Castrum de Pibresson, village perdu de Velnasque


C‘est Mathieu, geocacheur des Alpes-Maritimes, qui m’a parlé de ce village abandonné peu connu des randonneurs. Dès que j’en ai eu la possibilité, je suis partie vers Callian-Tourrettes pour le découvrir. Ne pas confondre Tourrettes sur Loup (06) et Tourrettes les Fayence (83) ; ne pas confondre Vénasque, commune du Vaucluse et Velnasque, lieu-dit du Var.

Le plus bizarre, c’est quand j’ai voulu me renseigner davantage ; sur la carte de Cassini figure Pibresson mais pas Velnasque ; les textes du XVIIIè évoquent le castellum1 de Velnasque et le castrum1 de Pibresson comme étant deux arrières-fiefs du seigneur de Trans. Bulletin de la Société d’études scientifiques et archéologiques de la ville de Draguignan, Société d’études scientifiques et archéologiques de Draguignan et du Var, 1870-1871-T8 ou Description historique du diocèse de Fréjus / manuscrits de Girardin et d’Antelmy, abbé J.-B. Disdier, Girardin, Jacques-Félix, Antelmy, Joseph, C. et A. Latil (Draguignan), 1872  ; le Castrum de Podio Brissono est une terre de deux lieues de longueur, couverte de forêts, avec une chapelle, une tour de gué et des remparts. De nos jours, sur internet, Velnasque et Puy-Bresson désignent souvent le même lieu… par exemple dans Notice patrimages, VELNASQUE Castrum de Pibresson ou Puybresson, 13-14e.

Histoire de Tourrettes, site de la commune

Pour notre visite, peu importe ces doutes historiques. Je me gare sur le seul emplacement disponible sur la D256 qui va vers Callian et qui est proche du sentier. Aucune indication au départ. Le sentier monte sur une piste classique sans difficulté particulière ; on laisse sur la gauche un sentier à l’entrée duquel la FFR a laissé l’image d’une modification d’itinéraire ; au carrefour suivant, un étroit sentier sinue en forêt. De façon à ménager la surprise, je ne regarde pas mon GPS malgré différentes sentes trompeuses. Et le plus incroyable, c’est que dans un premier temps, j’ai réussi à passer à côté du village, sans le voir ! Mais après que j’ai repéré le premier mur ruiné, c’est tout le castrum de Pibresson qui s’est offert à mes yeux ébahis ; pantalons longs préférables sinon vous ressortirez griffé ; le risque de chutes de pierre est réel ; mieux vaut ne pas craindre les situations plus ou moins acrobatiques.

Un mur d'enceinteC’est le donjon  du moyen-âge qui me surprend d’abord : de hauts murs épais, une fenêtre qui a été bouchée (il devait donc y avoir un étage), la porte d’entrée désormais inaccessible. Quand je passe derrière la tour, je découvre un long mur d’enceinte de hauteur impressionnante, toujours debout. Plusieurs maisons sont encore reconnaissables. Je suppose que ce castrum a été anéanti durant les guerres de religion, vers 1590.

Je cherche maintenant la chapelle Saint-Philippe et Saint-Jacques, qui faisait partie d’un prieuré, selon l’inventaire du diocèse de Fréjus établi au XVIIè par l’abbé Antelmy. C’est là que la cache Village perdu de la Velnasque par valloo prend tout son intérêt. Autour de la porte, des pierres finement taillées sont posées sur de beaux lits réguliers alors qu’au delà le travail est plus grossier. Les chemins médiévaux – le Var, Alain Raynaud, Editions de la Renaudie, 2005. A l’intérieur, plus de voûte mais demeure le chœur en cul de four dangereusement fissuré sur presque toute sa hauteur.
Il me faut ici remercier chaleureusement A. Raynaud des éditions de la Renaudie2, qui a accepté de me transmettre quelques informations et les nombreuses sources  qu’il a consultées ; sa rigueur et son honnêteté intellectuelles, si souvent absentes sur internet, méritent d’être soulignées : Velnasque et Pibresson ont bien existé. Il me rapporte la conclusion de J.-C. Poteur, chargé de mission au patrimoine du CG 06 :

La localisation des sites de Valnasque et de Puybresson a posé des problèmes. Les cartes IGN et autres ignorent Valnasque et attribuent ce toponyme à Puybresson. C’est Madame CHICHE qui, au moyen de cartes anciennes et des titulaires d’églises, a rectifié l’identification de ces monuments.

Le seigneur de Trans [ndlr : de Pibresson, de Valnasque, Montferrat, Chateaudouble, Brunet] Louis Henry de Villeneuve, qui longtemps avait été en conflit avec la communauté, donna sa démission du grade de colonel et tenta de vivre en paix avec ses sujets. Pour preuve, quand la communauté chercha à installer l’écusson représentant les armes du Roy au fronton de l’hôtel de ville, le seigneur de Trans chercha lui-même l’artiste (Carriol, sculpteur) et surveilla l’exécution des travaux (1778). La photo de l’hôtel de ville actuel me laisse penser que cet écusson est toujours en place. Il est mort sur l’échafaud en 1793.

Cette petite balade vaut le déplacement : c’est tout un village à fort intérêt historique que vous allez découvrir et pas seulement quelques maisons. Quasiment invisible sur la photo aérienne, je ne l’aurais jamais découvert sans le geocaching. Merci valloo.

Itinéraire 4km700, 1h15 déplacement (+1h pour la visite), 205m dénivelée

1castrum : c’est un des mots avec castellum pour désigner le château. En Provence à partir du XIIe, le mot qualitie l’ensemble de l’habitat fortifié : château et village accolé
2Le Var, itinéraires découvertes, a été réédité en 2012 et contient une description de ‘la porte de Puy Bresson’

Boucle de Ganagobie par le canal de Manosque


Circuit inédit qui conjugue la découverte du plateau de Ganagobie et celle du canal de Manosque, dont les berges sont en principe uniquement

affectées au personnel d’exploitation pour l’entretien et l’exploitation des ouvrages conformément aux statuts de l’ASCM et à l’ordonnance 2004-632 du 1er juillet 2004. La Filiole 14, avril 2011

Tout commence par une belle descente dans des sentiers ravinés qui coupent les lacets de la départementale plutôt spectaculaires. Dans l’un des virages, le GR, profondément creusé, est impraticable et je serai obligée de suivre la route sur quelques mètres pour le récupérer plus loin.

Tout en bas, avant de suivre le canal, je retrouve le pont romain de Ganagobie, sur le Buès, découvert assez tardivement lors de la prospection systématique des ponts sur la via Domitia. La voie romaine, si elle a facilité la communication et le commerce, servit plus tard de voie d’invasion aux Lombards. Datant du début IIè siècle, 30m de long, 10m de hauteur, une seule arche reposant sur des culées massives, ce pont romain est toujours utilisé par la petite départementale qui le traverse.

L’entrée sur le canal de Manosque est précédée d’un classique panneau d’interdiction de circulation ; le long du canal, la promenade est à vos risques et périls. En période hivernale ont lieu les travaux de réhabilitation : trois tronçons du canal maître à Ganagobie ont fait l’objet en 2008/2009 d’un recuvelage1 des berges. Si le danger est donc moindre en hiver, période de repos du canal, il existe néanmoins quand le canal est en eau : beaucoup d’ouvrages d’art devront être traversés en posant parfois le pied sur une surface étroite ou non sécurisée. Enfants turbulents, s’abstenir !

Le canal de Manosque

  • L’acquisition des terrains et les travaux ont été exécutés par l’Etat entre 1881 et 1926.
  • En 1977, l’entretien et l’exploitation du canal de Manosque sont remis en affermage2 à la Société du Canal de Provence.
  • En 2004, lancement de l’élaboration d’un Contrat de Canal.
  • Les eaux distribuées par le canal de Manosque sont dérivées de la Durance. La prise actuelle est située dans le barrage de l’Escale à Château-Arnoux
  • 13 communes traversées réparties sur 6 cantons, desservies en eau brute par le canal de Manosque.
  • surfaces irriguées multipliées par 6 entre 1950 et 2000, passant de 270 ha à 1800 ha.
  • Le canal maître mesure 57 km et les filioles3 représentent un linéaire d’environ 250 km.
  • 3 500 adhérents dont seulement une cinquantaine sont agriculteurs.

Quant à ceux qui jettent dans le canal la carcasse de leur voiture, ils ont eu une bien mauvaise surprise quand celui-ci a été vidé en août 2012 car l’immatriculation de la quarantaine de véhicules a été remise à la police qui fera une enquête pour retrouver leur propriétaire. Ceux qui auraient fraudé leur assurance sont passibles d’une peine de 5 ans de prison et d’une amende de 375 000 €…

L’eau du canal s’en va les carcasses de voitures dansent

De nombreux ouvrages d’art jalonnent ce parcours escarpé : un pont-aqueduc (64 sur la totalité du canal) avec rambarde métallique, un autre sans protection qui domine le vide (Mal-Pas), un ponceau4 et ses pierres mal jointoyées entre lesquelles l’herbe repousse. Deux des ponts portent un numéro (11.70, 11.67) qui vraisemblablement représentent leur distance en km par rapport à la prise d’eau du barrage de l’Escale. Le canal devient souterrain, je le retrouve un peu plus loin creusé directement dans le rocher. Il devient plus étroit ; la végétation qui colonise ses bords est celle des zones humides comme le rouge du cornouiller sanguin ou les joncs. Le canalAprès le gros tuyau disgracieux, je retrouve les berges du canal, construites différemment : d’un côté, assemblage de pierres à cinq faces, de l’autre une surface bétonnée lisse. Au pont-aqueduc du ravin de Pont-Bernard, parmi les aménagements plus importants, je reconnais une martelière5. De façon à partager la ressource en eau, une distribution « au tour d’eau » impose la mise en oeuvre des arrosages à des heures pré-définies.

Continuer la lecture de Boucle de Ganagobie par le canal de Manosque

GR 2013 : de Carnoux à Gémenos par Aubagne


Après avoir testé le GR®2013 autour d’Aix-en-Provence (GR 2013 en avant première sur le plateau de l’Arbois, GR 2013 : le tour du Réaltor), puis à l’ouest entre Chateauneuf et Martigues (GR 2013 : de Chateauneuf à Martigues – partie 1 et GR 2013 urbain : Martigues – partie 2), je l’ai parcouru à l’est au pied du Garlaban et de la Sainte-Baume. Je suis partie du chemin de Carpiagne à Carnoux, dans le prolongement du chemin des Fenestrelles à Aubagne. Une seule voiture au parking : heureusement, il n’y a que deux places.

La météo à cet endroit
avec prévisions à 3 jours

Le GR est balisé dès le départ : il emprunte le sentier de découverte qui progressivement domine le quartier des Fenestrelles et le centre équestre où il est également possible de se garer. Hélas, tout commence par un dépôt d’ordures… puis une vue dominante sur le centre équestre et quelques chevaux.

Un banc, invitation à la contemplation du Garlaban, un sentier qui monte encore plus haut mais que je délaisse, une descente glissante en ce matin humide, une citerne puis j’arrive sur l’espace naturel de la Coueste et sa fontaine d’eau potable. Ce qui frappe à Aubagne ce sont les montagnes et les contrastes :

quatre grands ensembles naturels majeurs, le massif des Calanques, le massif de la Sainte-Baume, le massif du Régagnas et le massif de l’Etoile-Garlaban. Dans la plaine d’Aubagne les cultures maraîchères, les vignes et les olivettes côtoient les zones commerciales, les immeubles et les lotissements, les autoroutes. Extrait de 16 – la vallée de l’Huveaune, CG13

Moyennant un petit détour (traverser d’abord l’autoroute A50 puis la D42, l’ancienne N8, et guetter sur la droite la rue Delphine), les geocacheurs trouveront en chemin la Maternelle Gaimard de Team Glouton Barjot dans un quartier où il y a beaucoup d’écoles.

Je suis le GR 2013 qui passe à la gare où de nombreux cars – gratuits selon la publicité  – stationnent en face ; je découvre la petite fontaine J.B. Chaulan restaurée ; je me perds dans le centre très animé qui n’est pas encore balisé. Après la promenade au pied des immeubles, une forte odeur d’égout  témoigne de notre civilisation moderne.

Jean-Baptiste Chaulan, négociant, né à Marseille le 4 août 1798 et décédé à Marseille le 31 juillet 1864. Orphelin très tôt, il fut élevé par son oncle et sa tante à Aubagne. Il fit fortune dans la menuiserie à Sainte-Croix du Ténériffe (Iles Canaries). Auteur d’un legs, par testament du 25 avril 1864, fait à la ville d’Aubagne afin de doter un ménage pauvre. Il laissait 40 000f dont les intérêts annuels étaient employés à la dot d’une fille pauvre d’Aubagne dont les noces devaient avoir lieu le jour de la Saint-Jean Baptiste. La 1ère rosière fut en 1875 Baptistine Magdeleine Dupont, 35 rosières l’ont suivie chaque année. Extrait de Aubagne et son patrimoine

Devant la porte du millénaire, annoncée en grandes lettres noires sur fond jaune, une sculpture moderne en céramique, s’élance vers le ciel : ‘il s’agit d’une œuvre réalisée par le sculpteur Jean Bernard Métais, destinée à symboliser le millénaire de la ville d’Aubagne, en 2005’.

Les enfants des classes Patrimoine et des centres aérés ont fabriqué avec l’artiste les morceaux de terre cuite qui représentent, sur la base ovale, la mer et les continents. Sur les piliers, les carreaux portent l’empreinte laissée par les Aubagnais, un santon, un jouet préféré, un coquillage… extrait de De l’air devant la porte du Millénaire, site Aubagne.fr

Continuer la lecture de GR 2013 : de Carnoux à Gémenos par Aubagne