Les collines d’Eguilles par Saint-Martin


Boucle courte dont une partie est commune avec la fiche Dans les collines d’Eguilles qui parcourt une partie du chemin de transhumance, la voie des troupeaux d’Arles.

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Départ au début du chemin de Saint-Martin. Depuis l’incendie de 2017, le chemin de transhumance sinue dans un environnement cataclysmique : les bois ont été coupés, d’autres ont été noircis par la fumée, on ne voit plus de trace de balisage mais on repère plus facilement les couples de bornes de transhumance, couchées ou encore debout, espacées de 300 m environ, véritable balisage pour les bergers qui rejoignaient les Alpes avec leur troupeau.

A la place, je vous propose une piste non balisée mais bien visible qui démarre 300 m plus loin sur la droite et monte jusqu’au grillage qui nous sépare du domaine de chasse de la Cordière et du ball trap Artemis ; de cet endroit (marqué début sur la carte) au puits dans le vallon des Bouilloudous (marqué fin sur la carte), c’est le même itinéraire.

Le sentier change à partir du puits du vallat des Bouillidous ; je vais monter jusqu’à la bastide de Saint-Martin, autrefois ferme d’importance, non balisé) que l’on contourne   Une pluie fine commence à tomber et Tatooine, le chien de ma fille qui m’accompagne, n’aime pas cela ; aussi, avant de sortir par le grand portail élégant, je monte m’abriter dans ce qui reste de la chapelle Saint-Martin. Mais Tatooine préfère être mouillé et profiter de la longe de plusieurs mètres !

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Carcès, les chutes du Caramy


Une route en rive droite, une piste en rive gauche : c’est cette dernière qu’emprunte le classique chemin de randonnée publié dans le topoguide Le Var à pied qui ne passe plus dans la zone résidentielle ‘le village du lac’ ; à chaque extrémité, un pont franchit la queue de retenue. Elizabeth et moi partons du centre du village ; Carcès me rappelle le récit de cruauté des guerres de religion.

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Le comte de Carcès, Jean de Pontevès, à la tête des catholiques combattait les Razats du maréchal de Retz qui s’appuyaient sur les seigneurs d’Oppède, d’Oraison et le baron d’Allemagne. Les deux camps ravagèrent la Provence, brûlant, violant et perpétrant d’autres cruautés. Une partie de la Provence prit les armes et, en peu de jours, soixante-six ‘carcistes’ périrent devant Cuers, quatre cents furent sabrés à Cabasse et autant trouvèrent la mort devant Lorgues. Toute la garnison du château de Trans fut passée au fil de l’épée et Carcès ne dut son salut qu’à l’arrivée, en Provence, de Catherine de Médicis.

Nous nous sommes garées en face de la maison de retraite ; entre le 29 et le 31 de rue Florentin Giraud, il y a une ruelle qui passe derrière la maison de retraite et longe un petit canal le long des jardins des propriétés privées. Quand nous retrouvons la route, c’est pour découvrir la chapelle Saint-Jaume du XIe siècle (Jacques) dont il ne reste que les murs massifs ; le chemin de Saint-Jacques de Compostelle GR653A y passe bien sûr.

La chapelle saint Jaume, Leloulou et Tem77

La seconde chapelle – Notre Dame de Carami – était entourée d’un cimetière pour les habitants ; pendant la révolution, douze familles l’achètent pour la préserver de la profonation. Elle appartient aujourd’hui à la commune. Quelques photos

Chapelle Notre Dame du Carami, Papounet83

Nous descendons maintenant la route qui mène aux bords du lac, en passant devant un mur exposé au soleil : il s’agit d’un apié (XVIIe) – mur à abeilles en pierre sèche dans lequel des niches étaient destinées à recevoir des ruches.

Une flèche orange rustique au sol, indique la direction des chutes du Caramy. Plus on s’enfonce dans les bois et plus on capte le bruit de l’eau ; le sentier s’éloigne, se rapproche de l’eau jusqu’au chutes du Caramy qui dégringole en plusieurs cascades bien difficiles à photographier derrière les arbres. Nous longeons toujours le canal jusqu’à une martelière derrière laquelle quelques pêcheurs sont installés sur les bords du Caramy. Nous en verrons peu au bord du lac, surtout en cette saison. Que pêche-t-on dans le lac Sainte-Suzanne, seule activité autorisée ?

[2008] L’absence de juvéniles [perches] de 1 et 2 étés laisse présager comme pour le gardon des problèmes de survie […] en lien notamment avec les niveaux d’eau de la retenue.
En ce qui concerne le sandre, […], aucun alevin de l’année n’a été capturé et la population est dominée par les individus âgés de plus de 2 étés. Au vu des résultats de l’échantillonnage, le peuplement piscicole de la retenue de Carcès témoigne du mauvais état général du plan d’eau. Le peuplement est déséquilibré et nettement dominé par la brème bordelière, le poisson-chat et le gardon dans une moindre mesure. Suivi des plans d’eau des bassins RhôneMéditerranée et Corse en application de la Directive Cadre sur l’Eau : lac de Carcès

En vue du barrage de Carcès destiné à alimenter en eau la ville de Toulon, je repère les vannes clapets (26,5 m de longueur chacune) avec d’énormes vérins hydrauliques (merci Zabeth d’avoir trouvé le nom !) destinées à l’évacuation des crues. Derrière, une autre vanne permet de vider complètement le barrage.

Le barrage du lac, Papounet83

Le barrage de Carcès est un ouvrage rectiligne en terre, de 14 mètres de hauteur pour 160 mètres de longueur en crête, construit en 1933-1934 […] dès la construction (1933-1934), apparition de tassements du remblai ayant nécessité de modifier le profil amont du barrage ; […] Crue du 25 mars 1956 : 320 m3/s, la plus forte connue depuis 1907 […]. Erosion de la berge rive droite, au débouché de l’évacuateur, conduisant à renforcer les gabions de protection et à réaliser un épi en béton ; […] ; Mai 1993 : visite d’inspection des vannes-toit de l’évacuateur. Constat d’une importante corrosion des structures métalliques ; de juillet 1995 à octobre 1995 : travaux de renforcement définitif de la galerie de vidange de fond. Barrage de Carcès sur le Caramy, CEMAGREF

Des algues filamenteuses blanchâtres prolifèrent sur les berges entraînant l’eutrophisation de l’eau – son appauvrissement en oxygène – et donc la mort des espèces. Elles ne sont pas dangereuses pour l’homme et d’ailleurs ne sentent pas mauvais. Diagnostic de plan d’eau : Comprendre l’apparition des proliférations algales – Application au lac de Carces (83), Dufrèneix S., Dechesne M., Rapport d’étude VERI, 59p., 2010. En été, le marnage1 est important.
Un autre risque c’est la jussied’origine sud américaine – aux belles fleurs jaunes, qui n’altère pas la qualité de l’eau, mais déséquilibre l’écosystème. A Carcès comme dans les Landes, la Vendée, le Poitou… on a opté pour un arrachage manuel, le seul vraiment efficace. Les plans arrachés sont incinérés. Nettoyage du lac de Carcès, FR3-Régions : la jussie qui prolifère dans le lac de Carcès

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Tavernes, les trois croix


Je retrouve avec plaisir Yves Provence, notre guide habituel que je n’ai pas vu depuis longtemps ainsi que quelques habitués. Tavernes est une petite commune d’un bon millier d’habitants autrefois desservi par la ligne ferroviaire Central-Var et peut-être aussi par une route romaine : elle aurait été lieu d’accueil – du latin taberna boutique sur rue – dans l’antiquité. Trésor du terroir, Les noms de lieux de la France, Roger Brunet, CNRS Editions, 2016

Les photos de Yves Provence, Mes photos

Nous passons non loin de la tour de l’horloge monumentale et son campanile ajouré ; celui là témoigne du savoir-faire des maîtres ferronniers : regardez son embase et sa coupole ajourées ; cette dernière en forme d’hexagone se termine en pyramide, avec des ornements de fanions et de boules. De tels petits détails sont rarement présents sur les campaniles de Provence.
Il est écrit sur le panneau d’information affichée sur la tour que ce campanile reproduit le système solaire tel que le concevait Copernic… Or aux archives départementales du Var, section DD, je lis une toute autre histoire : cette cage en forme de pyramide était couverte d’un globe en cuivre représentant la couronne royale, ornée de fleurons et de fleurs de lys et surmonté d’une croix. On devait planter sur chaque pilier un bâton royal en fer […]. Aurait-on travesti la vérité après la révolution ? Il a fallu un horloger de Marseille, deux serruriers (Saint-Maximin et Tourves), et de généreux donateurs (la communauté de Tavernes, un fondeur aixois pour le cadran et un marseillais pour les boules) pour construire cette horloge mise en service en 1727.

Nous montons le chemin de croix de Notre-Dame, qui autrefois comptait 14 stations, 4 oratoires en pierre de taille représentant saint Antoine, saint André et sainte Catherine ; Daniel essaie de les compter et les photographier tous : croix de métal rouillée ou cassée qu’il reconstitue le temps d’une photo, sur socle de pierre restauré ou simple rocher.

Je n’ai vu que deux oratoires, plein de vieilles croix métalliques et en plus une croix de pierre, celle qui a peut-être donné son nom au quartier au début du XIXe ; à force de guetter toutes les stations, nous sommes arrivés presque en haut (606 m d’altitude). Un banc salutaire accueille les plus fatigués face à la croix représentant Marie auréolée de roses, tandis que d’autres profitent du point de vue et échangent leurs bons tuyaux ; comme l’application androïd peakLens qui affiche en réalité augmentée les sommets qui vous entourent (n’existe pas sur iPhone).

Qui saurait mettre un nom sur celui qui a un bec en l’air ? (photo ci-dessus à droite : je parie pour le mont Aurélien)

Nous attendons maintenant une personne de l’office du tourisme avec qui Yves a rendez-vous.

NOTRE BELLE VUE, PAPOUNET83

Impatientes, avec les copines, nous montons jusqu’à la chapelle Notre Dame de belle-Vue et de Consolation. C’est un Dominicain qui, en 1642, la fait construire. Le clocheton a été déposé sur un rocher et la cloche installée en haut : mais comment les bâtisseurs ont-ils fait ? sur la façade un crochet et une tige métalliques devaient retenir une corde permettant d’actionner la cloche ou d’y monter.

A la révolution les cloches des églises ont souvent été récupérées pour fabriquer des canons ou de la monnaie. Sept ou huit ont été emportées de Tavernes. Un tavernais coupa une grande quantité de fagots de menu bois dans la forêt qu’il disposa au-dessous du rocher supportant le clocher. Après avoir enlevé le battant de la cloche, il la fit rouler sur ce tapis et la cacha dans un tas de pierre. Quand la tourmente fut passée, on remit la cloche en place mais en 1871, elle fut brisée par la foudre causant des dégâts considérables sur le sanctuaire. D’après la notice historique de Tavernes, lecture en ligne sur Gallica

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