C’est en pensant à vous, lecteurs de randomania, que je suis allée chercher des idées de randonnées à Nice à l’occasion du lancement des guides de randonnée de la collection « rando malin ». Les auteurs sont jeunes mais enthousiastes ; ils réussissent à donner envie de les suivre sur les chemins de découverte de notre patrimoine. Le soir même; j’essaie d’identifier l’itinéraire sur une carte IGN, sans succès. Le lendemain, c’est donc le guide à la main, que me rends au château du Castelet qui ne figure pas sur la carte IGN. Serait-il indigne d’y figurer ? Le rando malin Côte d’Azur Alpes du sud, Frédéric Boyer, Mémoires millénaires Editions, 2010
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A partir du village, j’emprunte le chemin du Baou de Saint-Jeannet, élément caractéristique des paysages calcaires. Des quatre baous1 de la région vençoise, celui de Saint-Jeannet est le plus remarquable par l’ampleur exceptionnelle de ses faces, de 300m à 350m de dénivelée ; on y monte doucement mais de façon continue. Au premier carrefour, j’entends sans les voir les moutons de la ferme voisine. A l’embranchement d’un étroit sentier, un arbre enroulé d’une bande de gaze bleu vif, semble repérer la montée vers le sommet du baou. Sur le versant du baou de la Gaude, des cultures en terrasse ressemblent à de grandes marches de verdure. Parvenue sur le plateau, c’est la surprise : des milliers de pierre jonchent le sol, parfois rassemblées en tas, rarement constructions telles que cette cabane en pierre sèche. On dirait qu’un cataclysme est passé par là. Où sont les anciennes faïces2 dans lesquelles les anciens cultivaient toutes sortes de céréales ?
Une fois sur le plateau, un sentier sur la gauche mène au baou de Saint-Jeannet, où le varois didrip a placé une cache ; ne le sachant pas, je n’ai pu y aller mais si vous êtes geocacheur, courage ! GCX74N baou de Saint-Jeannet : il parait que le panorama est exceptionnel.
Le sentier continue sur le plateau puis descend dans le vallon. Sur le mamelon juste en face, je vois la tour du donjon que je dois rejoindre. Pourquoi des ruines si imposantes ne figurent-elles pas sur la carte IGN ?
Le Castelet apparaît dans l’Histoire en 1250, grâce au testament du légendaire Romée de Villeneuve, premier baron de Vence et sénéchal de la Provence (dès 1236). […] il désigne comme héritier direct et universel son fils Paul. Il lui lègue la seigneurie de la Gaude, Saint-Jeannet, le Castellet et la co-seigneurerie de Vence. […] A la lecture de ces actes, il apparaît qu’au XIIIè siècle la seigneurie du Castellet est tout aussi importante que ses voisines de La Gaude ou Saint-Jeannet. Le Castellet sera encore cité en 1309.
Avant d’arriver au chateau du Castelet, je traverse un sous-bois frais où de nombreux blocs rocheux sont tombés. La remontée est rude mais l’arrivée sur les lieux est une récompense, le sentiment d’avoir découvert quelque chose d’important. Un mur d’enceinte, des contreforts, sont les restes d’un château de guerre. Certes il a été abandonné pendant plusieurs dizaines d’années puis les descendants de Romée réutilisent les matériaux pour en faire un logis à côté d’une vaste bergerie. Les poutres de bois tiennent à peine mais la voûte de la bergerie est encore en bon état. Des échauguettes d’angle prouvent que les lieux étaient surveillés et qu’ils ne devaient pas être très sûrs au moyen-âge. Occupé jusqu’à la dernière guerre, le château, où se sont réfugiés des maquisards, est dynamité par les allemands. De là je peux voir les cultures en terrasse en arcs de cercle joliment concentriques. Devant le château, une esplanade inclinerait au pique-nique, si le temps n’était pas aussi menaçant.
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