Une île de Lérins : Saint-Honorat


img_6715r.JPGDe la tranquillité, une nature généreuse, quelques vestiges de l’ histoire des moines de Lérins, pas de voiture ni base de loisirs, voilà l’île Saint-Honorat, 1,500km de long sur 400m de large ; le quart de la surface est occupé par la vigne et les oliviers. Nous n’étions pas beaucoup à débarquer sur l’île en ce 14 février. Les visiteurs se montrent respectueux du calme de la vie monacale et de la nature que l’on n’a pas voulu domestiquer. 70000 visiteurs par an, seulement.

 

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Le site officiel de l’abbaye de Lérins

IMG_6815r.JPGimg_6817r.JPGSurprise en visitant la nouvelle église (1875) : celle de trouver des croix de Malte rouges sur img_6785r.JPGles piliers de la nouvelle église, à chacune des 14 stations du chemin de croix. Je cherche alors les liens qui peuvent encore unir cette île à Malte  mais je ne trouve que la célèbre pierre de Malte irisée par la lumière avec laquelle est construite l’abbatiale. C’est l’hypothèse de frère Gilles. Peut-être est-elle le signe des Templiers qui  portaient un manteau blanc avec la croix de Malte rouge et défendirent Cannes et les îles au moyen-âge ?

Que de déboires depuis l’arrivée sur l’île, vers 410, d’Honorat, Caprais et leurs compagnons qui forment une communauté de moines rayonnant dans toute la Provence !

  • Après avoir été battus par Charles Martel, les Maures se replient en Provence où ils brûlent Cimiez et Lérins en 734 ; 500 moines et l’abbé saint Porcaire II sont tués.
  • La menace insidieuse des corsaires musulmans catalans ou andalous se poursuit par des raids surprises sur les côtes des Alpes Maritimes. En 1047, l’île de Lérins est de nouveau dévastée et les jeunes moines sont emmenés en Espagne musulmane. Vers 1073, l’abbé Adalbert II débute la construction du monastère fortifié mais à la Pentecôte de 1180, des pirates massacrent plusieurs moines.
  • Les abbés de Lérins construisent au sommet de Cannes (fin XIème), une tour, un château et une enceinte destinés à protéger les pêcheurs des Sarrasins. Ce sont des ordres religieux qui assument la direction de cette défense : les templiers d’abord, les chevaliers de Malte ensuite. En 1327, un système de signalisations par des feux est installé entre la tour du monastère fortifié et celle du Suquet à Cannes.
  • 1400 : l’île est pillée par des corsaires gênois. Dès lors le bâtiment sera défendu depuis  le monastère fortifié où résideront les moines.
  • En 1464, le roi désigne parmi ses courtisans un abbé à la tête du monastère afin de mieux le contrôler. C’est le début du déclin.
  • 1635 : Richelieu déclare la guerre à l’Espagne. La flotte espagnole débarque sur les îles de Lérins. Avec les 59 vaisseaux équipés à Toulon, l’escadre d’Escoubleau de Sourdis, archevêque de Bordeaux, enlèvent les îles de Lérins aux Espagnols, aidés de 300 biotois (Biot appartenait alors aux chevaliers de l’Ordre de Malte).
  • 1637 : à leur départ, les religieux réfugiés à Vallauris sont rappelés.

img_6736r.JPGSelon la tradition, les premiers moines vivaient dans les 7 chapelles dispersées tout autour de l’île : nous irons toutes les découvrir ; celle dédiée à Saint-Michel est totalement ruinée. Le nom de celle de la Trinité est reflété par son architecture : elle possède une abside flanquée de deux absidioles. Certaines portent des traces d’occupation militaire lorsque les espagnols se sont installés sur l’ile : par exemple, la chapelle Saint-Sauveur a été transformée en poudrière.

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IMG_6757r.JPGLa forteresse qu’on aperçoit de loin au bord de l’eau, est de taille impressionnante. Nous en visitons chaque étage avec des cris d’admiration devant le travail de sculpture dans la pierre. Au XVIème siècle, elle comptait 90 pièces pour 15 à 30 moines (ci-dessus un plan de 1775) Continuer la lecture de Une île de Lérins : Saint-Honorat

*** Circuit de la glace dans le Var


Visite guidée de 3 glacières et du musée de la glace à Mazaugues.  J’ai enfin compris comment on fabriquait, stockait, distribuait la glace entre le XVIIè et le XIXè siècle en Provence ! Ada ACOVITSIOTI-HAMEAU de l’ASER, se montre passionnante et incollable sur le sujet. Pas si souvent que dans une de mes balades, la tête et la voiture servent plus que les jambes !

Entrecasteaux glacière privée

Glacière privée du chateau d’Entrecasteaux construite contre le rempart. La dame de Venel a obtenu en 1648 le privilège de construire des glacières, vendre et débiter la glace dans toute la Provence. Les villageois alimentent la glacière l’hiver par l’eau qui gèle le long de la rivière, et peuvent bénéficier de glace l’été. ———————————–

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Glacière de Cotignac ayant servi à la communauté. Elle a été construite près de la source Saint-Martin en 1701, juste avant que l’homme d’affaires, Louis de Beaumont, n’achète le privilège de glacière à perpétuité. D’où les difficultés des consuls pour obtenir le droit de la faire fonctionner pour le compte de la communauté ; ils ont quand-même pu faire les enchères pour la fourniture de glace dès 1702. En difficulté financière, de Beaumont revend ses droits aux différentes communautés à partir de 1701.   Pour fabriquer la glace, les prairies étaient volontairement inondées. Suite à des malfaçons, des hivers trop doux, ne produisant pas suffisamment de revenus, elle est progressivement abandonnée. Le conseil de Cotignac la met en vente en 1719. ———————————–

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Glacière Pivaut MazauguesGlacière Pivaut ou Gaudin, la dernière glacière construite dans le massif de la Sainte-Baume (fin XIXè siècle), ayant peu servi mais fort bien construite. 25m hauteur, 19,80m de diamètre extérieur, des murs de 2,50m d’épaisseur. Face à elle des bassins de congélation et la rampe de remplissage par laquelle la glace était introduite dans la glacière. Le canal d’évacuation des eaux de fusion, quelques mètres plus bas, est très frais : elle devait être efficace cette glacière. Plusieurs hautes porte-fenêtres permettent de charger et décharger la glace à deux niveaux de remplissage ; d’autres ouvertures pouvaient servir pour l’éclairage de nuit ; ou l’évacuation de la chaleur, le contraire en somme de ce qui se passe dans nos maisons l’hiver…

« à partir de mai, quotidiennement, des blocs de matière première étaient remontés en fin de journée. Ces pains de glace recouverts d’étoffes, de paille et de fougères, étaient alors chargés à dos d’âne ou sur des charrettes. Ils étaient acheminés, la nuit, vers Toulon, Aix ou Marseille. La plupart du temps, les hommes traversaient la Sainte-Baume du nord au sud. Au petit matin, les livreurs arrivaient en ville pour approvisionner les commerçants et les particuliers. » Extrait de Var Matin, 2008 et rapporté dans la mémoire gravée dans la pierre, site maville.com

Impressionnante ! à voir absolument ! les geocacheurs pourront la découvrir sous le numéro GC160VZ et son nom évocateur Bien fraiche ! S.V.P.

Le saviez-vous ?
Lors de l’assemblée générale de l’ASER où nous étions en novembre 2010, j’ai appris qu’il existait autrefois une toute petite commune appelée Meinarguette.

J’ai retrouvé un projet de loi de la chambre des députés en date du 8 juin 1839 tendant à réunir la commune de Meinarguette à la commune de Mazaugues : la commune n’a que 100 habitants et 240 francs de revenus ordinaires. Le conseil municipal de Meinarguette a reconnu la nécessité de cette mesure mais la commune de Mazaugues préférait que Meinarguette soit rattachée à Signes. Elle fut finalement rattachée à Mazaugues en 1839. Extrait des Archives parlementaires, recueil complet des débats législatifs et politiques des Chambres françaises de 1800 à 1860, 2e série, 1800-1860, P. Dupont (Paris), 1862-1912. Histoire de Meynarguette, par l’ASER du centre Var

Découverte des villages de Cotignac et Entrecasteaux, blog de Fouchepate
Le musée de la glace et la glacière Pivaut, blog du Petit Pierrot
Histoire de l’eau à Hyères, avec sources bibliographiques
Evocation de la glacière du Bertagne, à la Sainte-Baume dans une note de ce blog Trois itinéraires pour le pic de Bertagne et celle de Mimet dans les grottes de l’Etoile
Information transmise par Fouchepate dans son commentaire : il existe
« …un téléfilm : la Bastide blanche qui retrace cette époque d’après le roman “La Bastide Blanche” de Jean-Michel THIBAUX, Editions Presse de la Cité »

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Cette note a été aimablement relue par notre guide Ada Hameau que je remercie vivement.

L’artisanat de la glace en Méditerranée occidentale – supplément n°1 au cahier de l’ASER, Ada Acovitsioti-Hameau, 2001 (ré-éd.) – 120 pages

L’île de Porquerolles, du Langoustier à l’Alycastre


toulon-et-places-adj-1756.jpgNous arrivons à la Tour Fondue, sur la presqu’île de Giens, quelques minutes seulement avant le départ de la navette. Le stationnement y est obligatoirement payant. Après une traversée tranquille d’une vingtaine de minutes, nous débarquons sur le port plein de monde qui s’égaille progressivement vers les plages.

L’ensemble des îles fut érigé en seigneurie par François 1er sous le titre de marquisat des îles d’or (à cause des reflets dorés des micaschistes ?), à charge pour le marquis de les mettre en labour et de les garder contre les corsaires.  Robida Albert (1848-1926), La vieille France.

Après avoir appartenu à des particuliers, la presque totalité des îles sont acquises par l’état pour en sauvegarder le patrimoine naturel.

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img_3718.JPGNous avons prévu de découvrir les forts, à chaque extrémité de l’île, près desquels deux caches sont placées. Si vous regardez la carte des îles d’Hyères, vous vous apercevrez que les systèmes de défense sont vraiment nombreux sur cette petite surface : près du débarcadère, avec le fort Sainte-Agathemyrte.miniature.jpgà l’ouest, sur l’île du petit Langoustier1 (construit sous l’autorité de Richelieu), un autre sur la pointe du grand langoustier1 ; à l’est, au lieu dit la Repentance, l’ancienne batterie Galéasson, et le fort de l’Alycastre2 (construit sous l’autorité de Richelieu). Le matin, nous longeons la côte festonnée de plages de sable bordées de pins, de img_3730.JPGbruyères et de myrte (Photo de droite : Parc national des îles d’Hyères) odoriférants. Je suis surprise que presque tout le parcours soit ombragé. Passage devant la plage d’argent. Soudain Ti’Mars… s’écrie :

« Un homme à la mer ! »

Etonnement. Il me montre l’écran de son GPS ; l’alerte est bien écrite en clair. Ah ! c’est beau le dernier cri de la technologie ; la trace de son parcours se dessine clairement dans l’eau de la mer. Je regarde mon écran : ma trace est bien sur terre. Réinitialisation de son GPS. Rien n’y fait. Finalement, nous découvrons que la cartographie livrée ne contient pas les îles de la Méditerranée. Près du fort du grand Langoustier1 qui surveillait la petite passe, nous observons de près les goélands maîtres des lieux qui couvent à même le sol. Derrière, une petite île héberge les vestiges du fort du petit Langoustier1. img_3728.jpgimg_3737.JPG

Leur occupation mettait le littoral méditerranéen à l’abri d’un débarquement entre Toulon et Saint-Tropez […] Les premières fortifications y furent édifiées entre 1634 et 1643. Ensuite on y implanta une poussière de batteries qui furent déclassées, pour la plupart vers 1884, au profit des 2 plus récentes disposant d’un armement moderne, à savoir la Fort du grand Langoustierimg_3743.jpgbatterie de Repentance sur Porquerolles et de l’Éminence sur Port-Cros. […] Les décisions de désarmement tombèrent les 21 novembre 1881, 13 octobre et 31 décembre 1882. »  (Extrait du site Index des fortications françaises 1874-1914 des Iles d’Hyères)

Au début du siècle, les habitants de l’île, pourtant peu nombreux, avaient  la réputation de croire aux esprits ! Voici ce que rapporte le mèdecin de la marine dans Revue maritime (Paris), France – Service historique de la marine, tome 153, Librairie militaire R. Chapelot et Cie, 1902) :

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Retour par l’intérieur des terres où nous découvrons quelques hectares de vignes du domaine de l’Ile encore vendangées à la main : Porquerolles a même son AOC Côtes de Provence que nous ne manquerons pas de goûter !
img_3757.JPGFort de l’AlycastreL’après-midi, direction du fort de l’Alycastre2 le long de la grande plage. Entouré d’une enceinte en étoile, il a servi de prison d’état à partir de 1848. Non loin de la pointe rocheuse, quatre navires antiques ont sombré. Toute proche, la plage du Lequin est bien tentante en cette chaude fin d’après-midi  ; plus éloignée du port que les autres, elle n’est pas très fréquentée : un petit bain s’impose avant le retour.Le parc national de Port Cros.

Itinéraire des forts Porquerolles (14,500km – 3h20 env. – dénivelé 70m)

Les chemins de Porquerolles, site personnel

Indéniablement, cette île vaut le déplacement : pas de voiture rien que des vélos et des piétons, des sentiers de promenade bien balisés, des plages, faune et flore souvent uniques mais protégées.

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Un grand merci au geocacheur Jack83 pour le fort de l’Alycastre et l’île de Porquerolles 2 qui nous ont permis de re découvrir le bonheur d’une journée à Porquerolles. Une autre cache de Jack83 à ne pas manquer : la résurgence du Ragas.

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1Langoustier : « la langouste a donné son nom à la presqu’île et à son environnement ; dans un écrit de 1712 on trouve Fort du Lingoustier encore plus proche de la lingusta provençale »
2Alycastre : « c’est sur la carte de Tassin en 1634 que l’on voit apparaître pour la première fois le nom de Licastre. Il s’agit probablement d’une déformation de « le castre » (le château) qui était alors en construction »
(selon la note du petit Pierrot)