Randonnée et interdiction de circuler été 2012


Mis à jour le 5 août. Téléchargez le mémento !

Ce qu’il faut retenir :

  • dans les départements concernés par les risques d’incendie, la circulation du public est réglementée dans les massifs forestiers.
  • La préfecture publie chaque jour une carte des zones à risques, en se basant sur les prévisions de météo France. Elles sont disponibles sur internet et quelquefois sur répondeur téléphonique.
  • Les 3 départements les plus touchés (Bouches-du-Rhône, Var, Vaucluse) ont trois réglementations différentes inchangées depuis deux ans.
  • Ne dites pas qu’on ne peut randonner en Provence, comme je l’entends souvent : on le peut mais de façon certaine la veille au soir du jour prévu…
A imprimer (format pdf) et conserver dans le sac à dos ou la boîte à gants :
le mémento d’UNE page actualisé (contenant les adresses internet et numéros de téléphone utiles) concernant les Alpes-de-Haute-Provence, les Bouches-du-Rhône, le Var, le Vaucluse,
+ 2 pages pour situer les communes du Vaucluse dans les zones et massifs

Bouches-du-Rhône, 2012

Pour connaitre les conditions en temps réel, consulter :

  • le serveur vocal dédié du Comité Départemental du Tourisme au 08.11.20.13.13
  • la carte d’accès aux massifs du 13 sur le site de la préfecture : carte générée la veille pour les niveaux du lendemain. N’oubliez pas d’actualiser votre page chaque jour <F5> ! existe aussi sous forme de liste par espace sensible pour la journée du lendemain,
  • le service départemental d’incendie et de secours,
  • la mairie de la commune où se trouve la randonnée que vous avez projetée,

* Télécharger l’arrêté préfectoral pris en 2011 (Arrêté préfectoral n °2011143-0004 du 23 mai 2011). Il contient également la délimitation des massifs forestiers.

Trois niveaux de danger. Du 1er juin au 30 septembre 2012, le niveau de danger feu de forêt est défini chaque jour à partir de 18 heures pour le lendemain, par grand massif forestier et par commune incluse dans celui-ci.

Dispositions générales pour 2012 :

  • En niveau ORANGE, la circulation des personnes, la circulation et le stationnement des véhicules sont autorisés ;
  • En niveau ROUGE, la circulation des personnes, la circulation et le stationnement des véhicules ne sont autorisés que le matin de 6 à 11 heures ; dans les zones d’Accueil du Public en forêt (ZAPEF), l’accès est autorisé toute la journée. Liste des ZAPEF mise à jour mars 2012 (Parc forestier de Barbentane supprimé).
  • En niveau NOIR, la circulation des personnes, la circulation et le stationnement des véhicules sont interdits y compris dans les ZAPEF.

si aucune disposition plus défavorable n’a été prise par la commune (Allauch, Auriol, Bouc Bel Air, Peynier, etc). Liste des restrictions par commune

Exemple de ZAPEF dans le massif de la Sainte-Victoire : à partir du parking des Cabassols, le Sentier des Venturiers jusqu’au Prieuré de la Sainte-Victoire et la Croix de Provence ; le sentier des Crêtes jusqu’au Pic des Mouches ; feux-03072007.jpgl’itinéraire pédestre du Pic des Mouches au parking du Col des Portes ; domaine départemental de Roques Hautes : partie située à l’est de l’aqueduc de Doudon et de la piste qui rejoint le plateau de Roques Hautes ; chemin d’accès à la chapelle Saint-Ser depuis le parking Saint-Ser en bordure de RD 17.

Var

* la situation du jour sur le site de la préfecture du Var (l’adresse internet a changé : http://www.var.sit.gouv.fr/massifs/massifs.gif) ; la mise à jour est faite la veille au soir pour le lendemain. Pour le massif de l’Esterel (Ouest des Alpes Maritimes), voir les conditions du Var.

N° du répondeur :  non trouvé

  • JAUNE : risque modéré ; prudence,
  • ORANGE : risque sévère ; accès déconseillé,
  • ROUGE : risque très sévère ; accès fortement déconseillé ; sur les voies avec panneau blanc cerclé de rouge, l’accès des véhicules est interdit,
  • NOIR : risque exceptionnel ; accès totalement interdit.

Rappel des dispositions permanentes en vigueur :

4 niveaux de danger. Du 21 juin au 30 septembre, la préfecture émet quotidiennement, à partir de 19h pour le lendemain, une carte matérialisant le risque d’incendie par massif.

L’arrêté du 15 mai 2006 réglementant l’accès aux massifs forestiers et arrêté du 22 juin 2011 modifiant l’annexe concernant les voies pouvant être fermées à la circulation en cas de risque exceptionnel ou  très sévère

Site de la Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt du Var : réglementation de tous les massifs

Réglementation spécifique îles d’Hyères (Port-Cros, Porquerolles) : par exemple, quelque soit le niveau de danger, il est interdit de fumer, d’allumer du feu, de faire du camping sauvage, etc.

Des conditions particulières concernent le sentier du littoral (se renseigner auprès de la commune) généralement accessible par grand vent mais non par temps de pluie.

Vaucluse

Portail de l’état en Vaucluse, accès aux massifs forestiers

L’information du public est assurée par une borne d’information téléphonique sur le danger météorologique :  04 88 17 80 00, choix 1.

Plaquette d’information à télécharger et conserver sur vous

L’arrêté SI 2010-05-10-0020-PREF est abrogé et remplacé par l’ Arrêté du 5 avril 2012. Pas de différence avec le précédent arrêté en ce qui concerne les conditions de circulation.

L’arrêté SI2010-06-30-0050-PREF (Bollène-Uchaux) est permanent. Détermination des massifs forestiers.

Règle générale pour tous les massifs :

  • du 1er juillet au 15 septembre, les risques sont classés en 6 niveaux : faible, léger, modéré, sévère, très sévère, exceptionnel
  • du 1er juillet au 15 septembre, l’accès à tous les massifs forestiers du Vaucluse (zone A et B) est interdit les jours où la prévision de danger ‘Feux de forêt’ est classé en risque exceptionnel NOIR par la station Météo France de Valabre (prévision qui n’a rien à voir avec le risque météo classique). La période réglementée pourra être prolongée si le risque de feu de forêt le justifie. Le camping sauvage est interdit.

En dehors du risque exceptionnel :

  1. au nord, zone A, Bollène-Uchaux (et l’enclave des papes), Rasteau-Cairanne, dentelles de Montmirail, mont Ventoux : accès libre ; les communes concernées sont citées dans la zone « A » de l’arrêté ci-dessus ou dans le fichier excel que je vous ai mis en téléchargement ;
  2. au sud, zone B, massifs forestiers des Monts de Vaucluse, Lubéron, collines de Basse Durance :
  • accès libre les jours où la prévision de danger météorologique est classé faible, léger, modéré, sévère ;
  • accès réglementé de 5h à 12h les jours où la prévision de danger météorologique est classée très sévère. Ces dispositions ne s’appliquent pas si vous êtes encadré par un professionnel muni d’une autorisation sécurité-environnement ; les communes concernées sont citées dans la zone « B » de l’arrêté ci-dessus ou dans le fichier excel que je vous ai mis en téléchargement ;
  • dans cette zone B, à titre dérogatoire, 7 sites particulièrement touristiques et surveillés sont ouverts de 5h à 20h, même en cas de risque très sévère, dans le Massif des Monts de Vaucluse :
    • – Sentier du Sahara à Rustrel
    • – sentier des ocres de Barriès à Rustrel
    • – Cédraie de Cabrières d’Avignon, sur le secteur aménagé par l’Association des Amis des Cèdres
    • – Gorges de la Véroncle à Gordes
    • – Sentier des Ocres à Roussillon
    • – Chapelle ste Radegonde à St Saturnin les Apt
    • – site de Bruoux à Gargas
  • dans cette zone B, à titre dérogatoire, 2 sites particulièrement touristiques et surveillés sont ouverts jusqu’à 20h dans le Massif du Luberon :
    • – Cédraie de Bonnieux, sur la partie balisée
    • – Fort de Buoux

Dans les deux zones, la circulation et le stationnement des véhicules à moteur sont interdits sur les chemins non revêtus desservant tous les massifs forestiers, ainsi que les chemins goudronnés de Vidauque et du trou du Rat dans le petit Lubéron. Les infractions sont passibles de contraventions de 4ème classe soit 750€ d’amende. Vous ne connaissez pas la région ? vous voulez savoir dans quelle zone se trouve telle ou telle commune ? Téléchargez le fichier excel des zones classées par ordre alphabétique de communes du 84

Si une commune est située à cheval sur deux zones, c’est la situation par rapport aux gorges de la Nesque qui détermine la zone de réglementation : au nord, zone A ; au sud, zone B.

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* Sur les traces de René Char, poète et résistant


Envie d’autre chose que la classique randonnée autour du patrimoine ? je vous invite à marcher sur les pas du poète et résistant René Char (L’Isle sur la Sorgue 1907 – Paris 1988) ; organisée lors de la fête de la randonnée de Forcalquier-Montagne de Lure 2012, elle est animée par :

  • Claude F., fils de résistant et membre de l’association Basses-Alpes 39-45 : c’est la mémoire vive de la résistance et de la S.A.P. ; la Section Atterrissage Parachutage est  liée aux services secrets français de Londres  et supervisée par René Char – dit capitaine Alexandre – pour les Basses-Alpes ; Claude apportera de nombreux témoignages récoltés auprès de résistants, des anecdotes parfois cruelles, parfois émouvantes ou pleines d’humour.
  • Yves  M., et Marlène D. de l’association Accueil des Villes de France, antenne de Forcalquier : ils ponctueront  l’histoire de René Char d’extraits des Feuillets d’Hypnos1, René Char, folioplus classiques, Editions Gallimard, 1962 et 2007.

Un grand merci à Yves, Marlène et  Claude pour la relecture et la correction de cette note.

La météo à cet endroit
avec prévisions à 3 jours

Après plusieurs parcours en voiture sur des lieux symboliques de la résistance, nous allons entamer un parcours à pied jusqu’aux Hautes-Plaines. Les extraits des Feuillets d’Hypnos ne sont pas forcément ceux lus par Marlène ; même si nos guides songent à baliser un circuit avec panneaux d’informations, l’intérêt de cet itinéraire réside surtout dans le fait qu’ils nous accompagnent. Faites cette randonnée à thème si vous en avez la possibilité. Pour de plus amples renseignements : téléphone 04.92.75.02.81

L’entrée dans l’histoire de René Char

Après le temps des contacts noués entre opposants Char appartient à l’armée secrète, bras armé des Mouvements Unis de la Résistance (M.U.R.) ; il s’engage en septembre 1943 dans la S.A.P.  ; sous le pseudonyme d’Alexandre, il est responsable dans les Basses-Alpes :

Il est secondé par Pierre Zyngerman, polonais évadé d’un camp d’internement, dit Léon et Jean Sicard dit Serge. En juillet 1944, René Char est appelé à l’Etat Major interallié d’Afrique du Nord (Alger). « Il occupe les fonctions d’officier de liaison auprès du Général Cocher, donne des conférences militaires sur la guerre des maquis aux officiers anglais et américains, et devient directeur de la Villa Scoto, le centre des missions parachutées.

Il prépare le débarquement en Méditerrannée » : il ne peut participer à la libération de la France. Il revient en septembre, est incorporé à l’armée où il reste encore un an. C’est au cours de l’été 1945 qu’il met au point Feuillets d’Hypnos, création littéraire inspirée de son journal de guerre.

Il n’y a que deux conduites avec la vie : ou on la rêve ou on l’accomplit.

Céreste

C’est à Céreste que René Char a installé son P.C. (ou son Q.G. comme disent d’autres) où nous n’irons pas aujourd’hui ; il s’y passe un épisode dramatique. Roger Bernard, jeune poète insouciant, y fut exécuté d’une balle dans le dos, sous les yeux de René Char, près de l’ancienne halte de chemin de fer (22 juin 1944) : il était imprudemment sorti, chaussures anglaises aux pieds, portant sur lui une arme pour laquelle il voulait faire fabriquer un étui de cuir.

Horrible journée ! j’ai assisté, distant de quelques cent mètres, à l’exécution de B. Je n’avais qu’à presser la détente du fusil mitrailleur et il pouvait être  sauvé ! Nous étions sur les hauteurs dominant Céreste, des armes à faire craquer les buissons et au moins égal en nombre aux SS. Eux ignorant que nous étions là. Aux yeux qui imploraient partout autour de  moi le signal d’ouvrir le feu, j’ai répondu non de la tête… […] Je n’ai pas donné le signal parce que ce village devait être épargnut prix. Feuillets d’Hypnos, 138

Au mur de son bureau, un tableau de Georges de La Tour que René Char avait découvert à l’exposition  » Les Peintres de la Réalité en France au XVIIe siècle « , organisée au musée de l’Orangerie de novembre 1934 à février 1935.

La reproduction en couleur du Prisonnier de Georges de La Tour que j’ai piquée sur le mur de chaux de la pièce où je travaille semble, avec le temps, réfléchir son sens dans notre condition. […] La femme explique, l’emmuré écoute. Les mots qui tombent de cette terrestre silhouette d’ange rouge sont des mots essentiels, des mots qui portent immédiatement secours. […] Le Verbe de la femme donne naissance à l’inespéré mieux que n’importe quelle aurore.

Il partageait ses repas avec ses compagnons d’armes.

A tous les repas pris en commun, nous invitons la liberté à s’asseoir. La place demeure vide mais le couvert reste mis. Feuillets d’Hypnos, 131

Après la guerre, René Char remercia les habitants de Céreste.
Je tenais à ces êtres par mille fils confiants dont pas un ne devait rompre.

Forcalquier, la fontaine

Construite pour fêter le centenaire de la naissance de René Char (1907-2007) qui aimait retrouver ses amis à Forcalquier, elle a été inaugurée le 19 mai 2007 en présence de Marie-Claude Char.

J’ai toujours le coeur content de m’arrêter à Forcalquier.

Forcalquier, l’ancienne gare

En face de la gare, dans un ancien café, eut lieu la première réunion du secteur en présence de René Char. Nos guides exposent le contexte de la seconde guerre mondiale et de la Résistance ; ils n’oublient pas de signaler le rôle des femmes, plus discret mais non moins essentiel : elles soignent, nourrissent, transmettent des messages (écrits si petits, sur de petits papiers si soigneusement pliés, qu’ils peuvent être cachés sur soi ou même avalés en cas d’urgence), etc.

Il existait une ligne reliant Avignon à Apt par Cavaillon. Pour des raisons de terrain, elle ne monta pas à Forcalquier. Une antenne fut donc établie de la gare de Volx jusqu’à la ville de Forcalquier ; aujourd’hui déclassée, elle avait un rôle de terminus. A l’époque de la seconde guerre, elle était déjà fermée à la circulation des voyageurs.

Mane, Pitaugier

Le terrain de parachutage 115 prévu pour le matériel lourd n’a jamais servi.

Minoterie Girard, aujourd’hui moulin Bec

Les résistants s’y ravitaillaient en farine. Le résistant Martin Bret y aurait dormi. La vie des maquis n’est possible que grâce à l’action quotidienne de résistants sédentaires et de paysans qui en assurent l’intendance, et en partie, la sécurité.

Minoterie Nevière, aujourd’hui moulin Nalin

Elle fournissait de la farine pour la S.A.P.

Saint-Michel de l’Observatoire, Tour de Porchères

Terrain de parachutage 126 proche de la tour de Porchères. Le responsable départemental était informé  d’un prochain parachutage par un message codé de la BBC à 13h, message de confirmation répété  le soir. Le jour prévu, dès que le bruit de l’avion se faisait entendre, plusieurs hommes balisaient le terrain avec des lampes ou en allumant des feux, en se positionnant dans la ligne du vent. Après un premier passage de l’avion confirmant que les signaux avaient été bien perçus, le largage s’effectuait au second passage à 200m environ du sol. Les containers  étaient rapidement évacués du terrain puis cachés. Dans le cas de ce terrain, ils étaient cachés au premier étage de la tour.

C’est ici qu’eut lieu un parachutage mouvementé : un parachute s’est mis en torche, le container s’est vidé de son contenu ; un autre a été retrouvé dans un arbre en fin de nuit près de la nationale. Chaque incident faisait l’objet d’un compte rendu détaillé.

Armand le météo définit sa fonction : le service énigmatique. Feuillets d’Hypnos, 67

Les parachutages, site Basses-Alpes 39-45.

Nous avons la chance que le propriétaire des lieux, M. De T., soit venue ouvrir la tour de Porchères (probablement tour de guet du XIIIè), transformée en chapelle puis devenue tombeau de Léon Berluc-Perrussis, celui qui a fondé la section alpine du félibrige. La généalogie de la famille sur le site de GeneProvence.

L’intérieur a été aménagé de manière personnelle par les héritiers : un confessionnal venant de l’abbaye de Sénanque, un chemin de croix en céramique moderne au mur, un grand tableau de l’évêque de Toulon, un autre daté de 1789, le portrait de Berluc-Pérussis et son épitaphe en provençal.

Mane : la tour de Porchères, estoublon

Saint-Michel de l’Observatoire, lavoir la Marceline

La ferme Megy toute proche  comptait trois fils membres de la S.A.P. ; aujourd’hui il ne reste que Maurice ; elle accueillait les résistants qui pouvaient dormir, se reposer ou passer des informations. Grâce au recensement de 1906 (dans lequel je n’ai pas trouvé de Maurice : il a pu naître après 1906) et au cadastre napoléonien, j’ai pu repérer où devait probablement se trouver cette ferme proche du lavoir.

Saint-Michel : le vieux lavoir, estoublon

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** Découverte du plateau de Ganagobie


Après 4km de virages tout en montée, vous parvenez sur le parking du prieuré de Ganagobie. Après vous être garé, vous ne pouvez manquer la vue sur la vallée de la Durance qui « méandre dans le lit restreint que les hommes lui ont laissé ». Le parcours sur le plateau s’avère facile et plein de surprises ; aucun danger dans la zone centrale : les enfants pourront courir en toute liberté. Le seul risque se trouve sur le bord qui donne sur un a-pic. Si vous allez à l’aventure sans préparer votre circuit, il est probable que vous ne verrez pas tout. Je vous accompagne sur ce plateau dont les plus anciennes traces remontent au néolithique (2800 à 1800 av. J.C.).

La météo à cet endroit
avec prévisions à 3 jours

Nous longeons d’abord le bord du plateau le long de falaises abruptes que l’on ne peut franchir que par la route sinueuse qui entaille le roc. Nous marchons sur des dalles calcaires irrégulières, la sixième et dernière couche géologique. Si on s’approche du bord, on s’aperçoit que des fissures verticales  importantes se produisent. Sans aucun doute, un éboulement aura lieu tôt ou tard.  Côté panorama : calme, austérité, collines dans lesquelles on devine quelques fermes en ruine.

Nous passons à côté d’une meule de moulin cassée puis à la fontaine aux oiseaux, lieu joliment renommé pour désigner l’impluvium d’un chantier d’extraction de meules, relié par une goulotte à un bassin supérieur carré.

Nous croisons le chemin communal de Monticelli qui menait à Augès, continuons jusqu’à l’extrémité nord du plateau : le pendage de la dalle est au plus fort : 70m de dénivelée entre le nord et le sud du plateau ; évidée naturellement, à son pied, elle pouvait abriter les troupeaux. Quelques mètres plus loin, nous arrivons devant Villevieille (castrum de Podio en 1206) et son très long rempart de pierres rectiligne (120 m), avec une tour circulaire et un donjon-porte. La grande salle adjacente au rempart ressemble à une chapelle : un ancien bénitier abandonné au sol peut le faire croire mais les archéologues la qualifient de salle des gardes (fin XIIè), les fenêtres sont d’ailleurs réduites à des meurtrières ; le village médiéval n’a été qu’éphémère : guerre de religion et peste ont fait fuir les habitants et les moines au XVIè siècle.

Nous passons derrière le mur ; deux autres personnes  juchées sur les murs en ruine, visitent l’ancien village ; il s’agit du Père abbé, fier de faire connaître le site à son vieil ami chirurgien ; il nous raconte avoir quitté l’abbaye de Hautecombe pour Ganagobie il y a une vingtaine d’années et que depuis, il n’a cessé de travailler à sa restauration.

Nous rejoignons l’éperon rocheux au nord et ses dizaines d’habitations écroulées, disposées de manière orthogonale. Le village était équipé d’une tour ronde dont les vestiges ont presque totalement disparu. Au loin, estoublon me montre Augès et le Tourdeau où nous avions randonné dans la neige (la chapelle d’Augès et la ferme des Lioux).

Le chemin de l’intérieur du plateau, tantôt s’ouvre sur des clairières, tantôt est enserré entre les taillis ; nous avons bien du mal à identifier la fonction de certaines constructions en pierre sèche. La chapelle Saint-Martin au profil étiré, n’a plus que les murs sur le tiers de sa hauteur ; elle est coupée par un mur de refend qui détermine deux espaces différents ; une pette nécropole entourait le sanctuaire. Les écrits n’en parlent que sur l’inventaire des biens nationaux de 1791. Petite halte sur le banc de pierre (un évier de pierre plutôt…)

L’allée de Forcalquier, autrefois appelée le promenoir parce que les moines s’y promenaient après le repas, mène à une croix blanche dominant un spectaculaire point de vue  sur des étendues vallonnées, les coupoles de Saint-Michel, le Luberon. Sur la droite, j’avais déjà visité la carrière de meules lors de la fête régionale de la randonnée de 2008. Il y en a trois sur le plateau : près de la fontaine aux oiseaux, près de la chapelle Saint-Martin, et la plus grande au bout de l’allée de Forcalquier ; Martel a recensé 150 extractions. Parfois, l’extraction a échoué et la meule est restée en place.

Elle est détourée au pic. Si l’épaisseur de la meule correspond à l’épaisseur du lit rocheux, elle est extraite à l’emporte-pièce sinon il faut décoller sa face inférieure du sol ; une rainure est alors pratiquée à la base de la pierre dans laquelle on enfonce des coins de bois dont le gonflement, après arrosage, est théoriquement suffisant pour obtenir la séparation de la meule du sol. D’où le creusement d’un bassin muni d’une bonde d’écoulement juste à côté de la carrière. Les petites meules sont destinées à un usage domestique pour les céréales ou les sels. Les grandes (1m20 de diamètre), planes sur leurs deux faces, sont destinées plutôt à des moulins à huile. En effet, le matériau est trop médiocre pour une rotation rapide. Voir notice 20 page 241 du livre Ganagobie, mille ans d’un monastère en Provence, Michel Fixot, J.P. Pelletier, Guy Barruol, les Alpes de Lumière, 2ème édition, 2004

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