La voie de Valdonne


Marcher le long d’une ancienne voie de chemin de fer, voilà ce que je vous propose. Bientôt ce ne sera plus possible. Mieux vaut placer un véhicule à la fin du parcours pour ne pas refaire le même trajet en sens inverse.
Nous partons d’Aubagne après avoir organisé le dépôt des véhicules près du terrain de sport à Roquevaire. La balade, dans le cadre d’une rencontre de geocacheurs 2013 Apérocache organisée par l’association des Geocacheurs de Provence, sera collective et donc avec des promesses d’amusement.

Créée en 1868, cette voie fut longtemps l’épine dorsale entre Aubagne et la Barque : 80 ans de trafic voyageurs, 120 ans de trafic marchandises ; elle fut lancée pour répondre à des besoins de transports de marchandises : les usines de savon et de soude de Marseille utilisaient le charbon extrait des carrières de lignite de Fuveau, Peypin ou Auriol. D’autres marchandises comme le ciment ou le plâtre ont ensuite emprunté la ligne.
Puis ce fut le tour des ouvriers qui se rendaient dans les usines du nord ou de l’est de Marseille. La gare de Valdonne, sur la commune de Peypin (Bouches-du-Rhône), est ouverte le 27 janvier 1868 par la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée.
L’arrivée des lignes d’autobus concurrencent le train : en 1939, le trafic passager est interrompu. En 1987, les voies sont déposées  à la Barque mais les 17km entre Aubagne et Valdonne sont conservées avec leurs rails, leurs tunnels. Les documents d’urbanisme réservant cet espace à un usage de transport, ont empêché toute construction privée sur la Voie. Accents, Hors série, Conseil général 13, été 2013

Nous rejoignons la voie ferrée 500m environ après la gare d’Aubagne, dans un quartier résidentiel, du côté du Clos Marie-Antoinette. A notre droite, un tuyau vert bien apparent nous accompagnera tout le long de la balade.
Au niveau du grand rond-point au dessus de l’autoroute A501, nous passons sous un pont joliment taggué et graphé, par des artistes de la rue qui ont souvent de la graine de génie. Certains personnages me font penser à l’artiste choisi pour le futur design du tramway. Le tuyau vert s’est paré de couleurs vives.

Nous allons cheminer maintenant entre le chemin de Longuelance et les propriétés privées ; parfois les rails sont envahis par la végétation ; nous passons tant bien que mal tantôt à gauche, tantôt à droite du tuyau vert. Les enfants partent en avant pour chercher les caches, parfois avec l’aide d’adultes qui jouent avec autant de plaisir qu’eux.

Nous passons sous un petit pont, comme le fait le tuyau vert clair, couleur de la verdure mais qui ne contient rien de naturel. Les rails sont de plus en plus difficiles à suivre ; nous continuons sur la route qui nous offre après le clos des Arnauds, une jolie vue sur la Sainte-Baume.

Après la cache n°7, moyennant un court détour, vous trouverez la maison de celle qui peint ; la façade colorée de  la maison de Danielle Jacqui vaut le déplacement, que l’on aime ou non. Débutée en 1981, l’œuvre monumentale qui la rendra célèbre est la décoration de sa propre maison : pas un seul centimètre carré sans peinture, mosaïques, ou décor. Le blog

la maison de celle qui peint, par sylberfil

Après le chemin de la Baume, le sentier s’enfonce dans une petite prairie où nous trouvons le bâtiment ruiné de l’ancienne gare du Pont de l’Etoile. Avant le tunnel, nous posons pour la photo de groupe ; lampe de poche à la main, à la queue leu leu, nous entrons dans un tunnel sombre ; nous prenons plaisir à entretenir gentiment la légère crainte du noir exprimée par les enfants…

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Source de l’Infernet par le GR 2013


Lors d’un reportage sur le GR 2013 en début d’année, j’avais été surprise de découvrir ce charmant petit coin, près de la ville : une source abondante se déversant en cascade, près de petites gorges d’un beau ton rose soutenu ; j’avais du mal à croire qu’il était en région PACA. Je me suis donc inventée une petite boucle passant sur le GR 2013 avec retour par un autre sentier (je n’aime pas faire un aller et un retour identiques).

Départ sur le parking du ball-trap et du club d’aéro-modélisme, près de la gare TGV. Pas évident à trouver la route qui y mène ; il faut emprunter le rond-point de la gare et avant l’entrée du parking P12, tourner en épingle à cheveux sur la droite ; les voitures qui ne veulent pas payer le parking de la gare, stationnent le long de cette route et obstruent la visibilité.

Les maquettes d’avion tournoient au-dessus de ma tête dans un vrombissement presque aussi fort que celui d’un véritable avion. Il ne faut surtout pas entrer sur leur terrain dont l’accès est interdit : à cet endroit, le GR s’infléchit sur la droite pour rejoindre une ancienne route macadamisée fortement dégradée. Puis elle descend ; sur la gauche, un tas d’ordure barre le passage : c’est là que passe le GR.

J’aperçois des caravanes de nomades installées près du stadium, parallélépipède de béton qui aurait dû servir de salle de spectacles ;  il a été cédé à la communauté du pays d’Aix ; même si on a du mal à le croire, c’est l’œuvre d’un architecte de renommée internationale Ruddy Riccciotti. Le blog de Didier Hacquart.

Bien que je n’en ai jamais vues, en vrai, je sais que les grosses bosses lie-de-vin, desséchées, irrégulières, séparées par des rigoles de plusieurs dizaines de centimètres de hauteur, sont les tristement célèbres ‘boues rouges‘, résidus polluants du traitement de la bauxite, bien visibles de l’autoroute A7 et du train. C’est l’usine Alusuisse des Aygalades (Marseille) qui les a entassées ici à partir de 1950.

Pendant près de 70 ans, on a fabriqué de l’alumine à Gardanne, et pendant 70 ans on a rejeté les boues rouges. Chaque tonne d’alumine produit au moins une tonne de boues rouges. En 1906, on construit un transporteur aérien de 3km vers le vallon d’Encorse à Bouc Bel Air. Cela a duré 60 ans. A partir de 1960, les zones de stockage de boues rouges sont saturées. Une étude préconise le rejet en mer du côté de Cassis par un sea-line, 47km de long, entre Gardanne et Cassis puis prolongé jusque dans la fosse de Cassidaigne [ndlr : il est visible sur des dizaines de kilomètres entre Gardanne et Aubagne sous la forme d’un tuyau vert le long de l’ancienne ligne de chemin de fer de Valdonne]. Péchiney dépose un dossier d’intérêt public en 1963.
L’opposition au projet se manifeste si fort que Péchiney est obligé de faire appel à un service de communication pour convaincre l’opinion publique : on ne parle plus de boues rouges mais de limons ferriques, on présente une maquette, les ouvriers de Gardanne en parlent. La requête d’annulation de la déclaration d’utilité publique (déposée par le maire de Cassis) est rejetée en 1968.
Suite à la conférence de Barcelone, la décision d’arrêter le déversement des boues rouges dans la Méditerranée, a été prise pour 2015. Cela est rendu possible grâce au minerai de Guinée plus riche en alumine (et produisant moins de résidus) et à l’amélioration des procédés techniques dans l’attaque de l’alumine et des filtres.
D’après l’institut pour l’histoire de l’aluminium, 2010

Toxique ou pas ? deux points de vue article de sciences et avenir, 2010… et celui du GIP des calanques

Le sentier de fine terre parfois glissante contourne l’énorme tas de boues rouges puis sinue dans les bois. Les sentiers sont nombreux mais le GR est assez bien marqué. Je passe à gué sur des ruisseaux bien secs puis descend jusque dans les gorges roses. Moyennant un petit détour, leur côté insolite apparaît (photo de droite).

Les parois des gorges de CabrièsA partir de là, il faut bien suivre le GR qui surplombe ensuite les gorges avant de descendre par un passage rocheux dans le fond, près de la Cadière qui court en cascade. Drôle de spectacle que ces calcaires roses mamelonnés, alignés, datant de -61 à -55 millions d’années, argileux ou rouges ou silicifiés, quelquefois avec des marbrures.

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GR 2013 : de Chateauneuf à Martigues (1ère partie)


Cette fois j’ai choisi un bout du GR®2013 inter-urbain entre Chateauneuf-les-Martigues et Martigues, presque 20km ; il faut donc deux voitures, l’une au parking du centre commercial Carrefour à la sortie de l’autoroute A55 la Mède, l’autre au parking de Jonquières à Martigues avant le pont mobile (13km environ) ou sur le parking de la chapelle notre dame des Marins (20km environ) ; je vous livre la première partie jusqu’à Jonquières.

J’ai préparé la route sur mon GPS à partir du projet de tracé que j’ai trouvé sur internet. Cela ne ressemble pas à mes parcours habituels. Après tout ce GR balisé pour Marseille-Provence 2013 capitale de la culture, mérite d’être découvert avant d’être jugé.

La météo à cet endroit
sur 3 jours avec le vent

Entre la zone industrielle de la Valampe et le moto-cross, face à moi, la chaîne de l’Estaque. Rapidement je trouve la première trace de GR à côté d’une borne du pipeline TRANSETHYLENE, qui assure le transfert d’éthylène entre les sites de Lavéra, Berre, et Saint-Auban (Alpes de Haute-Provence, 04).

On le sait peu mais des accidents dus à ces canalisations ont déjà eu lieu ; ils sont classés en fonction de leur gravité croissante (G0 à G4 : incident majeur), de leur perception à l’extérieur (P0 à P2), et de leur maîtrise-évolution dans le temps (A : maîtrisée, C:  évolutive). Par exemple Naphtachimie Martigues Lavéra (13), 5 septembre 2009, G2/P2, une canalisation de vapeur d’eau à 300°C sous 25 bars se rompt vers 15h10. Un sifflement important est audible hors de l’usine. Une ligne d’éthylène proche endommagée fuit légèrement […] Extrait du document Prévenir et réduire les risques accidentels (industriels et miniers). Mais il y a eu aussi un évènement G3/P2 qui a provoqué la mort d’un ouvrier.

Le sentier passe entre l’autoroute et un lotissement au milieu de quelques arbres gommant l’impression d’être dans une zone industrielle ; l’endroit a été nettoyé mais des déchets résiduels témoignent d’une présence humaine peu respectueuse des lieux. Bientôt j’entre dans le vallon du Saut que j’avais déjà visité. Dans l’article le vallon du saut et canton, vous trouverez l’origine de ces dénominations curieuses que j’écris volontairement avec une minuscule. Dans les puissantes parois rocheuses constituées de calcaire blanc urgonien (urgonien = de Orgon, Bouches-du-Rhône) du versant nord de la chaîne de la Nerthe, des voies d’escalade ont été installées. C’est sans doute par là qu’est placée la cache Chichifada de Athoomas que vous trouverez moyennant un petit détour.

Curieuse pierre percée sur la droite. Après une belle grimpette, au sommet (196m environ), par temps clair, le panorama serait sans doute grandiose sur les étangs de Berre et de Bolmon, avec en toile de fond, les principales chaînes de montagnes de Provence (Etoile, Sainte Victoire, Lubéron, Mont Ventoux, Alpilles).

‘Le plateau  ouvert de garrigue rase à chêne kermès, est désertique ; les lignes à haute tension issues de la centrale de Ponteau balafrent le paysage du plateau sur toute sa longueur’ (extrait de l’Atlas des paysages des Bouches-du-Rhône – 18 – La chaîne de L’Estaque, la Nerthe, la Côte Bleue, CG13, 2007) ; les sentiers ou pistes forestières se croisent sans arrêt et il faut être attentif pour repérer le balisage rouge et or. Celui que j’emprunte s’enfonce dans le vallon sombre de Maximin dans lequel je ne croise âme qui vive : la nature sans rien d’autre. A un croisement de pistes, un Vttiste perdu m’interpelle pour me demander où mène le sentier vers la droite : comme il est entrecoupé par de multiples pistes parfois sans issue, je lui conseille plutôt de suivre le GR®2013 qui le ramènera à coup sûr sur Chateauneuf.

L’ouvrage du canal de Provence, le réservoir de Valtrède s’intègre harmonieusement dans le vallon du même nom, orienté Est-Ouest, appelé au XIXè siècle le ‘petit chemin de Martigues à Marseille’ ; à l’intensité des aboiements d’une meute en furie toute proche, je comprends le sens des panneaux placés le long du champ et sur la  station d’épuration : ‘messieurs les chasseurs, veuillez ne pas confondre svp, mes chats avec les lapins’.

‘La dépression de Saint-Julien correspond à un long fossé tectonique effondré dans l’axe de la Nerthe, dernier terroir agricole de la commune de Martigues, avec ses vignes, ses céréales et son maraîchage’ (extrait de Atlas des paysages des Bouches-du-Rhône – 18 – La chaîne de L’Estaque, la Nerthe, la Côte Bleue, CG13, 2007).  Le chevrier de Saint-Julien a laissé ses chèvres paitre devant le hangar. Des bastides et cabanons en ruines témoignent d’une intense activité passée comme par exemple cette habitation datée de 1761 sur sa façade. Des rigoles de drainage bordées de roseaux longent les parcelles quelquefois soulignées par des alignements d’oliviers. Très étonnée de trouver des champs de vignes le long du chemin, sous les lignes à haute tension, je cherche sur internet le vin qui y est produit ; par exemple, l’A.O.C. Côteaux d’Aix en Provence, Cuvée réservée Rosé, a obtenu la médaille d’or à un concours local et la médaille de Bronze au concours des Grands Vins Foire de Mâcon 2011, label en qui j’ai toute confiance. Cave coopérative Saint-Julien.

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