Mireille m’a passé la fiche éditée par le CG13 « Parc départemental de l’Arbois » au départ du pavillon de la garde à cheval. Ne connaissant que le parcours du GR 2013 qui traverse l’Arbois, je réserve ce circuit pour un jour de temps incertain. C’est aujourd’hui : léger mistral. Le sentier porte désormais un nom : le sentier du Badaïre, celui du promeneur curieux qui musarde. Cette interprétation semble mieux convenir que le sentier du muflier, autre traduction de « Badaïre ».
Les travaux consisteront à créer un parking de 200 places, un accès aux personnes à mobilité réduite, un pavillon d’information, une maquette du parc, et des signalétiques pour les marcheurs et adeptes de la petite reine. Le parking étant fermé par une grande grille, je questionne le garde qui brosse son cheval ; il me dit que je peux stationner devant la grille, le parking n’étant pas encore terminé. Balisé par de solides pierres recouvertes d’une plaque portant le nom du sentier, il passe par un pont de bois au dessus du ruisseau, délaisse sur la droite quelques tables de pique-nique, puis grimpe vers le pont au dessus du TGV : vu le nombre de TGV qui passent, vous avez de fortes chances d’en voir passer au moins un !
En choisissant de rester sur les sentiers aménagés, les paysages évolueront entre roche apparente et pinède luxuriante. Vous pourrez également admirer des végétaux typiques de la Provence, le thym et le romarin qui poussent à foison dans le domaine de l’Arbois.
Les abords du large sentier ayant été nettoyés et aplanis, je peux voir une gorge peu profonde et le ruisseau qui y circule ; le canal de Marseille zigzague et s’enfonce sous la terre par une bouche bétonnée ; un panneau d’information nous rappelle les origines de sa bienheureuse construction mise en service en 1849.
A gauche un pylône de télécommunications, en haut de la côte, deux lignes de pylônes à haute tension qui se croisent. Difficile de faire des photos sans qu’un fil électrique ne vienne zébrer le paysage. Mais de chaque côté, des vallons verdoyants larges et prometteurs de fraîcheur.
Obligée de passer à gué un ruisseau habituellement intermittent, je me mouille les pieds avant d’arriver dans le fond du vallon bordé d’un champ cultivé. Le long du sentier en corniche, au loin, la ferme de Vautubière surgit au milieu d’un vallon déserté ; ancienne dépendance du château de la Tour d’Arbois, la plus petite, elle produisait des céréales.
Un rustique pont de pierre traverse le ruisseau puis repart à l’assaut de la colline.
Un peu plus loin, à un carrefour de pistes, je cherche vainement l’usage de cette construction de pierre placée sous un grillage ; une pierre plus petite semble servir de bouchon. Deux pièces de métal recourbées sont fixées en bas de l’une des faces. Qui me dira ce que c’est ?
La version longue du sentier du Badaïre m’amène en pleine garrigue sur un sentier beaucoup plus rustique. Depuis les hauteurs du plateau, je mesure l’importance des ruines de la ferme de Mion : nombreux bâtiments dont une bergerie dans le vallon éponyme le long de la rivière.
J’ai choisi d’ajouter une variante vers l’ancien camp de transit américain installé pendant la seconde guerre mondiale sur le plateau de l’Arbois. Je longe donc le ruisseau de Mion qui regorge d’eau, parfois en petites cascades ; le vallon bien frais doit être agréable l’été : un grand réservoir recueille les eaux d’une source captée. Dans le hameau de Mion, les ruines dangereuses sont grillagées mais déjà forcées par des curieux.
Myon : Ancien domaine de 200 ha comprenant une maison de maître de deux étages, une remise, trois écuries, un hangar, deux chenils, cinq loges à porc, une source et un grand bassin, et deux bergeries pouvant contenir 1000 moutons. Le domaine ainsi que celui de la Tour d’Arbois et Valloubières ont été mis aux enchères après expropriation en 1898. Informations extraites du Mémorial d’Aix, 1er mai 1898
A la sortie du hameau, la piste grimpe jusque sur les hauteurs du camp (Continental Central Prisoners of War Enclosure – CCPWE404). Qu’en reste-t-il ? deux pylônes électriques, des dalles de béton supportant les baraquements, d’anciennes voies de circulation rectilignes à l’intérieur du camp.
Les prisonniers en transit attendent d’être attribués à un Commando de travail, ou sont des invalides attendant un rapatriement, ou des SS concentrés dans des ‘compounds’1 spéciaux, ou des prisonniers de guerre à disposition de la Sécurité militaire, ou des criminels de guerre. Les prisonniers allemands aidaient à la construction et à l’entretien du camp.
Les prisonniers de guerre sont parqués à raison de 2000 environ dans chaque ‘compound’1, sous des tentes d’armée américaine du petit modèle. Ils couchent à même le sol.
Dans certains ‘compounds’1, les « Red line2 men » (personnel d’administration), lagerfürher [officier chef de camp de concentration] et adjoints, cuisiniers, [personnels] sanitaires, sont logés dans de petites baraques de bois comprenant quatre lits de bois et de sangles. Baraques étanches et bien construites. Extrait du compte-rendu de la visite du CICR du camp de prisonniers de guerre de l’Axe CCPWE 404
US Camp (Calas) – CCPWE 404, Serge Robert
Continuer la lecture de Sentier du Badaïre, parc départemental de l’Arbois