Sigoyer et le vieux de village de Vière


J‘aime les vieux villages abondonnés. D’où celui-ci tire-t-il son nom de Vière, de l’occitan vièr ou vièl (=vieux) ? Que ce soit sur la carte de Cassini (où il s’appelle Sigoyer du Dô sur Tallard) ou sur le cadastre napoléonien (1810, section A4, où il est noté Sigoyer Village), ce nom n’apparait pas. Le terme occitan (= ville), désigne dans les Hautes-Alpes la localité principale de la commune. Ce même nom est donné au village abandonné d’Ongles dans les Alpes-de-Haute-Provence.

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IMG_4608.JPGPour parvenir au vieux village de Vière, il suffit de suivre le panneau indicateur près de l’église à partir du village de Sigoyer. Nous longeons les pâturages le long de la rivière : les nombreuses vaches font un concert de cloches. Avant d’emprunter le dispositif de franchissement du Tibaudon, nous cherchons un emplacement pour la cache de Ti’Mars…, cache qui sera dévoilée pour la rencontre Alp’en fête les 5 et 6 juin 2010 : GC25A13 Alp 11, Villages Perchés 8B : Sigoyer-Le Pissenton. Pour éviter que les troupeaux ne s’enfuient par une porte laissée ouverte, ce ne sont pas des échelles de bois comme en Auvergne mais un portillon mobile qui permet de franchir la clôture.

IMG_4611.JPGIMG_4624.JPGBientôt, nous quittons la dernière maison pour entrer dans les faubourgs de Vière. S’il n’y avait les panneaux d’information plantés dans l’herbe (installés par les bénévoles de l’association de sauvegarde du patrimoine de Sigoyer), il serait impossible de savoir qu’il y avait là des maisons. Les rues sont parfois envahies par la végétation. Il n’y a plus de pierres, récupérées sans doute par les habitants qui ont reconstruit ailleurs leur maison.  Dans le coeur du village, une tour ronde et un morceau du rempart délimitent encore le coeur du village.

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IMG_4616.JPGLa seconde église de Vière, construite derrière la maison seigneuriale, n’avait pas de cimetière resté à Saint-Laurent. Nous montons jusqu’à la borne, limite de propriété ?, sur la butte ; à nos pieds, le ravin de terres noires dans lequel les maisons ont été précipitées suite aux différents éboulements. Une frêle clôture délimite la zone dangereuse.  Sur le cadastre napoléonien, on voit bien que le coeur du village était coincé entre deux torrents : le Pissauton et le Baudon.

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Si guerres de religions et incendies n’ont pas épargné le village aux 16e et 17e siècles, c’est au début du 18e que survient le pire. Au XVIIè siècle, la cohabitation avec les loups devient difficile. Pour les éloigner, les habitants mettent le feu à leurs repaires dans les endroits pâturés des deux Céüze. Le résultat est catastrophique : lors de chutes de neige ou fortes pluies, rien ne retient les eaux des 4 ruisseaux environnants qui creusent des lits de plus en plus profonds. La première catastrophe a eu lieu en 1725, suivie de nombreux autres glissements de terrain. Ponts, routes, maisons sont emportés. Le château est habité par la comtesse née Caritat de Condorcet jusqu’en 1793. En 1845, la nouvelle église n’est plus qu’à quelques mètres du précipice creusé par le Baudon. On vend aux enchères le produit de sa démolition. Petit à petit, le village se vide ; les habitants emmènent planches, pierres, poutres et fenêtres pour reconstruire leur maison jusqu’à l’Eglise neuve. IMG_4621.JPGAu début du XXè siècle, l’Auberge du Midi abrite encore une des trois écoles. Les prairies de la Pra sont encore fauchées. Les bêtes y paissent encore. Le Barbu et la cantonnière [la femme du cantonnier], en mourant respectivement en 1934 et 1936, seront les derniers à quitter Vière. Ecrit d’après le Résumé de l’histoire de Sigoyer par M. Robert, membre de l’association de sauvegarde du patrimoine de Sigoyer, qui organise les visites guidées.

Site Internet de l’Association de diffusion de la culture scientifique dans les Hautes-Alpes

pierre_du_roi.jpgEntre la rue du château et la rue Chalançon, Ti’Mars… cherche un endroit pour placer sa deuxième cache GC259Z5 Alp 10, Villages Perchés 8A : Sigoyer Dô. Pendant ce temps, je continue à déambuler. Nous continuons à travers champs dans le quartier de la Pra dans une vaine recherche de la pierre du Roy. J’ai quand même trouvé une photo (à gauche) empruntée à l’album des journées du patrimoine 2007, paru sur le site de la mairie de Sigoyer. Mais je ne connais rien de cette pierre, sinon qu’elle n’a pas de rapport avec le roi.

IMG_4637.JPGAu bout du sentier une centaurée avec des fleurs blanches au coeur pourpre, ressemble presque à une plante cultivée pour les jardins.

Image de l’itinéraire Vière (Sigoyer) 4km 1h15 dépl. 103m dénivelée

*** Le vieil Eyguians et le château des Arzeliers


IMG_4224.JPGDu beau temps enfin pour cette randonnée dans les Hautes-Alpes. Nous nous retrouvons au village du Vieil Eyguians après avoir malencontreusement suivi le GPS qui nous avait amené au point le plus proche à vol d’oiseau mais sur la mauvaise piste. Suivez donc les panneaux !

Pour chacun des trois villages abandonnés que GSA 05 propose de découvrir, la raison de l’abandon est différente : « à Vières [Sigoyer], c’est à cause de risques naturels ; à Arzeliers et au Vieil Eyguians, c’est plutôt l’exode rural qui a joué. Citation de GSA 05 [Gap Sciences Animations], Isabelle Potdevin Extrait de Villages abandonnés, pas forcément oubliés, Dauphiné Libéré du 23 mars 2010

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IMG_0168.jpgestoublon et moi, nous aimons les villages abandonnés. Sous la verdure et dans le calme, l’âme du Vieil Eyguians est encore perceptible : les habitants s’y sont réfugiés au moment des invasions sarrazines et ne l’ont abandonné qu’en 1902 ; mes acolytes privilégient la cache de seblultra Le vieil Eyguians pendant que je flâne, et reconnais grâce aux panneaux d’information :

  • Chapelle Ste-MadeleineIMG_0163.jpgl’église Sainte-Madeleine restaurée en 1983, avec des poutres en cèdre de la forêt toute proche, dont les pierres sombres viennent sans doute des calcaires noirs d’Eyguians ; elle a toujours souffert d’humidité : d’ailleurs vous pouvez voir encore devant l’église un bassin alimenté par une source captée
  • le rempart derrière élevé par les seigneurs d’Arzeliers
  • la porte par laquelle on entre dans le vieux village
  • IMG_4246.JPGle cimetière à la croisée des chemins vers Arzeliers et celui menant à l’îlot : les croix de fer de certaines tombes ont été pillées ; sur l’une d’entre elles, on peut lire nettement le nom : « ici repose Joseph JULIEN décédé le 2 mars 1898 »
  • le chemin de ronde
  • le château
  • IMG_4237.JPGune cuve aux carreaux vernissés servant à la conservation du vin ou de l’eau

IMG_4255.JPGPuis c’est le sentier botanique Pierre Roux au cours duquel, de borne en borne, nous exerçons nos mémoires et nos connaissances. Le genévrier commun dont les baies servent à la fabrication de liqueurs : le genièvre est une spécialité de Belgique et du Nord de la France (je suis originaire de Lille…), il aromatise parfois la bière. Le prunellier, arbrisseau épineux dont les fruits trop mûrs sont utilisés également en alcool : là c’est notre Haut-Alpin qui connait. Le cèdre du Liban et son port majestueux ; le robinier faux acacia servant à faire des manches d’outils et des piquets. Certains vivent plusieurs centaines d’années. Grâce à l’attention que nous avons portée aux panneaux d’information, nous avons trouvé la cache Sentier botanique Pierre Roux, de seblultra.

IMG_0200.jpgIMG_0191.jpgPuis nous partons pour le château des Arzeliers ; le sentier est bien balisé, facile, quelquefois étroit. Les premières fleurs sont sorties pour notre plus grand plaisir. L’hépatique noble et ses fleurs violettes a de drôles de feuilles lobées comme le foie. Parfois au vu d’un ravin impressionnant, on devine l’instabilité de ces terres noires.

IMG_0215.jpgAu loin, les ruines du château des Arzeliers en position dominante. Perdu au milieu de nulle part et pourtant imposant par sa taille : nul doute qu’il a joué un rôle d’importance. IMG_0197.jpgUn panneau sans équivoque nous invite à ne pas pénétrer à l’intérieur des ruines. Mais notre curiosité est plus forte : je commence à grimper du côté de la plus forte pente jusqu’à être au pied du mur construit avec des pierres rondes ou carrées d’épaisseurs et couleurs différentes. Il a probablement été construit avec les matériaux trouvés sur place. A l’extrémité, une tour ronde en ruine. Nous le contournons par la droite, non sans mal. Nous croyons reconnaitre l’emplacement de la chapelle romane.

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Le chateau du Castellet depuis Saint-Jeannet, porte des baous


IMG_4312.JPGC’est en pensant à vous, lecteurs de randomania, que  je suis allée chercher des idées de randonnées à Nice à l’occasion du lancement des guides de randonnée de la collection « rando malin ». Les auteurs sont jeunes mais enthousiastes ; ils réussissent à donner envie de les suivre sur les chemins de découverte de notre patrimoine. Le soir même; j’essaie d’identifier l’itinéraire sur une carte IGN, sans succès. Le lendemain, c’est donc le guide à la main, que me rends au château du Castelet qui ne figure pas sur la carte IGN. Serait-il indigne d’y figurer ? Le rando malin Côte d’Azur Alpes du sud, Frédéric Boyer, Mémoires millénaires Editions, 2010

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IMG_4325.JPGIMG_4327.JPGA partir du village, j’emprunte le chemin du Baou de Saint-Jeannet, élément caractéristique des paysages calcaires. Des quatre baous1 de la région vençoise, celui de Saint-Jeannet est le plus remarquable par l’ampleur exceptionnelle de ses faces, de 300m à 350m de dénivelée ; on y monte doucement mais de façon continue. Au premier carrefour, j’entends sans les voir les moutons de la ferme voisine. A l’embranchement d’un étroit sentier, un arbre enroulé d’une bande de gaze bleu vif, semble repérer la montée vers le sommet du baou. Sur le versant du baou de la Gaude, des cultures en terrasse ressemblent à de grandes marches de verdure. Parvenue sur le plateau, c’est la surprise : des milliers de pierre jonchent le sol, parfois rassemblées en tas, rarement constructions telles que cette cabane en pierre sèche. On dirait qu’un cataclysme est passé par là. Où sont les anciennes faïces2 dans lesquelles les anciens cultivaient toutes sortes de céréales ?

Randonnées

Une fois sur le plateau, un sentier sur la gauche mène au baou de Saint-Jeannet, où le varois didrip a placé une cache ; ne le sachant pas, je n’ai pu y aller mais si vous êtes geocacheur, courage ! GCX74N baou de Saint-Jeannet : il parait que le panorama est exceptionnel.

Le sentier continue sur le plateau puis descend dans le vallon. Sur le mamelon juste en face, je vois la tour du donjon que je dois rejoindre. Pourquoi des ruines si imposantes ne figurent-elles pas sur la carte IGN ?

IMG_4376.JPGLe Castelet apparaît dans l’Histoire en 1250, grâce au testament du légendaire Romée de Villeneuve, premier baron de Vence et sénéchal de la Provence (dès 1236). […] il désigne comme héritier direct et universel son fils Paul. Il lui lègue la seigneurie de la Gaude, Saint-Jeannet, le Castellet et la co-seigneurerie de Vence. […] A la lecture de ces actes, il apparaît qu’au XIIIè siècle la seigneurie du Castellet est tout aussi importante que ses voisines de La Gaude ou Saint-Jeannet. Le Castellet sera encore cité en 1309.

IMG_4338.JPGAvant d’arriver au chateau du Castelet, je traverse un sous-bois frais où de nombreux blocs rocheux sont tombés. La remontée est rude mais l’arrivée sur les lieux est une récompense, le sentiment d’avoir découvert quelque chose d’important. Un mur d’enceinte, des contreforts, sont les restes d’un château de guerre. Certes il a été abandonné  pendant plusieurs  dizaines d’années puis les descendants de Romée réutilisent les matériaux pour en faire un logis à côté d’une vaste bergerie.  Les poutres de bois tiennent à peine mais la voûte de la bergerie est encore en bon état. Des échauguettes d’angle prouvent que les lieux étaient surveillés et qu’ils ne devaient pas être très sûrs au moyen-âge.  Occupé jusqu’à la dernière guerre, le château, où se sont réfugiés des maquisards, est dynamité par les allemands. De là je peux voir les cultures en terrasse en arcs de cercle joliment concentriques. Devant le château, une esplanade inclinerait au pique-nique, si le temps n’était pas aussi menaçant.

IMG_4348.JPGIMG_4354.JPGIMG_4359.JPGIMG_4363.JPG

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