La plaine de Fos à Meyreuil


D‘après une idée de lorenzotess sur visorando (Boucle de la plaine de Fos), j’ai bâti mon propre circuit à partir du parking derrière la station Total et le relais de Claire Fontaine sur l’ancienne nationale 7 ; si la chapelle de la Morée ne vous intéresse pas, il est sans doute possible de vous garer derrière l’arrêt de bus Pont-de-Bayeux au grand carrefour avec la route de Martina, pour limiter le trajet sur route.

Presque 700m le long de la route avant d’atteindre le début du sentier route de Martina (GR2013 Marseille Provence Métropole) ; après le petit pont sur l’Arc et le vieux panneau d’information sur le massif du Montaiguet, une large piste grimpe sur votre gauche. Rapidement un insolite paysage ruinique me fait penser au célèbre site des Mourres à Forcalquier : des ‘colluvions’ indique le BRGM sur le site infoterre. Il va falloir passer sur les mamelons rocheux informes et les limons sableux, isolés, qui contrastent avec le reste du parcours.

Une colluvion [pastille grisâtre sur la plaine de Fos de la carte ci-contre] ou un dépôt de pente est un dépôt meuble sur un versant, mis en place par gravité […]. Elles nappent, sur le bas du versant, la roche en place. Les éléments ont subi un faible transport, à la différence des alluvions. wikipedia

Le sentier bien visible grimpe jusqu’à la crête; de là, Sainte-Victoire apparait sur fond de ciel bleu avec sa Croix de Provence bien visible ; parfois elle joue à cache-cache derrière les arbres ou avec le plateau du Cengle. Silence total, aucune personne rencontrée, aucun cri d’oiseau.

A la faveur d’une trouée, je peux reconnaître dans la vallée, le domaine de Valbrillant – bastide du XVIIe– et son pigeonnier.

Lors des troubles révolutionnaires, le chevalier de Guiramand fut arrêté dans cette propriété. Une bande armée de paysans le conduisit sur une charrette jusqu’à Aix, où il fut pendu à un arbre du Cours Mirabeau, le 14 décembre 1790.

Wikipedia

[XVIIIe] On raconte que le marquis [Constance de Bougerel] de Fontienne [Alpes-de-Haute-Provence], propriétaire des lieux, se cachait dans un arbre creux énorme pour échapper à ses poursuivants… Dans le même temps, l’abbé François Mallet, vicaire de Meyreuil, célébrait la messe de nuit dans la chapelle de la tour, se cachant le jour sous les habits d’un valet de ferme.

Ce marquis de Bougerel, dernier de la lignée, était fils d’Alphonse, et petit-fils de Balthazar François marié à Marianne d’Albertas ; des recherches récentes permettent de penser que celle-ci a croisé Casanova en mai 1763 ; il s’était arrêté, de nuit, au château d’ALBERTAS à Bouc, suite à un accident de carrosse. Il tentera en vain de la revoir. Rues d’Aix (Pages perso)La Provence, 25/04/2015, les jardins d’Albertas avancent à pas masqués

Constance de BOUGEREL de FONTIENNE avocat à la cour d’Aix, né en 1802 à Aix, décédé le 26 novembre 1846 à Aix, sans alliance, dernier de sa famille.

http://genobco.free.fr/provence/Bougerel.htm

Je longe le grillage d’une propriété bâtie 10 m en-dessous. A la cabane de chasse, contrairement au tracé initial, je reste au plus près de la crête et galère dans le raide et inconfortable sentier qui aboutit directement près du carrefour mais il faut passer dans un fossé touffu dont on ne voit pas le fond, pas si facile que ça. L’alternative consiste à descendre vers la droite un peu avant, à la cabane de chasse.

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Gardanne-Meyreuil : circuit inter-urbain


Partie du classique parking du pavillon de chasse du Roy René, j’ai choisi un parcours facile inter-urbain ; j’ai retrouvé le GR2013 – dans une partie commune avec le GRP Sentier Provence mines d’énergie – que je n’apprécie pas trop malgré les efforts des auteurs pour éviter la route.

Parc derrière le pavillon de chasse

Pour rejoindre puis traverser la route très passante D7 d’Aix à Gardanne, j’ai traversé le parc derrière le pavillon de chasse. Après être passée devant l’écomusée de la forêt, je monte la route allant vers le quartier de Roman et Meyreuil, bordée le plus souvent d’un sentier aménagé à droite, tout en petites bosses.

cheminée de Gardanne

Bien surveiller le balisage qui tourne à droite dans les bois au niveau d’une ligne électrique, permettant de voir les deux tours de réfrigération de la centrale à charbon et la fameuse cheminée de 297m de hauteur de l’usine de Gardanne. Je redescends sur le chemin de Roman (une route en vérité !) qu’il faut suivre sur 3 km. Sur la gauche, entre les maisons, vous pourrez deviner les contreforts du Montaiguet, la colline des Aixois.

Oratoire Benoit Labre

Avant de tourner à droite dans le chemin de Roman, en écartant les herbes folles qui le masquent, l’oratoire de Saint-Benoit Labre (Amettes 1748 – Rome 1783), saint du XVIIIe et pourtant peu connu, qui s’est réfugié dans la grotte de Chicalon dans le Montaiguet durant son court séjour à Aix en 1773. De ce carrefour, vous pouvez vous y rendre ; à lire dans ce blog Sur les traces de saint Benoît Labre. Partout où il est passé, un oratoire a été élevé : vous en trouverez un à Beaurecueil, au Tholonet, à Gémenos, depuis 2016 au sanctuaire de saint-Gens au Beaucet, Artigues,… Biographie

Dans le village de Meyreuil où il s’arrêta et trouva asile dans la famille Lafarge (célèbre depuis pour ses ciments, chaux et béton), il prédit que ses descendants feraient de grandes réussites en affaires, faits exacts qui arrivèrent par la suite.

Route Europe chrétienne
Lieu-dit Le Château

Arrivée sur la commune de Meyreuil. Les deux GR se séparent. Bientôt je quitte la route pour un chemin balisé par un panneau portant un petit bonhomme bleu ; il passe au lieu-dit Le château dont la particularité est qu’il est doublé d’un chemin pour la promenade des chiens !

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De la glacière à la chapelle Saint-Pancrace de Puyloubier


Tout a commencé lorsque, en étudiant le cadastre napoléonien de Puyloubier (= colline des loups), je repère un petit cercle marqué ‘glacière’ dans le bois de la Glacière ; je n’ai rien vu lorsque j’ai parcouru le sentier vigneron qui passe pourtant bien près. André m’envoie une photo aérienne sur laquelle il l’a repérée. J’en profite donc pour ajouter quelques points d’intérêt.

Nous partons de la cave des vignerons, passons devant le lavoir communal, le parking des Vertus et descendons le chemin un peu boueux menant au vieil oratoire Saint-Roch. Nous longeons le bois jusqu’à être à l’aplomb de la glacière dont on aperçoit les ruines depuis le chemin.

Une construction couverte en ogive pourrait être une ancienne source ; nous avons été surpris de l’humidité présente partout : beaucoup de puits, ruisseaux, citernes, lavoirs témoignent de ce passé hydraulique.

Bien que proche de celui-ci, la glacière n’est pas si facile d’accès : terrain embroussaillé, raide et glissant, bois mort au sol, il faut grimper tout en passant au dessus des obstacles. Murs épais, toiture écroulée, 5 m de diamètre intérieur ; on devine cependant l’entrée par laquelle on chargeait la glace à rafraîchir l’hiver ; l’intérieur est comblé et colonisé par une végétation humide. Où étaient le(s) bassin(s) de congélation ? devant la glacière ou près de la source du domaine la Tour ? A l’arrière côté vallon, à l’accès un peu risqué (c’est André qui a pris le risque !) se trouve probablement l’évacuation des eaux de fonte.

Une glacière est une construction souterraine, couverte, dans laquelle on accumule de la glace que l’on a fait geler l’hiver dans des bassins, pour la récupérer l’été ; au XVIIe, petit âge glaciaire selon Le Roy Ladurie, c’était encore possible même à faible altitude. La glace est transportée sur des charrettes jusqu’au lieu de débite. Ceux qui sont assez riches paient un impôt sur la parcelle où elle est construite.

Puyloubier n’est pas indiqué dans les actes notariés étudiés par Jean Proust dans Développement des glacières provençales au XVIIe siècle et la glacière de Pélissanne, Actes de la première rencontre internationale sur le commerce et l’artisanat de la glace, Brignoles, 1994, ce qui nous prive de sa datation. La majorité des actes concernent les bourgeois, marchands et hôteliers. Comme celle de Puyloubier est en ruine en 1826, on peut supposer qu’elle date du XVIIIe et qu’elle a été construite par le propriétaire précédant Louis Camoin, de Marseille.

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