Le Jaï, mince cordon de dunes


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img_6968r.JPGQuelques kilomètres sur l’étroit cordon dunaire du Jaï, entre étang de Bolmon et étang de Berre, entre Marignane et Chateauneuf les Martigues, voila une balade originale que je voulais découvrir à pied. J’avais déjà emprunté cette piste en voiture, tout en cassis, dos d’âne et poussière de sable. C’est décidé, j’en profiterai pour essayer le pied de l’appareil photo qui m’a été offert pour mon anniversaire. Si c’est comme la première fois, les oiseaux devraient être nombreux.

Un ciel plein de couleurs ! des amateurs de kite surfing ont envahi, le mot n’est pas trop fort, la première plage du Jaï. Un ballet de voiles colorées qui dansent jamais se heurter.

Le temps qu’il fait aujourd’hui à ces endroits :
Marignane : avec la température ressentie
Chateauneuf les M : avec la température ressentie

img_6985r.JPGimg_6979r.JPGSur ma gauche, l’étang de Bolmon est pratiquement inaccessible : chasse affiliée, puis propriétés privées dont celle appartenant au centre équestre. Je ne pourrai y accéder que le long de la plus grande bourdigue, celle de Chateauneuf. Une sacrée différence de couleur entre le bleu de l’étang de Berre et celui de Bolmon verdâtre. L’étang de Bolmon communique avec l’étang de Berre par trois bourdigues. img_6989r.JPGMalheureusement, régulièrement, des teneurs élevées en azote ammoniacal, nitrates et nitrites sont enregistrés dans l’étang de Bolmon. J’y verrai aussi des détritus de toutes sortes laissés par des promeneurs irrespectueux et probablement une ancienne bourdigue à sec, faite de terre complètement desséchée et creusée de sillons. Très loin et inacessibles à pied, je peux quand même apercevoir oiseaux (flamants roses ? Le flamant rose, journal le Petit Pierrot).

Autrefois, (l’acte daté de 1 091 fait allusion aux bourdigues), « La pêche est relativement fructueuse grâce à l’existence de «roubines» Ce sont des sortes de canaux creusés a travers la bande de terre du Jaï qui joignent les étangs de Berre et de Bolmon. Mais cependant, les pêcheurs restent peu nombreux et les rendements de la pêche n’ont rien à voir avec ceux des produits agricoles et des salines. » Extrait de Histoire de Marignane. Les bourdigues actuelles ont été creusées plus tard.

img_6976r.JPGimg_6983r.JPGJe continue la piste sableuse, qui, sur la fin, est encombrée de rochers. A gauche le centre équestre, à droite au loin le grand pont de Martigues. Mais pas un oiseau. Des quads bruyants s’amusent à sauter sur les bosses, de nombreuses voitures rejoignent l’autre extrémité du Jaï (même un taxi a emprunté cette piste pourtant limitée à 30km/h !), un grand-père fait vrombir la mini-moto électrique sur laquelle est installé son petit-fils, des jetskis s’amusent à jouer à contre-courant avec les vagues, les chevaux sont obligés de s’arrêter pour laisser passer les img_6978r.JPGvoitures. Finalement, plus qu’un coin de nature, c’est un lieu de sports aquatiques. Sous l’action de la pollution et de la circulation automobile, il n’est pas étonnant que le couvert végétal s’amenuise, alors que c’est lui qui permet le maintien cohérent des grains de sables. A terme le cordon dunaire sera fermé à la circulation. Merci le SIBOJAI1.

img_6999r.JPGJe reviendrai par un sentier discret parallèle au Jaï du côté de Bolmon. Les ruines sont taggées mais j’ai tendance à considérer que c’est quand même de l’art. Au départ des nombreux sportifs du dimanche, les oiseaux reviennent progressivement. Dommage, je dois rentrer !

Finalement, j’en garde une impression mitigée, comme lors de ma promenade le long de l’étang de Bolmon. Une promenade de 4.7km aller (pas de dénivelée, 2h A/R) entre la petite bourdigue (Marignane) et le pont de Jaï (Chateauneuf les Martigues).

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1 SIBOJAI (Syndicat Intercommunal du Bolmon et du Jai). Restauration du fonctionnement biologique de l’étang de Bolmon et des marais, notamment par l’amélioration de la qualité des eaux de rejet du bassin versant ; Amélioration des potentialités écologiques des zones naturelles périphériques ; Amélioration des conditions d’accueil du public, notamment en conciliant tourisme de proximité, maintien des usages traditionnels et préservation des écosystèmes

Origine de quelques noms de lieux à la Sainte-Victoire


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La Sainte Victoire,  émission du 27 avril 2003, Inter Provence

Connue auparavant (comme le Ventoux) sous divers toponymes honorant les divinités éoliques puis sous les formes chrétiennes de Sainte Venture ou Adventure, ce n’est qu’au XVIIe qu’apparaît son nom actuel de Sainte-Victoire que nous devons à un bourgeois aixois un certain Honoré Lambert qui, à la suite d’un vœu, promit de rénover l’ermitage et la chapelle et en profita pour lui donner cette nouvelle dénomination rapidement adoptée par tout un chacun. A-t-il eu l’intention, comme beaucoup le pensent, de rappeler le fameux carnage du général Marius au détriment des Cimbres et des Teutons ? c’était la thèse largement romancée et diffusée par Walter Scott mais d’autres hypothèses tout aussi cohérentes ont été émises. Notre homme admirateur de Louis XIII et de son culte pour Notre Dame voulut peut-être commémorer une victoire sur les protestants voire la victoire du monde chrétien sur les turcs à Lépante. C’est à cette époque que fut érigée une première croix trois fois remplacée pour avoir été au cours des décennies abattues par le mistral. Celle que nous connaissons tient vaillamment du haut de ses 19 mètres depuis 1875. Nous la devons à Monseigneur Forcade qui y fit graver de curieuses devises en quatre langues en direction de chaque point cardinal.

Le sentier des Plaideurs : … nous rappelle qu’Aix a toujours été et reste une ville de robe, les plaideurs y sont légion ; Les villageois au XVIIIe siècle se rendaient chez le juge de paix de Vauvenargues depuis Puyloubier.

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Puyloubier, émission du 12 mai 2002

Je vous emmène aujourd’hui à la colline du Loup, pas d’inquiétude, c’est étymologiquement le nom d’origine de Puyloubier au pied de la Sainte-Victoire dont seul le blason, qui porte effectivement un loup sortant d’une colline, nous rappelle cette anecdote.

Le col de Claps

C’était bien le col de Claps sur lequel bien des cyclotouristes se sont fait les mollets et qui permet d’atteindre le plateau du Puits d’Auzon et le Puits de Rians pour ceux qui aiment ce circuit du tour de Sainte-Victoire. Une explication sur ce nom de Claps ou Clapiers qui ne désigne absolument pas une cage à lapins mais un amas de pierre comparable aux cairns bretons. (D’après une étude de l’IGN 2006, les noms de lieux en France, termes dialectaux, André Pégorier, un clap est une terre mélangée de pierre). Quant au moraliste qui vécut au milieu du XVIIIe, c’était bien Luc de Clapiers dit Vauvenargues auteur de nombreuses maximes. «Un homme sans passion est un roi sans sujet»

La bastide de Coquille ou Ferme de Coquille

Située à proximité de la route reliant Saint-Antonin à Puyloubier, cette bastide doit effectivement son nom à une remarquable structure [géologique] en forme de coquille qui la domine.

Le sentier Imoucha

Henri Imoucha créa l’association des Amis de Sainte-Victoire, et fut le pionnier de la restauration du Prieuré ; auteur d’un livre Sainte-Victoire. Guide des excursions. Prieuré, Garagaï, Saint-Ser, le Cengle, Roques-Hautes. Deuxième édition, IMOUCHA Henry, C.A.F. (Section de Provence)

C’est Henri IMOUCHA qui créa cette association, le 14 Mai 1955, avec ses amis aussi déterminés que lui, pour restaurer les bâtiments du Prieuré afin de les « rendre dignes de leur prestigieux passé et de leur naturelle destination ». Pratiquement tous les dimanches, habitant Marseille, il venait par le train à Aix où il garait un vélo. Avec lequel, par la route Cezanne, il gagnait la ferme de Roques Hautes à Beaurecueil, au pied de la montée de Saint-Antonin. A pied, par le tracé rouge, il montait au Prieuré ; là, il nettoyait, consolidait, embauchait, pour l’aider, les randonneurs de passage, plantait des fleurs, taillait des arbres et … sonnait la cloche. Il y travailla avec opiniâtreté jusqu’à son décès en 1990. Extrait du site des Amis de la Sainte-Victoire

115_1583_r.3.jpgCostes chaudes

Peut-être comme à la Seyne sur mer où un quartier porte ce nom, les Costes (= coteaux) chaudes sont-elles à une altitude moyenne, une exposition au Midi ?

Bau Sätger

Bau (rocher escarpé de forte taille, précipice, falaise) en hommage à Amédée Sätger qui pendant de nombreuses années a entretenu les tracés des sentiers de la Provence.

Refuge  Barthélémy Baudino :  du nom d’un étudiant aixois qui s’est tué dans la montagne à cet endroit. Le refuge a été édifié par le Groupement Universitaire de Montagne et de ski.

img_0074.3.jpgChemin de Malivert : mauvais hiver

Le pas de l’Escalette : passage difficile en forme d’escalier. Au XVIè, ce lieu se nomme l’Escale et sépare l’arrière-fief de Roques-Hautes de la seigneurie de Saint-Antonin.

L’oratoire de Bramefan : textuellement « crie la faim » ; se dit d’un endroit peu productif  ou du nom d’une plante – Ibéris pinnata – qui envahit les blés et gâche les récoltes.

Le parking du Plan de l’Anchois (selon l’IGN) s’écrirait plutôt Plan d’en Choi, selon J.-P. Michèu, et Albert Negrel de l’association les Amis de Sainte-Victoire (En = chez) ; finalement, ce serait un lieu-dit le pré de chez François. Bulletin n°31, les Amis de Sainte-Victoire, octobre 2010.

Par contre, je ne suis pas certaine de l’origine de Cagoloup [traces de déjections de loup ?] ou du pic des mouches [lieu plein de moucherons ?] : si vous en savez plus que moi, merci de m’écrire.

Le moulin Bonnet à Boulbon


img_5752r.JPGDépart depuis un petit parking coincé entre le chateau – appartenant depuis Napoléon à la famille Bonaparte – et une muraille de vieilles roches en couches ratatinées. Le sentier grimpe de façon continue puis arrive en haut de la colline où le moulin montre fièrement ses ailes de bois restaurées. Il ne fonctionne pas en ce dimanche.img_6219r.JPGimg_6222r.JPG Le moulin Bonnet de Boulbon a été restauré en 2003. Sa charpente, ses ailes, son mécanisme ont été reconstruits d’après des plans d’origine par « les charpentiers du haut Var » (entreprise de M. Aujogues au Muys). Un bel ouvrage de notre patrimoine qui héberge occasionnellement des meuniers bénévoles amateurs1 et produit de la farine non commercialisée quand la météo est favorable, c’est à dire quand il y a beaucoup de mistral.

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Photos fournies par l’Association

Les conditions de circulation dans les Bouches-du-Rhône ou  en appelant le 0 811 20 13 13 la veille pour le lendemain.

Lorsque le moulin tourne, on doit absolument l’alimenter en grains qui servent de « lubrifiant » entre les deux meules. Par voie de conséquence, on obtient de la farine, fine si le vent est fort et plus grossière si le vent est moins fort car on ne peut serrer les meules sans blocage. Ce n’est pas notre souci car notre seul but est de le faire tourner ! me confie M. Betton, président de l’association des « Amis du Vieux Boulbon ».

Sa girouette porte les armoiries du village « de img_6234r.JPGgueules à un lion d’argent » que l’on retrouve aussi sur la clé de voûte de l’église Sainte-Anne. Le moulin de Boulbon est le seul moulin des Bouches-du-Rhône à pouvoir fonctionner. cassini_boulbon.jpegComme souvent quand il s’agit de petit patrimoine, c’est une association « les Amis du vieux Boulbon » qui le gère à la demande de la mairie qui en est propriétaire. La date admise de sa construction est 1776 ; pourtant, lors de la restauration, la meule tournante a été img_6224r.JPG déplacée et une date gravée a alors été visible : 1748. Sur la carte de Cassini de cette époque, je compte au moins 4 moulins (qui appartenaient aux moines de l’abbaye de Saint-Victor) dont le moulin brûlé ; peut-être la meule vient-elle de celui-ci ? l’évènement a dû une laisser une trace indélébile dans les esprits puisqu’un quartier de Boulbon porte encore le nom de « moulin brûlé » !
Nous descendons jusqu’à la table d’orientation, bien colorée, conçue par les enfants de l’école primaire des Saules ; nous dominons le village de Boulbon et comprenons mieux en quoi ce château est plutôt une forteresse. De l’autre côté, la vallée du Rhône et sa haute cheminée rayée blanche et rouge.img_6275.JPGAu retour, nous passons au pied du château littéralement incrusté dans le rocher. Avec quels moyens techniques les hommes ont-ils pu le construire au XIIe siècle ? Nous terminons par la visite du village moyenâgeux, en circulant à l’intérieur de la deuxième ligne de remparts « la muraille du fort » ; à chaque tournant qui nous cache l’espace au delà, on se demande si on ne tombera pas sur une impasse. Mais non, nous tombons bientôt sur la rue de l’andrône2 des remparts qui permet de rejoindre la première ligne de remparts en contre-bas.

Site de la commune

Le moulin Bonnet, du site Moulins de France

Circuit moulin Bonnet – chapelle St-Marcellin – village – château (retour possible par la chapelle Saint-Marcellin moins de 3km A/R – dénivelée 84m)

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1Je remercie Michel Betton, président de l’association « Les Amis du Vieux Boulbon », qui m’a signalé les informations erronées de cette note. Il me communique également les conditions de visite : le moulin est ouvert les deuxième et quatrième samedi et dimanche du mois (l’après midi) à partir des journée du patrimoine jusqu’à fin juin.

Adresse : Place Victor Barberin, 13150 Boulbon
Téléphone (mairie) : 04 90 43 95 47 – cotisation 5€/an en 2008

2Androne : Entre deux maisons est intercalée un androne (ou entremis), un espace de 25 à 40cm de large destiné à éviter la propagation des incendies et à faciliter l’écoulement de l’eau.

Provence des moulins à vent, Jean-Marie Homet, Edisud, 1984

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Merci Bong13 pour la montagnette 2 : Boulbon : promenade à faire des enfants, un samedi après-midi quand le moulin est ouvert.