Ollioules, l’oppidum de la Courtine


C‘était un mercredi après-midi pour une réunion de travail associative avec Sylvaine et Bernard ; mais avant de travailler, nous profitons du beau temps de décembre ; ils m’emmènent marcher dans la forêt d’Ollioules toute proche de Toulon. Suite à un problème avec mon appareil photo, je n’ai que peu de souvenirs des lieux à vous proposer ; si un internaute en a d’autres, je suis prête à les intégrer ici en le citant.
Mes photos à l’oppidum et au Croupatier, Les photos de Monique au Croupatier avec son groupe de marche
Chateau Vallon, qui n’en a pas entendu parler ? Site officiel Chateau Vallon, une scène nationale avec théâtre, musique, danse.
Dans les années 1970, des artistes et des musiciens célèbres, des penseurs ont forgé une réputation internationale au lieu grâce au premier festival de jazz, retransmis en direct à la télévision et à la radio. Tous les musiciens légendaires s’y sont côtoyés, Paul McCartney, Joan Baez ou Maria Casarès.

Dans les années 1980, des célébrités y présentent leurs spectacles […]
En 1996, le maire Front National de Toulon Jean-Marie Le Chevallier et le préfet du Var Jean-Charles Marchiani exigent du directeur du Théâtre de déprogrammer un spectacle de Rap du groupe Suprême NTM2. À la suite de cette affaire et du refus de Gérard Paquet des subventions de la mairie Front National, la procédure judiciaire aboutit à la dissolution de l’Association Châteauvallon et au licenciement de son Directeur/Fondateur.
En 1998, une nouvelle association est créée sous le nom de Centre national de création et de diffusion culturelles (CNCDC) et placée sous la direction de Christian Tamet […] La ville d’Ollioules assume la gestion du site. Le projet de Christian Tamet affirme le caractère résolument pluridisciplinaire et international d’une programmation centrée sur le spectacle vivant.
En 2003, la gestion passe à la Communauté d’agglomération Toulon Provence Méditerranée.
En 2015, l’association Centre National de Création et de Diffusion Culturelles a 17 ans d’existence, avec près de 50 000 spectateurs et environ 90 représentations par an. Elle affiche un taux de fréquentation annuel de plus de 90%. Châteauvallon fête cette année ses 50 ans. Selon wikipedia, Chateauvallon scène nationale

Vers l’Oppidum de la Courtine 1, sylberfil

Disposant de peu de temps avant la tombée du jour, nous rejoignons en voiture la table d’orientation posée sur un énorme réservoir d’eau ; le point de vue sur Toulon s’étale sur la rade et les îles.

Vers l’Oppidum de la Courtine 3, sylberfil

L’oppidum de la Courtine celto ligure, établi sur un banc de basalte, est tout proche. Un panneau rouillé nous mène par un sentier étroit et humide sur une muraille de pierre où il est facile de se tordre les pieds. Ce premier rempart barre le site au nord, dominant la vallée du Détras ; ce mur continu était flanqué de tours carrées ; des falaises de plus de 10 m le limitent au sud, permettant une défense naturelle efficace.  Selon le rapport de présentation du PLU d’Ollioules. Défense cependant insuffisante puisqu’une bataille contre les romains y est attestée par des restes de projectiles. Y ont été retrouvés des monnaies, des bijoux, des céramiques, des statues,… Leur étude détaillée permet de dater l’abandon du site vers 110-100 avant J.-C. L’oppidum protohistorique de La Courtine (Ollioules, Var). Les collections anciennesArcelin Patrice, Bérato Jacques, Brien-Poitevin Françoise, Documents d’Archéologie Méridionale, vol. 11, 1988. pp. 29-69

La fouille a mis au jour une série d’habitations qui se sont succédées du début du IVe siècle jusqu’aux environs de 140 av. J.-C., […] puis du sud au nord, des unités d’habitation juxtaposées appuyées à un mur maître qui les sépare à l’ouest de la ruelle. Neuf phases d’occupation ont été reconnues, huit pour la Protohistoire, une pour l’époque moderne. D’après L’oppidum protohistorique de la Courtine d’Ollioules, Centre archéologique du Var, Edition du Foyer P. Singal, Sanary-sur-Mer, 1996, les Cahiers de l’Ouest varois n°1 repris par le site ollioules.eu

En avant des maisons à l’est il y a un espace ouvert que nous traversons. La curiosité nous pousse sur un axe de circulation est-ouest qui marque la limite nord de l’habitat ; on présume qu’il est privé mais de toutes façons l’oppidum est sur une propriété privée où notre présence n’est que tolérée  ; une meule de moulin est posée debout contre un mur de pierre, d’autres gisent au sol, cassées, ou n’ont pas été extraites. Je reconnais une carrière de meules de moulin creusées dans le basalte, ce qui m’étonne. La grecque Olbia (Hyères) importait des meules d’Agde plutôt que de la Courtine pourtant plus proche, sans doute parce qu’elle était dépendante de Marseille. L’importation des meules domestiques dans la forteresse grecque d’Olbia (Hyères, Var) entre le IIe s. av. n. è. et le Haut EmpireJean-Louis REILLE à lire dans Documents d’archéologie méridionale

Aux temps protohistoriques et dans l’Antiquité, l’extraction de ces laves en vue de la confection de meules (essentiellement rotatives) est archéologiquement bien attestée, spécialement sur les sites de la Courtine (Layet 1950 ; Arcelin et al. 1988) et des Rochers de l’Aïgue (Bottin 1905).

Vers l’Oppidum de la Courtine 4, sylberfil

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Artigues, Mont-Major


Enveloppée d’une brume d’huile essentielle de thym à Linalol projetée toutes les minutes depuis le port USB de mon micro, j’écris, peu inspirée, en profitant de ses vertus désinfectantes (merci à Clodex, Majolir, Marie-Françoise et Vegalyre). Que puis-je raconter alors que nous n’avons pas trouvé la grotte de Roquerousse et que je n’ai pas rien identifié de l’oppidum ? Mais ce circuit reste l’occasion d’une balade nature avec de nombreux points de vue.

Une fois tout le monde rassemblé à Artigues, le parking est plein ; Artigues est un tout petit village de 240 habitants. ll est temps de trouver l’unique cache près de la fontaine entourée de bancs et d’arbustes taillés en forme d’arche : un endroit idéal l’été. L’église et sa façade toute plate, comme une pièce rapportée, semble bien grande pour un si petit village.

Artigues, tineochris

Photos de Yves, Photos de DanielMes photos
Nous redescendons d’une centaine de mètres de dénivelée par une route étroite en passant devant le lavoir. C’est donc qu’il faudra les remonter en fin de randonnée…
Je reconnais la taille en cordon de Royat de la vigne typique des Coteaux d’Aix ; Artigues fait partie avec Rians des communes du Var autorisées à produire cet AOC.

Nous traversons la route Rians-Esparron et plutôt que de marcher sur la chaussée, certains ont repéré l’ancienne voie de chemin en contre-bas ; nous sommes à 1km300 environ de l’ancienne halte de chemin de fer du Train des Pignes Central-Var. Il fallait plus d’une heure pour relier la gare de Meyrargues à celle d’Artigues là où nous avons mis 35 mn en voiture. Et quand le voyageur était déposé à la station le long de la route, il lui fallait encore remonter jusqu’au centre du village à pied !

Quand nous tournons à gauche vers la Modeste, Yves demande au groupe de se montrer discret pour ne pas gêner ses habitants. Sur le ruisseau de la Plaine, un ancien réservoir de pierre et une fontaine apportaient l’eau aux habitants. La Modeste est une belle maison de maître d’un seul tenant avec la partie habitation (le maître, le fermier et les ouvriers) et la partie activités agricoles (hangar, cochonniers, pigeonnier). D’après Maisons rurales et vie paysanne en Provence, J.-L. Massot, berger-Levrault, 1995

Par un sentier d’exploitation en contre-bas de la maison, nous rejoignons le petit Adret. C’est là que débute la longue montée vers le Mont-Major ; le groupe se disloque, les bavardages s’éteignent. Chemin caillouteux. A mi-distance une courte pause. Je me retourne sur la montagne d’Artigues qui me rappelle un pique-nique mémorable un jour de Nouvel-An, par grand mistral : Majo avait apporté du foie gras, des toasts et du chutney de figues. Oratoires et croix entre Esparron de Pallières et Artigues
Dans le bois de Montmajor, des champs de pierre et le substrat rocheux apparent surprennent dans une partie boisée. Majo repère entre les pierres les premiers et frêles crocus.
Quand nous apercevons au loin une cabane de pierre sèche, sans doute poste d’observation idéal pour les chasseurs, Yves nous invite à chercher la grotte de Rigabe appartenant à la famille Magne ; le groupe se disperse, circule en mode sanglier, avec peine, sous la végétation mais ne trouve rien ; Daniel et Yves élargissent le périmètre tandis que le groupe, sagement, attend le long du sentier. Les spéléos et l’IGN déjà, ne la placent pas au même endroit. Comme elle s’ouvre vers l’ouest et que nous arrivons par l’est, nous ne l’avons pas repérée ; pourtant certains randonneurs l’ont trouvée, aidés sans doute par quelque personne du coin. En arrivant par la Marquise, nous aurions probablement repéré son porche d’entrée un peu sous le plateau. D’après la vidéo qu’on trouve sur internet, on y circule debout assez facilement (on peut se passer des commentaires du vidéaste en coupant le son…)

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Vinon sur Verdon, les chemins de l’eau


Arrivés tôt sur la place du marché, pas de marché le samedi nous a assuré Daniel, nous attendons le groupe avec Yves Provence, sous les platanes plantés par la ville d’Arles ; sous ces arbres, autrefois les troupeaux transhumant venaient boire à la fontaine du Cours. Ebranlée par le bombardement de Vinon en août 1944, démolie juste après la guerre, elle est reconstruite, puis rénovée dans les années 1970/1980. Selon Eligune, les fontaines

Les photos de Vinon

En passant devant la boulangerie en bas de la grande rue, Daniel m’indique que c’était l’ancien moulin à farine mû par l’eau du Verdon ; autrefois il ne fonctionnait pas le samedi pour permettre l’arrosage. Il pouvait moudre une charge de farine en deux heures (120 kg).
Le campanile ou tour de l’horloge servait bien plus au XVIIIe que maintenant que tout le monde possède un téléphone portable.

La construction du clocher de Vinon […] débute en 1781 sous le consulat de Maximin Guis […]. En 1784 le Conseil de la commune commandite maître Pérard, horloger à Aix-en-Provence. […] Parallèlement, un bail au maître serrurier Jacques Fosse de la Verdière est établi le 14 août 1785 pour la construction du campanile.
Le 23 octobre 1785, Vinon achète une cloche d’occasion à l’église Saint-Zacharie de Marseille.

Dans le jardin d’une maison de la rue du puits, des boucs grimpent sur le muret et quémande quelque nourriture. Nous grimpons encore dans la montée de l’église qui passe devant l’imposante façade de Saint-Sauveur, ancienne église du château des Hospitaliers ; le presbytère à sa droite est si différent que l’on a du mal à y voir un ensemble architectural. C’est que l’église a été reconstruite au XIXe et plus récemment suite à un incendie.
De là haut, la vue sur la plaine, le Hameau, la forêt domaniale au nord de Vinon ; à gauche, la passerelle piétonne sur le Verdon, toute blanche, de 165 tonnes et 81 mètres de long, installée en novembre 2015 et qui constitue une alternative au pont sur le Verdon ; elle a coûté 1,5 M là où un vrai pont aurait coûté 10 fois plus. Les automobilistes auraient sans doute préféré un second vrai pont…

Dans le quartier de Vière, deuxième village après celui de la colline Saint-Pierre détruit, le panneau n°16 tente de nous faire imaginer la citadelle et le château des Hospitaliers grâce à quelques bouts de vieux murs restés après sa destruction programmée par le Parlement d’Aix en 1596.

Vinon sur Verdon, ZoZo78

Guerre de religion. Le parlement de Provence est scindé en deux : les ligueurs catholiques d’Aix, emmenés par le comte de Carcès, qui ne reconnaissent pas Henri de Navarre, et les royalistes avec la Valette qui installent leur QG à Riez. En 1591, La Valette voulant éviter que la ville d’Aix soit ravitaillée en blé par la Haute-Provence, fait fortifier le village de Vinon et barre les routes ; quelques années plus tard, le parlement d’Aix prend sa revanche en faisant détruire la forteresse de Vinon.

Autrefois premier bâtiment visible sur la route de Ginasservis, la Chapelle Saint-Nom de Jésus, entourée d’habitations, a bonne mine de l’extérieur ; elle ne sert plus qu’à l’occasion de la fête du saint nom de Jésus le 14 janvier. En 1789 le sieur Etienne Sias est tenu de payer 24 livres pour les tambourins et fifres qui sont venus pour la fête du Saint-Nom de Jésus.

La montée va commencer sur le chemin de Savéou, un chemin de galets typique de la zone Verdon-Durance ; à mi-chemin, un tronc d’arbre porte deux galets en forme de cœur. La première borne domaniale, la plus au nord, marque le début de la forêt de Vinon (nord et sud : 238 ha sur 4 cantons) représentée par un trait vert épais sur la carte IGN ; ces bornes vont se succéder autour des deux cantons, dont celui de l’Homme Mort où se pratiquent les activités cynégétiques et les sports nature ; j’apprends ce jour là que le dispositif homme mort est un système permettant le déclenchement automatique d’une alerte en cas d’absence de mouvements de la part d’une personne considérée comme « isolée ». Beaucoup de lieux portent ce nom ; il n’y a pas pu avoir un homme retrouvé mort à chaque fois. André suggère un orme mort, transcription mal comprise du géographe ?…
Une cabane de chasse est à peine masquée par deux arbres. De là haut, on mesure l’importance du projet ITER à Cadarache par les nombreuses grues et les imposants bâtiments.

ITER (de l’anglais : International Thermonuclear Experimental Reactor, signifiant en français : « réacteur thermonucléaire expérimental international ») est un projet de réacteur de recherche civil à fusion nucléaire […]. Le projet de recherche s’inscrit dans une démarche à long terme visant à l’industrialisation de la fusion nucléaire. Cette démarche prévoit de construire un second réacteur de recherche, DEMO, plus proche d’un réacteur de production, avant la phase industrielle. Le projet associe trente-cinq pays : ceux de l’Union européenne ainsi que l’Inde, le Japon, la Chine, la Russie, la Corée du Sud, les États-Unis et la Suisse.
[…] le budget du projet [est] passé de 5 à 19 milliards d’euros. D’après wikipedia, ITER

Descente dans les galets roulants. Je crois que je préfère la montée… Borne domaniale 37 puis en bas, après avoir suivi la route en file indienne, en plein virage, nous voilà obligés de traverser la route D554 : prudence ! Daniel est prêt à régler la circulation. En contre-bas, la vallée du ruisseau de Boutre et ses champs cultivés que nous longerons tout à l’heure. Au fond la ligne du Luberon.

Ça y est, nous sommes en bas, une seule maison : celle de Margin de l’autre côté du ruisseau. Un renard mort sur le bord du chemin. Enfin le pique-nique au soleil, sur le bord du chemin qui mène sur l’autre rive. A peine avons-nous terminé de déguster le rhum arrangé d’Yves que le temps fraîchit, le vent se lève annonciateur de la pluie promise par Météo France.

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