De Bibemus au barrage Zola : les vestiges du canal


Un parcours classique et court que je fais régulièrement pour me dégourdir les jambes ; c’est parti pour quelques vues sur Sainte-Victoire et le barrage François Zola (°1795-, +1847), père de l’écrivain Emile. Je pars de Bibemus, parking très souvent plein, occupé par les sportifs, les promeneurs de chien, les randonneurs, les touristes,…

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Le projet d’un canal pour alimenter Aix-en-Provence en eau, est proposé en 1838 ; les travaux du canal débutent officiellement le 4 février 1847 ; Zola meurt le 27 mars 1847 ; l’inauguration a lieu le 16/12/1854… Ce barrage-voûte est le plus haut jamais construit à l’époque. Les archives de l’invention, Écrits, objets et images de l’activité inventive, Christiane Douyère-Demeulenaere, Liliane Hilaire-Pérez, Marie-Sophie Corcy, Presses universitaires du midi, 2006, 2020 parlent d’une innovation majeure pour l’époque et qui n’aura aucune postérité avant 1930.
L’eau du canal Zola [ndlr : et non l’eau du canal du Verdon comme on le voit écrit trop souvent] arrive à la fontaine de la Rotonde pour la première fois le 4/11/1860…

On voit bien que le plateau était autrefois habité et cultivé (abris, terrasses de cultures) : on passe entre deux piliers à l’entrée de la piste rapidement caillouteuse ou rocheuse comme souvent par ici.

Variante : suivre le sentier sur la droite le long du grillage des carrières de Bibemus ; il descend tout en bosses (attention aux VTT !), et traverse une partie des carrières ; l’une d’elle, sous le niveau du sentier, est protégée par un chapeau métallique. Vous circulerez entre les fronts de taille sur lesquels les traces de pic sont bien visibles. Puis vous rejoindrez la piste balisée.

A ma droite, tout en bas, les prés bien verts le long de l’allée Philibert face au château du Tholonet. Quand la piste se sépare de celle qui descend vers le Tholonet par le chemin de la Risante, je tourne en épingle vers le nord-est en m’arrêtant devant cette cabane. Puis j’entame la longue descente vers le barrage ; sous mes pieds, par deux fois, le sentier passera au-dessus du canal Zola, profondément souterrain.
En lisant le Traité entre la ville d’Aix et Mr Zola… relativement à l’établissement d’un canal. Pour amener un mètre cube d’eau par seconde à Aix et sur son territoire, 19 avril 1843, j’ai senti combien ce contrat l’accable de contraintes et responsabilités, et pourquoi l’ingénieur n’a jamais été riche… après sa mort sa veuve dut même demander une bourse à la ville pour que son fils Emile puisse continuer ses études.

Zola propose d’utiliser les eaux de pluie et celles de plusieurs ruisseaux (Cause et Infernet, même rivière qui change de nom, Bayon) ; trois barrages (1er projet, début 1838) puis deux (2e projet fin 1838) barrages étaient prévus ; un seul sera construit.
Il faudra 16 ans et une féroce bataille juridique entre Zola et Gallifet, propriétaire du château du Tholonet qui avait utilisé antérieurement les eaux à son profit, pour que le projet du barrage devienne réalité. Le Mémorial d’Aix relate régulièrement entre 1839 et 1854, les critiques, oppositions et obstacles administratifs incessants. L’or bleu du Tholonet, P. Bernascolle, Les Presses du Midi, 2019
Document S.C.P. Patrimoine

Sur la droite, bien qu’on ne les voie pas, les gorges étroites et profondes de l’Infernet avaient déjà été barrées pour en récupérer l’eau : fin XVe le barrage de Jarente puis celui de la Petite Mer, occasion d’une randonnée spectaculaire et sportive. Sur 4 km, avec Bimont, quatre barrages auront été construits sur cette rivière à quatre époques de l’histoire ! Voir la vidéo sur ces barrages

En mars 1844, le marquis de Gallifet, opposé au projet qui risque, pense-t-il, de le priver des eaux de l’Infernet, injurie et lève sa canne sur l’ingénieur : en appel, la peine de prison est annulée mais il est condamné à 5000 Frs de dommages et intérêts que Zola remet aussitôt au bureau de bienfaisance d’Aix. Le Gaulois, 15/09/1892

Puis c’est la fameuse ‘colonne mystère‘ comme l’écrit Guy Balossier dans son livre Route Cezanne, route classée. Les éditions Flâneries, 2009 une colonne de pierre massive et grossièrement construite, se trouvant presque au-dessus du tunnel de l’Infernet (canal Zola). Y a-t-il un rapport avec lui ? si elle est creuse, on a pu y positionner une mire afin qu’elle puisse être visée depuis un autre point.

Située en terrain boisé, cette colonne pouvait être observée par-dessus les obstacles. Elle a donc pu servir à faire des relevés de nivellement pour définir le tracé de la galerie de 666 m en ligne droite jusqu’à la Risante, et positionner les quatre puits ; cette hypothèse s’appuie sur le fait que Zola a utilisé la technique des ‘piquets’ comme le précise en juin 1843, un communiqué de la ville qui demande aux riverains du canal de laisser  l’accès de leur propriété pour fixer le tracé définitif de la ligne du canal et le placement des piquets . Bernard Sabatier, de la SCP, ne peut cependant pas l’affirmer. La technique des piquets est expliqué paragraphe 7 dans ce document : Le nivellement, une mesure pour l’action autour de 1800, Frédéric Graber, Histoire & mesure, 02/2006

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Tulipes précoces de Haute-Provence


Cette année trois champs : chemin de Pissais, le long du canal de Manosque, le moins fréquenté avec des tulipes pas encore en fleur ; deux le long de la D116, direction Notre-Dame-des-Anges/Sigonce, lieu-dit La Peynière et La Grange, côté gauche. Pour un stationnement non gênant, parking du centre commercial Carrefour Market à la sortie de La Brillanne en venant d

Et pour ceux qui veulent associer une randonnée aux champs de tulipes : la chapelle Notre Dame des Anges, le canal de Manosque, la colline de Pied d’Aulun avec sa vue sur les champs fleuris et sa cache GC6BYPM Pied d’Aulun de sharkstudio
Vous trouverez dans ce blog plusieurs randonnées à Lurs : Pied d’Aulun et les tulipes d’Hypolite, La glacière des Bouissières à Lurs, Les tulipes de la Brillanne, la glacière et Notre Dame des Anges, Le chemin des Evêques
Image de l’itinéraire associé 9km865, déplacement 2h35 (3h au total), 109m dénivelée (+210, -210)
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Le terril du Defens, Meyreuil


Cet itinéraire, issu du topoguide Entre Sainte-Victoire et Sainte-Baume, Sentier Provence, Mines d’Energies, FFR, FFR, 2019, nous emmène sur un terril minier, petite colline artificielle constituée de déchets miniers issus du triage ou de la combustion en centrale ; sur la carte IGN, les courbes de niveaux régulièrement espacées, formant une pyramide régulière, confirment bien qu’elle n’a rien de naturel. Comparez avec les courbes de niveaux de 1950 !

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Le terril : on commence par remplir les creux naturels entre deux collines avec ces cendres chaudes, creux protégés par un mélange de terre et de pierres ; au-dessus des cendres, terre et végétaux empêchaient la combustion spontanée (Lire La combustion des terrils, on y apprend qu’elle peut durer des années). Mais cela générait des odeurs nauséabondes dues au soufre. Ce terril, racheté par la commune, ne présente plus aucun danger ; fin 2015 cependant, le BRGM dans son suivi thermographique des terrils de Provence conclut Le defens reste le terril le plus chaud.

Je me gare sur  le grand parking le long de la bastide Valbrillant (XVIIIe), autrefois ferme, d’où la vue sur sainte-Victoire est déjà réjouissante. Je longe le vallat de Valbrillant qui se jettera dans la rivière l’Arc un peu plus loin. Une table de pique-nique invite à la pause. Au retour plutôt !

L’exploitation à Meyreuil. Entre 1906 et 1927, on construit deux puits jumeaux dont les fonctions sont séparées : l’un pour les hommes, l’autre pour le charbon. Le puits Courau (extraction), foré de 1914 à 1927, et le puits Boyer (personnel et matériel), creusé en 1928, sont respectivement mis en service en 1927 et 1928. […] Les sociétés d’exploitation de charbon sont nationalisées en 1946. De 1928 à 1986 date de son arrêt, le puits Courau a sorti 5 843 000 tonnes de charbon. Les déchets de mine sont stockés sur les terrils du Grappon puis du Défens. […]  Extrait de Sentier pédestre et patrimoine minier à Meyreuil

Charmant passage bucolique entre les champs avec quelques arbres en fleurs. Je rejoins la piste DFCI appelée route blanche par opposition à la noire que je rencontrerai plus tard. Une cabane de pierre sèche, le bassin de rétention puis une piste « noire comme du charbon » bordée de pins qui protège le terril de l’érosion : il fallait garantir l’étanchéité. Vestige du remplissage des camions pour l’arrosage de ces pins, une vieille douche rouillée le long de la piste. L’alignement régulier des pins s’avère aussi un indice que c’est l’homme qui les a plantés.

La route noire construite pour le passage des camions mène à la partie supérieure du terril : dépôt de cendres de 1952 à 1978, 50m de haut, 52 ha, ; elle est bordée de rigoles remplies de pierres qui ralentissent l’écoulement des eaux de pluie en cas de fortes pluies. J’arrive au sommet d’une barrière naturelle où un parc solaire de plus de 6 ha a été installé. Vue sur le Plan de Meyreuil, l’Etoile, le Pilon du Roy, un terril sur Gardanne (?) et… la cheminée de la centrale électrique.

En route pour le sommet du terril et sa table d’orientation. Sainte-Victoire en entier sur fond de ciel bleu. Le balisage me laisse dubitative : sur le même pilier, deux indications contradictoires. Je les interprète de cette façon : si vous arrivez vers ce point venant de droite, vous repartez par la gauche et inversement car les sentiers forment une pointe en V.

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