L’abbaye de Montmajour


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M O N T M A J O U R

MontMajour

La météo aujourd’hui à cet endroit :
La direction du vent et la température ressentie

Rien que le nom Montmajour1 évoquait pour moi noblesse, grandeur, mystère ; bien que non croyante, j’apprécie les édifices religieux, j’imagine le travail de construction, l’histoire, je m’imprègne de l’ambiance sereine des lieux. Comme elle accueille l’été des expositions dans le cadre des Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles, j’ai pu profiter de l’exposition et de la visite du monument avec un seul billet d’entrée. La balade, pour une fois, n’aura pas lieu dans la nature mais dans les différents monuments d’Arles servant de lieux d’exposition. Sur les cartes, vous verrez parfois indiqué « Ruines » à cet endroit : terme bien mal choisi vu l’état des bâtiments.

* Randonnée Abbaye de Montmajour-Moulin de Daudet, site Balade en Provence, avec photos
* De la communauté Provence de Expédia, album photos sur Montmajour

medium_100_0033.jpgLe nom de Montmajour est lié à l’éminence rocheuse qui émerge des marais à cet endroit… Selon la légende, la fondation de Montmajour est attribuée à Saint-Trophime, premier évêque d’Arles (début du Ve siècle)… Une première chapelle de taille réduite est construite au XIe siècle. L’abbaye croît rapidement grâce à la protection des comtes de Provence et au culte de la Vraie Croix.

Le monument est impressionnant et je me pose déjà quelques questions : est-ce une forteresse, un édifice religieux, un chateau ? elle est tout à la fois. Plusieurs fois détruite, reconstruite, elle porte des traces de construction de toutes les époques depuis le Xème siècle.

  • Forteresse par sa tour de défense construite par l’abbé Pons de l’Orme qui dirigeait la communauté. Une garnison y sera maintenue jusqu’à 1700 environ. De cette tour, on peut découvrir le cloître et un panorama qui embrasse Arles, Tarascon, la Crau et les Alpilles.
  • Edifice religieux grâce à saint Trophime qui a évangélisé la Provence ; saint Cézaire qui a posé la première pierre de l’ermitage de Saint-Pierre ; aux moines bénédictins qui ont assaini les marécages pour pouvoir s’y installer puis à la congrégation de Saint-Maur choisie pour relever le monastère et qui dut le reprendre de force. Pendant la seconde guerre mondiale, l’église abbatiale a servi d’entrepôt d’armes confisquées par les Allemands qui y mirent le feu. La chapelle de Sainte-Croix (1180 environ), un peu plus loin, servait lors des pélerinages organisés par l’abbaye. Ils sont de nouveau organisés.
  • Chateau car sur l’emplacement de la vieille abbaye, on a bâti cent ans plus tard une habitation spacieuse, avec des larges corridors, d’élégantes salles, des escaliers de pierre, une charmante terrasse.

* Site sur l’art roman
* L’histoire de l’abbaye par la revue l’Agenais, 1875, site de la France Pittoresque

Vendus en 1791, les bâtiments sont en partie achetés par la ville d’Arles. Prosper Mérimée fait classer l’édifice comme monument historique en 1840. De premières restaurations sont effectuées en 1872 (architecte Henri Revoil). En 1943, l’état fait l’acquisition de l’abbaye qui figure depuis 1968 au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO

medium_100_0036_r1.jpg Je me perds dans ce dédale de couloirs et d’escaliers, je suis surprise par bien des choses insolites. Le site est construit sur un ancien cimetière dont on voit encore les tombes creusées à même le roc. Contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, les plus petites ne sont pas des tombes d’enfants mais des « réceptacles » pour les restes épars des morts les plus anciens.

La crypte est une véritable église basse. Son plan, unique en Provence, comprend en particulier une rotonde, un déambulatoire et des chapelles rayonnantes. (* site du Centre des monuments nationaux)

medium_100_0049.jpgIl ne reste de l’édifice du XIIIe siècle que le cloître avec ses tombeaux (seul celui de Geoffroy 1er de Provence a été conservé) et ses inscriptions. « Es à Mount-Majour que dormon, souto li bard di clastro, nosti rèi arlaten » (F. Mistral)2. Sculpté sur les chapiteaux, un bestiaire fabuleux : la Tarasque dévorant un homme (mur ouest), une tête de bélier (galerie nord), un chevalier luttant contre une chimère (galerie sud), etc. Van Gogh a consacré de nombreux dessins à Montmajour, lors de son année à Arles à partir de février 1888. « … par ce vent impossible de rien faire… Mais néanmoins j’ai vu des belles choses, une ruine d’abbaye sur une colline plantée de houx de pins d’oliviers gris… » (lettre de Van Gogh à son frère Théo)la plaine de la Crau avec la ruine de MontmajourMoisson avec Montmajour
Le prieuré de Carluc, rattaché à Montmajour, sera le but d’une prochaine randonnée. Rendez-vous donc ici dans quelque temps…

En attendant, ne manquez pas de visiter la grotte-dolmen du Castelet (hypogée), à un peu plus de 1km sur la IMG_1335.JPGgauche en allant vers Fontvieille. Le toit de l’hypogée est formé par de grandes et épaisses dalles de calcaires. La construction de cette tombe se situe vers 2500-2000 avant J-C. C’est la seule que l’on puisse visiter, les 4 autres se situant sur des propriétés privées.

Seconde visite le 29 septembre 2007 pour voir l’abbaye d’un autre angle et y trouver la cache de f5pvj l’abbaye de Montmajour II. Que de frayeurs ! un gros animal qui déboule lourdement du vallon à quelques pas de nous, des gros oiseaux qui s’envolent des bosquets, une meute de chiens, on s’est dépêché de grimper malgré les difficultés certaines pour atteindre l’objectif.

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1Majour, du latin major « majeur, plus grand » d’où Montmajour = grande montagne (40m de haut mais le seul relief dans cette région !) à moins que ce ne soit l’abbaye, monument majeur, qui ait donné son nom à ce mont… Montmajour a donné son nom à un rapace : le grand-duc de Montmajour.
2« C’est à Mont-Majour que dorment, sous les dalles du cloître, nos vieux rois arlésiens« 

L’abbaye de Montmajour, jean maurice rouquette, aldo bastié, Monum, Editions du patrimoine, coll. itinéraires

Le pic des mouches par le sentier de Malivert


L intérêt de la randonnée de ce matin était autant due aux personnes que j’ai observées qu’au plaisir de redécouvrir le point culminant de la Sainte-Victoire.

* Je vous propose l’itinéraire sur carte IGN, 11,900km, 3h45 environ, réalisé à partir de CartoExplorer

* Itinéraire le plus rapide au pic des mouches

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La première difficulté : trouver l’entrée du chemin de Malivert bien mal indiquée. Le mieux est de repérer le panneau qui annonce qu’on quitte les Bouches-du-Rhône pour entrer dans le Vaucluse : le parking se situe 200m avant, sur la droite quand on vient d’Aix. Le chemin traverse le bois de la Pallière, offrant une progression régulière jusqu’à la crête ; la route est longue (2h05) mais pas vraiment difficile. Sans doute au printemps offrirait-elle une végétation plus colorée.

Le premier groupe que je croise vient du Puits d’Auzon ; c’est une famille avec deux adolescents et un chien. Le garçon et la fille, probablement contraints et forcés par leurs parents, maugréent ouvertement et se plaignent de la difficile montée. Le père essaie de les motiver, leur promettant un bon pique-nique (d’ailleurs les baguettes de pain qui dépassent du sac à dos, menacent de tomber) et une vue superbe depuis la crête. Mère et fille décident de faire une pause tandis que le chien fait des allers et retours entre tous les membres de la famille. Je ne peux que comprendre le désespoir du père qui veut initier ses enfants à la randonnée car les adolescents d’aujourd’hui préfèrent sûrement les jeux vidéos ou la télévision. J’ai moi-même essayé avec ma fille, sans succès.

medium_img_0072.jpgA l’oratoire de Mal Ivert, nous retrouvons ceux partis de Puyloubier ou Rians. Tout le monde s’arrête. Les réactions sont diverses : entre les plus âgés qui prient à voix basse, les enfants qui jouent au ballon autour de l’oratoire, celui qui lit à voix haute la prière laissée par un randonneur, celui qui téléphone, je me sens « à part », silencieuse avec mon appareil photo.

Une vierge à l’enfant de simple stuc blanc, dans une niche ouverte au sud est, au sommet d’une sorte de borie. (Yves Paccalet, Terre sauvage, mars 1997)
C’est maintenant que l’ascension commence véritablement. Je rejoins bientôt un couple de retraités qui a perdu le balisage rouge. Je les rassure et les étonne : « Mon GPS va nous dire où est le chemin ! ». Ebahi mais ravi, ce couple qui n’a ni télévision, ni téléphone portable se demande comment ça marche. Je leur explique qu’il faut un ordinateur, un logiciel de cartographie et une carte IGN. « Pas question d’avoir un ordinateur ! » répliquent-t-ils. Je souris gentiment quand ils m’avouent s’être un jour perdus à la Sainte-Victoire et avoir effectué la descente à la lueur des étoiles, sans pleine lune, arrivant finalement vers 1h du matin chez eux…
medium_img_0076.jpgLe chemin étroit et caillouteux, cachant parfois son balisage aux regards attentifs, est plus difficilemedium_img_0082.jpg que tout à l’heure. Parvenue sur la crête repérée par un cairn très visible, la neige a laissé quelques plaques et le vent souffle plus fort. Plusieurs groupes installés sur les flancs de la montagne pique-niquent, savourant autant leur repas que le plaisir d’être tous là, tout là haut. Au croisement avec le chemin qui monte depuis le col des Portes, plusieurs parapentistes bien chargés, se dirigent vers l’aire de décollage.

Arrivée au pic des Mouches (pas de mouches en cette période mais beaucoup de medium_img_0085.jpgmoucherons en été), c’est une victoire. Deux étrangers me demandent d’immortaliser leur passage au sommet. Ensuite, je m’assois et me remplis les yeux de la vue sur la crête, vers la croix de Provence que l’on devine à peine dans la brume de ce temps hivernal. La descente se fait par le col des Portes : descente un peu risquée car les pierres sont humides et la terre glissante. Le plus désagréable reste à faire : 3,5km de route pour rejoindre le parking. Je ne serai dépassée par aucune voiture et donc aucune occasion de faire du stop. Sur cette CD10, plusieurs stèles en hommage aux résistants et un élevage caprin couperont la monotonie du trajet.

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Jeff s’était promis d’y aller aussi. Voici une des photos qu’il a prise ce jour là au pic des Mouches dont la hauteur a été récemment réévaluée à 1010m.

L’année Cézanne, 2006


* Etes-vous prêt pour l’année Cézanne (quiz du magazine l’Internaute)

A lire, pour une entrée en matière, la BD, tout en simplicité et touches de peintures : Paul Cézanne, un rebelle en Provence, Alain Exiga, Olivier Bauza, David Ballon – Editions Cerise et coquelicots, 2005

Un week end à Aix-en-Provence à l’occasion de l’année Cézanne, voilà une idée qui peut vous amener à découvrir le peintre autrement, pour peu que vous acceptiez de vous plonger complètement dans son univers.
1859 : il abondonne ses études de droit qu’il avait entamées pour faire plaisir à son père, tout en suivant les cours de l’école municipale de dessin.
1861 : il fréquente l’Académie Suisse, prestigieux atelier de peinture parisien, où il rencontre Pissarro et Guillaumin, mais il échoue au concours d’entrée à l’Ecole des Beaux-Arts ; il ne fera jamais partie de cette école.
Il revient à Aix travailler dans la banque paternelle, mais repart un an plus tard pour Paris où il se réinscrit à l’Académie Suisse. Définitivement, il décide d’être peintre. Son père continuera de l’entretenir.
Les lieux où il a vécu :

  • Paris, 1858, 1861
  • Aix en Provence, rue de la glacière, 1844-1850
  • Aix en Provence, rue Matheron, 1850-1870, en alternance avec le Jas de Bouffan. Issu de la bonne bourgeoisie provinciale, son père est propriétaire à Aix-en-Provence d’une prospère fabrique de chapeaux. Plus tard, il deviendra banquier. Il acquiert en 1859 une grande et belle bastide située dans le quartier du Jas de Bouffan ; c’est dans ce quartier que j’habite : je passe tous les jours devant cette bastide et sa longue allée de marronniers mais je ne peux apercevoir ni le petit bassin agrémenté de fontaines ornées de lions et dauphins, ni la petite serre qui se cache sous les frondaisons ; la ferme, composée de six corps de bâtiments imbriqués les uns dans les autres, en bordure de l’actuelle propriété, fera partie des grands motifs cézanniens. La propriété sera vendue en 1899. Elle ne se visitait pas, jusqu’à cette année 2006 (MIH).
  • l’Estaque (Marseille), 1870, pendant la guerre. « …au soleil couchant, en montant sur les hauteurs, on a le beau panorama du fond de Marseille et les îles, le tout enveloppé sur le soir d’un effet très décoratif. » Lettre à Zola, 24 mai 1883
  • Pontoise, Auvers sur Oise, 1872 : chargé de famille, Cézanne s’y installe dans un logement fourni par le docteur Gachet
  • Gardanne, 1885-1886. Pour l’année Cézanne, ses oeuvres ont été reproduites sur des toiles de grand format (1,80 par 2,50 m) et suspendues au-dessus du cours, sur la façade de l?(tm)Hôtel de Ville et de la Médiathèque ainsi qu’à Biver. C’est durant ce séjour qu’il épouse la mère de son fils ; au cours du repas de noces, elle sera bien mal reçue par « les femmes drapées dans leur honneur de bigotes » : n’oublions pas que nous sommes au XIXème siècle ! Il y rencontrera une jeune fille, Alexandra David-Neel, qui plus tard sera la première femme occidentale à entrer dans Lhassa. C’est là aussi qu’un soir, le jardinier du Jas lui apprend la mort de son père : il quittera définitivement Gardanne.
  • Aix en Provence, appartement de la rue Boulégon ; c’est là qu’il meurt le 22 octobre 1906
  • La maison de sa soeur à Bellevue, au bord de la rivière Arc

Ses amis :

  • Zola : Cézanne fait toutes ses études à Aix, et se lie d’une profonde amitié avec Emile Zola. Il fait aussi la connaissance de
  • Bazille,
  • Renoir,
  • Monet,
  • Sisley,
  • Manet en 1866.
    Il rompt avec Zola en 1886, lors de la parution de « L’oeuvre« , ou il s’est reconnu dans le personnage du peintre raté Claude Lantier. [Zola] était une intelligence fort médiocre et un ami détestable ; c’est ainsi que l’oeuvre, où il a prétendu me peindre, n’est qu’une épouvantable déformation, un mensonge tout à sa gloire… En définitive, c’est là un fort mauvais livre et complètement faux.  » La même année, la mort de son père le met en possession d’une fortune suffisante pour lui assurer définitivement son indépendance.

Sa compagne :

En 1869, Cézanne rencontre Hortense Fiquet, un modèle qui va devenir sa compagne, mais craignant que son père, borné et sévère, ne désapprouve cette liaison et remette en cause sa pension, Cézanne la lui cache, de même, il lui cache la naissance d’un fils, Paul, en 1872 ; son existence sera découverte fortuitement par son père, en 1878.

* biographie de Cézanne, site des peintres impressionnistes

Les lieux où il a travaillé :

  • Le Jas de Bouffan, propriété de ses parents ; c’est le lieu de l’apprentissage de la peinture de plein air, depuis le jardin. Vers 1871, il commence à peindre l’allée des marronniers et le bassin.
  • le cabanon de Bibémus. Pour bien peindre un paysage, je dois d’abord découvrir la stratification géologique
  • L’appartement de la Rue Boulegon à Aix-en-Provence, 1899
  • Meyreuil, le pont des Trois Sautets : Cézanne a porté son regard sur la Sainte Victoire à partir du Plan de Meyreuil, de Chicalon, du Canet
  • Le Tholonet, à partir de 1887 : le Chateau Noir où il stocke son matériel dans une pièce de la cour du pistachier
  • Le Tholonet, les carrières de pierres de Bibémus ou il loue un cabanon
  • L’atelier des Lauves 1901 qu’il fait construire selon ses plans * visite virtuelle de l’atelier

Ce qu’il a peint :

  • Des natures mortes
  • Des baigneuses
  • La Sainte-Victoire : 44 huiles et 43 aquarelles
  • Des portraits et auto portraits

Cézanne, à partir de 1863, propose régulièrement des peintures au jury du Salon Officiel de Paris : malgré sa motivation (« Avec une pomme, je veux étonner Paris » avait-il affirmé…), elles y seront toujours refusées (à une exception près, un portrait, en 1882). A l’exposition de 1877, rue Le Peletier, les Impressionnistes, …, soulevaient une horreur générale et faisaient au public l’effet de monstres et de barbares. Mais celui d’eux tous qui … faisait l’effet d’un vrai barbare, d’un vrai monstre, c’était Cézanne. » (Théodore Duret)
En 1895, la rétrospective organisée par Ambroise Vollard va marquer un tournant pour Cézanne, jusqu’alors peu apprécié lors des expositions impressionnistes. Cézanne est alors redécouvert par ses anciens amis, qui ignoraient en fait beaucoup de son évolution, mais aussi par de jeunes artistes.
medium_cezanne_compotier.jpgPour découvrir les Paysages de Cézanne, au départ du centre ville, 5 chemins balisés par la commune d’Aix, vous indiquent la route à suivre pour vous rendre au Tholonet, au Jas de Bouffan, aux carrières de Bibémus, sur les bords de l’Arc, au pont des Trois-Sautets, à l’Atelier du Maître sur la colline des Lauves, à proximité du chemin de La Marguerite d’où il peignit ses dernières « Sainte-Victoire ».
Pour parcourir plus librement ces lieux, vous trouverez dans ce blog quelques randonnées à la Sainte-Victoire dont :

une au départ du Tholonet, jusqu’au * Barrage Zola.
* Le prieuré par le pas de l’Escalette
* l’oppidum de Saint-Antonin (Untinos)
* Les Roques Hautes (autour des dinosaures)
* La chapelle de Saint-Ser
* Le pic des Mouches