De l’observatoire de Mérindol au jas du Bourdillon


C‘est un grand écart en forme de huit que je vais réaliser, passant d’un terrain quasiment plat en bordure de la Durance aux hauteurs rocailleuses du Luberon, d’un lieu de rendez-vous dominical très fréquenté aux ruines désertées du jas du Bourdillon.

Le sentier passe sous le pont du trainAccéder au parking de l’observatoire n’est pas si facile car le pont sous la ligne SNCF est trop étroit et les panneaux arrivent bien tardivement pour nous renseigner. Le mieux est d’arriver jusqu’aux Grands Jardins, franchir la voie puis la longer jusqu’à l’observatoire (voir carte en fin d’article). Il est également possible de partir du parking près de la route, direction les Bords de la Durance puis Mas d’Arbaud.

CormoransOiseaux sur un ilotLa courte balade ornithologique est balisée de jaune : n’oubliez pas appareil photos et jumelles ; elle ne dure pas plus d’une heure. L’observatoire de bois en début de piste est plein de visiteurs assez bruyants et l’heure n’est pas favorable à l’observation : il fait trop chaud, je ne m’y arrête pas ; en longeant la Durance sur la piste peu ombragée qui se dirige vers l’est je peux repérer quelques groupes d’oiseaux : des cygnes tuberculés, des cormorans posés sur des arbres morts au milieu de l’eau. La retenue d'eauAménagement hydraulique ?Quelques goélands leucophées survolent le plan d’eau. A mon passage, quelques grenouilles sautent à l’eau dans le petit  canal d’irrigation juste à côté.  Pour le plaisir d’un passage à couvert, vous pouvez suivre la rive jusqu’au niveau des Martines mais il vous faudra faire demi-tour pour revenir au tracé jaune sous la voie ferrée. Une grande falaise tranchée dans la pierre, vous servira d’abri contre le vent.
Description de la balade ornithologique, site eskapad

Cette étendue aquatique est fréquentée par 243 espèces d’oiseaux sédentaires ou de passage, que l’on peut observer essentiellement en Janvier / Février et en Avril / Mai (de préférence le matin) : sarcelles, canards, fuligules milouins, héron cendré, grands Cormorans, morillons, grèbe huppé voire balbuzard ou héron pourpré !
Prévoyez un paire de jumelles, et laissez vous accompagner par les panneaux explicatifs situés à l’intérieur de l’observatoire.

Les photos d’oiseaux de Sophie

Les RomanesLieu dit La GarrigueAprès le pont de chemin de fer, le sentier grimpe finalement près d’une ferme (suis-je en terrain privé chez les Romanes ?) qu’il contourne ; il circule dans une zone boisée, passe près de l’aire de pique-nique envahie par de nombreux habitants venus faire la fête. Je passe de l’autre côté de la route D973, traverse une zone pavillonnaire construite au pied du Luberon. Cèdre et ses fruits dressésLa route est un peu longue avant d’entamer la piste qui gravit le vallon Bernard ; ça grimpe fort jusque Peyre Plate qui traverse une forêt de cèdres. Celui-ci, aux cônes bien dressés d’une belle couleur orange, étale majestueusement ses longues branches. Un cèdre du Liban ?

petite borne rouge : ne pas la raterMauvaise pistecadastre napoleonien 1833 section A Jas BourdillonJe rejoins le GR97 puis tourne vers le Jas du Bourdillon construit à côté d’un vaste champ ; il a dû être important : le cadastre napoléonien de 1833 en témoigne. Pour redescendre, dans un premier temps, j’emprunte un ancien tracé évident, encore visible sur la carte IGN et qui bientôt se perd dans les broussailles et les ravins ; après plusieurs tentatives de passage autour d’un gros arbre abattu, Citerne 63 et vue sur le Luberonje fais demi-tour pour emprunter un autre sentier plus au nord et moins visible ; c’est la petite borne rouge qui signale le début du sentier qui descend dans la Grande Combe ; le silence qui l’enveloppe me donne parfois un sentiment d’insécurité. Jas de BourdillonJas de BourdillonIl aurait été sans doute plus rassurant de prendre le GR97 qui rallongeait un peu le trajet. A droite la Tête du Gambelet, à gauche les rochers de Baumaresque. Tout en bas, le lieu-dit les Borrys ; par une route macadamisée en mauvais état, je retrouve la D973 en tournant à la 2è route à gauche et non la première, pourtant bien tentante entre les vignes, mais qui mène à une propriété privée fermée.

Malheureusement, j’ai dû parcourir 1km sur la route avant de retrouver le parking et l’aire de pique-nique. De là je termine la promenade ornithologique balisée. Avec le recul, ce n’était pas un bon plan, aussi je vous suggère une variante : se garer sur le parking en bordure de route, commencez par grimper puis tranquillement finir par le parcours ornithologique. Sinon, mieux : conjuguez la partie observation des oiseaux avec le vieux Mérindol mais sans aller nécessairement jusqu’à la font de l’orme. L’intérêt est plus évident.

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itinéraire 14km200, 217 m dénivelée (+540, -540), temps de déplacement 4h05, durée totale 5h05

Le Trou du Rat


La fontaine non loin du parking de la ThuilièreIl y a bien longtemps que je ne suis pas allée dans le Luberon. Je me gare sur le parking de la Thuilière à Cheval-Blanc ; j’ai préféré les gorges du vallon de la Peine aux trop fréquentées gorges du Régalon ; tandis que les randonneurs partent tous vers le nord, c’est à l’ouest que je me dirige en longeant d’abord quelques résidences.

La tour sarrazineLe vallon de la PeineRocher dans les gorgesEntre les deux collines, la chapelle Sainte-Thérèse de la Roquette et la tour sarrazine et son lumineux oculus percé dans la falaise.
La piste passe dans de petites gorges qui n’ont rien à voir avec les spectaculaires gorges du Régalon. De hauts rochers apportent quand même un petit côté impressionnant.

La bastide PetrossiLe puits de la bastide PetrossiOn ne peut pas passer à côté du bastidon de Petrossi (ou de la ferme Petrossi) sans la voir ; elle figure sous ce nom dans le cadastre napoléonien. Une bastide, un aiguier, un puits, une citerne, des murs de restanques, un apier, un verger, des olivettes sont autant de témoins de la civilisation agro-pastorale autarcique qui s’est épanouie ici jusqu’à la fin du 19è siècle.

Petit sentier qui monteUn passage où il faut mettre les mainsle Mourre de la SaumeLà le sentier débutant derrière Petrossi, s’égare dans les broussailles, passe par un pas rocheux avant d’arriver sur une large piste sous le Mourre de la Saume puis sous la tête des Buisses. Courage ! ça monte encore jusqu’au point 433 !

Les AlpillesLa piste sous la tête des BuissesPendant un long moment, les points de vue dominants se succèdent ; au dessus de moi, côté Luberon, avec l’alignement des ‘têtes’ et des ‘Mourres‘, au loin du côté des Alpilles et ses sommets en dents de scie qui se détachent sur le ciel bleu. Puis le sentier de découverte (bleu), piste caillouteuse, prend la relève sur la gauche. Attention de ne pas le rater car la piste pourrait vous sembler plus tentante.

Sentier bleu vers le sudSentier rocailleuxQuelques cèdresLe sentier de la forêt est jalonné de bornes pédagogiques sur la faune (aigle de Bonelli, vautour percnoptère) et la flore de la région (Grand Ephèdre, iris nain, Gagée jaune et gagée des champs). Quelques espèces du Lubéron portent de bien jolis noms… curieux cependant : fauvette pitchou, alouette lulu, bruant zizi. Gestion intégrée de l’espace naturel dans le Luberon Le partenariat O.N.C.-O.N.F. On y apprend que la perdrix rouge est protégée.

perdrix rouge (photo luberon.fr)Les densités [de perdrix rouges] au printemps ont été estimées par combinaison de plusieurs méthodes. Des plans quadrillés ont été réalisés sur le secteur du Trou du rat. Des écoutes au chant par rappel au magnétophone ont été pratiquées sur l’ensemble de la forêt domaniale à raison d’un point tous les 500 mètres à des heures bien précises. […] En 1993 , la densité mesurée se situait entre 1,15 et 1,75 couples/100 ha ; en 1994, elle était estimée entre 1,22 et 1,69 couples/1 00 ha. […] les densités réelles se rapprochent plutôt des estimations maximales.
Le succès de la reproduction est évalué par le rapport jeunes/adultes […] entre le 15 juillet et le 15 août.

En provençalRefuge du trou du ratLe Trou du Rat, ou lou traou dóu gàrri, était autrefois une ferme ; c’est maintenant un refuge qui attire non seulement les randonneurs mais aussi les amateurs de barbecue. Les enfants peuvent courir, s’amuser pendant que les grands discutent. Les adultes échangent sans se connaitre. Une réelle animation de fête ! André, qui a laissé un commentaire, propose une origine à ce curieux toponyme de Trou du rat : cela viendrait de la forme du rocher troué que l’on voit en montant (photo André G.) ; moi, j’avais plutôt songé à un piège à rats, par analogie au trou du loup…

Sentier en plein soleil vers le sudvallée de la DuranceChamp cultivé à la LibaudeJe continue vers le sud sur la plaine du Trou du Rat en plein soleil. Le sentier longe pendant un certain temps la large piste. Je retrouve le sentier du départ puis les ruines de la Libaude et le vaste pré bien vert.

Une boucle agréable, diversifiée, à défaut d’être spectaculaire comme les gorges du Régalon.

TrouDuRat_trace_trk_panoImage de l’itinéraire 15km400, 4h05 déplacement (5h au total), dénivelée 355m (+640, -640)
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Domaine de la Font de Mai


La Font [fontaine] de Mai, c’est :

  • Un grand jardin à Aubagne, zone d’Accueil du Public en Forêt où il est possible de randonner tout l’été, toute la journée, en alerte rouge – voir Randonnée et interdiction de circuler 2013
  • Accès en transport en commun facile depuis Aubagne, bus n°10,
  • Un accès aux sentiers de Pagnol en grande randonnée, soumis aux restrictions de circulation pour risque d’incendie,
  • Plusieurs caches successives pour les amateurs de geocaching,
  • Des animaux pour les enfants,
  • Des traces des activités d’autrefois.

Entourées de deux couples de geocacheurs, Lilou (6ans 1/2) et moi partons pour faire le tour de l’ancienne propriété agricole de la Font de Mai.

Le 2 juillet 1999, la Communauté d’agglomération du Pays d’Aubagne et de l’Étoile devient propriétaire de 97 ha de terrain appartenant à la famille Giraud Fornasero. Cette ancienne propriété agricole, patrimoine familial issu de la succession des familles Arnaud, Berenger et Garnier (vers 1820) puis Julien (dans les années 1900), est inscrite à l’inventaire des biens nationaux dont l’origine remonte à la Révolution française. Extrait du site de l’agglomération du pays d’Aubagne

Lilou passe vite devant les apiers (mur à abeilles) dans le mur, avec des alvéoles creusées dans lesquelles on déposait des ruches taillées dans un tronc d’arbre évidé. L’apiculteur du domaine est confiant : la variété végétale devrait  permettre d’obtenir trois récoltes différentes. Véritables sentinelles indicatrices de l’état de l’environnement, la présence des abeilles est un bon signe.

Pour en savoir plus : les murs à abeilles de Provence

Lilou a vite repéré un enclos avec des ânes particulièrement placides qu’elle a observés et cajolés de deux endroits différents. Le vaste jardin entouré de murs de pierres sèches superbement restaurés chaque année par des jeunes en insertion, étale ses cultures devant la ferme.
Ils restaurent les restanques de la Font de Mai, La Provence, 11/09/2013

Dans la basse-cour, des lapins, des coqs et… des poules déplumées au-dessus du croupion. Lilou s’inquiète : sont-elles malades ? ne sachant quoi lui répondre, je m’arrête à la ferme pour questionner le garde de la part de Lilou qui n’ose pas :
– pourquoi les poules n’ont plus de plumes ?
– c’est le coq, au moment de la reproduction, je vous charge de lui expliquer…

La technique de reproduction consiste alors à ce que le coq monte sur la poule et ouvre son cloaque1 pour que le spermatozoïde entre dans le corps de la poule. Une poule qui a été « cochée » par un coq restera fertile pendant 1 à 4 semaines maximum. vidéo de la technique

Sous l’auvent de bois, d’anciennes photographies représentent les travaux d’autrefois : la cueillette du raisin, le ramassage des olives, l’élevage du ver à soie, etc. Sur la photo ci-contre à droite, c’est le retour des vendanges. Les imposantes cuves à vin attestent de l’importance de cette activité. Encore aujourd’hui, le raisin rejoint la coopérative des vignerons du Garlaban.

Lilou prélève les indices nécessaires à la résolution de la multi-cache, aidée de Sylvaine ; elle rejoint le cheval qu’elle essaie de faire sourire avec la technique que lui apprend Bernard mais ça ne marche pas tellement. Avec le couple sylberfil, amusement garanti !

Un des murs de pierre sèche porte un message en lettres attachées : pas facile à lire mais il dit bien qu’ici l’eau est précieuse. Demain peut-être avant midi, à travers la roche éventrée, nous verrons surgir l’eau des collines cent fois plus précieuse que l’or. Giono. Dans ce pays de chaleur et sécheresse, de sol rocailleux, de terre dure, il faut creuser des puits, récupérer l’eau qui tombe du ciel. L’eau souterraine coule à la Font de Mai. Un des puits servait à récupérer les eaux d’écoulement du fond de la vallée. Un système hydraulique recueillait et conservait l’eau de pluie dans des citernes qui était transportée par un réseau gravitaire jusqu’aux cultures. Sentier d’interprétation Domaine de la Font de Mai, Pays d’Aubagne et de l’Etoile, les éditions nature. Livret à retirer sur place.

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