La marbrière de Saint-Antonin sur Bayon


Petite randonnée dont l’intérêt est de découvrir la marbrière de Saint-Antonin laissée là comme si les ouvriers avaient prévu de revenir le lendemain. Je me gare au parking de la marbrière, là où a été recensé un arbre remarquable, un chêne blanc sans âge. Le Grand Site Sainte-Victoire a dû intervenir.

Cet arbre donne des signes d’un dépérissement […]. Pour sauver le grand chêne, un défens est aménagé sur 6 m de rayon du côté parking. Là, le sol dont la croûte a été préalablement cassée est recouvert d’une couche de mulsh1 composé du broyat de la ramure des mûriers de Beaurecueil. Extrait de Site internet Grand site Sainte-Victoire

Le brouillard est à peine levé. La croix de Provence émerge difficilement. La montée est progressive sans difficulté ; l’entrée de la carrière est annoncée par de gros blocs taillés régulièrement posés à l’entrée. Un peu plus loin, à l’entrée du sentier qui mène par l’ouest à la carrière, on peut voir le pierrier très pentu qui descend de la carrière et par lequel sans doute on descendait autrefois les blocs de marbre avec des cordes et des traîneaux sur les pentes abruptes. Un ancien guide de randonnée écrit même qu’on les jetait d’en haut. Pour preuve, une longue traînée de déblais – petits caillous colorés de brèche2 – descend du seuil de la carrière jusqu’en bas.

8 Sur la route de Cézanne # La Sainte Victoire par slorenzo

Pour aujourd’hui ce sera le sentier le plus facile, un sentier coloré, avec de gros blocs de brèche d’Alep (ou marbre du Tholonet) tout le long. Ce tracé marron suit peut-être un ancien chemin de halage de ces blocs de marbre. Il a fait l’objet de gros travaux de soutènement. Le long de ce chemin, d’un seul côté, de nombreux trous ronds sont percés dans le rocher : était-ce pour y enfoncer des pieux au travers desquels passaient des cordes retenant les blocs dans la descente ? Je n’ai trouvé aucune information pour l’instant sur ce sujet.

Arrivée sur la carrière. De gros murs bien lisses sont encore en place ; des coins placés sous le bloc sont fichés là depuis plus de 100 ans. Ils permettaient de le détacher de la paroi rocheuse.

Jusqu’au milieu du XIXè siècle les travaux d’extraction de la pierre dure se faisaient entièrement à la main. Les ouvriers carriers plaçaient dans des trous naturels des coins, puis toute l’équipe enfonçait simultanément tous les coins à coup de masse pour obtenir la rupture le long de la ligne ainsi préparée. Le bloc était finalement détaché à la pince à talon, de gros crics aidant à la manœuvre. C’est ce qu’on peut encore voir ici.
Puis le fil hélicoïdal inventé en 1854 par un ingénieur français, Eugène Chevalier, remplace les moyens manuels : une cordelette d’acier montée en boucle entraîne dans sa course un produit abrasif, mélange d’eau et de sable siliceux, dont le frottement use la roche. Selon Marbres et marbreries du Jura du site culture.gouv.fr

Actionnée par la poulie motrice dans l’angle supérieur droit, la cordelette attaque la roche lorsque les deux poulies inférieures descendent, le chariot à gauche maintenant la boucle sous tension. Variable suivant la dureté de la pierre et la nature de l’abrasif, la vitesse de sciage est de l’ordre de 5 à 30 cm à l’heure.

A la carrière, je croise un animateur de randonnée de La Ciotat ; il vient de Saint-Ser par le sentier marron ; nous échangeons l’adresse de nos sites, nous discutons de la possibilité de faire une boucle pour revenir au point de départ. Il m’invite à partager une rando avec Amitié et nature. Pourquoi pas ?

Autrefois ce marbre habillait les cheminées, pavements et mosaïques des s particuliers et châteaux de la région aixoise mais aussi quelques cheminées de petits appartements du château de Versailles. Conférence Dominique Ménard, les marbres de Provence et , Bulletin ARPA n°75 marbre du Tholonet

Image de l’itinéraire 3.5km A/R, 207m dénivelée, 2h au total

Avant d’arriver près des blocs taillés, sur la droite, une sente peu marquée et glissante vous permet de rejoindre la citerne et la plate-forme de chargement en haut de la pente.

1mulsh : couche de matériau protecteur posée sur le sol, principalement dans le but de modifier les effets du climat local

2brèche : catégorie de marbres qui présentent tous les mêmes caractéristiques de composition : au moment de la formation géologique de la pierre, la pression et les distorsions ont créé un marbre formé de gros éléments.

Le hameau du Trou et sa chapelle, diaporama après la restauration


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avec prévisions à 3 jours

Le Conseil Général des Bouches du Rhône termine les travaux de restauration et valorisation du hameau du Trou : quelques maisons (dont une possède un four à pain), une aire de battage et la chapelle du Hameau du Trou qui a servi d’ermitage. Le refuge Cézanne y est construit : il sera réouvert aux randonneurs ; la clé sera disponible à la Maison Sainte-Victoire.

Pour en savoir plus randomania plus : le hameau du Trou à Saint-Antonin sur Bayon

Refuge Baudino par la Torque


Une randonnée sur la face sud de la Sainte-Victoire, au départ du parking du Saut du Loup, qui m’a plutôt surprise : aride et dégagée habituellement, ici, pendant un long moment, on traverse une zone boisée et de garrigues ; au vu des formes et de la composition de certaines roches, différentes de chaque côté de la Torque1, on évalue le témoignage des bouleversements tectoniques. Le temps est gris, quelques gouttes de pluie assombriront les photos mais ça vaut le déplacement.

Album partagé : cliquer sur les points en haut à droite
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Le domaine départemental de la Torque, ce sont 91 hectares situés sur la commune de Puyloubier auquel on n’accède qu’à pied. Au loin la Torque en forme de couronne aplatie et pentue qu’il me faudra contourner pour atteindre le refuge. Le sentier étroit, parfois difficilement repérable, sinue jusqu’au pied de l’énorme rocher aux formes dodues fortement inclinées. Alors que je suis proche du rocher, je vois arriver de Saint-Ser un grand rapace qui plane longuement, très haut dans le ciel. Dans ce coin de nature, où courent lièvres et petits rongeurs, nourriture principale des aigles, je me plais à imaginer qu’il s’agit de l’aigle de Bonelli si rare à la Sainte-Victoire. Tout en bas, la ferme de Genty.

Lors de la première phase tectonique importante, une compression brutale entraîne la formation d’un pli anticlinal dans la région de Sainte Victoire. L’érosion de ce nouveau relief engendre des éboulis qui une fois cimentés formeront les brèches visibles à la Torque. La faille du Delubre représente une limite naturelle : il s’agit de l’endroit où la partie occidentale  de la falaise sud se décale d’environ 200 m par rapport à celles du Pic des Mouches.

Association pour le Reboisement et la Protection du Cengle et Sainte-Victoire

Plus je monte, plus je distingue clairement la forme de cuvette du plateau du Cengle (qui fut un lac il y a fort longtemps). Tapissé de mosaïques de verdure, avec quelques habitations éparpillées (dont la célèbre ferme templière de Bayle), le plateau est couronné d’une barre de calcaire blanc que l’on voit encore mieux depuis l’autoroute A8.

La Barre du Cengle est constituée de strates épaisses de calcaire massif. Elle présente un grand nombre de diaclases orthogonales aux strates. Localement, ces diaclases favorisent la circulation d’eau et la dissolution de la roche. Peu à peu, les diaclases s’élargissent et des blocs écroulés se retrouvent au pied de la barre. Extrait de la lithothèque de l’académie d’Aix-Marseille

La montée est de plus en plus difficile sur un sol caillouteux parfois dérapant ; le ressaut rocheux au pas de la Torque, assez impressionnant vu d’en bas, se franchit avec prudence derrière le rocher de la Torque. Après une petite erreur d’aiguillage, je repère la trace rouge sur les rochers. L’arrivée sur ce balcon naturel, dans l’îlot de verdure entourant le refuge Barthélémy Baudino, est un vrai réconfort. De là haut, au delà du Cengle, le regard balaie « la plaine de l’Arc, l’agricole Trets, l’industrielle Rousset, la chaîne du Regagnas, les monts Auréliens ».

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