mémoires de l’Académie de Vaucluse, Académie de Vaucluse, Séguin (Avignon) Macabet frères (Vaison), Impr. Rullière, Impr. Rullière (Avignon), 1904

A partir d’une grossière marque rouge sur un monolithe – que certains assimileront à un autel de sacrifice -, nous cherchons le Rocher des druides, tellement évident que dans un premier temps, nous ne l’avons pas identifié, sorte de butte témoin détachée du plateau, émergeant d’une dizaine de mètres du coté du plateau et d’une vingtaine de mètres sur son versant nord mais caché sous les chênes. Chroniques souterraines

Ce rocher des druides est un fort du moyen-âge. Nous avons grimpé jusqu’à la salle troglodytique puis, par un couloir, sommes descendus jusqu’au logis par 12 marches irrégulièrement taillées dans le rocher. La voûte rocheuse lui sert de toiture. Vu de l’intérieur, une cheminée et deux niveaux sont identifiables. Une chapelle Sainte-Marguerite a même été ajoutée ultérieurement. Mais la curiosité vient des citernes : celle près de la porte garde encore des morceaux d’enduit d’étanchéité et la citerne suspendue, entièrement taillée dans le roc, communique avec celle en dessous par un petit trou.

Nous sortons par la porte d’entrée à deux voûtes, ce qui la daterait du XIIIe. Christian MARKIEWICZ, Le castrum de Rocsalière, Revue Archipal n°24, Apt, 1989

Déjà, en 1536, l’invasion de la Provence par les Impériaux avait menacé les environs d’Apt ; l’armée ennemie s’était emparée de Lourmarin, s’y était retranchée et de là faisait de fréquentes incursions à Buoux, à Sivergues et jusqu’à Rocsalière.

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Figuerolles, Martigues


J‘entends parler depuis longtemps du parc de Figuerolles1 Paul Lombard, à Martigues, entre étang et parc d’activités ; avec Anne, nous partons pour une courte découverte, profitant d’un déplacement obligatoire pour récupérer en mairie ma nouvelle pièce d’identité ; j’y avais fait une incursion lors de la randonnée Balcons de Caderaou. noter que ce parc municipal a des horaires d’ouverture et de fermeture différents au cours de l’année, et qu’il est fermé de mi-décembre à mi-janvier. Deux parkings : une entrée principale à l’ouest et une entrée de service au sud au bout du chemin de Figuerolles. C’est par là que nous sommes arrivées, nous arrêtant à la loge du gardien pour demander quelques renseignements ; il semble s’ennuyer et ne disposer que peu d’informations ; nous récupérons cependant un plan, le dernier…

Nous sommes parties un peu à l’inspiration, surprises de trouver beaucoup de vestiges ruraux, le premier étant un puits puisant son eau dans la nappe phréatique. Nous sommes dans le domaine Deverville, industriel de la grande bourgeoisie marseillaise qui avait acheté 18 ha de terrain à Figuerolles.

[Comme il] était friand de chasse au faisan et d’équitation, cette propriété lui servira de résidence secondaire. […] Mais les nouveaux habitants sont aussi des industriels spécialisés dans la fabrication du savon, et pas n’importe lequel : le savon de Marseille. Ils vont donc exploiter les cultures d’olivier.  [ndlr : Félix Fournier et Calixte Ferrier, créateurs des savons Le chat, avaient investi à Figuerolles]

La Provence 28/08/2016

Côté ouest, un très long mur d’enceinte puis au loin ce qui ressemble à une tour maigrichonne : c’est le curieux château d’eau du domaine ; au pied, la représentation de racines de yuca en ciment armé, et un peu plus haut une fausse fenêtre rouge qui n’est pas en brique mais en simple mortier. Sur le monument de 1899, tout est en trompe-l’oeil, conformément à l’art des rocailleurs à la mode sous Napoléon III.

Un autre vestige du domaine rural, un bâtiment à deux entrées avec tout proche son réservoir… et une vanne d’hydrocarbures qui appartient plutôt au patrimoine industriel…

https://www.martiguesbouge.fr/le-saviez-vous/du-cote-des-archives/figuerolles-mille-et-une-richesses

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