Journée du patrimoine avec les Drailles de la Mémoire à Cassis


Journée bien remplie, animée par l’association Les drailles de la Mémoire à Cassis représentée par André Jayne, son président, Léo et Serge, chacun ayant des connaissances spécifiques qu’il partagera avec le groupe de 50  personnes. Journée tellement riche en informations que j’ai dû choisir celles dont j’allais vous parler.

Avec moins d’un quart d’heure de retard sur l’heure prévue, nous partons sur le chemin vicinal qui longe le château de Fontblanche, un des domaines viticoles1 qui produit l’appellation d’origine contrôlée ‘vin de Cassis’ existant depuis 1936 ; basée sur une douzaine de cépages, blanc, rouge ou rosé, elle a été mise en valeur cette année par un livre de recettes : 36 recettes de Provence cuisinées au vin de Cassis, Robert Monetti, Guy Broglia-Sautel, Ces Arts Augustes, 2016.

sea line Chemin de LonguelanceÇa commence fort avec des informations marquantes : nous apprenons que le pipe-line qui amène les boues rouges de Gardanne à la mer, passe sous la route ; la première fois que je l’ai vu à ciel ouvert le long de la voie de Valdonne (photo ci-contre à gauche), j’avais été surprise par ce long tuyau de couleur verte dont les riverains ne connaissent même pas la fonction…
emplacement du paléo-lacA droite, dans la plaine, sur 400 m de long et 300 m de large et sur une profondeur moyenne de 50 m, il y avait autrefois un lac, un paléo-lac exactement. Carole Romey, auteure de la thèse Histoire des paysages et de l’occupation humaine du massif des Calanques depuis 300 000 ans, université Aix-Marseille, 2013, pense même que la rivière souterraine du Bestouan a été un jour en connexion avec ce lac ; cette rivière de 4 km de long, que les plongeurs ont pu remonter sur 2 km 665 en 1991, se trouve justement 80 m en dessous de nous, à la limite de ce lac.

Il [le paléo-lac] a été formé par la dissolution du calcaire barrémien et/ou par l’effondrement d’une cavité karstique. […] L’enregistrement sédimentaire venant du paléo-lac […] retrace le paléo-environnement glaciaire du massif des Calanques au Pléistocène supérieur. […] En outre les prospections géophysiques mettent en avant une probable connexion entre le poljé de la plaine de Cassis et la rivière souterraine du Bestouan. Les analyses des sédiments du Bestouan étayent cette interprétation et montrent qu’il s’agit d’un milieu dont les conditions ont varié dans le temps […]. Cependant l’analyse des céramiques collectées sur les deux sites fouillés (Ferme Blanche et Fontblanche) confirme l’occupation de la plaine de Cassis par l’Homme depuis l’Âge du fer.

L'âne sur le chemin vicinalcaroubierUn vieil âne passe la tête à notre passage ; une poule faisane fait les cent pas dans un enclos ; quand Serge nous affirme que la caroube, graine du caroubier, était l’unité de poids utilisée jadis au Moyen-Orient, j’ai cru que c’était une blague. C’est vrai, les commerçants ont retenu le carat, dérivé de caroube, pour son poids et sa taille uniformes (0.20 g).

Domaine de FontblancheRéservoir de béton Grappe de raisinAndré a l’autorisation de traverser le domaine viticole1 de Fontblanche ; au loin, un groupe d’ouvriers travaillent dans les vignes ; les grains desséchés du raisin blanc ont souffert du manque d’eau tandis que les grains bleu foncé du raisin noir sont gros et appétissants (qui me dira de quel cépage il s’agit ? cinsault ?).

La femme du dernier seigneur de Jullans-Fontblanche Louis César de Garnier, a épousé  Françoise de Garnier en 1789 ; Françoise est fille naturelle de François-Xavier de Garnier, conseiller et secrétaire du roi, issu d’une famille établie à Cassis au début du XVIIIè ; elle hérite de ce domaine situé au Plan, sur la route de Roquefort (voir cadastre napoléonien, 1811, plan A section Le Plan – état de section images 24 à  28) ; l’arrière-fief de Jullans avait été partagé entre deux frères vers 1580 donnant naissance à Jullans-Saint-André et Jullans-Fontblanche, aujourd’hui sur la commune de Roquefort ; le nom de Fontblanche vient donc de là et d’une fontaine se trouvant dans son fief. Répertoire des travaux de la Société de statistique de Marseille, notice historique sur le fief de Jullans, son église romane et ses seigneurs, Dr BarthélémySociété de statistique de Marseille, impr. Nicollet (Aix-en-Provence), 1877

En 1918, Emile Bodin achète le château de Fontblanche ; une cuvée spéciale du domaine Bodin rend hommage à la chapelle Notre-Dame des Lumières, détruite à la Révolution puis reconstruite au siècle dernier par l’ancien propriétaire, Charles de Villepays [ndlr : qui avait épousé une descendante de Louis César de Garnier-Fontblanche]. Selon le guide Hachette des vins.

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Les collines de Charleval


Suite à ma première marche populaire à Mallemort, j’avais envie de découvrir un peu plus la chaîne des Côtes ; les hauteurs n’étant pas très élevées, je supposais que ce ne serait pas une randonnée difficile. Ses flancs nord en pentes douces sont entaillés de nombreux vallons (vallons du Dragon, du Castellas, du Cuou de Peyrou) qui s’opposent aux flancs sud plus abrupts. Vous pouvez vous garer dans le centre ou bien à la piscine près du canal EDF, après le pont. Les points en rouge situent approximativement les points de repère du topoguide des Bouches-du-Rhône.

Plan de Charleval 1835La particularité assez évidente de Charleval1 quand on s’y promène, est que c’est un village récent : pas de petites ruelles étroites mais des rues assez rectilignes et des monuments des XVIIIè et postérieurs.

Quand, à sa majorité, César de Cadenet prend la direction des affaires de la famille, il doit lutter contre l’hostilité des gentilshommes. Charleval n’est alors qu’une vaste propriété en grande partie inculte, acquise en 1677. Pour la peupler, il adresse un appel aux habitants des communautés environnantes : soixante-quatre cultivateurs consentent à venir fonder le nouveau village grâce à un bail emphytéotique qui leur donne l’entière propriété du terrain moyennant une redevance annuelle et perpétuelle. Chaque volontaire a aussi reçu un lopin de terre pour construire sa maison dans le village. Quand tous les emphytéotes auront construit leur habitation, César de Cadenet construira son château en dernier. D’après J.-B. Astier, Histoire de Charleval, Marseille P. Ruat, 1908 et Masson P., Bergounhoux E.Bouches-du-Rhône (Les) : encyclopédie départementale : Monographies communales, T 15, Société anonyme du « Sémaphore » ; Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 1933 [images 282-286 sur le site e-corpus.org].

oratoire sainte-PhilomèneL’oratoire sainte-Philomène, près d’un chêne majestueux, est construit en pierres de taille, à base carrée, une niche séparée de la base par une corniche.
ancienne culture de chou ?Je traverse le canal de Marseille et longe quelques champs à l’abandon : on reconnait sans doute une ancienne culture de chou ; moins banale, la culture du tabac : jusqu’en 1929 Charleval était la seule commune ayant le droit de la château de Valbonnettecultiver. Après les berges du canal, j’entre dans le bois de Sainte-Croix où quelques postes de chasse sont installés dans le domaine de Valbonnette ; en contre-bas, le château de Valbonnette est seul dans son écrin de verdure.

domaines seigneuriaux charleval valbonnetteConstruit en 1669, près du castrum du même nom dont les ruines sont cachées par la végétation, le château de Valbonnette est une coquette bastide. Ce n’est qu’en 1741 que fut officialisée la séparation du domaine en Valbonnette-lez-Sainte-Croix et Valbonnette-lez-Charleval. D’après Château, ville et pouvoir au Moyen-âge, A.-M. Flambard Héricher, J. Le Maho, Tables rondes du CRAHM

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Flânerie moyenâgeuse et moderne échappée sur le GR2013


Un parcours inédit que j’ai voulu contrasté : le GR2013 (balisage rouge-jaune) sur une voie verte – le fameux GR interurbain inventé en 2013 et qui parcourt les Bouches-du-Rhône – , une balade moyenâgeuse à Miramas-le-Vieux (balisage bleu), à nouveau un bout du GR2013 (balisage jaune-rouge) ; seule la liaison (non balisée) entre les deux derniers circuits n’est pas idéale mais il faut l’accepter pour ressentir les contrastes entre l’ancien et la modernité.

L’ensemble des photos

Après un rapide passage au marché de Miramas, je me gare près du centre technique municipal. Cela commence par une voie verte autrefois voie ferrée qui amenait les matières premières de la gare à la Poudrerie nationale. Lire dans ce blog la poudrerie de Saint-Chamas.

Ce site militaire a été ouvert en 1690, voué à la fabrication de la poudre à canon, abandonné en 1974 puis cédé au conservatoire du Littoral en 1974 ; après transformation, les munitions étaient livrées dans les dépôts. Comme le train n’allait pas vite, les ouvriers en profitaient pour s’accrocher au wagon et gagnaient ainsi leur lieu de travail.

habitation trodotydique le long de la voie verteLe balisage du GR2013 m’accompagne. Sur le côté droit, des habitats troglodytiques portent des traces de découpes.
La cité Garouvin construite lors de la première guerre mondiale, est composée de petites maisons bâties sCité Garouvinur le même modèle ; elle accueillait autrefois les ouvriers de la Poudrerie. Même principe que les cités des mines dans le nord de la France.

Route pavéeProlongement du chemin de GarouvinJe passe devant un des portails de la Poudrerie,  fermé à cet endroit, grimpe par un sentier caladé puis sur un chemin bordé d’un mur de pierre sèche qui s’ouvre finalement sur un énorme tapis de cactus ; le village de Miramas le Vieux regorge de tout ce qui fait le charme des villages provençaux : des pierres, des ruelles étroites, des petites places à l’ombre, des points de vue et le glacier Quillé1 dont la renommée dépasse largement le village ; une de ses spécialités : Tendre Passion avec 13 sorbets différents.

Vous prendrez bien une petite glace, cache premium de Myri@m

Chapelle Saint-Julien près du cimetièreAprès la chapelle Saint-Julien, bijou de l’art provençal du XIIè, je déambule au hasard de mon inspiration : au bout de la rude montée vers la porte Notre-Dame, un énorme pin d’Alep multi-centenaire, classé arbre remarquable, ombrage les lieux. La niche de la porte Notre-Dame a perdu la statue de la Vierge : détruite en 1590 remise en état en 1631, réjouissons-nous de pouvoir passer dessous ; à l’intérieur des ruines du château, je découvre une statue de Guy Salomon. Ce château qui défendait le village consiste aujourd’hui en une voûte sur croisée d’ogives, des remparts, un donjon sans toit, et quelques vieilles demeures qui ont vu passer autrefois Charles IX et Catherine de Médicis.
Le plan de Miramas le Vieux pour ne rien oublier.

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