Les sauts du Cabri à partir du Caïre de Sarrasin


Les sauts du Cabri : le point de vue du randonneur, c’est que c’est drôlement difficile de l’atteindre par les gorges du Carami à partir de Tourves. Des gorges profondes, de plus en plus étroites et encombrées de blocs rocheux. Le point de vue de l’ethnologue, c’est aujourd’hui que nous allons le découvrir en partant du plateau au-dessus des gorges. L’eau sera donc notre thématique. C’est Philippe Hameau de l’ASER Centre Var, qui nous guide.

La Caire de Sarrasin a son pendant sur l’autre rive du Carami : la Caire de Piourian, avec une ancienne mine de bauxite de chaque côté. Pourquoi l’IGN en a-t-elle fait un substantif féminin alors que la préfecture en fait un substantif masculin ? écrit « Caïré » sur le cadastre napoléonien, ce toponyme ne m’aide pas à en trouver l’origine. Mireille, qui prend des cours de provençal, et Laurence m’ont proposé « du côté de  » : du côté de Sarrasin et du côté de Piourian, et ça me convient bien. Jean Nicod affirme que cela désigne les lapiaz, fissures calcaires résultant de l’infiltration de l’eau.

Malgré l’exploitation de la bauxite et les travaux d’irrigation, l’environnement n’est guère urbanisé. Aller au Carami, c’est donc aller au delà de l’espace villageois […] pour pénétrer dans un autre contexte spatial […] très différent du premier et où les règles sont autres.

le plateau vu des bords du CaramiGous du casqueComme les jeunes du village, nous longeons la rivière en passant par les « gous »1 auxquels ils ont donné des noms : le gous bleu à la confluence du Petit Gaudin et du Carami, le gous du casque dominé par une petite falaise de 4m de haut dans lequel on aurait trouvé un casque militaire, allemand peut-être ; ici pas de trou à moins que l’on admette qu’il est constitué chaque été par la construction d’un barrage de galets et de branches.

Gous du mariageLe sentier continue ; les falaises s’élèvent sur les deux rives ; le Carami s’engouffre dans une vasque semi circulaire de 5m de diamètre. La coutume veut que l’on fasse ricocher un galet sur la surface de l’eau pour le faire entrer dans la fente du rocher. le nombre de ricochets indique le nombre d’années séparant le lanceur de son mariage ! c’est donc le gous du mariage.
Selon les géologues, quand la Sainte-Baume s’est soulevée, la pente de la rivière s’est accrue, sapant progressivement les parois et la voûte du tunnel.

Lancer un caillou dans un trou, vous l’avez sûrement déjà vu comme par exemple dans un oratoire. Durant les pélerinages à Notre Dame de Paracol, la coutume est de jeter un caillou dans la niche de chaque oratoire. Si l’on vise juste, on a des chances que les voeux soient exaucés… Chapelles de Provence, E.Bousquet-Duquesne, Editions Ouest-France, 2009

tête de tortue (photo A. Touvier)Une grande tortuePlus nous avançons plus les rochers de chaque côté s’élèvent et plus l’impression de chaos rocheux se renforce. Des figures fantastiques semblent surgir du Carami. Ici une grande tortue, là un visage humain. La progression devient plus difficile.

Cabris (photo A. Touvier)tombera, tombera pas ? photo A TouvierLe saut du Cabri est un endroit spectaculaire, où le Carami incise les calcaires du plateau. En levant la tête sur la crête rocheuse, on peut comprendre pourquoi il s’appelle ainsi : merci André d’avoir capté les sauts des cabris en haut des barres rocheuses.

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Les dolmens des Adrets, Brignoles


Samedi, j’ai consacré les journées du patrimoine 2013 à la préhistoire et aux dolmens, constructions funéraires pour enterrer les morts ; dimanche, ce sera un parcours d’art contemporain dans la nature. C’est Philippe Hameau, président de l’ASER Centre Var et maître de conférences au laboratoire d’anthropologie de l’université de Sophia-Antipolis, qui encadre le groupe. J’aime beaucoup ses visites, gratuites et de qualité.

Il nous conduit au départ de la balade par le chemin de Beouvèze. Après le pont, du côté droit, c’est l’accès au plus connu et au seul dolmen fléché parmi les quatre (situés entre 336m et 355m d’altitude sur le Pied de Boeuf) : le dolmen des Adrets I est situé à la limite entre le Val et Brignoles, je l’avais visité en mars 2010 ; à côté de ce monument se trouve une cache, le dolmen des Adrets par Elia’s
C’est le mieux conservé de tous ceux que j’ai pu voir mais il est mal restauré selon P. Hameau. Montée le long du pipe-line, j’avais trouvé que c’était raide mais rapide quand on a peu de temps. Une personne présente aujourd’hui nous apprendra qu’à l’époque de la construction du pipeline, elle était intervenue de justesse avant que les pelleteuses ne détériorent définitivement ce dolmen.

Aujourd’hui, le sentier que nous empruntons en montée est étroit et à peine visible : il a été tracé pour les besoins des fouilles. Deux pas nécessiteront un petit effort supplémentaire et un peu d’aide pour certains ; sur les aiguilles de pin séchées, ça glisse parfois sinon rien de bien difficile. Autant le dire tout de suite : ces dolmens ont été fouillés et vidés de leur contenu archéologique.

A l’époque de la construction de ce dolmen IV (3è millénaire avant J.C.), la zone était déforestée.  On peut supposer que chaque population avait son dolmen. En arrière de celui-ci, plusieurs assises de pierre formaient une sorte de rampe sur laquelle on faisait glisser la dalle de couverture. Travail collectif car la dalle devait peser 3 tonnes environ.

Reynaud évalue à 89 le nombre d’individus inhumés (à noter : déficit d’enfants) avec leur carquois et divers objets : flèches, lames de silex dont certaines ont servi de poignard, objets de parure (en calcaire, coquillages percés, dents animales percées, etc). Les colliers ne sont pas aussi bien ordonnancés qu’aujourd’hui :les perles s’enfilent au fur et à mesure qu’elles sont ‘gagnées’. A été mise au jour une lame de poignard de 17cm de longueur, en silex brun  rubané caractéristique de la région de Forcalquier. Des petits récipients ont été retrouvés dans la chambre sépulcrale. Quelques dents portent les stigmates d’un travail de l’osier.

Le dolmen a été utilisé pendant plusieurs siècles, réutilisé après le néolithique en tant que dépôt de céramique antique, voire poste de chasse. Nous montons encore un peu pour atteindre le dolmen III orienté à l’ouest comme la plupart des dolmens. Découvert en 1962, il est constitué de dalles dressées à l’ouest et à l’est et de murets limitant la chambre sépulcrale au nord et au sud. Il est inclus dans un tumulus de pierraille de 6m de diamètre dont on suppose que de nombreuses pierres ont été prélevées pour la construction d’un mur voisin.

Autour de nous, une forêt dense sans doute appréciée des chasseurs et qui cache bien les quatre dolmens proches l’un de l’autre, preuve de l’importance de l’occupation humaine.

Archéoprovence, les dolmens des Adrets

Les mégalithes du Var avec 27 itinéraires de découverte, H. Barge, E. Mahieu, Actilia Multimédia, 2005
Laissez vous conter la préhistoire en Provence Verte, P. Hameau, Syndicat Mixte du pays de la Provence Verte, 2011
Guide des sites préhistoriques Provence-Alpes-Cote d’Azur, F. Boyer, Mémoires Millénaires, 2006

Sur la demie journée, vous n’aurez aucune difficulté à découvrir les 3 dolmens.

image dolmens tracesImage des itinéraires, celui des dolmens IV et III 1km650 A/R, 40mn déplacement, 2h avec la visite guidée – pour le dolmen I à peu près 40mn déplacement A/R

Les gorges du Carami par le claou de la Chevalière (diaporama)


N’ayant pas beaucoup de temps à consacrer à la rédaction, j’ai décidé de vous livrer le diaporama mais ne vous y trompez pas, la rando n’est pas facile ! entre le Carami (ou Caramy) calme et le Carami houleux, que de contradictions sur un si petit parcours ! après les aménagements de l’homme pour irriguer, la petite source de la Figuière se cache entre les rochers : je peux la voir au maigre filet d’eau qui fait vibrer la surface.

Plus nous nous enfonçons dans les gorges et plus il faudra escalader des rochers, quelquefois en se hissant à la force des bras. Nous n’irons pas jusqu’au barrage mais remonterons du côté de la galerie de mines aujourd’hui condamnée.
La partie près de la grotte et de la carrière Saint-Michel est un véritable parcours d’aventures : nous sautons de rocher en rocher, de gauche et de droite, dominant des crevasses profondes qui donnent parfois le vertige. Pour limiter les risques bien réels, mieux vaut suivre les points rouges et prendre son temps. Les problèmes d’orientation seront brillamment résolus par Sébastien qui maîtrise l’usage de la boussole. Pour le passage presque à la verticale, équipé d’une chaîne, il me faudra un peu d’aide.
Le retour sur le GR, sera bien reposant. Nous passerons à côté de ruines de maisons parfois imposantes. Dans la dernière partie très caillouteuse et désagréable, il est aisé de se tordre les chevilles. L’arrivée sur le pont romain et le seuil qui déborde abondamment, termine la randonnée qui finalement aura duré presque 5 heures.
tourves bauxite GR99_imgimage de l’itinéraire de 13.2km, 152m dénivelée (772m cumulées), 5h00 déplacement seul. Nos errements figurent sur le tracé.