A partir du cadastre napoléonien, je me suis amusée à suivre le chemin poissonnier qui traverse Eguilles et Coudoux, repérant d’où il venait et où il allait. C’est le moins connu des chemins saliers qui reliaient Berre à Gontard, sur les bords de la Durance. J’avais eu occasion de le découvrir lors de la 4ème randonnée de la courge à Rognes, grâce aux traces de chariot dans le sol. La Région de Rognes, Tournefort et Beaulieu à travers l’histoire : un terroir provençal dans l’Antiquité et au Moyen âge, Maurice Coquet, D. Wapler, 1970
Il porte des noms différents selon les communes qu’il traverse et selon les époques : chemin salier (en Provence) ou saunier, chemin du sel, ou poissonnier car y étaient transportés le sel et les salaisons de poissons. Parfois les toponymes en ont gardé le souvenir. A Velaux par exemple, dans le recensement des routes et chemins, on parle de chemin vicinal n°6 dit « salier ». A Coudoux, le chemin poissonnier est toujours porté sur la carte IGN ; de nombreuses rues (du, des) poissonnier(s), à Paris ou bien ici, sont explicites. Dans sa Statistique du département des Bouches-du-Rhône: avec Atlas …, Volume 2, Christophe de Villeneuve écrit que
les salyens portaient le sel à ce marché [Pertuis] et en rapportaient du blé et les autres produits agricoles qui leur manquaient.
Ce chemin du sel est donc bien antérieur à l’époque romaine.
Un chemin salier évite les obstacles naturels autant que possible, passe souvent près des lieux de vie : chapelles, tombeaux, fontaines (Fouen du Vabre à Rognes) ; le long de celui-ci, des débris antiques y ont souvent été délaissés ; il relie les oppidums comme Roquepertuse à Velaux, Pierredon à Eguilles, Entremont à Aix. Les Romains probablement en ont récupérés quelques uns pour leur propre trafic commercial. Sur les six chemins saliers de la Trévaresse, cinq se croisaient à Conil, près du château de Beaulieu, à Rognes. D’après Recherches sur les voies préromaines de la Trévaresse et du plateau de Rognes vers la Durance, Maurice Coquet, 1968
J’arrive sur les lieux par la voie aurélienne ; juste avant de tourner vers le ball-trap Artémis et la bastide du Loup, j’ai le temps d’apercevoir la borne-limite sculptée de la commune d’Eguilles, identique à celle située devant la mairie (ci-contre). Le chemin salier n°VI traverse la route ici, d’un côté menant à Saint-Cannat, de l’autre à Berre par Coudoux. Je me suis garée peu avant le pont de la ligne TGV : au delà, les voitures sont interdites.
Très proche du ball-trap Artemis, j’entends les nombreux coups de fusils ; je tourne vers la Bourdonnière sur un chemin moins impersonnel que la grande piste mais qui retentit tout autant des coups de fusils.
A partir du quartier de Saint-Hilaire, je vais rester sur les hauteurs, non sans apprécier toutes les montagnes visibles que j’ai identifiées grâce à PeakFinder.org : la Sainte-Baume, le pilon du Roy et la chaîne de L’Etoile ;
je vais dominer la plaine où se blottissent Ventabren et Coudoux qui ont poussé comme des champignons. Un petit détour par la vigie de Ventabren et son large point de vue s’impose.
La vigie de Ventabren, par theyoungstone
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