La grotte de la baume Bonne au bord du Verdon à Quinson


IMG_0198.jpgRendez-vous devant le Musée de préhistoire des gorges du Verdon, à 9h15. L’animateur n’est manifestement pas chaud pour partir : la météo est incertaine, il y a risque de pluie et les sentiers risquent d’être dangereux. IMG_0202.jpgIls vérifient notre équipement de parfait randonneur mais devant l’enthousiasme de la trentaine de personnes inscrites, il cède, fait signer les décharges puis nous partons pour le sentier qui relie le Musée de Préhistoire au site majeur de la région : la grotte de la Baume Bonne (monument historique, 1992).

A l’époque de la construction du barrage, vers 1885, les ouvriers l’avaient surnommé la grotte des faux monnayeurs parce que le contre-maitre y fabriquait les jetons de cantine. Bulletin de la Société préhistorique française, la Baume Bonne à Quinson, B et B Botttet, 1947

IMG_0215.jpgIMG_0206.jpgPartant du Musée, le sentier balisé de jaune « Méyas par la Calliandre » serpente dans la garrigue des plateaux calcaires ; quelques passages fort glissants sur les rochers recouverts de feuilles mortes nous obligent par sécurité à nous accrocher aux arbustes. La montée est raide et l’arrivée sur le plateau nous soulage ; l’animateur s’arrête : à l’aide des panneaux d’information, nous essayons de nous représenter les lieux il y a 300 000 années à l’époque où, chassant le rhinocéros, ou le bouquetin dans les falaises,  homo erectus (note : le 13 août 2011, un homo erectus a été trouvé dans la grotte du Lazaret (06) et identifié par le professeur Henry de Lumey) n’avait qu’un petit quart d’heure de marche pour rentrer chez lui, à la grotte de la Baume-Bonne. Mais nous, à cause du barrage édifié par l’E.D.F. nous sommes obligés de faire un détour par cette falaise pénible. Depuis le barrage, quelques grottes ont été englouties sous les eaux.

IMG_0247.jpgIMG_0251.jpgLe chemin plonge brusquement dans les gorges ; après un passage protégé par une rampe métallique, nous empruntons un solide escalier avant de rejoindre la grotte de la Baume Bonne protégée par une grille fermée à clé. IMG_0234.jpg

Exposée au sud, protégée des vents dominants, près de la rivière (pêche), de la plaine en contre-bas et du plateau au-dessus (chasse), elle constitue un emplacement idéal pour l’homme préhistorique. On peut comprendre qu’elle ait donc été surnommée la « bonne grotte ». Comme elle se situe à 10m au-dessus de l’eau (mais à 50m au dessus du niveau naturel de la rivière), on peut même y venir en canoë à partir de Saint-Laurent du Verdon.

Grotte de la Baume Bonne, Banque d’images PACA, ministère de la culture

IMG_0258.jpgIMG_3093r.JPGLa grotte se termine par une impressionnante cloche karstique de 22m de haut, résultat de l’action des eaux de ruissellement et des eaux du Verdon (photo de droite). Les fils du carroyage posés par les derniers archéologues pendent du plafond de la grotte. Les fouilles ont permis de repérer plusieurs ensembles stratigraphiques empilés les uns sur les autres sur 5m de profondeur correspondant à plusieurs périodes d’occupation humaine durant le paléolithique. Les informations ci-dessous ont été rassemblées à partir de Modes de vie à la préhistoire, site prehistoire paca, Musée de préhistoire des gorges du Verdon, le guide des sites préhistoriques Provence-Alpes-Côte d’Azur, F. Boyer, Mémoires millénaires, 2006.

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Le vieux village de Quinson par la Quille


IMG_0043.jpgSuite à notre visite à l’office du tourisme de Quinson, IMG_0045-150x112.jpgnous décidons de monter jusqu’au vieux Quinson par la Quille. La fontaine de la place de la paix à deux bassins en fonte est occupée par des tortues. Huit fontaines datent presque toutes de la fin du XIXè siècle, période de construction du canal du Verdon dont la prise d’eau se trouve au barrage de Quinson.

16 août 1868 : « une crue subite poussa les eaux du Verdon dans l’enceinte de la ville qui détruisit à Quinson les premiers ouvrages de la prise du canal d’Aix, et emporta les échafaudages, la voie ferrée, les wagonnets ainsi que tous les instruments du chantier. » Annales des Basses-Alpes. Bulletin de la Société scientifique et littéraire des Basses-AlpesSociété scientifique et littéraire des Alpes-de-Haute-Provence, T.VII, Labord-Corusart, Digne, 1880-1943

Association Quinson, histoire et devenir

IMG_0047.jpgLe linge s’égouttait, accroché aux barres suspendues de chaque côté de l’ancien lavoir. Le bâtiment a été construit près des champs où l’on étendait le linge. L’arrivée de l’eau se fait par une petite fontaine décorative à l’extrémité du lavoir, face à la rue.

« La principale bugade […] se faisait au lavoir quatre fois par an (mais jamais la semaine des morts ni la semaine sainte) et chaque bugadière apportait jusqu’à 30 draps. » Quinson sur Verdon – Découverte d’un village en Haute-Provence, François Warin, Les Alpes de Lumière, 2002

 

IMG_0050.jpgIMG_0049.jpgNous passons derrère la chapelle notre Dame qui est fermée. De là, la montée est continue ; je l’ai trouvée un peu difficile et risquée à cause de l’humidité emmagasinée sous les feuilles d’automne qui rendait les pierres et les rochers glissants ; certains passages nécessitent de s’aider des mains. Pendant longtemps, nous avons douté pouvoir passer cette barre rocheuse, haute et longue. Contrairement à ce qui est écrit dans Gorges, lacs et plateaux du Verdon… à pied – 20 promenades et randonnées, F.F.R., F.F.R., coll. Topoguides, 2007, ce circuit n’est pas à classer dans ‘très facile’.

IMG_0051.jpgIMG_0055.jpgAu pied de la Quille, monolithe dressé comme une quille, nous hésitons sur le chemin à adopter : il faut passer derrière, par un étroit goulet ; le sentier se resserre de plus en plus parfois au tracé incertain. Le balisage est si rare que plusieurs fois, nous avons eu des doutes sur le fait d’être sur le bon chemin.

IMG_0059.jpgQuand nous arrivons au sommet, inquiets de cette première partie que nous pensions facile, nous ne trouvons qu’une habitation en ruine, vestige de l’ancien village Castrum de Sancta Michaele de Quinsono. Je comprends maintenant pourquoi sur la carte qui nous a été remise figure un lieu dit Saint-Michel. Le toponyme Saint-Michel est souvent celui d’un lieu élevé. Est-ce tout ce qui reste du Vieux Quinson ? où était donc l’église où les habitants se rendaient en pélerinage ? Deux bastions quadrangulaires (12mx5m), l’un sur le versant oriental que l’on voit bien du village, l’autre dominant le Verdon, pourraient avoir été des salles de garde. Par un faisceau d’indices venus des villages les plus proches, F. Warin pense que le castrum de Quinson était probablement dédié à Mercure avant de l’être à Saint-Michel.

Une première autorisation de construire un nouveau village a été donnée aux habitants de Quinson oralement par Hugues de Plaisance. Sur la foi de ce seul engagement les habitants ont commencé à construire leur village vers 1277. Mais l’attestation écrite promise n’arriva jamais. La reine Yolande d’Aragon, veuve de Louis II d’Anjou, leur donna son accord le 4 octobre 1419 alors que le village était déjà reconstruit. Sur cet acte de la cour royale d’Aix, il est interdit aux fonctionnaires de Barjols de s’y opposer, comme ils l’avaient fait jusqu’à lors, faute d’autorisation écrite.

IMG_0054.jpgIMG_0062.jpgDe ce point culminant, nous avons une vue bien large sur la plaine et le barrage. Le retour se fait soit par une variante rapide mais raide et caillouteuse, soit plus tranquillement par un chemin qui ne sera pénible que sur les quelques centaines de mètres restant, probablement le lit d’un ruisseau. Nous rejoignons l’office du tourisme par le cimetière puis le parking derrière celui-ci.

IMG_0064.jpgAprès le dernier café au bar du centre ville, c’est le retour par la route de Riez. Le soleil couchant a embrasé les arbres : impossible de quitter les lieux sans une dernière photo.

Quinson par la quille 4km000, 1h25, 166m denivelée

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1quinson de l’occitan quinsoun signifiant pinson en provençal, rapprochement couramment fait, puisque le pinson figure sur les armes de la commune ; les toponymistes se basent sur la forme ancienne du nom du village (Poncius de Quincione, en 1042) : nom propre romain, Quinctius ou Quintio selon les auteurs.

Coteau Chiron dans les basses gorges du Verdon


IMG_2979r.JPGIMG_0036.jpgPetite balade agréable et pas difficile bien qu’il s’agisse des gorges du Verdon. Départ du chateau de Saint-Laurent du Verdon datant sans doute de la fin du XVIIème siècle avec ses 4 fortes tours d’angle et son ancien pigeonnier. Sa porte en plein cintre est encadrée de deux pilastres surélevés. un document d’archives l’attribue à Claude Castellane. Au moyen-âge, ce petit village ne comptait pas moins de 7 seigneurs ou co-seigneurs. Comment donc se défendait-il contre les assauts alors qu’il n’avait même pas de murailles ?

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Nous passons devant l’oratoire à la croisée de deux balades. Pour nous, c’est tout droit. Le chemin de droite rejoint Notre Dame sur Verdon. Vous retrouverez la description des deux balades dans Gorges, lacs et plateaux du Verdon… à pied – 20 promenades et randonnées, F.F.R., F.F.R., coll. Topoguides, 2007

Saint Laurent du Verdon, wikipedia

Au lieu-dit Plan Pélissier à Saint-Laurent du Verdon ont été trouvées des tombes composées de tegulae1 ; « en 1961, devant le portail du chateau, il a été dégagé un sarcophage en plomb, mesurant 2m de long, avec une toiture de tegulae1 en bâtière ; des tombes sous tuiles ont été bouleversées près de l’église. tout cela peut remonter au IVème siècle ». La Haute Provence monumentale et artistique, Raymond Collier, Digne, 1986

IMG_2984-300x242.jpgDescente douce vers le lac articificiel Saint Laurent ; il a plu de la veille et l’argile colle aux chaussures ; ce sera bientôt si lourd que j’aurai du mal à marcher et chercherai à m’en débarrasser, en vain. Balade à ne pas faire par temps humide !
IMG_0015.jpgIMG_2986r.JPGAu bord du coteau Chiron, au loin le pont sur le Verdon qui rejoint Artignosc dans le Var, de l’autre côté du Verdon ; le lac a des allures d’étang où l’eau stagne en bordure et où rien ne bouge. Seul un héron y fera son envol.

IMG_2997r.JPGIMG_3003r.JPGNous longeons les rives du lac en nous élevant progressivement ; les falaises de calcaire si caractéristiques du Verdon ne sont pas encore très hautes, le Verdon est calme et accessible : un bon compromis pour qui veut le découvrir sans trop de fatigue ou de risque. Depuis la presqu’île à la fin du coteau, nous voyons Montpezat sur sa butte pointue dominée par son château. En tournant à gauche, le camping la farigoulette nous en met plein les yeux avec avec ses jeux d’extérieur aux couleurs vives.

IMG_3005r.JPGLa boucle grimpe dans un sous-bois puis passe le long d’un vaste champ hors balisage avant de rejoindre le sentier qui passe près de la ruine des Angles. Sur la place où nous sommes garés, des toilettes sont ouvertes au public (rares dans un village ; je soupçonne qu’elles servent essentiellement aux chasseurs) ; pour être présentable à Quinson, je me décrotte au point d’eau.

IMG_0040.jpgIMG_0042.jpgLoin des grands axes de communication, cette randonnée peut être utilement couplée avec la visite du musée de la préhistoire à Quinson ou celle, guidée, de la célèbre grotte de la Baume Bonne dans les gorges du Verdon (visite virtuelle sur le site du musée). Prochaine visite les 21 et 22 novembre 2009, sur réservation auprès du musée de la préhistoire de Quinson.

Saint-Laurent du Verdon, dans le parc naturel régional du Verdon

Saint_Laurent_sur_Verdon, boucle du coteau Chiron, 6km200, 2h dépl., 81m dénivelée

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1tegula : tuile plate à couvrir les toits, faite ordinairement d’argile cuite au four -voir dictionnaire des antiquités grecques et romaines, A. Rich, 1983