Sur les hauteurs de Bormes les Mimosas


IMG_6183.JPGIMG_6178.JPGLe village de Bormes les Mimosas séduit : on s’y promène dans d’étroites ruelles, qui tournent soudain à angle droit, révélant des vestiges moyenâgeux tels que des passages couverts (cubert en provençal) ou des remparts ; parfois, en empruntant une rue qui monte ou descend par des escaliers tout contre les maisons, on se demande si on n’est pas sur une propriété privée ; jusqu’à ce que le dernier tournant de ce dédale de rues soit franchi, on ne sait pas ce que l’on va trouver : une roue de moulin, une fontaine, de charmantes placettes fleuries bien calmes, des statues, ou un cadran solaire. Je retrouve comme souvent dans les vieux villages perchés (Montpezat, la La rue rompe culRoque sur Cèze, Mérindol, Flayosc, Vedène,…) la fameuse rue Rompi Cuou1, ici de 15m de long et 83 marches, désignant un passage raide et difficile. Pour une visite courte mais bien pensée, la cache d’Elia’sBouarmo 5 : le village, est un régal mais je vous conseille cependant d’emporter le plan du vieux village.

La météo à cet endroit aujourd’hui et à 3 jours
avec le vent

Nous terminons par le château plusieurs fois remanié et un repos mérité sur le banc de son esplanade. Surplombant la ville, il ne reste d’origine que des vestiges du corps de bâtiment seigneurial et de la courtine polygonale.  Promenades pittoresques à Hyères ou Notice historique et statistique sur cette ville, ses environs et les îlesDenis, Alphonse (1794-1876)Bellue (Toulon) Jouquet (Hyères) Gayet et Lebrun (Paris), 1841

En 1257, Charles d’Anjou obtient par un traité la ville d’Hyères en échange de quelques fiefs appartenant aux enfants d’Amiel de Fos : Roger de Fos reçoit la baronnie de Bormes. C’est dans l’histoire que s’explique le nom de ‘château des seigneurs de Fos’. Le monument est devenu couvent jusqu’en 1792, d’où le nom de ‘château du couvent’ que l’on voit parfois sur certaines documentations ; l’année suivante, il sert de caserne aux volontaires qui rejoignent les armées de la république.

IMG_6190.JPGDepuis le château tout en haut du village par un sentier bordé d’oratoires, nous montons jusqu’à la chapelle Notre Dame de Constance. Le GR90 n’est pas très agréable : il est taillé dans les rochers qui ont percé le chemin en grosses bosses plissées, et monte de façon plutôt raide. Nous passons devant un modeste oratoire puis devant celui de Saint-Clair (au masculin), patron des paroisses de Bormes.

IMG_6202.JPGIMG_6196.JPGLa chapelle et son plateau sont un lieu protégé ; on accède au porche de la chapelle par quelques marches ; le panorama est immense et laisse rêveur. Du promontoire à quelques dizaines de mètres de la chapelle, la vue à 360° offre des paysages contrastés : des blocs rocheux égarés d’un côté, les collines verdoyantes des Maures, la mer avec Saint-Tropez, ou le chapelet des îles d’Hyères. Le cadre méditerranéen incitant à la pause, nous prenons la première partie de notre pique-nique sous le porche.

IMG_6211.JPGIMG_6205.JPGNotre Dame de Constance,  site classé

GC1PPDD Bouarmo bonus: Notre Dame de Constance

IMG_0295.jpgNous redescendons jusqu’au col de Caguo-Ven par le GR90. Dans ce sens, l’accès à la chapelle est repéré par un oratoire au bord du chemin. Nous longeons la route D41 jusqu’au cimetière. Commence alors une longue piste forestière qui monte doucement, passe devant la carrière puis de rares maisons. IMG_6217.JPGQuelques mimosas et maigres chênes-lièges nous rappellent que nous sommes dans les Maures. Assis sur des rondins de bois, devant une maison abandonnée, nous terminons notre repas. Le silence est total.

IMG_0309.jpgNous reprenons notre chemin, guettant sur le bord gauche de la piste le moment où il faudra s’engager dans un raccourci raide mais qui nous fera arriver directement sur la route des crêtes (pas de balisage). C’est Ti’Mars… qui le repère grâce à son GPS (point 43.16018N, 6.36468E). Est-ce vraiment là qu’il faut s’engager ? car ce n’est ni plus ni moins qu’un passage de sangliers étroit et envahi par la végétation. Jusqu’à ce que nous soyons arrivés là haut, nous suivrons leur piste : ils ont totalement retourné la terre et les pierres. Lorsqu’on ne verra plus le sentier, ce sont leurs traces qui nous guideront !
Nous poursuivons sur la route jusqu’à la chaîne qui barre l’accès au rocher d’Avenon.

Continuer la lecture de Sur les hauteurs de Bormes les Mimosas

Le sommet des Monges à partir du lac d’Esparron la Bâtie


IMG_5857.JPGSurprise ! oui j’ai été très surprise de découvrir les Monges dont j’avais déjà entendu parler par estoublon. Je rêvais de solitude tout là haut, j’ai été servie : je n’ai croisé qu’un couple en début d’après-midi. Partout de l’immensité à se sentir toute petite et bien faible. L’accès en voiture est difficile, passe dans des gorges, d’impressionnants virages : ici, pas de parc national, pas de surfréquentation, que des amoureux de la nature, à pied ou à cheval.

J’ai passé la nuit à la maison des hôtes de la Motte du Caire que j’aime particulièrement pour sa simplicité et son accueil (il y a même le wifi !). La maitresse de maison cuisine fort bien ; son mari, marc Linarès, guide de randonnées, pourra vous éclairer sur les randonnées environnantes et donc sur fiche les Monges qu’il a rédigée.

IMG_5858.JPGIMG_5871.JPGLa randonnée commence au lac d’Esparron (la Batie) ou lac des Monges accessible l’été par une longue piste étroite qui traverse un gué et sinue beaucoup. Je me gare au parking de l’ONF déjà occupé par plusieurs voitures. Je rejoins le lac derrière lequel s’étend le grand bois de la forêt des Monges. Le GR6 grimpe très doucement entre deux rangées de framboisiers sauvages puis se sépare en deux pistes. Je le quitte pour celle de droite qui entre dans une forêt aux arbres gigantesques. Au bout de la piste en cul de sac, je tourne à gauche au panneau à peine visible : à partir de là, les paysages vont changer au gré de mes changements de direction : sous-bois humides, landes, pinèdes, pâturages, entre ombre et lumière.

IMG_5877.JPGIMG_5899.JPGParvenue sur la crête dégagée, je m’assois face aux pâturages de Clapouse1 ondulés et d’un vert jauni par le soleil. J’entends les moutons bêler. Tout en bas, le troupeau s’agglutine en larges arabesques autour de la cabane de Clapouse. Après avoir mangé une partie de mon sandwich, je repars en sous-bois clairsemé dont les arbres ont tous un tronc incliné dans le même sens. IMG_5874.JPGUne grosse chenille traverse le sentier, roule sur un caillou, pirouette puis se retourne. Elle porte une livrée brune sur le dessus, des rayures jaunes latérales, un dard noir recourbé sur l’arrière train. Je l’observe pendant quelque temps. Je pense qu’il s’agit d’une Chenille du sphinx du pin

L’ activité est bien sûr essentiellement dévolue à la prise de nourriture, ce qu’elle fait en se saisissant très adroitement d’une aiguille de pin, et en la grignotant par le dessus.  Une corne post abdominale noire, et typique, orne le postérieur des chenilles de pinastri.

Plantes nourricières : Pin sylvestre , Epicéas, Mélèze.

Cycle biologique : Une ou deux générations par an. Les œufs sont pondus sur les aiguilles par groupe de deux ou trois (juin à août). L’éclosion s’opère une quinzaine de jours après la ponte […]. Elles ont une activité diurne, mais sont très lentes et difficiles à repérer en raison de leur coloration. La nymphose s’effectue sous des aiguilles de pin tombées à terre ou dans le sol, à faible profondeur. Extrait du site les pages entomologiques d’André Lequet

Photo de l’imago (site liboupat2.free.fr

Continuer la lecture de Le sommet des Monges à partir du lac d’Esparron la Bâtie

La calanque de l’Escu… et vue sur la sortie des égoûts de Marseille


img_0011.jpgimg_0014.jpgDépart du  col de Sormiou à 9h précises ; nous sommes tous emmitouflés avec gants, bonnet et écharpe et pourtant deux irréductibles forumeurs marseillais se distinguent : l’un en T-shirt, l’autre en short. Ce sont stoko et titidegun.
Nous commençons par longer l’extrémité ouest de la crête de Sormiou sur une arête étroite ; au loin, au bas du vallon du pignet, le baou Trouca, laisse filtrer un rayon de IMG_0013.jpgsoleil. Plus près de nous, un autre rocher troué n’a pas de nom : et si on le baptisait « la fenêtre du Pignet » ? Stoko, spécialiste des plantes des calanques, nous parle de plein de plantes mais je n’en ai retenu que deux ! faudra que je révise lors d’une prochaine randonnée.

  • Quercus coccifera : « au début du XIXème siècle, vingt tonnes de cochenilles du chêne kermès étaient ramassées chaque année dans tout le département pour fabriquer le «rouge» des teinturiers (couleur vermillon). Les tans – écorces pulvérisées – les plus recherchés par les tanneries proviennent essentiellement du kermès et du chêne yeuse. L’écorce de pin était aussi utilisée dans ce but par les pêcheurs sur les filets ». Extrait du site du GIP des calanques.
  • Le genévrier cade, lui, servait à fournir l’huile de cade utilisée en dermatologie humaine et animale (pour plus de précision voir la note sur l’arche d’alliance dans le Var). « Le bois de cade brûlé passait aussi pour être un excellent désinfectant, il a pu ainsi être utilisé, sans effet néanmoins, lors de la grande peste de 1720 à Marseille, où de grands feux avaient été ainsi allumés en ville pour l’enfumer, sur les conseils désastreux d’un médecin ». (Stoko)

IMG_0026.jpgDans la descente, l’odeur d’égoût monte aux narines. Au loin la calanque de Cortiou vomit un flot de couleur brune qui détonne au milieu de l’eau si bleue. C’est la sortie des eaux usées du grand émissaire de Marseille. Un sentier de pêcheurs à peine visible y mène : c’est sûr, les pêcheurs ramenaient du poisson de cette calanque. Avait-il le même goût qu’un poisson pêché au large ?…

L’état sanitaire de Marseille était déplorable au début du XIXème siècle. Après deux épidémies de choléra en 1834 puis 1884 ; 1899, mise en service du grand émissaire de Marseille pour les eaux usées et eaux pluviales ; le Vieux Port cesse d’être le dépotoir de toutes les eaux usées. De 1973 à 1976, ce sont les travaux du second émissaire.

Cortiou la promenade la plus TRASH

Le projet qui veut expédier nos égoûts loin de Marseille, La Provence, 21 janvier 2008
La plus grande station d’épuration souterraine au monde fonctionne à Marseille, MSN Actualités, la chaîne Verte, 21 février 2008
La station d’épuration Géolide (180 millions d’euros) peut traiter beaucoup plus efficacement les eaux usées de 1,6 million d’habitants.

img_0037.jpgimg_0049.jpgLa descente n’est pas facile ; raide, elle s’apparente parfois à de l’escalade. Plus nous avançons, plus le paysage devient sauvage. Le large et sauvage cirque des Walkyries nous domine. Stoko nous signale qu’y vit le molosse de Cestoni de 50cm d’envergure (dis Stoko, tu n’exagerais pas un peu ? 40cm serait déjà bien grand).

molosse_cestoni_museum_bourges.jpgLe molosse de Cestoni (Tadarida, Teniotis), la plus grande chauve-souris d’Europe, espèce protégée, est présente dans le cirque des Walkyries (pas étonnant, ici, elle a peu de chances d’être dérangée…). Depuis 1980, 9 sites d’observation ont été repérés dans les Bouches-du-Rhône (source : Faune de Provence, Conservatoire d’Etudes des Ecosystèmes de Provence, 1997). J’ai mis côte à côte deux doubles décimètres pour imaginer ce que ça ferait si elle m’arrivait de face : je crois que je ne serais pas rassurée du tout… Le molosse de Cestoni, fiche du parc national du Mercantour

img_0051.jpgLe long du sentier, le premier de cordée repère un nid de chenilles processionnaires ; le téléphone arabe fonctionne bien et se transmet jusqu’au dernier ; tout le monde pourra faire une photo. Elles causent de très importants dégâts en broutant les aiguilles sur les arbres, qui s’en trouvent fortement affaiblis. N’y touchez pas : ces chenilles sont urticantes.

IMG_0102.jpgimg_0034.jpgAprès le col de Cortiou, nous délaissons le pas inférieur de la Melette pour se rapprocher de l’anse de la Melette et son ilot ; au loin d’île de Riou aux formes découpées si caractéristiques, était autrefois reliée au rivage. Elle l’est toujours mais la mer a envahi le plateau des chèvres depuis des milliers d’années. C’est au large de cette île qu’a été retrouvé l’avion de Saint-Exupéry (vous trouverez un lien vers cette découverte dans la note sur la calanque de Marseilleveyre).

Quelques photos du coin sur Marseille forum
Continuer la lecture de La calanque de l’Escu… et vue sur la sortie des égoûts de Marseille