L’île de Costebelle ou la colline dominant le village englouti dans le lac de Sainte-Croix


J‘avais déjà entendu parler du village des Salles sur Verdon, noyé dans le lac de Sainte-Croix pour les besoins du barrage. Je me demandais comment ses habitants avaient pu vivre cette destruction et ce qu’il restait aujourd’hui de l’ancien village.

De la vallée fertile et cultivée bordée de hauts reliefs ne subsiste plus aujourd’hui qu’un îlot verdoyant posé au centre du lac. C’est le sommet du relief dit de Costebelle. Extrait du site Parc naturel régional du Verdon : les Salles sur Verdon

La météo aujourd’hui à cet endroit
Avec la température ressentie

img_9131-300x224.jpgNoyée dans les eaux du lac, cette colline de 508m de haut, ne peut être atteinte qu’en bateau ou en pédalo que l’on peut louer à la base nautique. D’après le premier projet de l’EDF, elle aurait dû être complètement sous les eaux. Selon le cabaretier du nouveau village, il est parfois possible de rejoindre Coste Belle à gué, mais pas en cette saison où il y a trop d’eau. Nous optons pour le pédalo. En 10mn, nous y sommes. Après la recherche rapide de la cache « Costebelle » de ruettenscheider, j’erre sur cette portion de terre, cherchant quelques traces du passage des hommes en cette seconde moitié du XXème siècle. Voilà une cache innovante dans son mode d’approche et spéciale par l’histoire du lieu où elle est placée. Bravo ruettenscheider.

img_9134-224x300.jpgimg_9136-224x300.jpgimg_9138-224x300.jpg

Mais le décor est lugubre, désert comme après une catastrophe ; la végétation a repris ses droits de manière désordonnée, tout en laissant deviner encore des zones clairsemées – d’anciens chemins peut-être ? – quelques pierres, des tas de galets se cachent derrière la végétation – vestiges d’un ancien abri de berger ? Sur les plages artificiellement fabriquées par l’homme, poussent des arbres gringalets. Il est facile de se perdre : il n’y a plus aucun point de repère. Parce que je sais que l’ancien village n’est pas loin, à 35m sous l’eau, ces paysages atypiques me laisseront une sensation de malaise, tandis qu’au loin, sur une plage de la pointe de l’île, s’égaillent en tous sens des enfants heureux d’être en vacances.

J.J. Grézoux, Président de l’association « Mémoire des Salles-sur-Verdon », écrit :

En fait, comme rien ne le précise, nombreux sont ceux qui vont, en toute innocence, visiter le site, et lui retirent ainsi ce statut de sanctuaire naturel. Sanctuaire que l’île n’a jamais été autrefois, puisqu’elle était majoritairement recouverte de truffières, dans les parties où se trouvent des chênes […]. Et dans les parties recouvertes de pins et de broussailles, les Sallois ramassaient des champignons (lactaires, …), aujourd’hui disparus.

N’avez-vous pas l’impression de voir dans le lac
l’ombre de la valléee dans laquelle était bâti l’ancien village ?…

salles_sur_verdon_lac.jpg

« Quoi de plus émouvant que le transfert des morts vers le cimetière du nouveau village. […]
Quoi de plus éprouvant que de voir disparaître l’endroit où l’on est né, où l’on a appris à lire, où l’on a vécu.
Quoi de plus douloureux que la transformation d’un paysage verdoyant et gai en véritable désert.
Quoi de plus affligeant que de voir tomber les maisons les unes après les autres sous les coups de boutoir des bulldozers. »
d’après Monographie des Salles-sur-Verdon, Simian François (ancien instituteur du village).

Le site Les Salles, un site une histoire nous plonge dans la réalité de l’époque : avec la série de photos avant et après la démolition, on sent bien que chaque quartier du village a perdu progressivement son âme. J’imagine le désarroi de ses habitants et en particulier celui de M. Signoret dont la maison baigne déjà dans l’eau, et qui, jusqu’au bout, n’a pas voulu la quitter. La fin, extraits :

  • 2 janvier 1974. Victime d’un bulldozer, la ‘203’ d’Henri Constant ne connaîtra jamais le nouveau village
  • Le 1er mars 1974 à 8h, les forces de Gendarmerie évacuèrent les derniers habitants des Salles-sur-Verdon.
  • 5 mars 1974, 16h45 : l’église de l’ancien village disparaît à tout jamais dans une gigantesque explosion.
  • 28 mars 1974. Route d’Aiguines. Au loin, un dernier bulldozer s’évertue à aplanir les gravats.
  • Mai 1974 : De l’ancien village il ne reste que des souvenirs… et un si vulgaire tas de pierres

Autre point de vue, froidement technique, celui de l’EDF qui, sur la page consacrée aux aménagements du Verdon écrit : « L’emprise du lac a nécessité de reconstruire le village des Salles sur Verdon, de rétablir 25 Km de route et de créer deux ponts. »

img_9128-300x224.jpgimg_9144-300x224.jpgLe sentier de Toine et le parcours historique permettent de faire le tour du nouveau village (cache GCXP22 Les Salles). On peut y voir quelques vestiges de l’ancien : la fontaine située à côté de la mairie, deux lavoirs et de nombreux encadrements.  Sur le sentier botanique, après avoir longé le lac, près du terrain de camping, a été érigé le monument du souvenir, face à l’ancien village : des moutons de pierre. Signes de la richesse du village avant le barrage, cinq troupeaux de moutons y étaient dénombrés. On y ramassait aussi des truffes vendues au marché de Riez ; 7 alambics distillaient la lavande.

LSA730829_09_24_viada_moutons.jpgMoutons de pierre, monuments du souvenirDe village agricole, Les Salles est devenu village touristique. Proche du village de Sainte-Croix autrefois, il s’en trouve désormais éloigné, la route qui y menait ayant été noyée.

Boucle 6.670km, 2h15 avec les arrêts dénivelée 56m – marche et pédalo

blsqr05.gif

Merci à M. Grézoux, président de l’association « Mémoire des Salles-sur-Verdon« , d’avoir accepté de relire cette note et y apporter quelques précisions.

Les gorges de Badarel


img_9279r.jpgJ‘avais oublié l’interdiction de circuler dans les massifs du Luberon, situé en zone sud (voir interdiction de circuler en Provence 2008). Pour cette randonnée dans les gorges de Badarel1 au départ des Taillades, il faut que nous soyons rentrés avant midi. Nous ne renonçons pas à cette boucle sur laquelle 3 caches ont été posées par PAPY84. En tous cas, les sentiers sont bien balisés et les panneaux d’information bien situés à chaque carrefour de sentiers.

img_9275r-224x300.jpgimg_9277r.jpgDes cailloux, toujours des cailloux, trop de cailloux ! dans les éboulis, ça glisse sous les pieds. La  crau2 porte donc bien son nom. Les gorges, sans être aussi impressionnantes que celle du Régalon, offrent quand même deux passages délicats ; le verrou rocheux avec une échelle métallique et un pas mal calculé pour les tailles moyennes : c’est bien difficile d’attraper la main courante sur la gauche, et en plus, je me hisse sur une plate-forme caillouteuse. Le second passage sur une paroi raide où il faut mettre les mains, sans aide d’aucune sorte, m’a stressée pendant un instant : impossible de trouver un appui suffisamment large pour le pied. jp3 gorges de Badarel : GC1AGKH

img_9281r.jpgL’arrivée sur la crau du Colombier est reposante, ventilée agréablement, avec vue sur Cavaillon derrière nous et le géant de Provence [le mont Ventoux] devant, sur notre gauche : il ferait peut-être un bon panoramique pour renouveler le bandeau de mon blog… Deux chiens avec une clochette comme celle des troupeaux, devancent leur maître. Un groupe de randonneurs nous croisent. Nous les interrogeons sur la longueur du circuit pour savoir si nous aurons le temps de terminer avant 12h. Ils nous rassurent : le sentier dans les combes est plus facile.

img_9287r.jpgimg_9289r.jpgLa bergerie (cache jp5 la bergerie) est totalement invisible à travers la végétation tant que nous ne sommes pas à quelques mètres d’elle. Elle a été restaurée et, selon PAPY84, devrait être ouverte aux randonneurs. Pourtant, nous trouvons porte close. L’abri pour les animaux est vaste et encombré de gros bidons jonchant le sol. Nous nous demandons à quoi ils ont pu servir. Quant à l’abreuvoir extérieur, il n’est même pas digne d’abreuver les animaux et de figurer sur mon blog !

img_9294r.jpgLe sentier qui mène à la source de la belle marguerite est si bien caché que nous ne l’avons pas repéré. « Une curiosité naturelle qui fait de ce lieu l’un des rares points d’eau dans le Luberon. En fait, il s’agit d’une vasque dans laquelle tombe une goutte toutes les 5/7 secondes, mais il y a toujours de l’eau » (extrait du site Balades en famille). La grotte de la cache jp4 est bien là, non loin des bornes séparant les communes de Robion et des Taillades, offrant sa fraicheur pour quelques minutes de repos. Selon la carte des Baladins Vauclusiens, la baume de la belle marguerite est située plus bas, plus loin et abrite la source du même nom.

IMG_9283r.JPGEvidemment, le parcours continue en descente dans les cailloux. Combe3 par ci, combe par là : combe du colombier, de la taverne, de Vidauque. Coincé entre les barres rocheuses, le sentier est assombri mais frais, le GPS ne capte rien mais il est impossible de se tromper. Parfois nous entendons des cris d’oiseaux résonner, des cris que nous ne savons pas identifier, à part le geai peut-être. Pour une balade d’été, c’est un bon plan. Au croisement (CR1 sur la carte) de la cédraie, on laisse sur la gauche le sentier marqué d’une croix jaune qui mène à la roche percée, à quelques grottes dont la baume Martin (voir la description d’un autre itinéraire la combe de Vidauque et ses sites exceptionnels, sortie du 23/09/1997 par les Baladins Vauclusiens).

circaete.jpgEn sortant de la Combe de Vidauque, nous apprenons par un panneau que nous venons de traverser une réserve biologique du Parc naturel régional du Lubéron qu’il est interdit de survoler en delta, ULM ou parapente. Plusieurs espèces de grands rapaces devenus rares y vivent : l’aigle de Bonelli, le vautour percnoptère, le circaète Jean-le-Blanc (photo extraite du site Le monde des rapaces) et le hibou grand duc. Le site du parc naturel régional du Luberon nous parle de la faune des falaises connaitre la nature – falaises. Ne serait-ce pas l’un de ces rapaces que nous avons entendu tout à l’heure ? La dernière partie qui rejoint les Taillades par l’Aiguille est en plein soleil et il faut remonter une partie de ce que nous avons descendu. C’est la dernière difficulté.

Au final c’est un circuit agréable, varié, pas trop difficile, à faire le matin dès 8h si c’est l’été !

Merci Papy84 pour ce circuit geocaching.

* le parcours en sens inverse

* Randonnées en Vaucluse

* Itinéraire gorges de Badarel – bergerie – retour par les combes, 10.870km, 4h, dénivelée 400m (616m montée, 651m descente)

bullet1.gif

1badarel : ancien provençal de badareu, terrasse élevée, belvédère
2crau : plaine couverte de cailloux en Provence
3combe : vallon entre deux barres rocheuses

Le refuge de l’Estrop, le refuge du chant du monde


Démarrons bien :

  • Prononcez « Estro » et non Estrop1
  • Partez en pleine forme, bien équipé, après une bonne nuit de sommeil : c’est une randonnée sportive qui vous attend. Itinéraire de 18km A/R, 900m de dénivelée en montée puis 900m en descente, 6h A/R. J’ai eu une pensée pour Catherine qui fait si souvent des randonnées sportives à la journée… et de si belles photos !
  • Réservez par téléphone votre nuit au refuge pour avoir le temps et la force de monter sur la tête de l’Estrop le lendemain. Il est probable que vous n’aurez pas de réponse immédiate du gardien du refuge car, pour que son téléphone capte les messages, il doit monter sur la crête. Ce qu’il ne fait pas tous les 5 minutes !

La France

img_8502r-224x300.jpgNous sommes dans les Alpes-de-Haute-Provence mais ce sont des coins typiques de montagne qui vous attendent. Prads Haute Bléone, est un village reculé au nord-est de Digne, où ont été découverts récemment quelques fossiles d’ichtyosaures. Nous partons près du lac des Eaux Chaudes, 5km plus loin, lac que nous ne découvrirons qu’au retour : il est si petit et si bien caché que seul un petit bout de bleu apparait en contre-bas aux regards attentifs.

La légende du lac des Eaux Chaudes : il y a bien longtemps, un dénommé Quatorze, treizième enfant d’une famille nombreuse, fainéant et mécréant, se mit à labourer sa terre un vendredi saint.  En ce jour de la Passion, Dieu ne supporta pas l’affront et dans sa colère, engloutit le paysan et ses boeufs en créant ici le lac des Eaux Chaudes. Chaque vendredi saint, les eaux s’agitent : c’est Quatorze qui demande pardon…

Nous sommes sur le GR de pays Tour du Haut-Verdon Nord. img_8469r.jpgimg_8464r.jpgimg_8473r.jpgLes paysages rencontrés se suivent sans se ressembler, les difficultés aussi. ça commence par un un large et long chemin presque plat qui traverse à gué le torrent de Male Vesse, côtoie quelques chalets à la Combe le long de la rivière avant d’entrer dans un sous-bois frais. Nous passons sur une passerelle construite par les gens du village pour traverser la Bléone. Au croisement avec le sentier qui rejoint le hameau de Favière, nous nous demandons déjà si ce ne serait pas plus court de passer par là au retour… ce que nous ne ferons pas.

img_8484r.jpgimg_8481r.jpgimg_0181.jpgQue dire de ce large pierrier qu’il faut traverser ou de celui qu’il faut remonter en glissant à chaque pas ? et ces interminables lacets qu’il faut monter sous le chaud soleil de ce début d’été ? nous entendons  une cascade, parfois nous l’apercevons aussi, comme la cascade de la Piche qui dégringole de toute la hauteur de la falaise verticale.

img_0192.jpgimg_0191.jpgAprès le passage de la vire rocheuse, le sentier étroit traverse un troupeau de moutons. Quelques brebis sont couchées mollement sur le sentier lui-même et refusent de partir à notre approche. Manifestement, elles sont proches de l’agnelage et c’est nous qui devons bouger. Comment font les autres pour ne pas tomber dans les pierres de cette pente raide ? Le berger et son patou ne sont pas loin. « Dans les élevages en extérieur, la brebis qui est prête à donner naissance à un agneau s’écarte du troupeau, ou bien elle s’immobilise et le troupeau la laisse en arrière au fur et à mesure qu’il s’éloigne en broutant. Elle cherche à s’isoler dans un endroit où elle peut construire un « nid », de préférence avec des herbes sèches (fourrage). La température de la brebis chute de 0,5° C dans les 48 heures qui précèdent la mise bas. […] Mais, surtout, la brebis arrête de brouter dans l’heure qui précède l’agnelage. »

img_01971.jpg« Tous les moutons2 ont tendance à se tenir à proximité des autres membres du troupeau, […]. Les agriculteurs exploitent ce comportement pour garder les moutons ensemble sur des pâturages non clos et pour les déplacer facilement. On peut aussi dresser les moutons pour qu’ils restent sur des pâturages bien précis non clôturés sans qu’ils aillent errer librement dans les zones environnantes. Les brebis enseignent ce comportement à leurs agneaux […] « . Extrait de l’encylopédie wikipedia

Continuer la lecture de Le refuge de l’Estrop, le refuge du chant du monde