Saint-Martin de Pallières et ses deux grottes


Reprise de la randonnée avec Yves Provence et la communauté onvasortir. Nous passons devant la chapelle Notre Dame du Revest qui nous rappelle le souvenir d’un pique-nique exposé au vent froid mais réchauffé par le foie gras que Majo avait emporté : c’était tout près d’ici, sur les traces des Oratoires et croix entre Esparron de Pallières et Artigues ; ça restera un bon souvenir.
C’est moi qui covoiture et j’ai bien préparé sur mon GPS le point de rencontre au lavoir. Pourtant, la technologie ne nous y conduira pas, ce qui me vaudra quelques taquineries de la part de mes accolytes qui me laissent seule face à ce contre-temps… Retour à la carte papier sur laquelle ne figure qu’un carré bleu : c’est le second lavoir, probablement celui des malades. Heureusement le coup de fil à un ami nous sauvera.

Tour de l'HorlogeNous grimpons en passant devant la tour de l’Horloge, beffroi carré surmonté d’un campanile, datant de 1830. C’est l’époque où de nombreux villages nouvellement républicains, concurrencent les cloches de l’église en construisant des tours sonnant toutes les heures. Ici le mécanisme n’ayant pas changé depuis le XIXè, l’heure peut être approximative.

Saint-Martin de Pallières, Le Bigleux

Une des tours du châteauLa découverte de l’impressionnant château de Saint-Martin commence par une porte déplacée sur la façade septentrionale, et une haute tour en cours de restauration, avec ses créneaux défensifs caractéristiques du moyen-âge ; nous essaierons de la photographier tout en cachant les échafaudages derrière les cyprès.

LE CHÄTEAUMentionné pour la première fois en 1256, transformé au XVIIè siècle par les descendants de Pierre III de Laurens qui aménagèrent le parc, construisirent la grande citerne et les écuries ; partiellement détruit pendant la Révolution, le château de Saint-Martin de  Pallières fut restauré sous l’Empire et agrandi à partir de 1862. De plan carré avec une tour à chaque angle, le château primitif conserve de belles salles voûtées d’origine et une cuisine monumentale.

La famille de Laurens a fourni neuf officiers, trois prévôts, quatre magistrats et des conseillers au parlement. Pierre II achète le château de Saint-Martin en 1655 ; il est issu d’une famille de roturiers qui travaillaient le cuir. Il fait ériger Saint-Martin au rang de marquisat en 1671 : aussi, de nombreux actes notariés ont été « arrangés » de façon à masquer ses origines tels que la profession ou le nom de ses parents…
Bulletin de la Société d’études scientifiques et archéologiques de la ville de Draguignan Le Tiers-Etat à Draguignan : étude sociologique, Société d’études scientifiques et archéologiques de Draguignan et du Var  tome 27, Imprimerie de P. Gimbert (Draguignan), 1908

Direction la première grotte à l’est de Saint-Martin ; Yves s’arrête devant un ouvrage voûté à une seule arche qui ressemble à un ponceau sans en être un puisqu’il n’est pas construit au-dessus d’un ravin ou d’un fossé étroit ; Belvédère vue 1après un court passage dans les bois, nous passons une première fois par le point de vue aménagé avec quelques bancs de bois ; toute la plaine est sous les nuages, seuls les sommets découpés  du nord-nord-est pointent leur nez  : ceux du côté de Digne et plus à l’est encore, le Chiran et le Mourre de Chanier qui donnent l’impression d’une cassure caractéristique.

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Journée du patrimoine avec les Drailles de la Mémoire à Cassis


Journée bien remplie, animée par l’association Les drailles de la Mémoire à Cassis représentée par André Jayne, son président, Léo et Serge, chacun ayant des connaissances spécifiques qu’il partagera avec le groupe de 50  personnes. Journée tellement riche en informations que j’ai dû choisir celles dont j’allais vous parler.

Avec moins d’un quart d’heure de retard sur l’heure prévue, nous partons sur le chemin vicinal qui longe le château de Fontblanche, un des domaines viticoles1 qui produit l’appellation d’origine contrôlée ‘vin de Cassis’ existant depuis 1936 ; basée sur une douzaine de cépages, blanc, rouge ou rosé, elle a été mise en valeur cette année par un livre de recettes : 36 recettes de Provence cuisinées au vin de Cassis, Robert Monetti, Guy Broglia-Sautel, Ces Arts Augustes, 2016.

sea line Chemin de LonguelanceÇa commence fort avec des informations marquantes : nous apprenons que le pipe-line qui amène les boues rouges de Gardanne à la mer, passe sous la route ; la première fois que je l’ai vu à ciel ouvert le long de la voie de Valdonne (photo ci-contre à gauche), j’avais été surprise par ce long tuyau de couleur verte dont les riverains ne connaissent même pas la fonction…
emplacement du paléo-lacA droite, dans la plaine, sur 400 m de long et 300 m de large et sur une profondeur moyenne de 50 m, il y avait autrefois un lac, un paléo-lac exactement. Carole Romey, auteure de la thèse Histoire des paysages et de l’occupation humaine du massif des Calanques depuis 300 000 ans, université Aix-Marseille, 2013, pense même que la rivière souterraine du Bestouan a été un jour en connexion avec ce lac ; cette rivière de 4 km de long, que les plongeurs ont pu remonter sur 2 km 665 en 1991, se trouve justement 80 m en dessous de nous, à la limite de ce lac.

Il [le paléo-lac] a été formé par la dissolution du calcaire barrémien et/ou par l’effondrement d’une cavité karstique. […] L’enregistrement sédimentaire venant du paléo-lac […] retrace le paléo-environnement glaciaire du massif des Calanques au Pléistocène supérieur. […] En outre les prospections géophysiques mettent en avant une probable connexion entre le poljé de la plaine de Cassis et la rivière souterraine du Bestouan. Les analyses des sédiments du Bestouan étayent cette interprétation et montrent qu’il s’agit d’un milieu dont les conditions ont varié dans le temps […]. Cependant l’analyse des céramiques collectées sur les deux sites fouillés (Ferme Blanche et Fontblanche) confirme l’occupation de la plaine de Cassis par l’Homme depuis l’Âge du fer.

L'âne sur le chemin vicinalcaroubierUn vieil âne passe la tête à notre passage ; une poule faisane fait les cent pas dans un enclos ; quand Serge nous affirme que la caroube, graine du caroubier, était l’unité de poids utilisée jadis au Moyen-Orient, j’ai cru que c’était une blague. C’est vrai, les commerçants ont retenu le carat, dérivé de caroube, pour son poids et sa taille uniformes (0.20 g).

Domaine de FontblancheRéservoir de béton Grappe de raisinAndré a l’autorisation de traverser le domaine viticole1 de Fontblanche ; au loin, un groupe d’ouvriers travaillent dans les vignes ; les grains desséchés du raisin blanc ont souffert du manque d’eau tandis que les grains bleu foncé du raisin noir sont gros et appétissants (qui me dira de quel cépage il s’agit ? cinsault ?).

La femme du dernier seigneur de Jullans-Fontblanche Louis César de Garnier, a épousé  Françoise de Garnier en 1789 ; Françoise est fille naturelle de François-Xavier de Garnier, conseiller et secrétaire du roi, issu d’une famille établie à Cassis au début du XVIIIè ; elle hérite de ce domaine situé au Plan, sur la route de Roquefort (voir cadastre napoléonien, 1811, plan A section Le Plan – état de section images 24 à  28) ; l’arrière-fief de Jullans avait été partagé entre deux frères vers 1580 donnant naissance à Jullans-Saint-André et Jullans-Fontblanche, aujourd’hui sur la commune de Roquefort ; le nom de Fontblanche vient donc de là et d’une fontaine se trouvant dans son fief. Répertoire des travaux de la Société de statistique de Marseille, notice historique sur le fief de Jullans, son église romane et ses seigneurs, Dr BarthélémySociété de statistique de Marseille, impr. Nicollet (Aix-en-Provence), 1877

En 1918, Emile Bodin achète le château de Fontblanche ; une cuvée spéciale du domaine Bodin rend hommage à la chapelle Notre-Dame des Lumières, détruite à la Révolution puis reconstruite au siècle dernier par l’ancien propriétaire, Charles de Villepays [ndlr : qui avait épousé une descendante de Louis César de Garnier-Fontblanche]. Selon le guide Hachette des vins.

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*** Sur les traces des derniers bergers du Garlaban


Aujourd’hui, invitée par Michel, grand sportif volontiers partageur, je rejoins Gréasque dès 7h30 du matin ; je ne le connais que par mail et site interposés. Pierre, ancien professeur d’histoire, a soigneusement déplié un vieil article de journal et ses notes personnelles sur les gravures des anciens bergers du Garlaban ; Jean-Claude, jeune retraité, se joint à nous. Nous voilà partis par une route tortueuse qui passe devant le domaine départemental de Pichauris, puis atteint Allauch et le parking près du cimetière, un peu après le centre équestre. Un grand chien gris décide de nous accompagner.

Le circuit des gravures décrit par Michel sur son site persoREMY, avec photos et trace téléchargeable

Balisage sur marbre poliLa montée est tout de suite raide sur le bitume ; nous passons sous les pins, dans une zone ombragée bordée de villas résidentielles ; au carrefour de pistes, nous repérons celle de Peynaou par laquelle nous reviendrons. Après la barrière fermée, nous sommes sur la piste DFCI ; sur le rocher de marbre bien poli, les indications concernant le balisage sont bien lisibles ; Mine de bauxite de Cante-Perdrixce qui me frappe ce sont ces zones de terre rouge qui contiennent de la bauxite exploitée autrefois à deux endroits : en contrebas du col de Cante-Perdrix et à la Tête Rouge où l’on peut découvrir l’entrée d’une mine, son chariot rouillé et ses rails tordus, son labyrinthe de galeries ; Michel & Bernadette ont eu la bonne idée d’y placer une cache La mine secrète mais ce n’est pas l’objet de notre randonnée du jour.

Les collines de Pagnol 2.1 : Cante-Perdrix, Ti’Mars… adoptée par PAPOUNET83

Ces gisements de petite taille ont été exploités par la méthode chambres et piliers dans des galeries peu profondes. Ils ont été rapidement épuisés. Extrait de la lithothèque

L’environnement, c’est celui des films de Pagnol, de Marcel et Lili des Bellons, environnement de grottes, de garrigue rase, aujourd’hui déserté ; mais les restanques à l’abandon, les ruines de jas témoignent bien de l’exploitation du XIXe. Dans la Statistique du département des Bouches-du-Rhône, avec Atlas, publiée d’après le vœu du conseil général du Département, tome II, Christophe de Villeneuve, 1824 avait noté qu’on trouve pourtant au haut de la chaîne des plateaux boisés avec des sources appelées ‘Barquious’1, qui sont des espèces de creux toujours remplis, à fleur de terre, d’une eau fraîche qui sert à abreuver les troupeaux.

Garlaban, c’est une énorme tour de roches bleues, plantée au bord du Plan de l’Aigle, cet immense plateau rocheux qui domine la verte vallée de l’Huveaune. Un immense paysage en demi-cercle montait devant moi jusqu’au ciel : de noires pinèdes, séparées par des vallons, allaient mourir comme des vagues au pied de trois sommets rocheux… Marcel Pagnol, La gloire de mon père, 1957

Dalle du soldatAu nord, Michel me montre l’aire de la Moure, rocher proéminent rouge du retardant déchargé par les canadairs en exercice. Du Pas de dei menoun2, Marseille parait tout esquiché. Là mes guides cherchent les premières gravures : ... DE MENOUNcelle du lieu-dit, bien lisible en majuscules d’imprimerie, et à côté la dalle du soldat. Les dessins ne sont plus très visibles sur la dalle calcaire mais Michel a prévu un vaporisateur d’eau qui accentue durant quelques dizaines de seconde, le contraste du trait. Dalle du soldatgravures garlabanUne coiffe militaire, sorte de bicorne surmonté d’un plumet, apparaît : s’il s’agit bien de cela, l’inscription fort dégradée, daterait d’avant 1806 puisque cette coiffe a été remplacée à cette date par le shako. La femme de profil est tout aussi difficile à identifier. Heureusement le découvreur Jean-Luc Grasset en a fait le relevé il y a une trentaine d’années. Sa première communication officielle date de 1990 dans le bilan scientifique régional de la région PACA. A cette date, l’auteur s’interroge sur la motivation profonde qui a conduit probablement des bergers mystiques et solitaires à graver profondément ainsi une partie de leur vie intérieure.

Les collines de Pagnol 2.2 : seuil des bartavelles, Ti’Mars… adoptée par PAPOUNET83

Abri de berger en pierre sècheGrotte du BergerNous reprenons la piste que nous quittons rapidement pour rejoindre 30 m plus haut un large abri sous roche aménagé : une cabane de pierre sèche, des murs bâtis pour se protéger du froid, voilà la baume du berger.

photo barrage les cahiers du sudvasque d'eau près de la source du ChienNous entamons la descente vers le fond de vallon sur un sentier pierreux ; un petit barrage retient l’eau d’un vallon aujourd’hui à sec ; incroyable mais Jean-Luc des Cahiers du Sud a réussi à photographier ce barrage à un moment où l’eau jaillit en cascade (Lire Rando Garlaban) et la grotte de l’Etoile qui recrache une eau abondante ; dans le fond du vallon des Escaouprés3, sous de larges dalles de calcaire sourdent parfois de minces filets d’eau, sources miraculeuses dans ce désert aride l’été. Non loin de là se trouve une petite vasque remplie d’eau de pluie.

Les collines de Pagnol 2.3 : la source du chien, Ti’Mars… adoptée par PAPOUNET83

Nous découvrons : deux ostensoirs, pièces d’orfèvrerie souvent en forme de soleil, reposant sur un pied, destinée à recevoir une hostie consacrée, et une rosace avec une technique de piquetage : ce sont deux œuvres de qualité réalisées avec de bons outils et une technique maîtrisée.

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