Le sommet du Bucher à Molines en Queyras


img_2110.JPGJe le vois de loin ce sommet, depuis le village de Molines, commune aux sept hameaux (Molines, La Rua, Clot la Chalp, Pierre Grosse, Le Coin, Fontgillarde et Gaudissard), et la curieuse église Saint Romain. Drôle de clocher carré (17ème siècle) surmonté d’un important toit en bois. A l’intérieur, le décor baroque est quelquefois jugé « de mauvais goût », « avec une profusion de couleurs, de volutes, d’angelots aguicheurs, de dorures, de peintures et d’entrelacs de plâtre sur l’arc et la voûte du choeur… Un choeur dans lequel s’inscrit un remarquable retable du XVIIIème siècle, sculpté par des artistes italiens de Saluces. Enfin, on peut voir à l’extérieur du bâtiment un cadran solaire d’angle de 1849 et sur le côté sud du choeur, des peintures en trompe-l’oeil du XVIIème siècle autour des ouvertures. »

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img_2119.JPGcrocus.jpgUne grande prairie pleine de crocus plonge de l’église jusqu’à la rivière ; je traverse le pont des Achins au dessus du torrent de l’Aigue Blanche, dans le hameau de la Rua où plusieurs habitations ont encore leur fuste en bois. J’entame une lente montée, pénible, dans les blocs rocheux qui glissent sous les pieds. A l’approche du col des prés de fromage, le sentier est un peu plus facile. De grandes prairies vertes sur lesquelles paissent tranquillement quelques vaches en liberté, s’étalent en mamelons sur le sommet. Sur les conseils d’un guide de randonnée, je ne m’approcherai pas d’elles. Ce paysage me fait penser aux photos de montagne que l’on voit parfois dans les livres de géographie : caractéristique et pourtant irréel. Sur la carte, vous pouvez voir plusieurs rifs : rif de l’Adroit de la Rose, rif des Combes, rif du Brasc. Il s’agit du nom local du torrent, ruisseau portant souvent de jolis noms. Itinéraire pour le Buchetimg_2123.JPG
Là, des sentiers courent dans tous les sens : j’en choisis un qui serpente à moitié dans les prairies et à moitié dans les bois. Quand j’aperçois le sommet du Bucher à 2254m d’altitude, je pousse un soupir de soulagement. Quelques conducteurs sont arrivés là sans fatigue mais ne sont pas aussi fiers que je le suis. De là haut, autrefois, était allumé un bucher servant d’alerte pour les habitants des vallées.

A la table d’orientation, la vue est grandiose, côté France et côté Italie, mais le vent est froid ; je ne m’attarderai pas.

img_2142.JPGSur le chemin du retour, je croise deux randonneurs perdus au niveau du col ; ils rentrent sur Molines mais ne savent pas quel chemin emprunter. Munie de mon GPS sur lequel j’ai enregistré la route avant de partir, je leur indique la bonne direction (ils allaient partir du côté opposé !). Nous ferons un grand bout de chemin ensemble jusqu’à la fameuse descente dans les pierres où je marcherai deux fois plus lentement qu’eux.

Que la randonnée m’a semblé difficile ! pourtant, elle n’est pas classée comme telle par les syndicats d’initiative des environs : si vous n’êtes pas montagnard, modérez  votre allure et prenez le temps !

img_2138.JPGPanoramique au sommet du Buchet

* Photos et itinéraires du site queyras.aparcourir.com

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 rif : riou (au sud), rua (nord), riu, rio, riev = ruisseau, torrent, canal

Le lac de la Blanche à Saint-Véran


Voilà une randonnée dont j’ai entendu parler par beaucoup de monde : le webmaster du site queyras.aparcourir.com, la serveuse de ma petite auberge à Molines en Queyras, le syndicat d’initiative de Saint-Véran et quelques randonneurs croisés en chemin le jour où j’ai découvert la mine de cuivre.

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img_2041.jpgimg_2039.jpgPartie avec la navette d’été, je traverse le petit pont de bois sur la Blanche puis monte jusqu’à la chapelle de Clausis, montée progressive sur un chemin large et bien entretenu, mais qui n’est pas aussi facile que le laisse supposer le syndicat d’initiative qui la conseille aux familles. Elle est fermée et je ne peux la voir que l’extérieur. Je redescends de la colline où elle est plantée pour rejoindre le lac de la Blanche. Là encore, le chemin n’est pas difficile. Un âne, accroché à un piquet, attend sagement les randonneurs qui ont loué ses services pour monter jusqu’au lac. img_2048.jpgimg_2054.jpg
Ce lac est entouré de nombreux champs de linaigrettes, petites fleurs blanches cotonneuses. Son nom scientifique Eriophorum veut dire « porte laine » : après sa floraison (avril-juillet), cette plante se couvre de « coton ». On la trouve jusqu’au Pôle Nord. Les plumets servaient autrefois à garnir les coussins et à confectionner des mèches de lampes.

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La mine de cuivre de Saint-Véran


IMG_1996.jpgPremière randonnée dans le Queyras : une boucle de 14km entre 2000 et 2300m. La période d’accommodation à l’altitude a duré un peu plus d’une journée avec nausées, manque d’appétit, accélération de la respiration et du coeur lors des premières montées en montagne. J’en ai été surprise car je pensais que l’entrainement physique pouvait m’en prévenir. Mais cela n’a rien à voir.

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IMG_2033.jpgLe village de Saint-Véran, découvert grâce au jeu de geocaching, m’a charmée et agréablement dépaysée. En partant à la recherche des cadrans solaires de ce village, j’ai traversé des petites ruelles bordées de maisons typiques : rez-de-chaussée construit en murs de pierres très épais (50 à 70 cms), la fuste (partie supérieure) faite de troncs d’arbres empilés et croisés aux angles qui servait autrefois à faire sécher puis à abriter la récolte de fourrage pour nourrir les bêtes durant les longs mois d’hiver. L’autre partie, destinée aux hommes (le caset) et orientée au Nord-Ouest, est accolée perpendiculairement au bâtiment réservé aux animaux. J’ai croisé quelques villageois qui ont continué leurs activités avec un naturel déconcertant. Le tourisme ne semble pas avoir beaucoup changé leurs habitudes de montagnards.

Les plus célèbres des cadrans ont été réalisés par un artiste piémontais, de 1840 à 1845 : Giovanni Francesco Zarbula. Le décalage horaire entre le cadran solaire et la montre est lié, hormis le décalage horaire décidé par l’Etat, à la situation de Saint-Véran par rapport au méridien de Greenwich : les cadrans donnant l’heure locale ont entre 30 minutes (l’hiver) et 1 heure 30 (l’été) de décalage par rapport à l’heure légale.

Dans chacun des cinq quartiers on trouve une fontaine composée de deux parties : une partie ronde qui servait d’abreuvoir pour les bêtes et une partie rectangulaire où les femmes lavaient le linge. Une des croix de mission véhicule un message mystique « nécessaire », témoin de la ferveur religieuse de nos ancêtres ; je la relis deux fois tant je suis étonnée de sa teneur ; nous devons : « …ou souffrir comme un saint, ou comme un pénitent, ou comme un révolté qui n’est jamais content »… Avec l’église réformée, les nombreux artisans qui travaillent sous nos yeux, ce village est bien l’un des plus typiques de France.

IMG_2002.jpgIMG_2004.jpgPartie du parking payant à l’entrée du village que j’ai traversé dans sa longueur, j’ai suivi le sentier de la navette de Clausis qui monte doucement de 250m sur 3,6km. Là, j’ai pris la direction du pic de Chateaurenard. Presque plus rien ne pousse : pas d’arbre, pas de fleurs. C’est comme dans un désert. Je suis tentée de couper les virages en lacet mais la fatigue m’engage à la prudence. Après la cabane de Labounnais, isolée et déserte, je tourne à droite sur un étroit sentier qui traverse à gué plusieurs canaux. Le sentier, grossièrement parallèle à la route de la mine, évolue en altitude. Il devient de plus en plus caillouteux et difficile. Puis, soudain, les rochers changent de couleur. Ils prennent des teintes irisées, bleutées, parfois en veines obliques que, malheureusement, les photos ne restituent pas. Je traverse la mine de cuivre à ciel ouvert à 2300m d’altitude. Sur le territoire de cette plus haute commune d’Europe, elles n’étaient exploitées que de manière saisonnière, le manteau neigeux pouvant atteindre plusieurs mètres en hiver.IMG_2008.JPGIMG_2007.JPG

La première étape du traitement des minerais sulfurés en vue de l’obtention de concentrés consiste en des opérations successives de tamisage, concassage, broyage et triage, qui les transforment en poudre grossière, sur laquelle on projette de l’eau. Par un traitement de flottation dans l’eau puis de décantation, qui consistent à faire remonter à la surface la partie la plus riche du minerai pour le séparer des boues qui restent au fond du bain, on obtient un concentré contenant ici jusqu’à 40 % de cuivre. C’est un site particulièrement riche.

J’ai descendu le torrent de Pinilière, non loin de la vieille cabane de mineur du même nom, pour visiter les installations modernes en contre-bas, descente un peu difficile mais aucun chemin à cet endroit ne permet de rejoindre l’entrée de la mine. « Les travaux du 20ème siècle comprennent 6 niveaux de galeries : les trois supérieures recoupent les travaux anciens. Les chambres d’abattage s’étagent sur 130m de dénivelé, desservies par des galeries. » L’exploitation s’est arrêtée en 1956. Les premières traces d’une exploitation du cuivre dateraient du chalchotique (âge du bronze ancien).

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La loi de 1941 en matière de protection archéologique a été appliquée […] récemment pour le site minier de Saint Véran (Jugement du TGI de Gap du 18 février 1999 – délibéré du 6 mai 1999) : le 18 février 1999, plusieurs minéralogistes sont pris en flagrant délit de fouilles dans les haldes de la mine afin d’y récupérer des minéraux. Les prévenus sont également munis de détecteurs à métaux. Le responsable,…, a été condamné à une amende de 20000 F dont 10000 avec sursis. De plus, le tribunal… ordonne aux frais du condamné la publication par extraits de la présente décision dans quelques journaux.

* L’incontournable site Tourisme et randonnée en Queyras avec superbes photos prises sur la route de la mine

Une exposition permanente gratuite dans le four banal du quartier des Forannes, retrace son histoire.

Je rejoins le village par le classique chemin de la mine empruntée par la navette d’été qui dépose les touristes à une demie-heure de la chapelle. La fatigue commence à se faire sentir et c’est avec plaisir que je retrouve ma petite auberge de Pierre-Grosse à Molines-en-Queyras.

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Merci à Playwell.be d’avoir placé cette cache, probablement la plus haute de toute la France, difficile d’accès. Elle n’a été visitée que 5 fois, trouvée 2 fois, depuis sa création.

Barge H., Ancel B., Exploitation d’une mine de cuivre préhistorique : Les Clausis à saint-Véran, in : L’énigmatique civilisation campaniforme, Dijon, Faton, p. 46-49 (Archéologia – hors-série, 9)

Andrée Lantier, Vivre dans la plus haute commune d’Europe : Saint Véran 2040m, ed. Serre, 1983

J. Tivollier et P. Isnel, Le Queyras, ed. Lafitte Reprints, 1985 (1ère ed. 1938)

Richard Wacongne, Randonnées sur les sentiers du Queyras, Glénat, 2004