* Les 40 fontaines de Pernes


Les Pernois étaient si contents de découvrir la source saint-Roch au XVIIIè qu’ils ont acheminé l’eau dans chaque quartier du village et fêté l’événement en faisant construire quatre fontaines monumentales : le Cormoran, le Souchet, Reboul et l’Hôpital. L’office du tourisme propose un circuit pour découvrir à la fois les fontaines et les « trésors de pierre ». Avec vos enfants, transformez cette balade en chasse aux trésors : à l’aide du plan, ils devront trouver un maximum de fontaines, les photographier puis au retour les numéroter.

Pernes au fil de l’eau, P. Gabert et J. Rey, Ed. A. Barthélémy, 1992

Compte tenu de l’importance des fontaines, leur charme, leur variété, le conseil municipal délibère et demande l’autorisation de rebaptiser Pernes ; le 18 mars 1936, le Président de la République donne son autorisation : Pernes devient Pernes-les-Fontaines, la perle du Comtat.

1462 : première mention dans les archives à parler des fontaines. De tout temps, les consuls de la ville ont pris soin de protéger les fontaines, allant jusqu’à interdire d’y laver (1596) afin de préserver l’eau pour le bétail. Mais face à l’indiscipline des habitants, des fers pointus sont posés sur les bords des fontaines (1625) ; étaient poursuivis en justice tous ceux qui faisaient leurs plantations trop près de l’aqueduc. En 1750 devant le tarissement des fontaines, des chantiers d’excavation aboutirent à la découverte d’une source considérable dans la propriété de M. Proal à Saint-Barthélémy. Des carriers de Carpentras creusèrent trois cent mètres de galeries pour constituer un réservoir.
En 1759, une ordonnance du Vice-légat interdit d’ensemencer les terres traversées par l’aqueduc ; en 1765 une réglementation sur l’utilisation de l’eau a force de loi ; en 1779, les particuliers qui prenaient l’eau aux fontaines furent d’obligés d’y installer un robinet.

Sur les trois fontaines classées et monumentales, du Gigot, du Cormoran et de l’Hôpital, avec un peu d’attention, vous reconnaîtrez Midas, roi de Phrygie avec ses oreilles d’âne.

On raconte aussi que Midas ayant préféré la flûte de Pan à la lyre d’Apollon, le dieu irrité orna sa tête d’une magnifique paire d’oreilles d’âne.
Midas obtint de Dionysos (Bacchus selon les Romains) la faculté de changer en or tout ce qu’il touchait. Mais à peine son vœu fut-il exaucé que tout, jusqu’à ses aliments, se transformait en or dès qu’il y portait la main. Un jour qu’il était en visite dans son royaume, ne pouvant assouvir sa soif dans le désert, la Terre fit jaillir une source d’eau mais celle-ci se transforma en or. Sur ses prières, le dieu Dyonisos transforma le flot d’or en eau. Version du site mythologie grecque. La richesse de Pernes c’est donc bien l’eau dans une région de sécheresse plutôt que l’or…

Nous avons découvert les principales fontaines grâce à une multi-cache, bien conçue mais qu’il faut bien préparer.

Les fontaines de Pernes, multi-cache de jdesca

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Les chemins de la pierre sèche de la Roque sur Pernes à Saint-Gens


Saint-Gens, j’y suis déjà allée au départ du Beaucet, circuit décrit dans la note ***Le Beaucet, Venasque, sur les chemins de la pierre sèche et dans le livre 25 balades sur les chemins de la pierre sèche, Florence Dominiquele bec en l’air, 2009. Une partie du parcours à Barbarenque et Saint-Gens est commune aux deux randonnées.

Mes photos

Aujourd’hui, ce sera un PR au départ du village haut perché de la Roque sur Pernes, balisé jaune sur la presque totalité. Majo et moi montons par la rue du Barri, une calade avec pavement central qui mène au château dont on ne connaît pas le premier propriétaire. Daté du XIe, annexé aux états pontificaux au XIIIè, il est reconstruit au XVIè, racheté par la famille de Centenier en 1741, finalement vendu aux habitants au XXè. Le clocher de l’église saint-Pierre saint-Paul joue à cache-cache avec nous. Nous sortons du village par le nord, quittons bientôt la route de Saumane pour un agréable chemin communal dallé de façon naturelle le chemin Jean de Rebous.

Le nom de la Roque apparut pour la première fois dans les écrits en 1113 ; lorsqu’en 1274 tout le Comtat fut cédé à la papauté, le territoire de la Roque fut inféodé à divers seigneurs, la plupart italiens : Spifame, (Boniface II) de Peruzzi, originaire de Florence, des Séguinsde Serres, des Galléan de Gadagne, des Centenier en 1741, issus d’une famille palatine, des Blanc-de-Brantes en 1772.

La commune a adopté les armoiries des Seguins ; Sébastien de Seguin qui surnomme La Roque sur Pernes, la Roque des Seguins, est un comte Palatin (1574), vice-recteur du Comtat (1590), qui reçoit du Pape la terre de La Roque pour laquelle il rend hommage devant François de Castellane, Charles de Pernes et François de Lopes, Seigneur de Montmirail, le 16/3/1576. Contesté pour cette donation, il est enfin pourvu de cet Office après la mort de Raimond Meillores, en 1590. D’après des Seguins, Jean Gallian

La légende raconte qu’une Dame Seguin, pour venger l’assassinat de son époux, attendit que ses 7 enfants soient devenus grands, les poussa à tuer toute la famille des assassins, puis se réfugia en Provence. Cette dame est représentée par la huppe et les 7 étoiles sont ses 7 enfants. Rapporté par Jean Gallian

Le chemin de la Roque à Saint-Gens passe sous les rochers de Fraischamps, appelés autrefois Barrièro. Le petit vallon de Frais Champ, circule au pied d’une colline dont les pentes raides sont abondamment couvertes de banquettes de pierres ou murs de soutènement encore en bon état, traces d’une lutte constante contre la pente. Nous sommes émerveillés par le travail laborieux que cela a dû représenter. Probablement dûs aux travaux de défrichement du XIXè bien avant que ne s’installent les banatais.
« Une main d’oeuvre inégalable, au service d’une volonté de fer » écrit Edouard Delebecque, ancien maire de la Roque sur Pernes, qui réussit à les [les banatais] faire venir dans son village menacé de désertification. Entre 1950 et 1999, 420000 déplacés ont quitté la Roumanie dont une communauté de lorrains partis coloniser le Banat au XVIIIè et rapatriés dans les années 1950 à la Roque sur Pernes.
Leur histoire est résumée par le collègue Alphonse Silve à Monteux.

Au XVIIIè siècle, des Alsaciens Lorrains partirent coloniser les terres fertiles du Banat empêchant ainsi les Turcs de prendre le contrôle de cette région. Au congrès de Versailles, le Banat fut divisé entre la Roumanie, la Hongrie et la Serbie. En 1939 la guerre éclata et le Banat fut envahi par les allemands. Les Alsaciens Lorrains, qui parlaient un dialecte germanique, furent considérés comme allemands et enrôlés dans la Wermacht (armée de terre allemande). A la fin de la guerre, les russes envahirent le Banat. Tito devint président de la Yougoslavie en tant que dictateur communiste et enferma les Alsaciens Lorrains, qu’il croyait allemands dans des camps d’extermination en Autriche […] Il y eut dès lors beaucoup d’exodes aux Etats-Unis mais aussi en France […]. Un groupe de Banatais reconstruisit le village en ruine de la Roque sur Pernes […]

Visibles mais peu nombreux… Les circulations migratoires roumaines, Coll., Les Editions de la Maison des Sciences de l’Homme, 2003

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Viens, de la falaise de Subarroques au Travers de Piéroux


Viens, village médiéval, dédié à la pierre sèche et à l’eau. Une précédente randonnée – Viens, le circuit des cabanes – m’avait particulièrement plu. La particularité du circuit proposé par Yves Provence c’est qu’il forme deux boucles en forme de 8 qui se croiseront au village, de quoi profiter d’un pique-nique amélioré car nous n’aurons pas besoin de transporter le repas. Le matin au sud sur la falaise de Subarroques1, l’après-midi au nord-ouest de Viens, à Piéroux. Parking sous les platanes, rapidement complet : heureusement en montant vers le haut du village, un second parking sera disponible pour les retardataires.

Mes photos

Le compte rendu de Yves Provence avec la trace à télécharger

L’hôtel des Pontevès est occupé aujourd’hui par la mairie. Après la croix du Jubilé, le beffroi médiéval dominant la porte sarrazine, apparaît tout entier dans les rayons du soleil.

La première partie de la boucle sud, à l’ouest de Barroques, est identique à celle du circuit des cabanes. Un enclos dont le coin muré n’est autre que le fond d’une cabane de pierres, contient deux cabanes dont une à un étage, à la porte décentrée et une autre avec un linteau monolithe. Le circuit se poursuit sur un sentier coincé entre des murets de pierres, assez grossièrement disposés.

Peu après le carrefour avec le PR, une autre cabane puis au lieu-dit la Chau, un immense pierrier appareillé. Pourquoi se donner tant de mal lors de l’épierrement des champs ? ainsi, les pierres occupent un minimum de place sans empiéter sur l’espace cultivable ; d’ailleurs celui-ci protège du vent le champ de lavande devant lequel il est disposé.

Le grand clapier de la Chau, brunobobo

Au carrefour de l’homme mort (500 m), nous allons monter sur le rebord de la falaise de Subarroques1. Le sentier offre un vaste panorama sur la vallée du Calavon avec en toile de fond la montagne de Lure.

La falaise de Subarroques […] est visible depuis la Vallée du Calavon et représente une richesse géologique également importante ainsi qu’un repère visuel. Elle est donc classée en […] zone de protection paysagère, où toute construction y est interdite. Extrait du PLU de Viens

Ce plateau me fait penser à celui de Ganagobie par ses strates inclinées, ses zones couvertes de mousse sous la falaise, les fractures dans la roche qui ont désolidarisé parfois des gros blocs rocheux. C’est le cas de la cache d’Alistair007 pour laquelle il faut faire quelques pas d’escalade, et avoir le pied sûr car tout proche c’est le vide. Je reconnais l’environnement particulier, ce rocher détaché de la falaise : j’y étais allée en 2007.

Pays de Viens #1, Alistair007

On aperçoit un cairn perché sur un rocher isolé, une strate inclinée qui surplombe le vide, puis en regardant vers le bas, la possibilité de se faufiler entre la falaise et un rocher. Vous trouverez peut-être les deux grottes, l’une naturelle, l’autre artificielle, qui cachent une ancienne exploitation de meules de moulin, antique peut-être, moyenâgeuse sûrement. A l’intérieur, un viensois y a trouvé des traces de taille de roue de moulin dont une est exposée comme table dans le jardin de la mairie. La grotte est fermée pour protéger les chauves-souris qui y vivent (information communiquée par l’intermédiaire de B. Adam du parc du Luberon).

Néanmoins à Viens, au lieu-dit Subarroques, à la grotte de la Beaume, la masse calcaire de burdigalien a été exploitée […] en galeries souterraines pour la production de meules. En effet, si les meules de moulins de céréales n’ont pratiquement jamais été taillées dans la pierre du midi, il n’en est pas de même pour celles des moulins à huile d’olives. Valorisation des ressources naturelles : les pierres tendres, rapport définitif, BRGM, dec. 1992, Conseil Régional PACA

La pierre du midi a des propriétés intéressantes : une faible résistance à la compression, une pierre assez tendre facile à travailler qui durcit au contact de l’air. La roche est un conglomérat à éléments hétérogènes et ciment calcitique jaune.

Cette dernière [grotte en amont entièrement artificielle] présente une galerie longue d’une cinquantaine de mètres, large de 10 et haute d’autant, jonchée d’ébauches accidentées et de blocs de pierre à bâtir. Extrait de Atlas des meulières françaises

Au point Subarroques, nous retrouvons le village précédé d’un grand et beau mur de pierres ; nous déambulons dans ses ruelles, émerveillés par les façades Renaissance, les vieilles portes, les rues caladées avec leur écoulement central, le chemin de ronde auquel on accède par des marches de pierre ; le château édifié au XVIè sliècle et rénové aux XVIIIè et XIXè siècles. La Tour de la Pousterle jouxte la principale poterne de l’enceinte : sa construction date de la fin du XVè siècle – début XVIè siècle. Au pied de la tour, la porte étroite ne permettait l’accès à la salle voûtée que par un seul homme à la fois. La couronne de mâchicoulis fut en partie détruite vers 1960.

Au détour d’une ruelle surgit l’église Saint-Hilaire hors du périmètre des remparts. remaniée, elle garde cependant des traits médiévaux : le clocher aux baies géminées, le décor des chapiteaux. Rapide arrêt au point géodésique caché derrière un pot de fleurs qui m’informe que mon GPS surestime l’altitude du lieu.

Repère de nivellement Viens, Yves Provence

Cette promenade dans les ruelles tortueuses réussit à nous plonger vraiment dans les temps anciens. Quand nous atteignons l’aire de repos qui fait face au point de vue, avec la tour du château qui le borde sur la droite, c’est le grand déballage des provisions. La table de pique-nique est bientôt jonchée de bonnes choses partagées par chacun ; nous commençons par l’apéritif (vin, crémant de Bourgogne ou rosé) accompagné d’une tarte au thon, d’un velouté de courges bien chaud, tous deux sublimement cuisinés. Les bouteilles sont débouchées, les recettes échangées et l’animation à son comble. Nous terminons par des préparations faites maison et plus ou moins alcoolisées…

La recette de la compote banane rhum de vegalyre
Des bananes, 1 pomme ou 1 poire, du sucre en poudre de préférence roux ou sucre de canne, 1 jus de citron ou 1/2 selon quantité vanille (gousse ou liquide), un peu de cannelle en option pour ceux qui aiment et ne sont pas allergiques.
Faire cuire tout cela dans une casserole avec un fond d’eau. Mixer. Rajouter du rhum [pour la quantité : à chacun de juger].

Soigneusement, les lieux sont nettoyés puis nous repartons d’un pas joyeux vers les Rouans ; ça monte, c’est dur mais l’ambiance joyeuse et bavarde nous pousse.

Viens les Rouans, brunobobo

Le sentier de Piéroux chemine tranquillement dans les bois jusqu’au col des 4-chemins : un chemin au nord arrive de Simiane, celui au sud joint le hameau de Saint-Laurent, à l’ouest le GR6-GR91 rejoint Gignac et celui qui vient de Viens. Ce carrefour bien dégagé laisse deviner, en contrebas du champ, un vieux puits fermé qui recueille les eaux de la Font Seignon.

Repère de nivellement le puits, Yves Provence

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