De Céreste à Monjustin par les crêtes et la plaine


Après deux semaines sans bouger à cause de la pénurie d’essence dans les pompes, je reprends la marche vers un petit village que j’ai découvert il y a quelques années (voir Montjustin, village fortifié autrefois, village d’artistes aujourd’hui). Mais cette fois, je pars de Céreste où j’espère voir les fouilles du pont romain, premiers vestiges de la pile fortuitement mise au jour par une crue du torrent de l’Aiguebelle au cours de l’hiver 1998/1999. IMG_6340.JPGNous passons devant la chapelle Notre-Dame de Piété ; au-dessus de la niche de la façade, une coquille Saint-Jacques rappelle sans doute que nous sommes sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle à Rome.

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Le GR4/GR9 est bien balisé rouge-blanc. IMG_6344.JPG IMG_6346.JPGQuelque peu envahi par la végétation, il longe d’abord les villas, traverse des sous-bois puis s’élève sur les crêtes. Au sud, près de la route, quelques fermes isolées près de l’Aiguebelle au pied des collines. Nous marchons sur le socle calcaire et la marche est un peu moins agréable. Nous ne découvrirons les premières maisons de Montjustin qu’à la dernière minute.

IMG_0017.jpgIMG_6354.JPGLa commune de Montjustin, commune du parc naturel régional du Luberon, ne compte que 53 habitants (recensement 2006) ; presque toutes les maisons sont fermées en cette fin d’octobre. Juste après l’entrée du village, signalée par un panneau sens interdit où les chiens doivent être tenus en laisse, un puits qui a conservé sa vieille manivelle fixée sur une roue qui permettait de remonter l’eau sans effort. Après le premier virage, un escalier de pierre nous invite à monter dans la forteresse protégée par une tour ronde et un long mur d’enceinte restauré, sans doute le château de Luzerne. Les rues étroites tournent et retournent, découvrant de nouvelles maisons de pierres. IMG_6362.JPGRien de IMG_0022.jpgmoderne :  le village est resté authentique. Nous nous posons souvent la question de la violation de la propriété privée : aucun portail, aucune interdiction, nous circulons dans les jardins ou sur les places fleuries, sans distinguer ce qui est public de ce qui est privé, découvrant là une fontaine, un cadran solaire ou une statue bi-céphale.

Jean Ailhaud, né le 6 janvier 1675 à Lourmarin, […] acquit alors de la maison de Brancas les domaines importants de Castellet, de Vitrolles et de Montjustin et fut pourvu en 1745 de la charge anoblissante de secrétaire du Roi. […] Il en eut deux fils, Jean Gaspard, qui continua la descendance, et Louis, qui fut évêque de Carpentras. Jean Gaspard Ailhaud, Sgr de Castellet, de Vitrolles et de Montjustin, embrassa comme son père la profession de médecin. Ses deux fils, Jean Gaspard et Louis Théophile Gaspard, furent les auteurs de deux rameaux. L’auteur du second rameau, Louis-Théophile-Gaspard Ailhaud de Luzerne, né en 1756, épousa Mlle Mercier, dont il eut deux fils. Extrait du site de Gilles Dubois

Eglise en 2010IMG_0026.jpgJe retrouve l’église Notre Dame des Neiges à l’emplacement du village primitif, qui a quelque peu changé. Datant de la fin du XVIè, elle est contemporaine de la reconstruction du village qui avait été démolie en 1589 par le duc de la Valette parce que ses habitants avaient osé lui refusé le passage. On aperçoit encore un chevet à 5 pans, une partie de la nef. Je n’ai pas trouvé la pierre romaine réemployée dans l’édifice (voir site de la DRAC) mais il est difficile de contourner le monument et impossible d’entrer dans l’édifice par les escaliers. Histoire de Montjustin d’après Raymond Collier, dans la Haute Provence monumentale et artistique, Digne, 1986

IMG_0029.jpgPar un escalier le long du bâtiment affecté aux toilettes (bien entretenues !), nous atteignons la mairie qui a posé sur sa façade l’affiche des deux otages français en Afghanistan. Nous nous rendons au cimetière en suivant le sentier (PR jaune : Céreste par la plaine) où deux artistes célèbres ont été enterrés. Nous contemplons les crêtes du Luberon, la plaine de Reillanne et d’Apt, le Ventoux au lointain.

IMG_6370.JPGA peine visible sous les frondaisons, le cimetière éloigné du village, semble abandonné. Nous ne voyons aucune croix, aucun monument de marbre. La tombe du célèbre photographe Henri Cartier-Bresson, est simplement plantée de pieds de lavandes et massif de bruyère, avec un jeune olivier protecteur à son pied. Un contraste saisissant avec la célébrité de l’homme. http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Cartier-Bresson

« En fin de compte, la photo en soi ne m´intéresse absolument pas. La seule chose que je veux, c´est retenir une fraction de seconde de réalité ». Pour Cartier-Bresson, l’image naît d’un instant, sous l’œil attentif du photographe qui déclenche spontanément. Légende vivante de la photographie, il témoigne de l’histoire d’un siècle au travers d’images prises sur le vif, instinctives et parfois prémonitoires. l’Express

Centenaire de la naissance de H. Cartier-Bresson Fondation HCB

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Le circuit du gypse et le rocher de Sainte-Madeleine


Après la balade du matin que nous avons voulu facile, nous décidons sur les conseils d’estoublon, de faire le circuit du gypse préparé par la réserve géologique à Thoard. Il fait chaud ; l’enthousiasme n’est pas débordant mais nous sommes motivés par la découverte du refuge d’art de la chapelle Sainte-Madeleine en bordure de falaise, en haut du rocher, et la carrière de gypse. D’un point du vue géologique, nous trouvons des paysages contrastés, la vallée des Duyes se trouvant autrefois en bordure de la mer qui recouvrait la Haute-Provence et également au pied des montagnes ; le sable accumulé forme le grès que l’on voit aujourd’hui. La limite de chevauchement est soulignée par les affleurements de gypse qui ont servi de ‘savon tectonique’ à la nappe de charriage de Digne. Géologie de la vallée des Duyes

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IMG_5442.JPGimage44.jpgLe départ par le GR de pays « grande traversée des préalpes » ou GTPA, se trouve à la Bannette à Thoard, ou sur le parking aménagé un peu plus loin. Il grimpe, grimpe sur les cailloux puis tourne à gauche, longeant des champs pentus dont des champs de lavande plus ou moins abandonnés ; le monument du souvenir des résistants nous rappelle qu’ici deux jeunes ont été assassinés par les allemands lors de la seconde guerre mondiale. L’ADRI a même publié un livre permettant de découvrir tous les chemins de la résistance. Les chemins de la liberté – sur les pas des résistants de Haute-Provence, ADRI – AMRID, ADRI-AMRID, 2004

image48.jpgNous délaissons alors le GR pour grimper sur le rocher de Sainte-Madeleine curiosité géologique dont la nature n’a rien à voir avec les terrains qui l’entourent : il s’agit soit d’un élément arraché à un relief voisin et entraîné ici lors de la mise en place de la nappe de Digne, soit il correspond à un repli de la nappe de Digne (A travers la réserve géologique de Haute-Provence, ADRI/Réserve géologique, ADRI, 2000) ; autrefois les paysans de la vallée de Thoard se servaient de l’ombre projetée par le rocher pour connaitre l’heure. A midi le rocher est totalement éclairé.

Nous passons près de l’antenne et rejoignons la chapelle Sainte-Madeleine devenue refuge d’art, collection hors les murs du musée Gassendi de Digne, datant de 2002. De loin, sa situation ressemble fort à celle de la chapelle Saint-Michel de Cousson : très proche de la falaise. Quand nous nous trouvons face à l’entrée, sans porte, nous reconnaissons tout de suite l’œuvre d’Andy Goldsworthy qui marque de son empreinte toute la Haute-Provence ; un oeuf de pierres plates et bien alignées, à taille humaine, invite à nous y lover ; c’est ce que souhaite l’artiste, ce que nous ferons, comme tant d’autres avant nous. IMG_5450.JPGDeux rais de lumière pénètrent dans la chapelle par de IMG_5461.JPGdiscrètes ouvertures dans la toiture. Alors que nous profitons du silence assis sur le banc, soudain des bruits de moteurs rageurs nous ramènent à la réalité : quatre quads déboulent près de la chapelle. Les visiteurs y jettent un oeil rapide ; au cours d’une brève discussion, nous retenons une bonne adresse : celle du restaurant la Bannette où il vaut mieux réserver. Ils repartent en trombe, abimant le sentier en déterrant même les grosses pierres.

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La chapelle Saint-Gabriel


IMG_1968.JPGIMG_1969.JPGUne petite randonnée sans prétention extraite du guide Les Bouches-du-Rhône à pied La Provence, Comité 13 FFRP, Comité départemental du tourisme, FFR 2002 où le seul intérêt réside dans la chapelle elle-même. Construite sur le rocher, la chapelle Sainte-Gabriel date du 12è siècle : « nef unique voûtée en arc brisé, bel appareillage de pierres, couvertures de lauzes. Spendides ornements de la façade au décor antiquisant ». Le tympan de la porte juxtapose deux scènes : vous reconnaitrez peut-être l’une d’elle sur la photo de gauche, Daniel entre deux lions, les bras étendus dans l’attitude de la prière. Et au dessus, encastré dans le fronton, le bas-relief de l’Annonciation et de la Visitation. D’après Promenades en Provence romane – Itinéraires culturels, Guy Barruol et J.M. Rouquette, Editions Zodiaque, 2002

Nous avons un peu de mal à repérer le départ derrière les oliviers (à droite de la chapelle, GR6) mais le GPS nous aide. Nous circulons sur une longue piste forestière un peu ennuyeuse, jusqu’à un carrefour avec le seul point de vue du circuit : c’est le début du balisage jaune.
IMG_1964.JPGLà les papillons se sont donnés rendez-vous. Nous accélérons le pas car passé 11h, la circulation des personnes sera interdite dans les massifs forestiers.

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IMG_1957.JPGPlus haut sur la colline se dressent encore les murs d’une ancienne haute tour médiévale, aux murs lourds bien carrés, à laquelle nous ne pouvons accéder. Le village était encore prospère au XIIè siècle, pour confier à un très grand artiste la décoration de son église. Selon Promenades en Provence romane – Itinéraires culturels, Guy Barruol et J.M. Rouquette, Editions Zodiaque, 2002

IMG_0009.jpgSur un arbre, les cigales ont laissé leur dernière mue : en juillet, elles délaissent leur costume trop petit pour entamer leur vie à l’air libre.

La nymphe sort de terre et se fixe sur une tige ou un tronc, et commence sa dernière mue ou « mue imaginale ». La cigale se transforme alors en insecte adulte dit « parfait », ou imago, pour se reproduire durant seulement un mois et demi. Extrait de wikipedia, Cicadidae

Si cette petite randonnée est couplée à la découverte de la Mourgue, la visite des carrières du Val d’Enfer, et la cathédrale d’images des Baux, par exemple, elle vaut le déplacement.

IMG_1976.JPGLa Mourgue, que j’ai cherchée longtemps parce qu’elle avait été déplacée du champ où elle se trouvait, devant le portail d’une société dans le parc d’activités de la Laurade, est une pierre grossièrement sculptée qui serait une représentation divine de l’époque pré-romaine. Mon acolyte y a reconnu deux personnes, d’autres y voient une religieuse. Peut-être une divinité de la fécondation ? Le terme vient du roman morga, devenue mourgue en provençal et moniale en français (Source : Guy Bègue-Willier).

Le spectacle audiovisuel de la cathédrale d’images à l’intérieur d’une carrière des Baux, est chaque fois un enchantement. L’entrée, dite Jean Cocteau, se fait par une gigantesque porte qui s’ouvre sur un couloir de soixante mètres de long où s’élèvent des piliers de cinq à dix mètres de base et de neuf mètres de haut. « C’est dans ces lieux qu’étaient extraits jusqu’en 1880 des blocs de deux mètres cubes, d’abord à la barre de fer, puis à la scie crocodile. » Des expositions complètent désormais le spectacle. Pendant une heure ou plus, vous serez au frais tout en déambulant au gré de vos envies dans les différentes salles qui surprennent par leurs images géantes projetées sur les murs lisses de la carrière. Une surprise par salle : un style ou un scénario différent. Création du photographe Albert Piécy en 1975, ce spectacle se renouvelle chaque année. En 2010, c’est l’Australie. Cette année là, c’était Picasso :

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St Gabriel image de l’itinéraire 4km275 1h10 déplacement 121m dénivelée

Autour de nous, d’immenses champs de tournesols colorent le paysage. Pas étonnant que des peintres comme Van Gogh, Piet Mondrian, Joan Mitchell aient été inspirés par ces  fleurs.