Grâce à belrando, j’ai associé sa photo de l’éolienne et du bassin à ce que j’avais repéré sur le cadastre napoléonien d’Eguilles(la Cordière section F) : la fontaine de Pontevès devait être à cet endroit ; je suis partie à la recherche de la fontaine et des ruines qui portaient ce nom en 1820. J’ai trouvé la première mais pas les ruines qui, probablement, ne sont qu’un tas de cailloux. J’y retourne 2 jours après avec Domi.
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Nous nous sommes garées sur le parking le plus proche du domaine de Saint-Martin, juste avant les oliviers et en face le départ du circuit des bories ; au loin, le Pilon du Roi, le grand Puêch et les ondulations du massif de l’Etoile. Chaque olivier porte un piège contre la mouche de l’olivier : une bouteille d’eau d’1 litre et demi, peinte de jaune sur une face qui attire la mouche, percée de petits trous sur le haut par lesquels l’insecte s’introduit dans la bouteille et meurt dans le phosphate diammonique dilué dans 1 litre d’eau. Une fois par mois, renouveler le produit, nous précise cette Vidéo qui explique la fabrication du piège.
Nous contournons le domaine de Saint-Martin hébergeant désormais le service d’incendie et une annexe du centre aéré ; un couple profite d’une table de pique-nique. Domi repère de beaux spécimens de champignons.
La pluie fine commence à tomber, nous enfilons nos imperméables et, confiantes, décidons de poursuivre. Le ravin de Pontevès, converti en ruisseau du Bouillidou avec les temps modernes – est à sec. Désormais, ce sont des sentiers à travers bois, sûrement d’anciens sentiers d’exploitation, parfois envahis de végétation, non balisés, que nous allons emprunter. Difficile de ne pas se perdre : je l’avoue, je me suis trompée mais grâce au GPS, j’ai rattrapé le bon chemin ! Surtout ne pas trop monter, la source est au niveau 248 m.
En 1820, le propriétaire est le même que celui du domaine de Saint-Martin : je pense donc que le domaine de Saint-Martin appartenait avant la révolution à une famille noble et devait s’étendre jusque dans la plaine. Pourquoi ce lieu est-il connu sous le toponyme de Pontevès (ruisseau, fontaine et ruines) ? Pas de seigneur d’Eguilles de ce nom ; pas de seigneur d’Eguilles (Jean de Génas, Balthazar de Galléan, Jacques ou Gaspard de Forbin) allié à une dame de Pontevès. Une dame d’Eguilles serait-elle alliée aux Pontevès ? Je n’ai trouvé que Madeleine de Forbin-Maynier (°1620, +1644) mariée à Vincent II Boyer d’Eguilles dont le frère Henri de Forbin-Maynier avait épousé Marie-Thérèse de Pontevès (°1628, +1679). De là à justifier le toponyme de Pontevès… Les archives concernant le domaine de Saint-Martin donneraient sans doute une meilleure explication.
La fontaine est un large bassin de pierre aménagé par l’homme, bien caché sous les arbres, et rempli d’eau ; dans le fond, on peut voir un conduit et au milieu du bassin, côté droit, j’ai bien l’impression qu’une source souterraine coule toujours. Une haute éolienne, plus récente, devait remonter l’eau dans un grand réservoir moderne attenant. En ce jour de mi-mai, des nénuphars blancs en fleurs, soutenus de rose, offrent un tableau de nympheas vraiment inédit à cet endroit.
Cette plante aquatique se développe dans les eaux dormantes, les bras morts des rivières et sur les lacs. À partir d’un rhizome, enraciné dans le fond, poussent les longs pétioles des feuilles dont les limbes flottent à la surface. […] Le calice se compose de quatre sépales, la corolle d’une vingtaine de pétales. Les fleurs de nénuphar s’ouvrent à la lumière et se ferment quand il fait sombre. Après la floraison et fécondation, le pédicelle s’enroule ce qui fait plonger la fleur sous l’eau où le fruit se développera. Les graines (ellipsoides et longues de 2–3 mm) une fois mûres seront libérées et flotteront en surface grâce à un arille plein d’air. Le vent ou le courant les dispersent alors, puis elles coulent et peuvent germer sur la vase. Selon wikipedia
Balade non loin d’Aix-en-Provence pour découvrir un environnement contrasté. Nous allons partir près d’un des ‘nouveaux’ ponts de la ligne de chemin de fer Aix-en-Provence-Marseille mise en double voie (3,5 km) entre Gardanne et Aix-en-Provence depuis plusieurs mois ; les travaux ne seront pas terminés avant 2021. Accompagnée du chien Tatooine et de ses maîtres, je cherche à finaliser un circuit à présenter aux copines de randonnée.
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Les ponts actuels, en vérité, ont été doublés d’un deuxième pont en béton juxtaposé à celui en pierre. Le premier a été couvert d’un parement esthétiquement réussi. Nous longeons la voie ferrée dans le sens Aix-Gardanne sur un sentier en sous-bois ; à droite après le pont, une annexe du site de Mange-Garri d’Alteo(Alteo produit de l’alumine à partir de la bauxite) avec son panneau d’information site classé laissant sous-entendre un danger potentiel : est-ce lieu de stockage de l’ammoniac ? Lire dans ce blog Boucle autour de Mange Garri.
Nous passons sous le pont du vallon d’Encorse ; par curiosité, un jour de janvier, j’avais grimpé le talus et vu passer un train d’une trentaine de wagons, venant de Fos et transportant la bauxite jusqu’à l’usine de Gardanne.
La bauxite arrive par bateau au terminal minéralier de Fos sur mer […] Le déchargement d’un bateau nécessite une escale de 6 à 10 jours). […] La totalité de bauxite est acheminée en train, sauf en cas de défaillance du transporteur.
[…] La production annuelle se décline de la manière suivante :
132 000 tonnes partent en vrac par la mer (l’acheminement se fait en camion).
42 000 tonnes sont conditionnées en conteneur et expédié par la route.
36 000 tonnes (soit 3 000 tonnes par mois) sont expédiées en train à Sélestat (en citerne).
26 000 tonnes sont expédiées en train à Caudiès (dans les Pyrénées Orientales, en passant par Miramas et Rivesaltes).
Tout le reste est acheminé par la route. Mis à part les expéditions en train (ce qui représente une part modale de près de 13% parmi les volumes de production), tout est acheminé par la route durant les jours ouvrés. Selon l’étude DOSSIER D’ENQUETE PRÉALABLE À LA DÉCLARATION D’UTILITÉ PUBLIQUE Décembre 2016
Nous quittons la belle piste pour se rapprocher de la ligne de chemin de fer après la galerie des quatre tours qui a été démolie (voir photos avant et après sur le site de l’inventaire ferroviaire français) ; trois tranchées rocheuses ont été excavées pour pouvoir doubler la voie ferrée par des opérations de microminage. D’importants filets de protection ont été scellés le long de la voie. C’est ici, dans un passage finement caillouteux, que je me suis fait une entorse au pied droit… ce qui ne m’a pas empêché de continuer.
Nous repassons sous la voie dans un sens puis dans l’autre, longeons la voie ferrée ; les anciennes traverses de chemin de fer en chêne, traitées, réputées imputrescibles et ininflammables, ont été abandonnées le long du sentier.
Julien nous indique au loin le moulin perché sur la colline du Cativel, au nombre de trois par le passé. Le roy René montait sur le Cativel pour voir le départ de la chasse et en suivre les péripéties sur toute l’étendue de son territoire. Des photos sur le site moulins-a-vent.net
Derrière la table d’orientation, le premier moulin restauré porte la date gravée de 1567. Sur le second moulin a été érigée en 1894 une croix de métal réplique de celle qui domine la montagne Sainte-Victoire. Ville de Gardanne
Après un court parcours dans le petit bois, nous retrouvons le chemin bitumé de la Crémade. Le portail du terrain de sport étant ouvert, nous le traversons pour retrouver le GR 2013 le long du vallat de Cauvet. Bordé d’habitations, il offre cependant un bel espace campagnard avec de nombreuses norias. A la station d’épuration, nous traversons la plaine puis remontons le long du grillage du lycée agricole. Derrière l’espace rural occupé par un troupeau de chèvres, les deux grosses cheminées de la centrale thermique de Gardanne et à gauche, rude contraste, le plateau du Cengle au pied de Sainte-Victoire.
Marignane, 1ère partie, étang de Bolmon : endroit bien peu connu, peu engageant au départ à cause de sa proximité avec la décharge. Avec le parking Patafloux souillé de déchets, et à l’autre bout de l’étang les bruits incessants de l’aéroport de Marseille Provence, ça ne donne pas envie d’initier une balade. Il faut persévérer…
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La particularité de cet étang situé dans une zone industrialisé – d’où une pollution du sous-sol aux métaux lourds -, c’est qu’il est fermé par l’étroit cordon dunaire du Jaï mais communique avec l’étang de Berre par des chenaux qu’on appelle bourdigues ; la bourdigue de Châteauneuf, la plus grande, est encore fonctionnelle. Les deux autres sont colmatées. Au moyen âge, on y pratiquait une technique de pêche particulièrement piégeuse. Pêcheurs et bourdigaliers de l’étang de Berre au Moyen-âge, Yves Grava, Gazette des Archives, 1996
En 1448, Gabriel Valory, alors seigneur de Marignane, obtint de René d’Anjou la permission de creuser un canal entre les deux étangs. Ces canaux, les bourdigues (SCHOLASTIQUE PITTON, 1666), […] ont été associés à une technique de pêche consistant à canaliser les poissons vers des chambres de capture à l’aide d’un ensemble de palissades fixes. Les bourdigues permettaient de pêcher 4000 kg de poissons entre juillet et mars.
Les échanges entre les étangs peuvent avoir lieu dans les deux sens, bien que le sens d’écoulement soit la plupart du temps de l’étang de Bolmon vers l’étang de Berre. Etant alimenté en eau douce par la Cadière et le Raumartin, sa salinité varie.
Nous entrons dans une zone boisée qui débouche sur les bords de l’étang ; nous y apprenons que la chasse à la grive est autorisée ainsi que la chasse nocturne au gibier d’eau depuis des huttes ; en échange les chasseurs participent à la gestion du site. Nous rejoignons l’étang ; à part la digue du canal de Marseille au Rhône qui n’est qu’à soixante mètres de distance, que du bleu et des nuages blancs qui se reflètent dans l’eau. Au loin Sainte-Victoire.
Le canal de Caronte, mis en eau en 1863, relie les eaux du golfe de Fos à l’étang de Berre. L’idée de le prolonger pour atteindre Marseille et son port, […] est avancée dès 1820. Les travaux débutent en 1907. Il est nécessaire de revoir la morphologie des canaux existants (pas assez profonds) et de moderniser leurs équipements […]. L’étang de Berre, endigué dans sa partie sud, rallie Marignane et l’éperon rocheux de l’Estaque, qui sépare la ville de Marseille. En 1927, le tunnel de Rove termine les travaux du canal. […] Mais le 17 juin 1963, un effondrement obstrue l’ouvrage. Jugé dangereux, le tunnel est fermé par deux murs de béton. Le trafic est depuis détourné par la mer, comme à l’origine. Selon le dossier inventaire
Nous photographions un arbre remarquable… en largeur. Avant de rejoindre le sentier, nous remarquons des piquets de bois à peu de hauteur au dessus de l’eau ; serait-ce les supports de quelques nids de ponte pour les canards confectionnés par les chasseurs marignanais ? Quelques piquets, du grillage, quelques clous et de la paille ont suffi à fabriquer ces nids.
Quelques oiseaux que nous aurons du mal à identifier malgré le recours au smartphone mais qu’importe, ils sont là ; beaucoup de canards différents, des mouettes, un cormoran qui étale ses ailes pour sécher au soleil. Nous nous arrêtons à l’observatoire du Barlatier. Nous repérons l’entrée du terrier des ragondins. Nous y apprenons que l’on pêche des daurades, et des muges (appelés mulets ailleurs que dans le sud)qui naviguent entre l’eau de mer et l’eau douce dans une faible profondeur. Au loin les installations industrielles de l’étang de Berre brillent au soleil…
Nous continuons jusqu’à la limite de communes que nous allons suivre ; les Paluns de Marignane sont un ensemble de zones humides inondées l’hiver qui s’assèchent l’été. Après les plots de bois végétalisés plantés dans l’eau (perchoir ou chemin déplacement pour l’entretien du canal ?), un ancien canal en pierres restauré, précédé d’une porte métallique amovible, permet peut-être de réguler les apports d’eau.
[Ces opérations de restauration] consistent à supprimer ou recalibrer les canaux ou drains artificiels créés par l’homme afin de retrouver un fonctionnement naturel des marais (circulation naturelle des eaux, assec estival et réduction des zones profondes à eaux croupies). Selon le Conservatoire du littoral, mars 2009, diagnostic Bolmon
Depuis l’observatoire des Paluns, nous ne parvenons à observer les oiseaux cachés par les herbiers aquatiques. Nous rebroussons chemin et continuons en direction de la station d’épuration de Marignane. Sur le côté gauche de la piste, une plateforme surélevée d’environ 1m50 permet aux visiteurs de prendre de la hauteur pour observer le paysage et la faune sur un site particulièrement plat.
Une piste parallèle à la première, sur laquelle trotte une cavalière, longe les grands espaces incultes destinés au pâturage (coussous en Provence). Sur le site de Bolmon, ces pelouses steppiques rases sont en partie pâturés par un troupeau de bovins : il n’y en avait pas aujourd’hui.
Lors du retour en ligne droite, un couple d’oies blanches volant bas, passe au dessus de nos têtes. Elles peuvent se nourrir ponctuellement dans l’étang et le canal du Rove comme les canards, les cormorans et balbuzards pêcheurs. Mais elles sont sans doute peu nombreuses. Pas eu le temps de faire une photo.
2e partie, crèche de la chapelle Notre Dame de Pitié : après le repas, direction la colline Notre Dame, seul îlot de verdure au centre de Marignane. Sont exposés des santons grandeur nature qui attirent beaucoup de monde. Depuis le parking, une courte balade mène d’abord à l’oppidum dont les fouilles sont protégées par un grillage.
Habitat fortifié du deuxième âge du fer. Edifié dans le courant du 4e siècle avant J.-C., le site est abandonné au début du 2e siècle avant J.-C. Il se compose de diverses unités d’habitation regroupées en trois îlots représentant quatre phases d’occupation. L’ensemble est ceint d’un rempart flanqué de tours. Le mobilier archéologique comprend surtout des restes de céramique, notamment pseudo attique, amphores massaliètes, vases à vernis noir de l’atelier du Latium. Extrait de Monumentum
La chapelle a été construite en 1636. Sa cloche gravée trône sur l’esplanade. Sa crèche est mise en place par des bénévoles de l’association des Amis du Vieux Marignane qui nous accueillent avec le sourire. Les décors sont installés dès la Toussaint. Les mannequins (1m60) sont habillés de costumes traditionnels par les femmes de l’atelier couture de l’association : couture soignée, visages expressifs à tel point que sur le banc, j’ai cru un bref instant que c’était un homme, un vrai ! Au total, une dizaine de tableaux de la vie rurale marignanaise ou provençale, et une cinquantaine de personnages et animaux grandeur nature. Reconnaitrez-vous le pistachier – valet de ferme à la réputation de coureur de jupon -, le rémouleur, le pêcheur du Bolmon, le meunier, la cardeuse, le berger ? Quant aux rois mages, je ne peux qu’admirer leurs riches habits cousus d’or.
Ouverture du 20 décembre 2019 au mercredi 8 janvier 2020, tous les jours de 14h à 18h.