L’Amarron


Cette boucle par le vallon de l’Amarron1 est courte mais épuisante physiquement pour qui n’est ni sportif ni tout jeune ; il faut continuellement faire attention où l’on pose les pieds car les sentiers sont peu ou pas balisés, à peine visibles, étroits, pierreux, rocheux ou en sous-bois glissants, avec un cumul de dénivelées de presque 1000m en positif et autant en négatif  mais que de variété dans les décors et que d’aventures en perspective ! A découvrir en chemin : un dolmen, plusieurs abris sous roche de belle taille, deux sources et  4 caches posées par jcoud team. Le circuit se situe au sud de l’abbaye de la Celle qui aurait compté au XVIe et XVIIe siècle, quelques nonnes libertines que l’on reconnaissait à leur ruban de soie noire. Mazarin l’ayant fait transférer à Aix, l’abbaye déclina.

Le temps qu’il fait à cet endroit aujourd’hui et à 3 jours
avec le vent

IMG_3351r.JPGLe parcours commence à la carrière de marbre rose dont les étages se détachent nettement sur fond de ciel bleu. La Provençale a l’exclusivité d’un marbre : le rosé de Brignoles. Le marbre rosé de Brignoles fut exporté jusqu’au Japon… [C’]est un marbre naturel réputé mûri dans les calcaires provençaux pendant des millions d’années. Les romains grands bâtisseurs avaient remarqué les qualités exceptionnelles du Rosé de Brignoles. Ils l’utilisaient largement dans leurs édifices et certains nous sont parvenus encore parés de marbre rose.
Provençale SA
IMG_3357r.JPGIMG_3355r.JPGSur la droite, l’entrée du vallon de Candelon est à peine visible : seule une barre rocheuse inclinée sur laquelle il faudra marcher, en signale le début. Le Candelon2 se dresse sur les hauteurs de la colline. Pour trouver le sentier rouge sur la gauche, nous devrons nous y reprendre en plusieurs fois. Il traverse un sous-bois dense où l’équilibre des constructions de pierre tient du miracle.

IMG_3359r.JPG IMG_3364r.JPGEn pénétrant plus avant, je découvre un abri sous roche dominé par un replat bien à l’abri d’un énorme rocher au-dessus de ma tête. Estoublon de son côté trouvera un autre abri le long du sentier, protégé derrière un mur de pierres. Mais aucun d’entre nous ne trouvera la cache de jcoud Cro-Mignon, GC208V3.
IMG_3371r.JPGLe sentier se devine, parfois je l’invente. Ce qui est sûr, c’est qu’il grimpe constamment. Enfin, au niveau d’un autre abri sous roche protégé par un mur de pierre, il devient plus net et grimpe  jusqu’à la source captée qui alimente  une réserve d’eau. Derrière de celle-ci, les pierres ont été gravées sans doute à l’époque où la source a été captée pour la première fois. Je n’ai pu lire que 1884 et Amarron. La source du Gaulois peut-être ?
IMG_3381r.JPGPuis direction le dolmen de l’Amarron. Après le passage en sous-bois, une prairie verdoyante s’offre à nous, sur terrain plat. Quel contraste ! avec ses quelques arbres, et ses quelques pierres au sol, ce lieu est idéal pour le pique-nique. Par contre le dolmen me décevra un peu : il est endommagé et nous avons du mal à identifier un monument religieux. Le dolmen de l’Amarron, GC208V6 par jcoud team

IMG_3380r.JPGLa couche archéologique, unique, de 30 cm, contenait les restes d’au moins 15 individus. Des caractères communs aux restes laissent penser qu’il s’agit de personnes ayant peut-être des liens de parenté. Un vase en céramique très altéré rempli d’argile pure […], 5 perles en tonnelet, […], 1 armature de flèche à retouches bifaciales et amorces d’ailerons complètent le mobilier. Comme dans la plupart des dolmens, les dépôts ont d’abord été placés contre les parois nord et est de la cella, pour gagner ensuite les parois adjacentes.
Le rejet à plus d’un mètre de la dalle de couverture et l’inclinaison des piliers […] semblent conforter la thèse d’une secousse sismique importante qui aurait frappé le région du moyen Var [..] mais cette hypothèse doit être confortée (Roudil, Berard, 1981) ». site archéoprovence

L’Amarron et le bois de Garéoult, randovar

Après un épisode d’égarement plutôt pénible, nous retrouvons la piste. Bientôt, nous devrons affronter une très grosse et interminable pente caillouteuse jusqu’au sommet de l’Amarron (770m). Là haut, la vue est superbe sur le massif de la Loube reconnaissable par ses antennes. La cache Roc’Bloc GC20BB1, jcoud team nous échappe aussi mais cela n’a que peu d’importance. Pour arriver sur la crête, il nous faudra faire un dernier effort au dessus de hauts passages rocheux inclinés et humides.
IMG_3390r.JPGLe retour par un sentier balisé par des sangliers (heureusement, tout compte fait !) passe devant une source qui s’écoule dans un goulet moussu (Le fil de l’eau GC20BB3). Au bruit de moteur, nous devinons que des motos cross sont en train de monter la piste. En vérité, ils la défoncent, retournant les pierres qui deviennent un véritable piège pour la marche.
En guise de récompense, nous allons à Brignoles, capitale du centre Var, pour y boire un coup avant de rejoindre notre domicile. Pas un seul bar d’ouvert le dimanche ! un arrêté municipal interdirait-il l’ouverture des bars le jour du seigneur ?

Amarron itinéraire 8km 3h35 déplacement seul (6 à 7h au total) 510m dénivelée

Petit conseil : partir avec une personne qui connait les lieux ou avec un GPS de randonnée contenant la route à suivre (vous pouvez me la demander).

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1amarron : camomille sauvage
2candelon : de chandelle, due à la forme verticale du rocher

*** Les menhirs Lambert en passant par le moulin du Collet


img_0244.jpgchataignier_tete_crocodile.jpg

 

Le décor de notre week-end : Collobrières1, la forêt des Maures et le gite de l’Aurier labellisé « accueil paysan », complètement perdu au coeur de la forêt, auquel on accède par la longue piste des Condamines qui se perd dans le fin fond du vallon de l’Aurier. D’immenses forêts de chataigniers, des arbres aux formes torturées qui nous montrent des visages à faire peur. Le silence, le noir total à la nuit tombée, de l’eau captée à la source, de l’électricité fabriquée, un confort simple mais un accueil chaleureux. Personne ne pouvant nous joindre par téléphone, forcément on oublie les soucis de la ville !

Collobrières par le Petit Pierrot, le maquis des Maures par le Petit Pierrot

La météo aujourd’hui à cet endroit :
Avec la température ressentie

IMG_0168r.jpgimg_0167.jpgNous avons laissé notre voiture près du pont vieux qui enjambe le Réal Collobrier. « Il permettait l’accès au vieux village ainsi qu’au château et servit à protéger la population des épidémies de peste en interdisant l’accès au village. On montait alors des barricades en bois ou en pierre pour barrer l’entrée et un garde surveillait le tout. » Extrait du Petit Pierrot. Une petite source coule toujours près du Pont Vieux ; autrefois, elle a été captée et aménagée avec un petit bassin et un lavoir. En 1993, le lavoir a été supprimé ; si vous regardez de près le bassin qui demeure, vous verrez qu’un des bords est complètement usé par par les aiguisages successifs de outils de paysans.

img_0170.jpgimg_0172.jpgComme toujours dans le Var, les sentiers sont bien balisés et les points de référence marqués avec les coordonnées géographique en latitude et longitude. L’ancienne église paroissiale Saint-Pons (XIIIème remaniée au XVIème siècle), sur la gauche, marque l’approche du début de la randonnée sur le GR90. Ah ! quelle dévotion à la fin du XIXème siècle ! En cas de sècheresse, on faisait une procession solennelle et on invoquait Saint-Pons. Si la sècheresse durait malgré les prières, on portait la statue dans le quartier près de la rivière et on le trempait trois fois dans l’eau pour lui exprimer le désir d’avoir de la pluie et le mécontement qu’on avait contre lui !
Superstitions et survivances étudiées au point de vue de leur origine et de leurs transformations, Béranger-Féraud, Laurent Jean-Baptiste, P., Ernest Leroux, Paris, 1896  

« A partir de 1860, l’église Saint-Pons est trop petite pour accueillir un nombre de paroissiens croissant mais elle est surtout en très mauvais état et difficile d’accès au sommet du village. En 1870, on décide de construire une nouvelle église à l’emplacement de la chapelle Saint-Jean et du cimetière. […]. La construction de cette église de style néogothique dure 20 ans. Ses 29 vitraux sont réalisés par le peintre verrier avignonais Gulbert ». Extrait du blog du Petit Pierrot sur Collobrières

img_0175.jpgIMG_0489.JPGDans une charte de 1288, Guilhem de Fos, co-seigneur de Collobrières depuis que son père avait cédé Hyères au comte de Provence en échange de Bormes, la Môle, Collobrières,… avait octroyé le droit d’aller moudre dans un autre moulin en cas de panne de celui du seigneur. L’accès aux ruines du moulin du Collet (XVIème) et à la cache posée par fafalemarin68 le moulin de Collobrières, est facile à repérer. Il n’en reste pas grand chose à part une portion de tour sans toiture et les marches d’escalier qui menaient à l’étage. C’était le seul moulin à vent de Collobrières à part celui de la chartreuse de la Verne.  Comme partout en Provence, il était composé d’une tour ronde à un étage, coiffée d’une chapelle en bois mobile afin que les antennes puissent prendre le vent et, par les engrenages, faire tourner les meules qui écrasaient le grain. Il remplaçait les moulins à eau pendant la sécheresse. Celui-là a fonctionné jusqu’au XIXème siècle.

img_0180.jpgIMG_0495.JPGAprès le moulin, le sentier se perd dans la forêt. des collines partout, de la verdure partout ! Certains chênes-lièges ont perdu leur écorce. Bien adapté pour eux, le sol de roches schisteuses et le climat chaud et sec. C’est un enfant du pays, Aumeran qui alla chercher en Espagne le secret de la transformation du liège en bouchon. En 1850, on comptait 17 bouchonneries. Son écorce épaisse le protège, sa capacité à produire des rejets à la souche facilite le reboisement. Les meilleurs bouchons se fabriquent dans l’écorce des chênes femelles que l’on ‘démascle’ dès qu’il atteint 10 à 15cm de diamètre. Une douzaine d’années plus tard, la nouvelle écorce pourra être récupérée. Malgré la modernité que je renie pas, je suis de celles qui préfèrent un bouchon de liège sur une bouteille de vin. Le liège revient doucement à la mode, mais cette fois comme isolant thermique ou élément de décoration.

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La boucle qui mène aux menhirs de la ferme Lambert, j’en rêve depuis longtemps. Cette période de l’histoire me fascine, sans trop savoir pourquoi : vous trouverez un tag Mégalithes dans le nuage de tags, si le sujet vous intéresse. Pour rejoindre les deux menhirs isolés dans une immense prairie, il faut passer par dessus le grillage grâce à un petit banc de bois.

Le propriétaire du terrain au début du XXème siècle a redressé lui-même le second à grands frais et grosses machines. Ces deux monolithes, taillés dans le gneiss micacé tout proche (on a retrouvé des excavations de la taille des menhirs), mesurent respectivement 3,15m et 2,82m de haut. On les attribue à une période comprise entre la fin du néolithique et la fin de l’âge de Bronze (environ 2500 à 2000 ans avant J.-C., Homo Sapiens). Pourquoi nos ancêtres les construisaient-ils ? Comme on n’y a pas trouvé d’objets ou d’ossements enfouis, on ne sait pas trop à quoi ils servaient : culte d’une divinité, démonstration de pouvoir d’un groupe d’individus sur un territoire, pierre destinée à reconnaitre un espace sacré ? 

Continuer la lecture de *** Les menhirs Lambert en passant par le moulin du Collet

* Le dolmen de Gaoutabry


img_0224.jpgAprès la grande rando du matin aux menhirs du plateau Lambert, je n’avais pas trop le courage de rejoindre le dolmen de Gaoutabry1 par la piste la plus longue. C’est là que le GPS voiture a eu la bonne idée de nous mener au début de la piste notre dame des Maures à Ginouviers, en bordure de la D88. 1h30 aller et retour. On peut même l’emprunter en voiture hors saison. Nous longeons les vignes dont les rangées sont parcourues de nombreuses touffes de marguerites. Un joli spectacle de couleurs printanières qui semble orchestré tant les alignements sont réguliers.

La météo aujourd’hui à cet endroit
Avec la température ressentie

img_0226.jpgimg_0554.jpgNous arrivons face au dolmen allongé de Gaoutabry, haut perché sur la colline, comme souvent dans le Var. La tombe est collective de 6m de long et 1.5m de large. On reconnait bien la chambre, l’anti-chambre et le couloir d’accès. Le tumulus d’une quinzaine de mètres de circonférence a été emporté par l’érosion. Les parois du dolmen ont été taillées dans des dalles de schiste trouvées à img_0231.jpgproximité du site. Un peu plus loin d’ailleurs, on trouve encore de grosses plaques rocheuses qui ressemblent à celles utilisées pour le dolmen. Il était probablement recouvert d’une armature en bois. Si l’entrée est exactement située au sud ouest, ce n’est pas un hasard ; vers l’ouest, c’est le soleil couchant ou la mort. « Les populations du néolithique, grands agriculteurs, éleveurs et pacifiques avaient des rites propres et des connaissances poussées pour leur époque ». Extrait du site Coeur du Var

Durant les fouilles 1876 et 1975, on a retrouvé les ossements de 34 individus brûlés avant inhumation img_0235.jpg(même mode funéraire qu’à la tholos de la Lauve à Salernes et au dolmen de la Gastée à Cabasse), poignard en silex, pointes de flèches, perles, tessons de vases, fragment de hache polie. Ce qui le date du néolthique, soit 2500 avant JC. Informations extraites du Guide des sites préhistoriques PACA, Frédéric Boyer, mémoires millénaires, 2006
Comment nos ancêtres transportaient-ils des pierres aussi lourdes avec pour matériel des cordes, du bois et la force des hommes ? Réponse dans le document du conseil général du Var sur les mégalithes du Var.

[ndlr] Selon Catherine qui y est allée en 2017 le site a été aménagé, protégé et des panneaux explicatifs installés.

Tout à fait d’accord avec le geocacheur actarus83 qui écrit dans la fiche de sa cache GC19W35 qu’il faut prendre le temps de lire le panneau explicatif ; j’ajouterai même qu’il faut aussi décoder ce monument historique à l’attention des enfants. Cela pourrait éviter qu’ils y jouent et le détériorent.

Itinéraire Gaoutabry 4km700, 1h30 A/R, 162m dénivelée

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1gaoutabry : selon l’office du tourisme de La Londe des Maures, du provençal caud (= chaud) ou bien gaouto (= la joue [ndlr] partie du visage), et abri (lieu où on est à couvert), le toponyme peut se traduire par abri se trouvant dans un endroit chaud ou sur une colline. L’abri funéraire se trouve en effet au sommet d’une petite colline bien ensoleillée.